à l’oreille





ATOLL IN100 Signature : Signé Atoll

Par LeBeauSon - Juillet 2024


Perception d’ensemble

L’intégré IN100 Signature du fabricant normand représente plus qu’un remarquable rapport qualité/prix : disponibilité, engagement musical, trésors harmoniques, sens des nuances et grande souplesse d’emploi n’en expriment que les qualités les plus immédiatement perceptibles.

Voilà qui mérite un Diamant sur Canapé ! 

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NB : Code couleur pour ce banc d’essai : vert, moins de 1 600 €

Le prix public moyen constaté de cet appareil est 1 250 €

C’est bien gentil de tester des trucs à pas de prix ; ils nous séduisent et on publie ou ils nous agacent et on ne publie pas (on ne publie pas afin d’éviter les admirateurs de fausses idoles qui s’épuiseront en vaines invectives. Notre credo, je le rappelle, est de raconter ce qu’un appareil sait faire ou ne pas faire, pas de courber l’échine. Ce que mon dos ne m’autorise plus de toute façon).

Il est cependant essentiel de savoir revenir à une réalité moins folle, rassurer le lecteur « vêtu de probité candide et de lin blanc *» par la démonstration que vivre la musique n’oblige pas à attaquer une banque. Même une petite… Dans un Western fauché.

 * Victor Yougo. Approximativement

Si Atoll, depuis quelques années, a prouvé un talent hors norme dans le moyen / haut-de-gamme grâce à la série 400, les connaisseurs se souviennent des débuts de la marque (il y a plus de 25 ans ! Je n’étais pas né…) qui présentait des appareils particulièrement éloquents et accessibles alors que déjà fabriqués en France.

C’est d’un classique copieusement revisité des frères normands que je vais vous parler ci-dessous.

L’amplificateur intégré IN100.

Dans sa version Signature, il n’a plus grand-chose à voir avec l’originel, exceptée la volonté des têtes pensantes de la boîte… pardon : l’entreprise viking, de défendre l’expression musicale en maintenant la rigueur industrielle.

Comme tant d’autres me direz-vous ? Non, hélas, si c’était si simple…

Ne serait-ce que parce que la mise au point d’un bon ampli ne tient pas qu’à des recettes figées dans un livre de cuisine.

Je ne vois pas l’intérêt d’en faire des tonnes côté description technique de l’IN100 Signature, vous en serez abreuvés à foison sur le Net.

Vous serez tout autant assaillis de commentaires contradictoires sur les réseaux sociaux. Majoritairement très favorables. S’il vous plaît, ignorez les adeptes des œillères qui s’évertuent à évoquer une expérience maladroite vécue dans des circonstances floues il y a vingt ans sans avoir pris le temps de mesurer l’évolution d’une marque qui ne s’est jamais endormie sur ses lauriers…

Engagement incessant, éminemment respectueux du client final, qui lui vaut un succès envié sur le marché international : félicitations !

Atoll est indubitablement un cas d’espèce dans la haute-fidélité française.

Sans entrer dans la description barbante du mimi petit intégré, sachez toutefois que, comme à son habitude, Atoll l’a fourbi de nombreuses fonctions : 5 entrées lignes RCA, une entrée By-Pass, possibilité de cartes additionnelles cumulables, en l’occurrence DAC (2 versions) ou Phono (2 versions), 2 sorties préampli, 1 sortie casque. Il est disponible avec une façade noire ou une façade aluminium naturel proposée avec un surcoût prohibitif de… 0 €.

 

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 C'est pourtant clair !

 

 

L’appareil est suffisamment puissant (2 x 100 W fournis par deux transfo balaises) pour gaver moult enceintes insipides. Evitez cependant les machins dont la courbe d’impédance frôle le néant.

La télécommande est en option.

440 x 35 x 95 et 11 kg.

Halte là…

Ecoute menée en compagnie de : Dual CS618 + Ortofon 2M Blue, Aurorasound Vida Prima, Atoll ST300, Eera Minuetto et Andante III, Living Voice R25, Revival Atalante 3, hORNS FP10 et Aria Monitor et II Mk3, PMC 25/24, câbles Neodio Fractal, Legato et Wing 1.1.

