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d’un système de reproduction musicale

par LeBeauSon Juin 2020


Ah… Vaste sujet.
Qui fera l’objet d’articles complémentaires dans le temps.

Et puis qui fera débat.
Parce qu’une fois énumérées les vérités toutes faites, je me sens le devoir d’en dénoncer le monceau de simplifications, et même de sottises, qui parasitent la pensée commune…

Mais j’espère parallèlement expliciter sereinement les voies possibles pour creuser le plaisir musical, nombreuses et disparates.

 

Par simplification, je veux dire simplification de pensée des conseils venus de « personnes informées » qui tournent souvent à l’injonction au risque d’effrayer les non-spécialistes, ou pire : les faire renoncer à acheter une chaîne musicale en leur donnant l’impression de contraintes insurmontables, qui plus est exprimées dans un jargon incompréhensible.

C’est le premier « n’importe quoi ! » que cet article veut dépassionner :

Que ceux qui désirent simplement écouter de la musique dans d’excellentes conditions ne soient pas rebutés par des considérations audiophiles superfétatoires.

Vous trouverez ci-dessous et ailleurs des « recommandations » minimales et faciles à mettre en œuvre.

Ensuite, si ça vous amuse, si vous vous prenez au jeu, eh bien vous pourrez vous offrir des petits plaisirs par des améliorations disséminées dans le temps et les détails…

                                                                                                         

Car les directives audiophiles glanées çà et là peuvent donner l’impression que les jolis appareils que l’on s’apprête à acheter ne fonctionneront pas sans passer par une liste de précautions, d’obligations pour ne pas dire de rituels incompatibles avec nos cadres de vie ou les réalités du quotidien.

Ou elles sont tout simplement casse-pieds et démoralisantes. Ou dictées par l’avidité pécuniaire. Celles-ci, à la rigueur, sont les plus facilement détectables. Les plus nocives sont doctement énumérées comme des prérequis fatals alors que, en pratique, il faut les relativiser, les hiérarchiser, les considérer la tête froide en se fiant plus souvent au bon sens plutôt qu’aux affirmations de « ceux qui savent ».

Je crois que c’est Mae West qui disait : « souvenez-vous que ce sont des professionnels qui ont construit le Titanic et des amateurs l’Arche de Noé ».

Afin d’exposer clairement ma position sur le sujet, je me permets la parenthèse d’une anecdote révélatrice.

Un jour, sur un salon parisien, un américain distributeur de câbles dont le premier coûtait celui d’une Maserati (attention, je ne m’oppose pas au prix élevé des câbles, tant qu’ils ne trichent pas pour exister), et qui avait l’extrême sollicitude d’offrir une bouteille de Champagne à quiconque achetait un de ses câbles haut-de-gamme (une bouteille ??? Mais la moindre de choses eût été une caisse !) présentait un système qui vous aurait permis de financer un appartement (de bonne taille) dans le 16ème composé d’enceintes anglaise (en 3 lettres, pas de bol, ça laisse des possibilités côté devinette) et d’électroniques américaines (là aussi, je passe) en expliquant fièrement que, bien évidemment, un système comme celui-là ne pouvait tolérer que des enregistrements de haut-niveau parce qu’il ne pardonnait pas l’approximation.

Connard.

 

Oui, c’est grossier. La pensée de ce monsieur, hélas trop représentative de la caricature de la haute-fidélité, aussi et même plus !

Le pire, c’est que j’aimais bien ce type pour avoir passé une excellente soirée à boire des coups lors d’une manifestation à Lyon. Un bon pote, un inconscient de la musique.

Des dizaines de K€ pour écouter 30 disques ? Musicalement approximatifs ?

Exactement le contraire de ce que doit défendre la haute-fidélité : l’expressivité avant tout !

J’ajoute que, puisque personne n’osait répondre à la question posée : « quel genre de musique vous aimeriez écouter ? », j’ai levé la main et suggéré : « un violon peut-être ? »

Ce qui, après cinq minutes de recherche embarrassée, s’est terminé par un concerto pour Mandoline de Vivaldi. Où le grave ressemblait au tremblement d’un bâtiment pas normé au moment du passage du métro.

Passons…

Votre rédacteur préféré (mmhhhh ?… Ben Moi : Tonton Sérieux ! Qui d’autre ?) va s’essayer au rôle de boussole dans le dédale des lieux communs.

Le problème est : dans quel ordre s’y prendre ?

