Malvina - Mercedes
Pop Noire
Par LeBeauson juin 2024 dans le BE de l'intégré Aurorasound HFSA-01
Soit, ce premier album de la compositrice arrangeuse interprète productrice française Malvina Meinier (sous le nom "métamorphose" de Malvina) également claviériste et cheffe d'orchestre (ah oui, elle est aussi experte en Pole Dance) publié par le label Pop Noire n’est peut-être pas le chef-d’œuvre du siècle, cependant il tient solidement la route, impliquant moult passages franchement costauds, effrontément inventifs et même foncièrement barrés.
A la réflexion, c'est un pur bijou !
La volonté de déambuler en électron libre au long-cours de genres chamarrés, punk rock, électro, pop, métal, techno et hyperpop, lui fait frôler épisodiquement les codes rythmiques branchouillés dont, opportunément, la gamine s’éloigne systématiquement - viscéralement - avec beaucoup d’intelligence et de fantaisies, osant des ruptures ou virages stylistiques et rythmiques (l'écriture de quatre cinquième des pistes est essentiellement rythmique, amassant des fonds de tempo envoûtants !) aussi soudains qu’avisés, au service d’un propos gonflé et engagé, parfois enragé sans jamais donner l'impression de se prendre au sérieux, ce que sa capacité aux élucubrations vocales - dignes de Nina Hagen sous propergol en plus malicieusement dosées et moins démonstrativement acrobatiques - perfuse inlassablement ; et si se devinent des repères tels que St. Vincent, K-Flay (le côté sale gosse énervée), Liesa van der Aa, Jehnny Beth ou Gazelle Twin (on frôle le pompage dans Click Click ou plus factuel encore : Incel) il faut reconnaître à la jeune (moins de 40 ans, c'est jeune) et ô combien talentueuse dame qu’elle ne choisit pas les pires références et surtout les exalte pleinement par un sens avéré de la Musique, une vaste culture, une insatiable curiosité et la soif intarissable de la distanciation, transformant les inconscientes influences en joyau unique décomplexé.
Jusqu'aux deux émouvants interludes sous forme de ballades Pop qui diffusent une ironie douce glissant vers l'art musical par de légers pas de côté virtuoses.
Un album gonflé, cossu et rare, consistant, percutant et déstabilisant à découvrir minutieusement, en en choyant les méandres stylistiques surmontant la trompeuse première piste. Trompeuse en cela qu’elle pourrait s’inscrire – en l’idéalisant – dans une des tendances lassantes du moment et qu'on comprendra mieux en considérant l'édifice dans sa globalité.
D’un point de vue sonore, ça envoie, ça pousse et ose l’usage de la saturation où on se demande parfois si le système d'écoute ne vrille pas, tandis que la production est d’une rigueur formelle absolue, partie intégrante de la création.
Mercedes de Malvina nous fournit à ce propos une foule d'informations : chaque piste ressemble à un court métrage foutraque (terme admiratif dans mon esprit) au sein d'une mini-série d'une cohérence artistique fondatrice où la mise en scène - dont le travail sur les positions, couleurs, dynamique des voix dans leur expansion humoristique, dramatique, colérique ou celles de boucles ondulantes, mouvements, puissance, angoisse parfois - est drastique...
De la même artiste, je vous recommande aussi "Home" précédent opus - très différent - commis avant le "pseudo".