 

 

Richesse des timbres et équilibre tonal :

 

En 1962, Lorin Maazel, à la tête du Philharmonique de Berlin, produit une version bondissante, bouillante, démoniaque de la Nuit sur le Mont Chauve (Moussorgski) et du Capriccio Espagnol (Rimski-Korsakov), qui suivent une première face destinée aux Pini di Roma (Respighi), un programme russe donc… (faut voir…) pressage Deutsche Grammophon de 1962, établissant dès les premières mesures une liste à la Prévert des vertus du modeste intégré français.

A savoir, pour commencer, une vitalité joyeuse, juvénile, et une palette de coloris particulièrement fournie ; on a connu tant d’objets nettement plus ambitieux qui en sont avares ; d’ailleurs si je lie ces deux critères c’est parce que l’IN100 (Signature ? Oui, Signature) confirme ce que je pense depuis toujours : ils sont indissociables : espérer une copieuse diversité de timbres avec un machin peu réactif ? J’y crois peu. Beaux, à la rigueur, au sens d’embellis mais alors figés telle la Provence sublime mais immobile de Cézanne, quand ça ne ressort pas d’un savoureux risotto défiguré au ketchup ; variés et enchevêtrés naturellement ? Non.

La rapidité est une composante majeure du déploiement harmonique, n’est-ce pas ?

Si la prise de son (ou est-ce la masterisation avant le cutting comme souvent à l’époque chez Deustche Grammophon ?) est maigre, elle nuit moins à la matière des instruments qu’à leur corpulence et engendre des forte un peu pincés, contredisant parallèlement une réputation qui colle à la peau des créations Atoll depuis longtemps : un aigu en avant.

Pas du tout ! Le registre médium-aigu est parfaitement raccord et affirme la densité au profit d’un formidable essor harmonique, ce qui, typiquement sur ce disque, évite la dureté, même en poussant le volume sur des enceintes à rendement annoncé faible.

Pour être honnêtes, nous avons de temps à autre l’impression que les liserés, coups de plumes et de pinceaux sont un poil (euh, de pinceau) plus épais, un soupçon moins affilés et, parallèlement, moins fermement charnels qu’ils ne pourraient, sans pour autant jamais ralentir l’enthousiasme viscéral !

Sudden Moments, sorti de The Cherry Thing par Neneh Cherry et le trio scandinave The Thing, hommage de l’immense artiste à un autre immense artiste : son père adoptif. Cet extrait concrétise deux extrêmes sonores : une envolée délirante de Matt Gustafsson digne de Steve Lacy (le saxophoniste) quand une partie de la rythmique, du fait d’une prise son plombée, semble s’enliser dans le goudron magmatique.

Aussi, tandis qu’on admire l’interprétation intense de la belle Neneh, en dépit d’une voix brisée qui ne peut plus monter, tandis qu’on apprécie le relief d’une cloche de batterie stylée et d’une caisse claire percutante, on regrette le grommellement de la basse et des toms basses et grosse caisse ; qui, soit, se délie en poussant le niveau…

Sudden Moments révèle des comportements possiblement contradictoires de l’Atoll IN100 Griffe : si l’ambitus est large, sa capacité de contrôle en utilisation à très bas volume lors des passages très (trop !) chargés dans le bas du spectre via des enceintes exigeantes pourra être un peu floue ou emphatique. Toujours aussi magnifique pour le reste du spectre, refusant quelque fluctuation de densité, d’éloquence que ce soit.

C’est un revers des qualités du farouche petit français : la volonté d’une contre-réaction minimale au bénéfice de la liberté dynamique délimite un total contrôle quand l’alignement des planètes s’y oppose, comme c’est le cas avec l’extrait ci-dessus via des enceintes qui demandent la poigne d’un IN300.

Rançon d’une quête d’expressivité, de vie et d’enthousiasme maximale qui nous a livré un pur moment de bonheur en redécouvrant Raw Like Sushi, le premier album de la grande artiste suédoise sans qui probablement Massive Attack (et Bansky ?) n’eût pas existé ; c’était il y a 35 ans, c’était d’une folle inventivité et ça n’a pas pris une ride.

