à l’oreille





Grandinote Mach 4 - Massimiliano persiste et signe

par LeBeauSon - Avril 2021


Perception d’ensemble

Avec la Mach 4, Grandinote vise une fois de plus les mélomanes. Je veux dire ceux qui cherchent à la fois l’énergie, l’exaltation, que le frémissement sur une fin de note, un instant de doute volubile, une réception directe de toutes les variantes internes du swing nourrissent d’émotions.

Car du fait de ces mêmes qualités, La Mach 4 ne donne pas dans la flagornerie arrangeante et requiert un engagement de l’auditeur : c’est une enceinte qu’on écoute, pas une enceinte de fond sonore, ni de beauté roborative.

Aussi est-il évident que, à l’instar de quelques rares enceintes du marché qui choisissent les lois du cœur, on estimera qu’à ce prix la Mach 4 n’a pas ou peu d’équivalent, ou on en rejettera l’approche.

Tiédeur ou demi-mesure ne trouveront pas place face à un produit qui en soi est un manifeste.

Ne l’ai-je pas déjà dit pour la Mach 9 ? Si, peut-être.

Et alors ?

DIAMs 4 ORS 2 Rouges

 

NB : code couleur de nos Diamants pour ce modèle : Or (prix supérieur à 12 000 €). Mais nous utiliserons aussi le Rose (6 500 à 12 000 €) car ces enceintes se situent à la frontière des deux catégories.

 Mach4 1

Deux essais quasiment coup sur coup d’enceintes Grandinote alors que le génial bonhomme qu’est Massimiliano (je pèse mes mots) brille suffisamment par ses électroniques pour qu’on se permette d’aller regarder ailleurs côté enceintes.

Indubitablement ; mais le hic est qu’on a été si secoués par son modèle Mach 9 à 36 000 € - autrement dit un produit un peu élitiste -, qu’on s’est dit qu’il était urgent de tester une déclinaison moins ambitieuse pour voir si la réussite de Mach 9 relevait du coup de bol, de la formule magique non déclinable ou tout simplement du talent.

Car si les principes choisis pour la Mach 9, en eux-mêmes assez osés (cf https://www.lebeauson.fr/a-l-oreille/203-grandinote-mach-9-la-liberte-de-la-verite), procurent une allégresse, pour ne pas dire un saisissement musical d’exception, il faut reconnaître que les moyens pléthoriques mis en œuvre pouvaient aussi grandement aider à contourner les possibles écueils d’une formule atypique.

Alors qu’une version simplifiée (même si, chronologiquement, je pense que la petite a précédé la grande) risquait fort d’en révéler les limites.

J’ai donc insisté et obtenu la possibilité d’une écoute d’un modèle quand même plus logeable (et financièrement abordable) : la Mach 4.

Le principe est en gros le même pour la quasi-intégralité de la gamme, à savoir un dispositif de type Line Array, c’est à dire une multiplication des transducteurs disposés verticalement, montés en série / parallèle ; principe largement expliqué dans l’article sur les Mach 9. Ma dignité et, hum, oui ma paresse, m’incitent à vous renvoyer vers l’article de référence.

Mais autant sur la Mach 9, la taille des objets, la ribambelle de transducteurs, le Carbone (en tout cas dans la version Carbone, hum…) se combinent pour souligner la valeur d’un vrai haut-de-gamme, autant les mêmes méthodes revues en portion congrue sur la petite sœur peuvent donner un côté un peu gadget à l’objet, au risque, en ne le jugeant que sur les apparences, de passer à côté d’une perle.

En effet, sur la Mach 4, le nombre de transducteurs principaux (le grave-médium ? Oui ; quand même, à force, vous avez compris, non ?) est ramené à 4, d’où le nom Mach 4 (félicitations !), et celui des transducteurs hautes-fréquences (tout ça pour ne pas dire tweeter) à… Euh : 1 ! Nettement moins impressionnant que les 16 de l’iconique parente.

