à l’oreille





Rockna Wavelight - Espèce de crooner

par LeBeauSon - Avril 2021


Perception d’ensemble

Le plaisir a été au rendez-vous de la semaine passée en compagnie de cette séduisante machine.

Enfin séduisante… le look « technique rétro futuriste » ne plaira peut-être pas à tous.

Mais c’est de l’ordre du détail car la séduction à l’écoute est totale !

Je devine sans peine le nombre de hifistes ou mélomanes qui, inquiets du manque de lascivité de l’orthogenèse numérique, seront captivés au premier degré par cette machine dont la restitution est déliée et plantureuse (au sens littéraire : riche et fertile).

Soit : le Rockna Wavelight en fait un peu trop, les couleurs sont délicatement plus jolies que nature et sa majesté nous emporte alors que la sensibilité épidermique n’est pas absolument exquise.

Mais loin de toute caricature, il surfe sur la crête d’un dosage savant entre beauté et précision.

Ajoutons sa pluralité de fonctions, et la combinaison est plus qu’enthousiasmante !

J’ai parfois envie de rajouter ou transformer une des rubriques de nos essais par « les machines avec lesquelles je pourrais vivre ».

Le Wavelight en est une.
DIAMs 6 OR

ROCKNA Wavelight 3
 

NB : code couleur de nos Diamants pour ce modèle : orange (3200 à 6500 €)

 

Il y a quelques années, lorsque la marque Rockna est apparue en France avec le WavedreamDAC (9 000 balles quand même à l’époque), on ne pouvait pas échapper à la vague d’enthousiasme qui envahissait la planète audiophile découvrant cette révolutionnaire merveille venue de Roumanie et on devinait, spécialement chez certains chroniqueurs, de possibles montées de température ; le même enthousiasme que l’on avait subi quelques années auparavant avec… Ah zut, comment s’appelait ces machins américains dont la façade ressemblait à un hangar de Zeppelin. Jolis objets d’accord, mais à l’écoute, quelle… euh… Relativisation.

Ah, ça y est, j'ai retrouvé : Playback Design !

Alors, évidemment, j’ai voulu écouter ce phénomène venu de l’est. Le Rockna.

Et, euh, hum, comment dire…

… Quelle… relativisation. Oh, restitution propre, homogène, une transparence rendue formelle par un éclairage uniforme. Or voilà : l’ennui nait de l’uniformité et l’uniforme mité nait de l’ennui. Bref, en écoutant ce machin surcoté, je me suis dit bof… Pas nul, mais franchement pas de quoi tomber en pâmoison.

Puis plus tard, j’ai écouté la version Signature. Là évidemment, on changeait de paysage ; comme passer de la Dune du Pyla aux merveilles du Namib. Ne vous trompez pas : je ne troque pas une carte postale surestimée par un désert. Mais une anomalie de la création par une expression des prodiges de la nature en permanente évolution.

Puis apparaît le Wavelight à la fois convertisseur et préamplificateur par sa capacité à attaquer directement un amplificateur de puissance.

Je vais devoir une fois de plus présenter mes excuses aux candides. Mais bon, par recoupements dans nos articles, vous devriez pouvoir vous y retrouver peu à peu. Sinon, posez-nous des questions ; et même suggérez-nous des idées d’articles de vulgarisation.

Or donc, lors d’une séance d’essais sans aucun rapport avec la chouc… Mon Dieu, quelle expression détestable… on se retrouve face à cette machine : le Wavelight. Sans prier pour qu’on la débranche immédiatement ; pour tout avouer, on a même franchement eu envie d’en approfondir la connaissance.

C’est chose faite. D’où le test. Ben oui, évidemment, tout est lié.

Bon alors, vous qui vraiment n’y connaissez rien (heureuses personnes), Rockna kessdonc ? Kicé ?