Comme moi.

 

RLS

on a le droit de préférer Arnold Schönberg ; cf plus bas !

 

Fire Øjne, fournée toute nouvelle toute chaude du batteur danois Emil de Wall est franchement attachante à défaut d’être grandiose ; l’intégré Atoll IN100 Signature fignole dès l’introduction batterie / flûte basse une gamme évidente de nuances chromatiques, de sensibilité de toucher ou de respirations, comme de relief et grain des matières.

L’album oscillant entre la musique Zen pour les illuminés bobos défoncés au thé bio de Nature & Découverte et des échanges ensorcelants entre batterie et percussions, guitares électriques aériennes, saxophone ténor ou baryton, flûte basse donc, piano préparé et clarinette, un solo subtil (par opposition à démonstratif) de batterie enrubanné de nappes psychédéliques, de l’humour (insolite adaptation pour saxo et batterie de Limbo Jazz (Duke Ellington)) ou un hommage pas inoubliable à Charlie Haden, par Silence, venu de The Ballad of the Fallen (ECM 1982) …

La galerie de timbres et déclinaisons harmonieuses particulièrement soignée est retranscrite avec une autoritaire sureté de couteau, canet et pastels par le fier bébé français dont on ne détecte pas de faille, d’erreur tonale ou d’aberrations colorimétrique. C’est en même étonnant.

Tableaux de maîtres ou photographies analysées au banc ? L’Atoll en joute ne privilégie ni l’un ni l’autre : il en transmet sportivement les codes, favorisant les images animées.

 

Équilibre tonal : 

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 Richesse des timbres :

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Scène sonore :

 

Pourquoi, dès lors, se priver d’enchaîner avec l’album en question, The Ballad of the Fallen, Charlie Haden, Carla Bley, Don Cherry (nous y sommes), Sharon Freeman, Nick Goodrick, Jack Jeffers, Michael Mantler, Paul Motian (waouh !), Jim Pepper, Dewey Redman (another waouh !), Steve Slagle, Gary Valente

Ode aux peuples opprimés du monde (en l’occurrence le Salvador en plein reaganisme), mélangeant des thèmes traditionnels à des compositions originales, bouleversants bas-reliefs d’unissons en demi-teintes sillonnés d’improvisations sidérantes par des musiciens géniaux (Charlie Haden évidemment (ô combien émouvant par la seule couleur et inventivité d’une contrebasse), Carla Bley évidemment mais Don Cherry dans le mystique chant funèbre Silence ou l’enchainement de deux performances folles dans La Santa Espina quand la trompette de poche de Cherry rebondit lors du retour au thème de Silence surfant sur la crête de vague d’un lâcher prise absolument hallucinant de Dewey Redman), dont la copieuse mise en scène, pas idéalement naturelle, impose parallèlement une envergure et un apostement concrets, autant par la contenance des interprètes que par la perspective, l’air et le modelé textural d’instruments limpidement différentiés. Un album indispensable tel que nous le révèle l’intégré du jour.

L’IN100 Sig Sig nous amène alors à un questionnement perplexe : grimper en gamme (si le reste du système le mérite) fait certes progresser en dextérité, nuances, gestion des énergies induites, prolongements des notes et autres finesses de modulation. Mais à la condition impérative d’une amélioration cohérente sur absolument tous les critères du ressenti au risque sinon, souvent vérifié, d’une errance musicale.

À quel prix, en outre ?

Remarquable distribution sur la scène du Parsifal de Pablo Heras-Casado. De Wagner. Dans le désordre. Pour mémoire, Wagner est le compositeur, Heras-Casado le chef… On ne sait jamais à qui on s’adresse à considérer le niveau des détracteurs... hem… Passons... Bayreuther Festspielorchester ; une version à la fois magnifiée par des solistes parfaits (la Kundry d’Elīna Garanča !) et des chœurs extatiques, mais hélas erratiquement déprimée par une direction pas toujours précise, voire passablement désorientée, faisant toutefois fréquemment jaillir de la fosse de Bayreuth des instants orchestraux sublimes, focalisations de projecteurs illuminant des ornementations subtiles de l’écriture de ce qui est peut-être le plus bel opéra de l’arrogant prussien « qui a su ramasser dans une formule des siècles de musique ». Citation approximative de Debussy. Qui détestait le Teuton.