Ce qui, au passage, permet de constater que ce tweeter à dôme (certes large) propriétaire doit quand même avoir un rendement de cheval vue la sensibilité moyenne annoncée et vérifiée à la course des potentiomètres des amplificateurs utilisés pour le test.

4 HP de grave-médium, ça signifie électriquement 1 série de 2 parallèles, soit une impédance résultante de 8 ohms. Donc tranquille pour votre amplificateur, et, compte tenu du rendement élevé, de la légèreté des équipages mobiles et de la simplicité biblique du filtre (il y avait des enceintes à l’époque de la rédaction de cette littérature liturgique ????), on peut même envisager un amplificateur à tubes pas extrêmement puissant si on n’a pas les moyens – ou l’envie ! – d’un Shinai de Grandinote. C’est dommage, mais bon.

La colonne est très fine mais plutôt haute : 1320 x 230 x 230 pour 25 kgs. Son poids peut surprendre face à une Mach 9 déjà testée et très légère, mais tient à la structure bois de ce modèle, alors que la Mach 9 que nous avons eue entre les oreilles était en Carbone. Le principe d’un « Tube semi-résonant » est identique, probablement une sorte de ligne acoustique qui débouche à l’arrière et en bas de l’enceinte.

Pas de bi-câblage, bravo, mais des connecteurs WBT de haute qualité.

La sensibilité est élevée avec 95 dB/W/m pour une impédance nominale de 8 ohms.

L’un des amplis utilisé pour le test a été le Tektron TK Two 211PSE (objet qui, d’un point de vue sonore, semble vraiment somptueux), mais aussi le Grandinote Shinai et le Supremo. Lecteur réseau Kalista, convertisseur Rockna Wavelight et également lecteur réseau intégré Volta de Grandinote. Câbles Alef et Van den Hul.

Prix de la paire de Mach 4 : à partir de 13 200 €, en version bois.

Nous étions deux ce jour-là pour les écoutes, et vous verrez en quoi c’est important par la suite.

 

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :

Lançons-nous d’emblée, cueillis à froid dès les premières mesures : les vertus expressives de la fine colonne Mach 4 - bien dans la lignée de la grande sœur - font facilement – de mon point de vue - passer en arrière-plan deux particularités de l’équilibre tonal.

Daniel Hope et Alexey Botvinov, interprètes toujours très sobres d’œuvres diverses pour Violon et Piano d’Alfred Schnittke sont magnifiquement servis par la petite colonne Mach 4 et nous livrent d’intenses moments de musique(s). Quel que soit l’opus dans ce programme contrasté, on sent toujours en arrière-plan l’ironie plus ou moins malicieuse du compositeur savonnant la volonté des interprètes d’en étendre l’audience. Mais aussi des glissements d’une poésie simple croisant des subtilités stylistiques complexes et des figures vertigineuses imbibées des leçons du contemporain. On comprend aussi pourquoi Schnittke est resté un mal aimé de ses pairs, ses approches de l’audace ne trouvant leur place dans aucun courant, pendant que lui-même, souffreteux et dépressif, semble s’amuser à brouiller les pistes.

Via Mach 4, les teintes et carnations fusent, différentiées, raffinées, et surtout animées, légèrement entachées par un petit creux tonal dans une partie haute du spectre, un choix de matité conduisant pas loin de la nasalité, rappelant le son de certains haut-parleurs large-bande, sans le côté cornant toutefois.

Précisons cependant que, alors que le corps est un peu absent – deuxième possible bémol il est vrai pas aidé par la pièce que l’on commence à bien connaître, déficit dû en partie à une trop grande distance au mur arrière -, les matières évoluent sans cesse, comme dans la réalité. Le boisé du violon, superbement exploité par l’ami de Schnittke (Daniel Hope a en effet bien connu le compositeur) passe par des substances bariolées mises en relief par la Mach 4. C’est vrai sur deux amplificateurs très différents même si on devine qu’il y a une association plus directe avec un Shinai, par exemple, en apparence moins « beau » que le Tektron, soit, mais plus tenu, plus juste.

