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par LeBeauSon - Août 2020



Ça fait des mois… Que dis-je : on peut même commencer à parler en années !… que le rédacteur en chef de notre cher site (The Big Boss) me tanne pour un article dont le sujet serait en gros (parce côté précision je suis moyennement aidé) :

Vintage vs Modernité.

Le bon vieux débat qui oppose les anciens aux modernes. Les merveilles ou nanars du « c’était mieux avant » face aux sirènes du mensonge publicitaire autrement dit « c’est nouveau donc c’est bien ».

 

Cet article (cet essai?), je ne voulais pas l’écrire : je ne sais pas comment m’y prendre. Surtout en évitant d’écraser les pieds des passionnés pétris de certitudes, nécessaire 180° ratissant depuis les adorateurs des vieux McIntosh (ceux de Frank McIntosh et Gordon Gow) jusqu’aux idolâtres de la technologie glorifiée d’un Phantom Devialet comme référent évident d’une modernité souveraine.

 

Vous commencez à me connaître : ma première interrogation est : « et la musique dans tout ça ? ». C’est fou comme ça relativise les généralités.

Donc, j’ai dit non.

Pourtant, le boss m’a flatté :

- « tu es le meilleur d’entre nous pour débroussailler ce sujet !

- tu veux dire parce que je suis vieux ?

- mais non !

- tu veux dire que je suis le plus intelligent ?

- euh… oui, si tu veux… »

Je ne l’ai pas senti sincère sur le coup.

Alors, il m’a appâté : 

- « je passe ton salaire à 11 000 000 de dollars !

- je ne suis pas un homme qu’on achète, moi monsieur… »

Puis il m’a menacé :

- « je créerai un virus mortel qui envahira la planète !

- même pas peur… »

Flûte, il l’a fait, le con !

Bon, considérant que, quand même, les moyens de pression du Big Boss sont impressionnants, j’ai cédé au plus nocif d’entre eux :

- « s’il te plaît ? 

- … Bon… D’accord »

Je n’ai pas osé reparler des onze millions de dollars.

Bien sûr, le sujet est enthousiasmant surtout quand on constate que quelques obstinés souvent prosélytes s’attachent à des vieilles gloires, affirmant haut et fort qu’on n’a jamais fait mieux en n’ayant pas même conscience que leur merveille d’un jour lointain a sûrement vieilli, usure des composants, des condensateurs notamment, ce qui condamne le vétéran grabataire à batailler depuis son déambulateur. Or, à l’heure actuelle, la technologie triomphante ne peut rien contre le vieillissement.

Je sais de quoi je parle. 3 h 20 au Marathon de Chantilly. Bon sang, maintenant il me faut un vélo pour le refaire. Big Boss, je ne t’aime pas ! Je suis Vintage. Au sens de « Vint un âge… ».

D’ailleurs, le terme Vintage n’est pas forcément limpide pour aborder le sujet. Je précise dès lors que je l’emploierai en jonglant avec les acceptions qui iront du sens propre (et flou (donc moins propre, hi hi)) à la désignation de vénérables instruments anciens. Et que je vais pirouetter en permanence dans le hors sujet.

 

Je suppose qu’une bonne approche de l’idée générale consisterait à arpenter les catégories de matériel pour voir si le temps, l’apprentissage ou la technologie ont apporté un plus, et surtout ouvert la fenêtre sur la musique, parce que ce sera toujours mon point de vue (au sens premier). Ni les chiffres superlatifs honteusement affichés par quelques champions de la com ni les tricheries spectaculaires (nées de l’audace ou l’incompétence ou la totale négation de la véracité artistique) ne me guideront. Je suis incorruptible.

… Ou alors pour 12 millions de dollars.

En attendant vos offres, je commence :

- les lecteurs CD des années cinquante étaient nettement moins performants que les actuels.

Fin.

… …

… Pas l’impression que ça fasse monter les enchères.

Je développe ? Je passe en mode sérieux ?

 

Bon… Cependant, avant de détailler par catégories, je vais devoir énumérer quelques platitudes :

- 1 : la thématique devrait aussi aborder la question que beaucoup se posent (au risque de s’accrocher hélas à la mauvaise réponse parce qu’elle les arrange momentanément) : opposer l’occasion plus ou moins récente à du neuf pour grimper de gamme. Certes, dans certains cas ça peut se comprendre. En oubliant totalement la réalité économique qui permet de trouver des occasions. Pour qu’il y ait des occasions, il a fallu que des personnes plus conscientes de leur mode de vie – notamment la façon dont eux-mêmes gagnent leur salaire ou rémunération - entretiennent le marché du neuf. Parallèlement, il faut aussi bien garder en tête qu’un mauvais produit de quelques années, même réputé ou vénéré par la presse ou la doxa, reste mauvais d’occasion.