Qu’importe : la répartition des plans, la prise de possession de l’espace par les protagonistes et antagonistes relèvent du Graal par l’IN100 Signé Arthur (presque la même mythologie), au prix de parfois souligner quelques incohérences de la captation, probablement live, incluant des déplacements scéniques difficiles à apprécier participant toutefois de l’authenticité.

Je sors de l’écoute éprouvante (sa longueur, son intensité dramatique) en ruminant… Pensivement. « ce n’est peut-être pas l’amour qui est le contraire de la haine, mais l’espoir. La haine prend des années à se former tandis que l’espoir peut déboucher au coin de la rue alors même que vous avez les yeux ailleurs… »

Défoulez-vous, chers anonymes des RS… Nous assumons.

 

Scène sonore :

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Réalisme des détails :

 

S’il y a une logique dans la liste de nos choix de musique lors de nos bancs d’essai, j’aimerais qu’on me la décrive.

Peut-être est-ce en reliant le thème de Parsifal au texte de Queen que j’ai eu envie de faire découvrir Innuendo à mon assistant qui n’aurait pas imaginé une seconde que je puisse aimer Queen.

Oui, bon, ce n’est pas ma musique préférée ; je considère pourtant que Innuendo (écrit par Roger Taylor, le batteur, déjà c’est un peu atypique) est un grand instant de ce type de rock alternatif « symphonique ». Pour les profanes, je précise que je ne suis pas plus adepte de Supertramp. Tout en en reconnaissant la créativité. Et puis, Only Because of You de Roger Hodgson laisse mon cœur d’artichaud pétrifié, pour ne pas dire en larmes. Sigmund, parle-moi !

Je l’ai réécouté en compagnie de l’IN100 Signe Atur. Expérience qui m’a rassuré de vérifier que j’ai encore un cœur.

Je jette mon mouchoir en papier. Un peu honteusement : et la planète dans tout ça ? et je reprends… Ahem :

Retour à Innuendo… Pâte sonore orientée médium aigu comme la plupart des productions de Queen, le foisonnement sonore requiert un pouvoir de résolution finaud pour en dévoiler les abondantes subtilités, et pas seulement le très singulier solo Flamenco de Steve Howe.

Dès l’introduction du roulement de caisse claire (et l’ensemble de la partition de batterie quand même assez costaud), les nappes de synthé en creux, chargées d’informations diffuses, les intonations de Freddy Mercury dont l’énergie surpasse magiquement la maladie, les multiples afféteries dans le passage opératique au milieu du morceau, la subtilité du jeu provocateur et jouissif de Steve Howe, la puissance hard rock de Brian May et sa rythmique, toutes difficultés que l’IN100 Signature débobine avec un évident plaisir de chanter, décrypte en toute décontraction, sans effort, resserrement dynamique, projection, gonflant un torse rythmique très solide.

La transparence n’est pas extrême quand on constate que certains traits sont insensiblement épaissis tandis que le poids en est allégé, avec pour atouts que, d’une part, elle n’est pas artificiellement tirée par un piqué d’aigu mensonger et, d’autre part, la résolution est homogène sur tout le spectre, à l’exception, peut-être, d’un léger laisser-aller dans le bas sur des enceintes au rendement faible.

Ces deux fugaces réserves sont-elles un problème ? Oh que non :

l’IN100 Signature perce sans problème la limoneuse mixture de l’album post-punk Still Life in Decay de FACS, compositions minimalistes engoncées dans un univers étouffant, accablant, où aucune sonorité n’est réconfortante, riffs électriques corrosifs, rythmique plus fatidique que le fond de temps nous engluant dans un cheminement labyrinthique épais, paradoxalement dédiés aux sens, sens de textes bruts, sens à fleur de peau d’où se dégagent une troublante conviction et une forme de beauté obsédante.