Le constat de ce paradoxe, où l’atypie de l’équilibre tonal disparaît derrière une palette de pigments et de pétillements d’inflexions, se confirme sur l’enregistrement consacré par John Wilson et le BBC Philharmonic (mais combien y a-t-il d’orchestres BBC ?) à Aaron Copland dont l’étrange version de « El Salon Mexico » : les singularités de l’image sonore évoquées précédemment jouent légèrement sur la justesse des timbres (vraiment mats) sans jamais nuire à l’inouïe diversité ; d’autant que la définition par la précision de lecture et des substances compense amplement. Cette résolution exceptionnelle procure verve, swing, balancement, humour dans l’approche étrangement mouvante de Wilson, qui insuffle des climats variés à une œuvre de fait tout à coup moins « Amérique triomphante », plus ambiguë, drôle, détachée, où l’aspect spectaculaire fait place à des corolles de couleurs lui procurant une tout autre dimension. Carte postale d’un Mexique de carton-pâte assumée comme les décors exotiques du cinéma des années 50, le tout dans la lumière crue d’un plateau de cinéma d’aujourd’hui, peinte avec panache par la joyeuse italienne.

Pourtant, il y a débat entre nous : mon collègue a été un peu gêné par cette sensation que nous pouvions faire mieux avec cette enceinte, ou si pas nous, en tout cas le concepteur, alors que de mon côté la verve immédiate de la colonne m’a enthousiasmé par un lien de symbiote à la musique, et tant pis pour la colonne vertébrale moins habillée que dans un monde idéal.

Le point sur lequel nous étions d’accord s’est révélé sur l’étrange remix par 16-Bit de « Hollow » (Björk, oui, une fois de plus !) qui fait apparaître clairement que Massimiliano a préféré renoncer à l’extrême grave plutôt que de le simuler par une bouillie si fréquente même sur des enceintes coûtant une fortune. En revanche, même en montant le niveau de façon déraisonnable, rien ne décroche, n’est projeté et l’enceinte prend du corps.

Pour tout dire, sur ce titre, ça envoie.

Bon, puisque le Big Boss a imposé un système de notes, on arrive au moment où le désaccord se concrétise.

Pour l’un c’est :

DIAMs 4OR1Rouge1Nul

 

Pour l’autre, c’est :

DIAMs 4OR1Rouge1Nul

 

La note est difficile à donner, car s’il s’agit incontestablement d’un produit typé ; ce que la Mach 4 est capable de réaliser en termes de vitalité, liberté et compréhension de la part humaine des œuvres balaye aisément telle ou telle réserve qu’on pourrait émettre en analyse pure de chacun de nos critères. Dit l’autre.

L’un rétorque :

- quand même, il faut bien expliquer que ça nuit à l’universalité de l’objet, ce n’est certainement pas une enceinte de consensus.

- Oui, c’est vrai.

 

 

Mach4 2

 

SCÈNE SONORE :

Le Concerto Pour la Main Gauche, écrit par Ravel, est l’occasion pour Andreas Haefliger de souligner, dans une virtuosité jamais expansive, les contrastes de tons de l’œuvre, « la véhémence tragique » s’opposant aux couleurs fauves du grotesque, ou les élans jazz au naufrage poignant du piano sous un dernier assaut des percussions… L’appropriation du chef d’œuvre sombre de Ravel par Haefliger est d’autant plus flagrante que, sur ce disque, il l’enchaîne sans pause au passionnant Concerto « Gran Toccata » de Dieter Ammann.

Le Concerto offre à Mach 4 l’occasion de montrer sa virtuosité à coller aux plus complexes idées et couleurs du pianiste dont une seule main en vaut deux et aux riches sonorités d’un orchestre minutieux et pour le moins appliqué…

- … soit, mais on peut être un peu surpris par une scène sonore pas parfaitement en place, un peu étirée en hauteur et pas vertigineusement profonde ni exactement précise - dit l’un.