C’est une société roumaine créée en 1999 qui, probablement pas polluée par l’engluement technologique des vieux de la vieille, a été une des premières à s’intéresser à un système de conversion du signal numérique en analogique qui ne passe pas par des puces électroniques, mais par réseau FGPA, donc reprogrammable en permanence et surtout un système de conversion R2R (hihihi…) propriétaire, technologie dont un des ardents défenseurs est notre Totaldac national.

Le Wavelight est le cadet de la famille des convertisseurs numérique => analogique (DAC ? D’ac), chronologiquement et budgétairement.

Esthétiquement ? Comme le reste de la famille, il est fier d’être moche.

Oups…

De l’esthétique des objets hifi, il y a beaucoup à dire, n’est-ce pas ? Largeur standard et hauteur slim, la façade alambiquée entoure un afficheur dont les laides (euh ? Leds ?) ont la subtilité des premières montres à quartz ; graphisme grossier et lumière explosive lisible à 4 kms par brouillard épais ont un côté concours de bits dans la cour des convertisseurs numériques. Oui, moi aussi je sais être vulgaire. Le logo de la marque l’est tout autant.

L’arrière expose les diverses offres de l’appareil, soit 5 entrées numériques (Toslink, AES/EBU, Spdif RCA, USB et une I2S (?)) sans compter une entrée analogique qui surprend un peu, mais n’est pas inintéressante puisque, par son niveau et son impédance de sortie, le Wavelight peut être utilisé comme préamplificateur et donc piloter une unité de puissance sans passer par un préamplificateur. Un rapide essai nous a prouvé que l’utilisation dans cette optique n’est pas absurde.

Sorties symétriques et asymétriques, nous avons testé les deux.

On peut regretter l’absence d’une télécommande en utilisation préampli, toutefois la marque propose une application smartphone pour piloter les diverses fonctions.

 

ROCKNA Wavelight 4

 

Un menu donne accès à divers « filtres » numériques. Je ne suis pas fan de la formule (fréquemment proposée), donnant l'impression que les fabricants ne savent pas forcément ce qu’ils veulent. On a testé ces filtres par pure souci d’équité, et euh, oui, il y a des différences. Oh, rien qui métamorphose la personnalité de l’objet mais les variations sont suffisamment significatives pour qu’on s’interroge sur le message transmis par les concepteurs : choisissez votre camp ??? Messieurs les fabricants, vous serez plus plausibles en livrant une version aboutie de vos machins plutôt que de nous laisser le doute. C’est un tout petit « ggrrr »

Ecoutes menées via Lumin U1 et Antipodes S30, USB et AES/EBU, Accuphase E800, Grandinote Supremo, Kondo Ouverture II, Audia Flight FLS9, enceintes TAD Compact Evolution One, Mulidine Harmonie V3, Cadence « ++ », ppfff « Ava », câbles Alef, Wing, Absolue Créations, Neodio, Mudrakustik.

Ah le prix, le prix, j’ai oublié le prix : 4 900 €.

A prendre en compte dans nos commentaires.

 

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :

Que ceux qui estiment encore que la restitution numérique est froide ou décharnée aillent écouter un Rockna. En tout cas le Wavelight.

La prise de son de la Symphonie n°4 de Franz Schmidt par Kirill Petrenko et « son » Berliner Philharmoniker ne brille pas par une grande profusion ni par la chaleur. Ajoutons que la nervosité choisie par le nouveau patron de Berlin affute l’œuvre vers une beauté froide (bien sûr, tout est relatif, cependant j’en connais des versions plus longues de 10 mn) ; l’interprétation du chef russe (et autrichien ?)  peut sembler moins poignante que par Mehta par exemple, ce qui ne nuit absolument pas à la finesse de lecture des variations ou répétitions de thèmes et séquences. Le Philharmonique de Berlin n’a rien perdu de son acuité et les passage « solos » sont époustouflants !

