Animals as Leaders
- Parrhesia
Sumerian Records 2022
Par LeBeauSon octobre 2022 dans un BE de l’enceinte hORNS FP10 MkIII
- The Joy of Motion
Sumerian Records 2014
Par LeBeauSon juin 2024 dans un BE de l'enceinte TUNE AUDIO Anima
En quittant le marathon ardent d’Animals As Leaders, que nous allons détailler ci-dessous, nous avons fait l’erreur d’écouter Trust, le dernier album de Sohn
Erreur parce que, en comparaison avec la courbe de tension artérielle des Washingtoniens qui doit fracasser les 222 en creux de diastole, celle du Londonien (Sohn) au sommet de la systole semble péniblement frôler un petit 2 ; en langage respectueux, on parle de langueur.
Allons, ne soyons pas injustes (pas mon genre), le résultat est plutôt beau, le sens de la mélopée paresseuse et du refrain bienveillant certes un rien soporifique est, de fait, apaisant. La production - minimaliste - léchée, mesurée, pas mécanique, navigue onctueusement entre des guitares vaporeuses et de belles sonorités électroniques où quelques passages d’extrêmes graves raviront les audiophiles.
Dans le portfolio de nos sensations, Parrhesia, dernier album en date des rhapsodes virtuoses d’Animals as Leaders dont les tortuosités stylistiques - quand même copieusement chargées de lignes d’arpèges aussi emberlificotées qu’une nébuleuse de soies tissées jusqu’à l’épuisement lors d’une compète opposant mille araignées gores ravagées à l’absinthe - peut vite prendre la tête en saturant un système d’écoute pas à la hauteur.
Un tel moment de musique cinglé appréciera un système de reproduction dont l’aristocrate exubérance, la détermination expansive, la spontanéité communicative, sauront extraire la substance d’une musique qui parvient, en ravaudant prouesses techniques, élégance mélodique et saveurs harmoniques, à créer un équilibre de funambule osant effrontément la traversée sur une corde tendue entre l’Empire State Building et la Tour Eiffel par vent capricieux…
Un défi particulièrement réjouissant !
Petite précision : le groupe américain est classé dans la catégorie métal progressif.
Ah bon ?
Il est vrai que le baratteur Matt Garstka maîtrise savamment – et athlétiquement - le double pied (ou plus probablement une double grosse caisse) aussi impitoyablement que s’il s’acharnait à pulvériser les araignées névrotiques géantes défoncées à l’absinthe ; toutefois, ses virevoltes rythmiques et flamboiement de cymbales forcené exorcisent rapidement les règlementations frénétiques du burinage métalleux aussi impitoyablement dilacéré qu'un steak juteux balancé au milieu d’un banc de piranhas. (Faut dire que j’ai aussi tenté d’écouter Molecular Genetics from the Gold Standard Labs, grindcore fécondé sur la chaise électrique par The Locust. Je n’ai pas tenu jusqu’au bout).
Sachant que la cadence incoercible de ce type (Matt Garstka, essayez de suivre un peu…) en fait une bête humaine capable de recaler toutes les montres suisses plus sûrement qu’une horloge atomique.
Il n’en faut pas moins pour suivre les extravagances ou acrobaties, rarement gratuites (quoi que, sur les déferlantes rythmiques, parfois, peut-être ?), de ses deux comparses, à savoir le patron, Tosin Abasi (ouais, bon, un des plus grands Guitar Hero école Vernon Reid du moment) à la guitare – un guitariste jouant de la guitare (une 8 cordes je crois) ? J’ai déjà fait mieux côté redondance - et son second, Javier Reyes, si balaise qu’on ne sait jamais très bien qui joue quoi quand il tient la guitare (une 8 cordes je crois). A la basse il explose aussi les compteurs ; je me demande d’ailleurs s’il ne joue pas plutôt une guitare baryton (une 8 cordes ? Je ne crois pas). Un accord parfait entre d'ENAURMES musiciens azimutés intellos pour contourner ce qu’un Satriani pouvait avoir d’ennuyeusement démonstratif à la fin des années 80 !
Ce n’est pas leur moindre exploit.
Pour autant, des mêmes musiciens j’ai tendance à préférer The Joy of Motion… J’en ai parlé dans un autre BE…
Que voilà :
Quant au furieux déferlement des grands malades d’Animals as Leaders dans The Joy of Motion, il nécessite un système audio apte à une capacité résolvante aussi bien à même – et sans la moindre dureté ou agacerie - de débobiner la pelote de notes en pagailles hérissée de Jump Scares périlleux dans de longues séquences époustouflantes, ordonnancées et maitrisées par ces surhommes - pourtant déversées en quantité telle que, en comparaison, l’Archinto confus de Baselitz devient une carte routière pour le Jeu des 1000 Bornes -, que d’illustrer le flegme du patron Tosin Abasi dans ses envolées hallucinantes d’un lyrisme sidéral.
Salves fougueuses en règle par le colosse Matt Garstka, déflagrations massives sur ses huit cordes par Javier Jeyes aussi détendu que le boss.
Ces mecs sont incroyables, maîtres absolus qui devraient faire pâlir les Guitar Heroes des concours « Johnny Milliard de Notes », à la grande différence près que la musique du trio est fondée sur une inventivité rythmique drastique, et, surtout, elle n’est pas démonstrative façon Alvin Lee (j’avais prioritairement pointé Satriani), car évidemment procréée d’un groupe parturient, un collectif concepteur fusionnel, exprimant par l’infini éventail de gammes d’accords, de figures acrobatiques qui enfantent autant de nœuds de combustion dans le cerveau, d’échelles harmoniques et fatras d’expressions, une intention, un schéma de pensée, un édifice musical éminemment intense !
Métal progressif, connoté Djent ?
Quelle est la relation entre Animals as Leaders et SikTh par exemple ??? La complexité instrumentale du mathcore ? Mouais.
Dans un cas (SikTh), elle donne l’impression d’une bande d’excités (incontestablement doués) directement connectés au Triphasé après avoir dénudé tous les câbles électriques à force de s’acharner sur leurs instruments, quand les accords florissants et si intelligemment agencés de la bande « à Abasi » relèvent tout autant du be-bop, d’un blues alambiqué, du rejet de la stochastique, ou tout simplement d’une architecture contemporaine sans équivalent car si d’autres suivent cette veine, précisément, ils sont suiveurs. Parfois adroits. Alors qui ? Terms par l’album All Becomes Indinstict, fragmentaire et diversifié ? Ouais, c’est pas mal. Mais on n’est pas dans le même district. Quand les uns sont besogneux, les autres voguent hors sol, vacataires d’un panthéon d’Euterpe.