- mouais, mais on se ballade sans la moindre hésitation dans les pupitres et registres pour suivre la partition et, mieux, le talent de chaque instrumentiste ! – rétorque alors l’autre…

Acquiescement du bougon qui veut toujours plus. Trop sans doute. Ses repères de perfection le situent du côté des 1% de la haute-fidélité. Et encore… ça ne lui fera pas plaisir de lire ça, mais bon oh, eh, il n’a qu’à écrire à ma place s’il n’est pas content.

Cela étant, je comprends la « petite réserve » alors que personnellement je trouve que, - curieusement ? - la scène sonore, par sa stabilité, créée une « autre » plausibilité, un peu surnaturelle, mais à laquelle on s’habitue facilement.

Même sensation que la perspective existe mieux par la profondeur dans les matières que dans la scène elle-même avec la remarquable FKA Twigs chantant « Mary Magdalene », peut-être le titre le moins tourmenté d’un album quasi-éponyme qui passe par des montagnes russes entre tension et douceur ; une page expérimentale pas aussi aboutie qu’on aurait pu l’espérer mais qui dépasse de si loin la médiocrité moyenne de l’actuelle R&B qu’on pourrait quasiment y voir un chef d’œuvre.

Les évènements sonores sont stables, mais dans un espace pas forcément toujours compréhensible. Une fois de plus, on est tellement happés aussi bien par le chant que par les arrangements originaux, raffinés et tout simplement beaux que c’est par pure concentration critique que la question se pose.

Sur ce point, l’Hun et l’Hautre tombons d’accord.

Puisqu’on aura noté que comme, pour tout produit de cœur, j’ai de plus en plus tendance à mélanger les rubriques, j’ajoute que sur cet album comme tous ceux écoutés jusqu’ici, la liberté dynamique, ou plus exactement des dynamiques est médusante.

 

Donc :

DIAMs 4 ORS 2 Rouges

 

 

- Pas d’objection ?

- non, ça va.

 

RÉALISME DES DÉTAILS :

Le piqué des cordes, le grain des matières sur chacun des instruments, affinés au bénéfice des perspectives organiques, soulignent la performance du Quatuor Béla qui réussit à nous livrer une vision très personnelle, donc relativement novatrice, du Quatuor de Debussy (c’est dire !) par des tempi alertes et une maestria de pilotes de rallye pour enchainer des modulations inspirées et dans une incroyable osmose.

- d’accord ?

- absolument !

Ce pouvoir de résolution est ce ceux qui vont jusqu’au bout, par opposition à une définition de surface, prolongent les notes, concrétisent les silences, les vibrations sensibles du cœur, bref l’expression.

Je prends de l’avance (ne serait-ce que pour clore le bec au jeune coq), mais ce disque est particulièrement révélateur.

Dans le très abstrus Close to the Edge, titre phare de l’album éponyme de Yes en 1972, la complexité sonore peut rapidement devenir fatigante, d’autant que la production en est quand même un peu maigre : pas de basse trapue (mais lyrique ou barrée) pour satisfaire l’estomac. Maigre, mais incroyablement sophistiquée, compliquée, d’une page majeure du rock alternatif qui pourrait aussi bien être considérée comme un puzzle de pièces de rock symphonique et « jazz » contemporain.

Il faut - pour bien s’imprégner de la puissance musicale de cet album - soit un système plutôt simplificateur, pour une écoute à l’ancienne, soit au contraire une lecture burinée où les éclats croisés, les vibrations appuyés d’orgue(s), les enchevêtrement de batterie au sein de sons crispants de guitare acide ou de synthétiseurs aiguisés, doivent laisser sinuer la voix angélique de Jon Anderson ou les envolées lyriques de passage en orbite de Jupiter pour vivre à fond, viscéralement autant que cérébralement, cet instant essentiel de la musique contemporaine. C’est le cas avec la composition Grandinote autour des Mach 4 alors que le manque de corps dans la pièce aurait pu faire craindre le pire.