Le Wavelight nous présente l’édifice mystique dans un formidable équilibre entre velouté et précision, soulignant les mille couleurs de timbres de l’institution berlinoise en les sertissant dans un cocon de satin, pétrissant d’un rien d’exubérance la pâte d’une large zone du médium. Peut-être en effet les modulations sont-elles exagérément assouplies, l’ourlet un peu large, mais c’est incontestablement au bénéfice de cette œuvre et plus précisément de cette version.

Un disque largement recommandé dans la balbutiante discographie de Petrenko à Berlin et qui rassure d’emblée sur l’énumération des qualités du DAC roumain.

A propos de Roumain, Petrenko semble radicalement opposer ses choix à ceux du grand Sergiu Celibidache qui a toujours estimé qu’il avait été floué du Berliner Philharmoniker par son éternel rival et ennemi, Herbert von Karajan. Autant Sergiu exigeait que toutes les notes et articulations fussent audibles au point de ralentir parfois outrageusement les tempi, autant Petrenko ne craint pas la vivacité enflammée. *

L’onctuosité nappée de velours par le Wavelight est confirmée dans un exercice sans le moindre rapport, à savoir le trio Deep Ford formé par Robin Fincker (saxo et clarinette), Sylvain Darrifourcq (batterie et cithare électrique), et Benoît Delbecq (piano et basse-clavier). Et le méandreux You May Cross Here, musique de virevoltes, virages et rebonds.

Même s’il contourne souplement les fronts des attaques par une caressante onction des substances, le Wavelight permet de bien comprendre le travail sur les matières effectué par les trois musiciens, la vibration du souffle habité de Fincker gambadant dans les tensions du piano préparé de Delbecq et les textures bariolées et tranchantes de Darrifourcq, ou encore d’admirer la justesse de couleur de la clarinette quand elle vient se glisser dans l’aven du clavier-basse… Œuvre très concentrée, dévidée par des musiciens en transe, ne tombant jamais dans la tentation de l’impro, si la musique y respire d’idées et de vie, elle peint sur la toile de nos sensations un tableau pointilliste en composition permanente, tout bonheur que le Wavelight nous transmet sans rechigner, ni mettre son grain de sel, ou en tout cas pas trop.

Un rien de tendreté donc, une souple restitution de l’aigu, charnu et développé, qui ne ralentissent pas la musique : un tel épanouissement sert à merveille l’album d’Anna Calvi, Hunted ; pas franchement novateur, l’idée tient bien la (courte) longueur par la présence d’invités prestigieux (pensez donc : Julia Holter, Charlotte Gainsbourg, Idles…) qui l’aident à revisiter ses morceaux de Hunter dans des visions très épurées et efficaces ; aussi bien le superbe son de sa guitare - dont les réverbérations sont sans doute atténuées mais la caisse révèle un boisé agréablement ennobli - que les voix et chœurs, profitent pleinement de la capacité du Wavelight à la fois à diversifier les nuances de teintes comme accentuer leur douceur chaude.

Mention spéciale pour Wish avec le groupe barjot Idles qui injecte son habituelle énergie dans le morceau pour le diriger vers la crasse loufdingue de certaines des formations de Jack White ou des Bad Seeds. En moins crade.

Pas mal pas mal.

Timbres

DIAMs 6 OR

 

et équilibre tonal

DIAMs 4 ORANGE.2

 

SCÈNE SONORE :

Nouvel aspect du bon comportement du DAC roumain, nuancé toutefois du corolaire que l’équilibre tonal un soupçon flatteur s’oppose à un véritable enracinement physique des musiciens ou pupitres dans leur terreau.

Pas tant qu’ils soient instables, bien sûr, mais on ne les définit pas tout à fait précisément dans leur « gabarit », dimensions un peu aléatoires aux contours diffus, plus pochade à l’aquarelle que précision figurative, sans aucun lien avec un manque de définition pour autant, comme on le verra plus loin.

