SÉLECTION DE DISQUES





Armida Quartett

Quatuors de Beethoven, n°7 Op 59 n°1 « Rasumovsky » et n°10 Op 118 de Shostakovich

Paru chez Cavi-music en septembre 2016 - Genre : Classique


Une totale découverte. Je ne connaissais pas le jeune Quatuor berlinois Armida, ne sais plus du tout ce qui m’a motivé à acheter ce fichier (24/48) et l’ai même laissé dormir plusieurs mois sur mon NAS avant de penser à l’écouter !

Un n°7 de Beethoven qui connaît bien son Haydn quand même mais manifeste sa personnalité par une sureté de ton très affirmée et des idées de transitions franchement nouvelles, ici portées par des musiciens pour le moins affutés.

Armida tient un tempo rapide mais pas fébrile, la tension intelligente donnée aux parties du texte qui la requiert repose sur la précision nerveuse des enchaînements volontiers anguleux, des éclats vifs et un phrasé saccadé, appuyée par une utilisation minimale du vibrato gommant tout pathos et créant un climat de tragédie poignante, soulignant idéalement les transitions abruptes des Allegro et Allegretto.

Les timbres sont superbes, équilibrés entre boisé et effets harmoniques totalement maitrisés.

Ainsi les musiciens révèlent une pureté sonore qui suit dans une juste beauté les cambrures délicates de l’Adagio, mais la même déférence stricte à la ligne assèche peut-être un peu les nuances de l’Allegro final où j’aurais bien aimé un peu plus de souplesse.

Pas sûr, c’est une option, celle d’une pensée continue, directe, sans répit, sans effet, c’est en tout cas superbe, tenu et engagé à défaut de respecter peut-être totalement l’esprit du texte, mais bon, je n’en sais rien après tout.

Dans le Shosta, cette rigueur « ascétique » reposant sur des jeux de timbres au cordeau et là encore des effets de matière millimétrés est idéale pour révéler toutes les roueries du texte, de l’élégance au grinçant en passant par l’humour plus détendu qu’à l’habitude chez Dmitri, plaisantin notoire, soulignant d’ailleurs dans cet opus une gamme de traits d’esprits sans en faire une volonté rigide, à preuve l’âpreté quasi enragée de l’Allegro ou la superbe ductilité dans l’Adagio qui lui octroie une rigueur aristocratique parfaitement pensée ! C’est possiblement ce qui m’a un peu manqué dans le Final du Beethoven.

C’est franchement magnifique et l’éclatant final laisse un goût de trop court tant le plaisir de ce bonbon (dire ça de Shostakovich !) est trop vite absorbé.

Une prise de son très réussie, sans dureté mais au contraire différenciant admirablement les jeux de couleurs, permet de savourer à fond cette présentation nerveuse, tendue, rigoureuse, donnant presque l’impression d’une lecture au premier degré.

 

Banc ecoute