Non, c’est amplement pondéré par l’évidence musicale, la façon que prodigue l’ensemble « musique plus système » de totalement vous accaparer au point de contraindre à une pause de respiration au bout des 18 mn de la plage pour s’extraire de l’emprise, de l’immersion dans les méandres sorciers d’une créativité hors norme débarrassée par la magie des Mach 4 des parasites sonores de la bande-mère.

Et aller boire un petit café bien mérité !

DIAMs 4 Vert

 Mach4 4

 

 

QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

Quitte à avoir suggéré le jazz contemporain précédemment, autant plonger les deux pieds dedans avec Papier Ciseau, la nouvelle folie géniale de Roberto Negro et ses copains Emile Parisien (vraiment en forme) et Michele Rabbia, rejoints pour l’occasion par Valentin Ceccaldi (le violoncelliste donc) : en dépit de la dissimilitude étourdissante des ambiances, la manière donc les blocs alambiqués des compos du groupe nous malmènent parfois, atmosphères oniriques virant sans transition au cauchemar digne de Stephen King, et alors qu’on est supposés réaliser un Banc d’Essai, on se laisse piéger mon collègue et moi à écouter le disque en entier, vivant à fond les enchevêtrements de swings (c’est la rubrique qui veut ça, parce que, une fois de plus un seul disque dit tout) dont les musiciens jouent pour déstructurer en permanence les instants même les plus détendus en figures détorses, cubistes, hypnotiques.

C’est d’autant plus intéressant que, la veille, nous avons voulu écouter ce disque sur une toute autre combinaison (plus chère) et que nous avons arrêté immédiatement tant c’était fatigant.

Le punch gueulard et faussement gore de Marilyn Manson dans « Pistol Whipped » (Born Vilain) déborde légèrement le grave des Mach 4 sous la pression de marteau-piqueur du Supremo, mais la rage, l’énervement, les dents aiguisées de la musique du Grand Fondu passent en énergie pure ; en outre, de toute façon, on associera plus probablement la Mach 4 à un Shinai, n’est-ce pas ?

Alors pour se détendre un peu, passons à une expression plus directe du Swing avec « Black Trombone » (1962) dans la sélection de prises alternatives sur quasiment toute la carrière de notre Serge national, disque qui est en fait le complément du superbe recueil de photos et interviews des collaborateurs de Gainsbourg à Gainsbarre : le Gainsbook.

Quel balancement naturel dans cette prise 370/902 dont on peut se demander pourquoi elle n’a pas été retenue pour l’album n°4 de l’artiste, qui cherchait encore ses marques entre jazz et classique (sa période bleue – disait-il).

Le trombone bien sûr, mais tous les musiciens, cuivres, contrebasse ou batterie, et puis surtout Serge lui-même dans ce qui est aussi une démonstration d’élocution dont les chanteurs actuels devraient s’inspirer au lieu de rendre des hommages souvent nauséabonds : chaque syllabe est parfaitement compréhensible alors que toutes sont enlevées dans une souplesse expressive qui en devient une chorégraphie !

- Le padawan a quelque chose à redire ?

- non !

Multiplication de talents que la Mach 4 vénère sans une once de confusion, de coquetterie, de simplification : du bonheur pur.

DIAMs 4 Vert

 

 

EXPRESSIVITÉ :

Jo Lovano et ses complices du Trio Tapestry ne peuvent que confirmer ce que nous avons longuement constaté lors de nos sessions d’écoute : l’expressivité est l’ADN des créations de Massimiliano (Grandinote) ; critère toujours aussi difficile à définir (on a essayé, cf. : https://www.lebeauson.fr/guide/19-guide/116-decouvrez-nos-criteres-d-evaluation-de-nos-bancs-d-essai).

Dans ce disque par exemple, ça passe par la sensation de sentir la colonne d’air qui nous dévoile plus surement l’humain derrière l’instrument, nous rapproche de l’âme de Lovano, des mirages de son inspiration.