On vérifie sur le joyeux album du Christian McBride Big Band For Jimmy, Wes and Oliver que, quand bien même on distingue sans effort le placement corrélatif des joyeux drilles, le Wavelight a une légère tendance à amalgamer leurs costumes respectifs un peu flottants autour des corps.

Contours flous qui ne nuisent en rien à l’éclat radieux des cuivres tandis que la guitare - par exemple - bénéficie d’une chaleur digne de certains appareils à tubes. Le mixage du disque manquant de détachement en profondeur, le Wavelight n’est pas seul responsable, mais sur au moins un autre DAC de même catégorie, on mesure mieux les espaces et les apostements.

Parallèlement, la joie de vivre des musiciens, pourtant très sérieux, est intacte à défaut du swing le plus abouti qu’on puisse en attendre. Là pour le compte, c’est le disque qui est en cause.

Même constat d’une ampleur extrêmement confortable peut-être pas parfaitement juste sur l’émouvant hommage de John Adams à Charles Ives (My Father knew Charles Ives) par le Nashville Symphony (un orchestre symphonique à Nashville : la contre-culture ??? Yee Haw !) dirigé par Giancarlo Guerrero (chez Naxos) qui a contrario établit cette fois une profondeur d’orchestre au sein d’une vaste pièce et dans toutes les dimensions ; on loue une fois de plus la richesse des teintes, clochettes, flûtes ou piccolo, de même que les effets de matières sur cordes et hautbois. C’est très intéressant puisque ce qui est une affèterie côté finesse de trait contribue à donner une texture copieusement fournie aux instruments procurant un artifice d’agrément vraiment très charmeur. Ainsi a-t-on a tendance, dans un premier temps en revenant à nos repères, à tout trouver un peu maigre.

DIAMs 5 ORANGEs

ROCKNA Wavelight 2

RÉALISME DES DÉTAILS :

De fait, l’image sonore partiellement surlignée au crayon gras pourrait nuire à la transparence, mais non : le phénomène tient bel et bien à l’équilibre tonal, pas à de l’embonpoint et (paradoxalement ?) le pouvoir de résolution du Wavelight est élevé : l’enrobage est généreux, mais les performances des corps en mouvement sont sportives et l’agilité totale.

La Messa da Requiem de Verdi chez LSO Live par Sir Colin Davis, certes sur un fichier DSD, pétille d’indications ou indices musicaux et surtout burine une parfaite lisibilité des solistes, des chœurs et du puissant orchestre dans une version flamboyant de verve, voire de feu, impeccablement maîtrisée de bout en bout, sachant isoler des moments d’une grande élégance, fortuitement pas exagérément opératique (euh les solistes si, un peu, soit : conquérants, charmeurs, plus interprètes d’un scénario que d’une œuvre religieuse, mais l’opus s’y prête) et si personnellement je suis un peu agacé par les vibratos appuyés des deux dames, glissant parfois vers le pathos, on partage un réel fervent hommage au Créateur dans cette version pourtant moins intérieure ou mystique par exemple que la dernière vision de Lorin Maazel ; se sachant sans doute aux derniers évènements de sa vie, celui-ci livre, en concert aussi, une bouleversante transmission de son héritage en 2014, avec le Münchner Philharmoniker, orchestre qui pendant longtemps a regardé l’américain de haut puisque leur patron mégalomane, Sergiu Celibidache (par ailleurs musicien de génie), avait décidé que Maazel n’avait aucun sens de la musique. Tiens, deux références à Celibidache en un seul article. Il faudra un jour que j’utilise ses Bruckner, ou Tchaïkovski, ou Ravel, oui… bon…