 

La pièce, pour commencer ? Ah, la pièce…

Quelle pièce

 

Chapitre 1 : la pièce

Bon départ pour faire fuir. Sauf que : les considérations acoustiques énumérées comme des vérités absolues font souvent rire. La seule qu’on peut entendre est : autant de particularités acoustiques que de pièces. Point.

                                                                                                 

Et alors, est-ce grave ?

A de rares exceptions près, non. Votre cerveau a intégré les caractéristiques acoustiques de votre pièce au point de les oublier. Aussi les pièces concernées par l’exception sont souvent d’un total inconfort acoustique au quotidien, avant même de parler d’y écouter la musique dans de bonnes conditions. C’est dès lors un choix d’en accepter la pénibilité ou de chercher à améliorer son cadre de vie sonore. Personnellement, l’idée de vivre dans une acoustique de cathédrale ne me tente pas.

Le  rapport à la pièce ne sera en outre clairement pas le même selon qu’on veut profiter d’un fond musical agréable dans sa cuisine, qu’on aime paresser en musique dans la chambre à coucher ou qu’on veut pouvoir s’affaler longuement dans un fauteuil confortable pour s’installer à un concert virtuel ; sans oublier toutes les étapes intermédiaires.

Toutes exigences d’écoute qui conditionneront avant tout vos achats de matériel.

Donc contrairement à beaucoup, je mettrai la question de l’acoustique de côté après avoir énoncé quelques questions de base qui vous permettront de réfléchir au positionnement de vos propres curseurs :

- le rapport humain, physique, sensuel ou émotionnel à la musique est-il important pour vous, ou pas ?

- êtes-vous prêt à faire quelques efforts minimaux pour le placement de vos enceintes ou pas ? C’est votre choix.

Si oui, nous parlerons de ce point en Chapitre 6 consacré euh… au placement des enceintes. Il y a une logique…

- êtes-vous prêt à consacrer quelques concessions d’aménagement, un tapis, des rideaux, une table basse ou un temps de réflexion pour intégrer quelques éléments amortissants à la décoration, ou pas ?

- avez-vous choisi de vivre, ou pas, dans une pièce qui doit ressembler à tout prix à celles qu’on admire dans les magazines de déco, cercueils de verre figés où on ne peut même pas laisser traîner une revue sur un coin de table parce que ça rompt la stricte perfection sur papier glacé ?

L’essentiel est que vous soyez heureux, l’essentiel est que vous puissiez vous rassasier de musique sans la trahir exagérément.

Pour clore le chapitre sur la pièce, rappelez-vous que si vous en trouvez la nature auditive fatigante ou pénible, il existe quelques astuces faciles (il faut avoir en tête que les ennemis de l’acoustique sont le vide, l’uniformité et l’absence de masse(s)) et des « décorateurs / acousticiens » avisés qui peuvent vous guider sans transformer le décor en abomination professionnelle. D’où la spécification « décorateurs / acousticiens » parce que les acousticiens purs vont se fier aveuglément (euh… double contresens) aux mesures et à l’efficacité théorique au risque de gommer toute vie en même temps que tout défaut. Economisez votre argent.

Il existe aussi des petits résonateurs ou autre bidules qui « agrippent » des fréquences statistiquement gênantes et gomment quelques résonances hautes. L’effet est possiblement actif, mais limité. On ne réglera pas une défaillance à 150 Hz avec une clochette en bronze d’un cm de diamètre. Ça s’appelle les longueurs d’ondes. Et multiplier ces gadgets pour en accentuer l’intensité risque de tuer les couleurs du système. J’ai connu un spécialiste de ce type de petits bijoux féeriques qui en mettait partout au point que toutes les enceintes timbraient à l’identique. Et mal.

 

Harmoniseur

 

Dernier point que je vais signaler dans ce chapitre : les traitements par processeurs ou DSP.

Autrement dit la transformation du signal en amont pour pré-corriger les défauts de la pièce.

 

Je n’aurai qu’une chose à dire :

- vous aimez le son, alors oui, il y a des produits qui procèdent correctement.

- vous aimez la musique ? Ne vous précipitez pas.

Qu’importe le degré de perfectionnement, il ne faut pas longtemps pour deviner ou comprendre (et entendre) les limites de ces baguettes technologiques cabalistiques. Pré-corriger, c’est altérer. Rajoutons qu’une correction qui inclurait les variations des modes de résonance en fonction de la dynamique suppose une puissance de calcul phénoménale.