 

Et puis il y a les œillères : j’ai entendu - dans un magasin il y a quelques mois - un donneur de leçon qui disait au revendeur un peu interloqué : « par conscience écologique, je n’achète que de l’occasion ».

J’ai haussé les épaules et n’ai pas pu me retenir de jeter depuis le fauteuil où j’étais invité :

- vous avez acheté une Renault 16 par conscience écologique ? Vous êtes sûr de vous ?

Je n’ai rien contre l’argument de l’écologie. En revanche, comme d’habitude, je suis exaspéré par la simplification de pensée, la paresse d’en rester à un premier degré de réflexion. Ça ne signifie pas avoir tort, ça signifie : ne pas approfondir et savoir décider en conscience par soi-même dans un équilibre difficile entre des logiques qui s’opposent.

 

Comme en automobile, on peut considérer que, certes sur des aspects différents, la plupart des concepteurs et surtout fabricants de haute-fidélité obtiennent des améliorations notables d’une génération à une autre d’appareils.

- une Mercedes Classe A a beaucoup évolué de génération en génération

- un Atoll IN400 SE d’aujourd’hui a beaucoup évolué depuis sa création y compris au sein d’une même appellation

- personnellement je n’étais pas fan d’un Accuphase E560 là où franchement un E650 est un bien beau bébé (et c’est vrai pour toute la gamme)

- ce n’est pas parce qu’un Audionote Kondo Ongaku porte le même nom depuis 30 ans qu’il n’a pas copieusement appris

- on pense ce qu’on veut d’un DarTZel, d’un CH-Précision… ou d’un FM-Acoustics (… Hum, pure concession à l’allégorie), ce sont de nobles engins qui n’auraient pas pu exister il y a ne serait-ce que 15 ans. Dites-vous bien que, sinon, ils auraient existé !

- et contrairement à ce que croient beaucoup à propos des critères de valeurs de quelques légendes : dans les milieux professionnels concernés, les Nagra III ou IV-S étaient réputés pour leur formidable souplesse d’utilisation, telle le fonctionnement sur batterie ou une relative légèreté, et une robustesse mécanique telle qu’on aurait pu recommencer à bosser avec son Nagra tombé d’un hélicoptère 30 secondes auparavant, sans parler du génial système de synchro son pour le cinéma ; nettement moins pour d’exceptionnelles qualités sonores !

Comme j’ai pitié du patron qui va devoir me répudier une fois encore sur les réseaux sociaux, je précise : ça ne veut pas dire piètres qualités sonores, ça veut dire : en studio on utilisait des Ampex et pas seulement multipistes (oui, et aussi des Studer entre autres (mais de là à croire que les Revox étaient des « musts » chez les pros, ouh là)). Nagra était le seigneur des magnétophones de reportages ou tournages. Point.

Je n’ai pris des exemples que dans les électroniques, mais le regard sur la vérité au cœur de la mythologie est valable dans à peu près tous les domaines.

 

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Les enceintes monitorings réputées ? On le sait tous : moult studios étaient équipés pour le contrôle des prises de son (grandes écoutes) de monumentales JBL, puis plus tard TAD ou Wetslake, et souvent les semi-proximités étaient des Yamaha. Mais aucune de ces pétoires ne servaient à doser l’homéopathie minutieuse du mixage ; en effet, pendant des décennies, les" ingés son" réalisaient le mixage final sur une paire de minuscules Auratone équipées d’un large-bande de 12 cm. Quand ils ne se déplaçaient pas purement et simplement avec les leurs. Pourquoi ? Certes parce que l’équilibre se rapprochait sensiblement de celui d’un poste radio, mais pas seulement et loin s’en faut : parce non filtrées et capables de délivrer beaucoup d’énergie, elles permettaient de mieux comprendre la conception de l’édifice fragile qu’est un bon mixage en lisibilité, relief, subtilité, équilibre. Et les ingénieurs du son (les bons) ne sont pas responsables du gâchis total de leur travail d’orfèvre quand celui-ci passe ensuite entre les pattes souvent destructrices des ingénieurs de mastering. Dont certains célèbres. Qui eux bossaient (bossent) la plupart du temps sur des grosses saloperies issues de la pensée dominante de la haute-fidélité. Là encore j’ai quelques souvenirs édifiants qui seraient drôles si la bêtise de journées de travail dans des studios de mastering ne m’avait pas effrayé. Je me réfère un peu trop à mon vécu, vous avez raison. Mais comme l’a fait remarquer le boss, je ne suis plus tout jeune et je suis immergé depuis longtemps dans ces milieux contradictoires de la création, production ou reproduction sonore. De fait la quantité d’anecdotes est fatigante mais qu’y puis-je ? Croyez-moi ou pas, elles ne cautionnent pas une vaniteuse notion d’expérience, mais une prudence de recul et questionnements.