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Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique :

 

Schoenberg. Arnold ? Vous voyez ? Le type très souriant sur ses portraits ?

 

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 Non, ce n'est pas moi ! Moi, j'ai des cheveux !

 

En 1972, Pierre Boulez, grand spécialiste du grincheux tyran, enregistrait une œuvre particulièrement joyeuse de l’Allemand réformateur : A Survivor from Warsaw, Op 46 (1946). BBC SO, chez CBS, pressage allemand d’époque. Sur le même vinyle figure les Opus 31, 16 et 34. Tout aussi abscons. J’exagère : les Opus 16 et 31 sont fascinants.

La captation est saignante, mais la dynamique aussi saisissante que l’œuvre est ahurissante - écriture dodécaphonique oblige - par des segments d’une grande violence ainsi que les jaillissements du narrateur et de l’officier nazi, le chœur final en hébreu (plaidoyer glaçant puis puissamment émouvant), des tempos inconstants liés à la narration… Le tout en un temps densément ramassé (7 minutes) pour livrer les éclats d’une mémoire traumatique pas directement liée à un évènement en particulier, plutôt une synthèse de l’abomination.

Les Variations pour Orchestre (l’Opus 31) partagent l’exigence en restitution sonore, complexes par l’intensité de l’orchestration, les sauts rythmiques (Zappa sans l’humour… Hum*), la puissance évocatrice…

* Je fais le lien car le Schoenberg m’a donné l’envie de réécouter The Perfect Stranger, écrit par Zappa et joué par l’EIC dirigé par… Boulez ! en 1984.

L’IN100 Singwouature s’en sort haut la main, la quantité d’informations, de flux dynamiques, l’absence de projection est d’autant plus surprenante quand on rapporte ces performances difficiles, pointilleuses, au prix de l’appareil. Bien sûr on ne détesterait pas un peu plus de souplesse sur un tel exploit sonore, mais bon…

C’est en énergie ressentie physiquement que se traduira la différence avec un IN300 par exemple mais pas en dynamique au sens premier.

Cela apparaitra à l’écoute du machin de hifiste (honnêtement pas mauvais) proposé par Francine Thirteen : Sister Mary ou Queen Mary. J’aimerais vraiment que la Vénusienne* nous sorte un album complet au lieu de bouts de trucs, certes prometteurs et bien faits mais qui ne prouvent pas grand-chose artistiquement à long terme. Tout, de ce que nous livre l’IN100, impacts, poussées, vie, est flagrant, à sa place et convainquant ; alors soit, on sait que l’opiniâtreté, l’affirmation matérielle, la pression, pourraient être plus puissants parce qu’on l’a entendu via d’autres combinaisons.

Incluant un ampli de ce prix ? Jamais !

* Dallas, Texas

Quant au swing, l’intégré Atôle en fait briller les gemmes via Gemelo d’Angelica Garcia, américaine d’origine mexicaine qui nous étourdit par une revisite pop des traditions hispaniques, dualité entre passé et présent, où des morceaux forts ont à cœur de préserver des morceaux faibles tenant de la dualité, la gémellité postulée dans le titre.

Album plus organique que « produit », la chanteuse et plus que cela, revendique clairement ses provenances enracinées dans le castillan matriciel en en explorant les accents et tournant le dos aux modes vocales des poids lourds de la Soul dont sa sincérité naturelle pourrait postuler l’appartenance.

Le swing issu des traditions de l’Espagne originelle coule dans ses veines quand cette jeune femme mure (elle a 52 ans ??? C’est incroyable ! sa voix, sa classe tortueuse, son émoi musical lui en retranchent 20 au bas mot ! … Comme moi ; j’ai donc – 5 ans) ambitionne autant ses origines Latina que son effervescence californienne.

L’album n’est pas tant un chef d’œuvre qu’une bouffée de fraîcheur nous lançant dans les ratiches ce qu’est la fièvre de la diversité.