Le piano si particulier (la captation ?) de Stephen Bishop-Kovacevich dans son extraordinaire intégrale des Sonates pour Piano de Beethoven (possiblement ma préférée à côté de Gulda, oui, oui, je sais, pas la plus académique, ou l’encyclopédiste Arrau parmi les académiques, ma piquouse personnelle. Peut-être aussi parce que j’ai rencontré et photographié les mains du bonhomme (Arrau) ; merci pour cela à François R. au-delà de ce que tout ce qu’il y avait de détestable dans sa vison snobe du monde ; et puis il y a Kempff, Nat, Brendel… ben non, pas Brendel… Lewis ou encore Paul Badura-Skoda sur pianos d’époque et tant d’autres) dans la voie suivie par le Rockna qui - après un choix de filtre adéquat - nous fait profiter à la fois de la splendeur d’un Steinway et de l’implication de l’artiste dans sa compréhension à mon avis unique du Génie Sourd, aussi bien par la progression à longueur des sonates (bon, honnêtement on ne les a pas toutes écoutées sur le Rockna (la 1 et la 15 pour être précis) que par l’intensité de chacune… Kovacevich n’est jamais débordé, semble paisible face au vaste édifice, jonglant entre poésie et fièvre sous contrôle, sans se départir d’une juste mesure ; il excelle conjointement à enrichir quelques enchainements moins captivants par d’habiles jeux de résonances, de silences dépourvus de toute mièvrerie et de couleurs habilement dosées…

Le Wavelight réussit un parfait équilibre que beaucoup cherchent dans les amplis à tubes entre le délié, la suavité délicatement accentuée et le respect de la lettre… Un cas d’espèce face à la majorité des DAC de cette catégorie qui nous anesthésient sous prétexte de faire beau et ceux qui glacent le sang sous prétexte d’être précis ; pure vue de l’esprit : être précis, c’est transformer la mollesse en moelleux et les détails en subtilités de perspective.

DIAMs 5 ORANGEs

 

QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

Puisque nous avons évoqué Idles et leur collaboration avec Anna Calvi, on peut aussi bien citer leur dernier album Ultra Mono, contradictoire brulot revendicateur gueulant contre tout l’injustice du monde dans une musique engagée mais joyeuse et d’influence punk ultra explosive mais aussi (n’en déplaise aux puristes) ultra léchée, défiant toute idée d’approximation technique ou de Lo-Fi !

Pas facile de s’y retrouver dans cette musique qui peut facilement (sur des mauvais systèmes, je veux dire) tourner au bruit ! Le Wavelight nous épargne toute fatigue criarde sans gommer un seul moment de l’énergique énervement des Bristoliens et c’est tant mieux, évidemment ! Le grave notamment est capable de pousser sans forcer sans que la bienveillante couche de chaleur ne grippe la machine à sauvagerie du groupe dont c’est peut-être l’album le plus concentré, le plus égal. Le morceau final « Danke » est en soi une sorte de manifeste de l’esprit des énervés.

Côté swing ?

Ah…

Si le petit Rockna ne s’en sort pas mal, il pourrait (devrait ?) mieux faire comme en témoigne « The Question of U » de Prince (intégralement joué par Prince), qui nous a déjà enlevés dans une barque plus groovante sur les flots paresseux d’une mer certes calme mais qui n’en reste pas moins bercée par les flux et reflux de la nature, donc pas métronomiques. Hormis les balancements chaloupés, rien ne manque à ce morceau atypique par l’entremise de « Lumière d’Onde », qui commence par une flûte excitée et se termine par un paresseux solo de guitare brûlé aux effets de distorsions et couleurs résolument magnifiques suivi d’un idiophone indéterminé sous des élans vigoureux de l’étrange section basse.

Côté dynamique, sursauts, fougue et verve, le Requiem de Verdi par Sir Colin Davis a déjà tout raconté : oui, on sait pouvoir en attendre plus de nuances sans pour autant que celles du Wavelight aient à souffrir de la comparaison car les épanchements des dynamiques se déroulent avec fluidité, sans effets d’escalier ; et si on peut avoir la sensation que l’image se resserre d’un rien sur les ultra forte, on repousse le phénomène loin des frontières du commun. Pour vérifier, nous avons décidé de tenter la version également citée de Lorin Maazel : même constat, même appréciation (positive !).