 Ah : une petite précision souhaitée par un ami, hautement cultivé (il se reconnaîtra et s’empourprera), grand connaisseur de la haute-fidélité, collectionneur, « mais » mélomane à qui j’ai soumis mon texte : « peut-être aurais-je précisé que, bien que très utilisées, les Auratone sont de bons outils mais quasi inécoutable pour jouir de la musique et que parmi les « spécialistes » qui chinent, la plupart ne proposent ensuite que des produits nettoyés, astiqués, mais pas du tout révisés et donc quasi inutilisables … »

Petite dérive hors sujet ? Pas tant que ça. Je pense en particulier aux profanes qui, s’ils s’attaquent à la suite, vont être abreuvés de noms de marques ou appareils qui sans doute ne leur diront rien. Alors j’essaye de définir l’état d’esprit de l’article.

Puisqu’il y a une vague tentative de démonstration (ça, c’est de la vanité !), avant de vous précipiter sur des occases, rappelez-vous bien que la valeur « légendaire » ou mercatique n’est la preuve d’aucune qualité. En incluant que la « légende » n’est qu’une autre forme de marketing.

 

Après tout on connait quelques exemples de religions qui dévoient le message de leur messie…

 

- 2 : on peut aimer le Vintage ou l’ancien pour le look ou par nostalgie et c’est un tout autre sujet.

Personnellement, si j’avais les moyens et la place, je rêve (mouais) d’un Mac C22 + MC2205, d’une paire d’Altec « Nineteen », d’un DAC Stax X1T. J’évite délibérément les platines vinyles, parce que la liste serait longue.

En fait, ce n’est pas si sûr. Après tout, une Verdier est l’exemple même d’un produit qui reste d’actualité et synthétise la frontière entre nouveau et vintage. A-t-on fait beaucoup mieux ? A l’exception du système du support de bras pas à la hauteur des vertus de la platine en question, non.

Mais là je confonds poésie et instincts mélomanes.

Car la sélection présentée ci-dessus n’a valeur que d’exemple et de fait je néglige des vieux AudioNote, Hovland, Yves Cochet et ses lunettes rafistolées au sparadrap, JBL (notamment 4350, ma période studio, ou d’autres aussi, ma période n’importe quoi), une énorme ATC dont j’ai oublié le nom (ma période Mélanie), LS3/5 évidemment (ma période mystique), Cabasse (ma période naïve impressionnée par les démos de gammes au Festival du Son), Supravox ou Lowther (ma période « faut que ça marche ! »), Audio Référence 200, Western Electric, un système HQD Mark Levinson (quelle daube, mais quelle ambition ! Pourquoi, stagiaire dans un magasin qui le proposait en démonstration permanente, ne pouvais-je m’empêcher de trouver le rendu lamentable, tout en ayant honte face à la dévotion des visiteurs ?), des Siemens Klangfilm, les premiers systèmes Arcane (devenus Icos) (ma période « Point d’Orgue » au pied de la salle Pleyel et l’Orchestre de Paris où j’allais avoir un long échange avec Zubin Mehta), des platines EMT ou Clement, ou même l’enceinte Analogue Goldmund (quelle daube (il y en a tant), mais quelle sculpture. Je parle du modèle originel. Ceci étant, nous sommes dans un cas d’espèce où le modèle Anniversary est un hommage à la hauteur. ?… !), bref j’ai vraiment synthétisé la liste. 

En résumé : si, côté petit musée de la nostalgie et des horreurs, j’aurais envie de moult jalons historiques, l’énumération de ceux auxquels je confierais volontiers ma voracité de musique, même pour rire, est beaucoup plus réduite.

Car si quelques-unes de ces bornes sur mon parcours de gastronomie mélomane sont encore capables de m’émouvoir musicalement (et plus probablement celles de l’électro-acoustique que de l’électronique ou des sources), il n’en est guère dans l’étroite collection qui ne soient épouvantablement défigurantes ou limitées.

Bien sûr, en termes d’expressivité, un Klangfilm Siemens (pas toutes les versions) laisse loin derrière n’importe quelle Magico ou à peu près tout ce que vous voulez sur le marché.
Mais bon, Le Klangfilm et quelques autres transducteurs - notamment à rendement élevé - étaient déjà des jalons spécifiques ; croyez-moi une vieille B&W DM6 ou une 801 sonnent… euh… vieux. A propos de B&W : comment une marque qui a proposé les très élégantes DM70 est passée à l’esthétique des 801 ?

Là encore quelques exemples au milieu de X puissance beaucoup.

 

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