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Expressivité :

 

Au risque de me fâcher avec la moitié de la planète (cela dit, quelle gloire si ce devait être le cas !), je ne suis pas un fan de Bruce Springsteen.

Je vais le dire autrement : j’éprouve une franche sympathie pour le bonhomme dont je devine la sincérité dans sa musique, ses textes, sa vie ; or, sa musique n’est pas mon truc.

Et ma maitrise de l’anglais pas suffisamment fluide pour aller au-delà d’une lecture superficielle de ses poèmes du quotidien, cette façon très américaine de narrer une tranche de vie en une chanson, qui, je n’en doute pas, mériterait d’être approfondie.

Néanmoins, de nombreuses stances de ce peintre d’une autre Amérique, la vraie, celle de la sueur et du sang, me touchent ou me parlent… Born to Run, The Streets of Philadelphia (ouais bon, les puristes n’approuveront pas), Born in the USA, pur brûlot contestataire intelligemment engagé, de la veine d’un Bob Dylan en moins aveuglée par le militantisme probablement intègre mais rendu blafard par un banc de sangsues friquées. Une barbe de trois jours ne devrait pas être prosélytique.

L’intégré At All souligne si justement les arrondis nasaux bouffeurs de syllabes dans The Streets of Philadelphia qu’ils en deviennent profondément, physiquement émouvants, voix et prosodie si parfaitement uniques qui semblent émerger des années d’alcoolisme et de tabagie du papa de la Star en ayant imprégné la pudique douleur dans ses veines perfusées jusque dans les nôtres par l’ampli du jour

Or, évoquer la cigarette me fait penser à Nat King Cole qui, persuadé que la nicotine enrichissait sa voix, enfilait les paquets de clope avant chaque session d’enregistrement comme s’il redoutait que la cartouche s’auto-détruise dans l’heure.

J’ai donc laissé glisser dans nos oreilles avides la compilation décemment remasterisée HR Extraordinary pour offrir à l’IN100 Signature (la prochaine fois, je vous en supplie, trouvez un nom plus court) le privilège de nous faire vibrer au sybaritisme sous-jacent d’un crooner qu’on peut, sans hésiter, comparer à sa version bon teint : Frank Sinatra*.

Bon teint dans un pays, le nôtre comme les Etats-Unis d’alors (et d’aujourd’hui ou plutôt de demain ?) qui menace de basculer dans un obscur et méprisable ostracisme… Il n’y a pas si longtemps, des personnages importants de la scène artistique (nantis, donc pouvant se le permettre) juraient sincèrement de s’exiler dans tel ou tel pays au cas où tel ou tel parti prendrait le pouvoir (ce qui, soit dit en passant, ne signifie pas grand-chose à considérer la dérive démocratique). Soit : où iraient-ils défendre leurs opinions aujourd’hui ? Je suis preneur.

Oui, il est temps de réunir Springsteen et sa grandeur d’âme, et Nat King Cole dans sa volonté de ne jamais trahir son art.

L’art n’a pas de couleur ou alors d’incommensurables tant qu’il s’agit de les projeter sur toute toile autre que politique. Ce qui à la fois ouvre et bloque les esprits : ce qui vaut pour l’art ne vaudrait donc pas pour le quotidien ?

L’Atoll IN100 (eh zut : Signature !) c’est ça aussi : le pouvoir d’intégrer et sublimer toute culture, la diversité, ouvert à un public qui n’est pas que l’élite du fric ou le misérabilisme utopique et fumiste du retour au Kolkhoze ou, pire, au Moyen-âge écologique.

 

* petite précision : Nat King Cole et Frank Sinatra étaient amis.

 

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Plaisir subjectif :

 

 

Sauf à attendre une couleur marquée ou penser que la compensation d’un défaut par un autre est un atout, je ne vois pas ce qui pourrait nuire à ce formidable joujou pour vous garantir au quotidien un grand plaisir à savourer vos musiques…

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Rapport Qualité/Prix :

 

Absolument remarquable, et même strictement incontestable : un tel appareil vient tacler de nombreux intégrés inutilement coûteux, battus sur tous les critères, à commencer par celui qui nous tient à cœur : le rayonnement expressif.

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