Arthur H et sa « Boxeuse Amoureuse » compense en grain de voix ce qui pourrait lui manquer en épaisseur et, à l’arrivée, les inflexions quand l’octave monte un peu haut dans un chant chargé d’amour sont d’une tendresse, d’une vérité du cœur qui sidèrent tous les critères de la haute-fidélité pour nous connecter à l’homme.

Gabriel Garzon-Montano et son agaçant culte de lui-même (voir la pochette) dans son bel album Agüita peuvent nous séduire comme nous décevoir par des atmosphères sinuant de la soul au pur latino ou latino pur Brooklyn, au spanglish ou au reggaeton. Qu’importe : avec Mach 4 ce ne sera jamais pour être passé à côté des intentions, de la provocation (de salon) du multi-artiste américano-franco-colombien…

- … et ce, même si le grave est un peu répétitif en timbres comme en appuis, et la voix, du fait de la matité générale, un soupçon nasale… - relève le jeune audacieux qui n’a pas forcément conscience que son CDI est en jeu.

- oui, mais quelle vie, quel lien attachant à la vibration de la Musique !

- effectivement.

Je peux continuer longtemps comme ça mais je m’arrêterai après quelques plages du superbe disque d’Hilary Hahn Encores, commande de bis passée à des compositeurs qui nous enlèvent dans un inlassable bonheur dès lors que le système de reproduction affirme l’implication aussi bien de la violoniste d’exception que des compositeurs (27) sélectionnés pour ce passionnant tour d’horizon d’une certaine musique contemporaine. C’est indéniablement le cas avec Mach 4, par le biais de laquelle on notera au passage un piqué de pizzicati qui atteint au sublime !

DIAMs 6 OR

 

PLAISIR SUBJECTIF :

Ah… Beaucoup plus compliqué.

La Grandinote Mach 4 n’est en aucune manière une enceinte de confort. Enfin, pour les vrais mélomanes, si, bien sûr. Je veux dire ceux qui cherchent le frémissement sur une fin de note, un instant de doute expressif, une réception directe de toutes les variantes internes du swing.

Ecouter Eminem (on l’a fait, si si, le morveux a insisté) sur des Mach 4 est une expérience ambivalente : soit on est heureux d’entendre des idées d’arrangement ou de rythmiques plus inventives qu’on ne le pense (enchaînement « Say what you say / ‘Till I collapse »), soit on regrette un grave bien gras, quitte à ce qu’il s’étouffe comme si souvent dans un cocon d’étoupe…

- … soit on souhaitera un dosage plus nuancé entre les deux extrêmes… - assène le sale gosse.

… Mouais. Je ne sais pas. Perso, c’est un type d’approche un peu radicale qui me convient, mais je suis d’accord qu’il faut en être prévenu.

- On ne met pas de note ?

- OK !

 

 

RAPPORT QUALITÉ/PRIX :

Compte tenu de tout ce qui est exprimé, il est évident que, à l’instar de quelques rares enceintes du marché qui choisissent les lois du cœur, on considérera qu’à ce prix la Mach 4 n’a pas ou peu d’équivalent, ou alors on n’aimera pas l’approche.

Mais on ne pourra pas être tiède ou dans la demi-mesure face à un produit qui en soi est un manifeste.

- si on peut ! Moi je le suis. Je reconnais que je n’ai entendu, dans cette gamme, qu’un ou deux objets aussi fascinant côté musique, mais je reste un peu hésitant sur ma capacité à oublier un ou deux manques agaçants. Comme pour les autres objets dans le même esprit, d’ailleurs.

- pas moi ! Ce qu’on entend ici est quand même exceptionnel.

- … et correspond à ce qu’on cherche, oui, je suis d’accord ! N’empêche, c’est notre boulot d’expliquer le caractère des objets qu’on teste, ou je n’ai rien compris au concept du site…

Petit con…

Une note :

??????

 

Tonton Sérieux & SPAM


Mach4 3

Banc ecoute