DIAMs 6 OR

 

EXPRESSIVITÉ :

Un appareil envoûtant qui oblige à pondérer l’intransigeance.

Plus moelleux et chaleureux qu’humain ou habité, le Wavelight, s’il érode le grain et atténue les rebonds infimes, n’en respecte pas moins une grande part de l’expression des artistes dont il nous abreuve par ses « philtres ».

Et c’est pour connaître un ou deux challengers plus épris de cœur (au milieu de combien ?) que nous émettrons une réserve.

Une visite des Knaben Wunderhorn par la Soprano Christiane Karg et le toujours aussi attentif Malcolm Martineau (piano) en convainc ; la mozartienne reconnue ne trouve pas totalement sa place dans un programme tout Mahler, ne serait-ce que par un timbre trop éthéré et une prosodie pas éminemment sensuelle. Aussi ne peut-on permettre à son système sonore le moindre manque de sensibilité au risque de passer à côté de la fragilité des couleurs frissonnantes, où la mélancolie obvie à la poésie intime, et la fraîcheur respectueuse au désespoir impliqué par l’univers mahlérien, ramenant par la transversalité cette version dépouillée - un piano à la place d’un orchestre majeur - vers une poignante possession du cœur. Malgré la souplesse de modulation du DAC roumain qui incarne la soprano allemande d’une indéniable volupté, m’ont manqué les frissonnements des fins de vibrato, les ornementations délicieuses que la dame sait donner dans des instants inattendus, cette pudique blessure enfouie qui, ici, le reste…

Sans doute, le Rockna Wavelight est un appareil avec lequel je pourrais vivre, même si évidemment il se situe loin du Grand Aîné WavedreamDac Signature, car, sur le critère de l’expressivité pure au moins, le cadet de la famille fait de l’ombre au glorieux papy : le WavedreamDac qui ne sait pas signer d’un W, qui veut dire… euh… W ?

Inutile d’énumérer une liste de titres, je pense que le message est passé à travers les différentes rubriques d’un parti-pris privilégiant l’onctuosité, la souplesse, la beauté, à la justesse frémissante d’un épiderme vibrant sous l’assaut sournois d’une émotion immaîtrisable mais ô si douce…

DIAMs 4 ORANGE.2

ROCKNA Wavelight 1
                                                                                        

PLAISIR SUBJECTIF & RAPPORT QUALITÉ/PRIX :

Le plaisir était au rendez-vous de la semaine passée en compagnie de cette séduisante machine.

Enfin, séduisante : pas côté look « technique » en ce qui nous concerne.

C’est de l’ordre du détail, car la séduction à l’écoute est totale !

Je devine sans peine le nombre de hifistes ou mélomanes qui, inquiets du manque de lascivité de l’orthogenèse numérique, seront captivés au premier degré par cette machine dont la restitution est déliée et plantureuse (au sens littéraire : riche et fertile).

Soit : le Rockna Wavelight en fait un peu trop, les couleurs sont délicatement plus jolies que nature, l’ampleur nous emporte alors que la sensibilité épidermique n’est pas absolument exquise.

Mais loin de toute caricature, il surfe sur la crête d’un dosage savant entre beauté et précision.

Ajoutons sa pluralité de fonctions, et la combinaison est plus qu’enthousiasmante !

Par conséquent, à ce prix, le Wavelight est une option à envisager sérieusement !

J’ai parfois envie de rajouter ou transformer une des rubriques de nos essais par « les machines avec lesquelles je pourrais vivre ».

Le Wavelight en est une.

DIAMs 6 OR

 

 

* On remarque par ailleurs que, assez peu servi par le disque pendant longtemps, Franz Schmidt remonte dans l’estime (ou l’intérêt) des maisons de disque puisqu’est parue à peu près en même temps une passionnante intégrale des symphonies par Paavo Järvi et le Frankfurt Radio Symphony chez Deutsche Grammophon.

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