Autrement dit, rares sont les cas où le bénéfice est supérieur à la perte.

Je plains notre cher rédacteur en chef qui va se coltiner les ruades et les cris indignés… Je lui rappellerai alors que, à en croire George Santayana (non, ce n’est pas un musicien des années 70 !) : seuls les morts ont vu la fin de la guerre

Bon, il a le droit de me désavouer, c’est le privilège du chef !

Je vais encore devoir lui cirer les pompes, lui répéter qu’il est très beau, très intelligent, tout ça… Ma punition.

Le minimum recommandé est d’accepter éventuellement de ne pas installer votre belle chaîne là où vous aviez fait des croix sur un plan.

Mais au-delà de faire un petit effort pour placer correctement les enceintes de façon à obtenir une scène sonore plausible, un équilibre tonal pas aberrant et le sentiment de vivre la musique, il y a tout un tas de petits trucs ou accessoires qui vous permettront sur le long terme d’affiner votre vie de découvertes musicales.

  

Cap

 

Chapitre 2 : l’optimisation au sens large

Honnêtement, c’est un peu difficile de hiérarchiser les thèmes tant les variables sont nombreuses.

Afin d’éviter tout malentendu et une bonne fois pour toute (enfin pour toute la durée de cet article) :

- un accessoire ou un câble ne font pas de musique.

Ils évitent (quand ils sont de qualité) d’en perdre des nuances ou singularités, soit, mais un excellent support ne transforme pas une Pro-Ject Debut en TW Raven Black Night + Bras Moerch, ou un Cambridge en Accuphase.

D’ailleurs, doit-on inclure les câbles dans cet article ?

Oui et non. Les câbles représentent une part essentielle de l’installation finale et par conséquent le premier maillon à travailler dès lors que vous êtes sûrs du choix des éléments qui la composent.

Il y a encore des sceptiques sur le sujet des câbles ; certains considèrent qu’on n’a jamais fait mieux que le scindex ou que tous les questionnements sur les câbles secteurs relèvent de la masturbation.

Curieux, c’est elle qui est supposée rendre sourd.

Mais encore une fois, la priorité c’est la capacité expressive des piliers de la reproduction (sources, amplification, enceintes), puis les câbles idoines, puis la mise en œuvre, puis les « accessoires ».

Evidemment je vais oublier des aspects techniques et aussi négliger délibérément les « grigris » car ils sont légion. Je ne dis pas qu’aucun ne fonctionne, mais je ne me vois pas recommander des bidules dont l’action positive relève souvent du coup de bol à un moment donné.

A ce propos, je vais aussi éviter de parler d’accessoires ou astuces qui opèrent certes, mais pas sur le long terme. Pour des raisons diverses que j’aurai peut-être le loisir d’expliquer, sans doute même ci-dessous, je ne sais pas encore, je n’ai pas fait de plan.

 

Câbles
 

Bon… Je commence par quoi ?

Les branchements ? Oui, c’est une idée ; si on ne relie pas les éléments d’une chaîne, ça fonctionne moins bien.

Ne m’en veuillez pas si je passe par quelques truismes, mais tous les magasins vous le diront : le nombre d’appels de clients qui grognent alors qu’ils ont oublié de brancher un câble ou qui rouspètent parce que la télécommande est en panne avant d’avoir inséré les piles, est inimaginable.

 

Conseil n° 1 :

- mettez les piles dans la télécommande.

Est-ce absolument prioritaire ? J’en sais rien moi. Mais j’ai déjà vu des gens les placer à l’envers. Dont moi.

- vérifiez bien les câbles en sortie ou entrée de vos appareils ; afin que les câbles droite et gauche soient bien raccordés à l’entrée ou sortie correspondante, mais surtout que les + et – soient correctement installés entre ampli et enceintes.

Là encore, le nombre de cas de hors-phase est élevé. Or, le hors phase (un des + à la place d’un -) n’est pas toujours clairement perçu parce qu’on a du son, oui. Mais bizarre. Rassurez-vous, c’est sans danger. Mais fatigant à l’écoute. Ça se traduit par un registre grave aléatoire et une scène jamais stable.

Vous dites ?

Je viens de décrire le rendu de la haute-fidélité dominante ?

Vous êtes pire que moi !

C’est pas bien !

… Mais ça me fait rire… 

 

La SUITE 

 

 

 

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