à l’oreille





hORNS FP10 Mk3
Ubi maior minor cessat

Par LeBeauSon - Octobre 2022


Perception d’ensemble

Une de ces enceintes pas si fréquentes – c’est pour ne pas dire franchement rares - par lesquelles la musique coule de source, fougueuse, matérialisée, évidente, aussi bien par le lyrisme que l’emballement des timbres ou du swing, et une expressivité prégnante.

Le tout dans le velours d’une grande douceur générale qui traduit des variétés de fronts d’ondes passant par les subtilités les plus acrobatiques.

La hORNS FP10 Mk3 sait magistralement tisser la trame complexe impliquant l’intimité dans ce qu’elle a de plus vibrant et la réalité dans ce qu’elle peut avoir de plus dérangeant.

 

Ajoutons un dessin atemporel et une finition de haut vol, et hop :

 

Un Diamant sur Canapé s’impose !

DIAMs 61 ORANGEs copie

 

NB : Code couleur pour ce banc d’essai : Orange, de 3 200 à 6 500 €.

La FP10 Mk3 étant proposée à 5 400 € + 900 € pour les stands - la paire ! Si si - quelle que soit la finition.

hORNS FP10 1

Je suis contrarié.

Je suis contrarié parce que j’ai rédigé un banc d’essai complet, assez long pour tout dire (quand on aime, on ne compte pas, n’est-ce pô ?), pour un modèle d’une autre série de la marque hORNS, à savoir l’Aria III Mk2. Or, avant d’avoir pris le temps de le publier, le patron a reçu les modèles FP10 Mk3 et FP12 Mk2 pour photos.

Alors il m’a bassiné :

  • je veux commencer par celles-là, les FP10 ou FP12, elles sont vraiment à part, c’est plus intéressant pour faire découvrir la marque, le gabarit, l’enthousiasme, tout ça !
  • Tu m’as entendu ?
  • Oui, je comprends, mais les Aria III aussi sont originales et réussies !
  • Je sais, je les ai écoutées !
  • Bon, alors ?
  • Ne discute pas, on commence par les FP !
  • D’accord, mais fais-le toi, le BE alors !
  • Je n’ai pas le temps et puis il faut bien que tu gagnes le salaire que je ne te verse pas !

Ouais. Présenté comme ça…

  • Bon d’accord, envoie les FP12 !

J’ai reçu les FP10

Soit… je vais piocher dans mon précédent BE pour expliquer ce que c’est que ça, hORNS.

A suivre donc la présentation (résumée mais longue quand même) de la marque : je conseille aux impatients de prendre l’ascenseur vers les critères d’écoute.

Allez, je me lance :

Si on a un tant soit peu de curiosité, on s’apercevra que la Pologne est un vivier très actif dans la haute-fidélité, toutes gammes confondues…

… Roulement de tambour :

Songer aux efforts que produisent actuellement les Polonais pour accueillir et aider massivement leurs voisins meurtris ne doit pas empêcher d’honorer la vitalité créative d’une très ancienne nation dont l’histoire, depuis des siècles, a connu moult envahisseurs, du Saint Empire Romain Germanique à l’URSS en passant par la Suède, les Mongols au XIIIe siècle jusqu’aux barbaries traumatisantes du XXe siècle. En n’oubliant pas non plus que, pendant des siècles, Cravovie a été considérée comme le « Joyau de l’Europe ». Ce qui, rapporté à l’époque veut dire : du monde occidental. Lisez la très belle synthèse – certes sous forme de roman - de James Michener qui pousse à réfléchir sur le poids de l’histoire à travers sept siècles de lutte de ce beau pays contre tant d’envahisseurs. Pardon de citer un historien américain spécialiste des sciences sociales : je ne maîtrise pas la langue polonaise, un peu ingrate.

Et puis, lisez, ou relisez la métaphore sociale L’Oiseau Bariolé de Jerzy Kosiński afin d’éviter que l’église ne quitte le milieu du village.

Comme souvent en France, la dynamique de pays méconnus a du mal à passer les frontières et nous ne voyons guère que la partie émergeante de l’Iceberg.

hORNS est une marque que nous avions remarquée depuis longtemps, toujours intéressés par les écoutes faites à Munich du modèle Uniwersum.

Par suite d’une discussion avec un jeune distributeur en recherche de produits qui semblent aller dans le sens de nos attentes (si vous ne voyez pas de quoi que je cause, relisez : https://www.lebeauson.fr/guide/116-decouvrez-nos-criteres-d-evaluation-de-nos-bancs-d-essai), notre premier contact avec quelques modèles de la marque a eu lieu chez le Boss, du côté de Dijon, où le « gamin » présentait divers modèles. Contact qui nous a plus qu’intéressés et déstabilisés !

Parce que c’est avec beaucoup de questions qu’on aborde la rencontre avec un modèle nettement plus raisonnable, en encombrement et en coût comme en look, que l’Uniwersum :

La FP10 Mk3

Ledit look - impérissable - modernise des dimensions qui rappelleront de belles heures à quelques nostalgiques de moniteurs JBL, Spendor, ATC (c’est toujours le cas), Cabasse… à savoir une enceinte qu’on qualifiera de compact, par opposition à une colonne ; ou une bibliothèque, même si la FP10 est visuellement peu encombrante.

Format à l’ancienne, des lignes tendues, largeur et profondeur importantes mais impeccablement proportionnées par rapport à la hauteur.

Jugez plutôt :

  • 565 x 365 x 305 mm

Et le pied :

  • 555 x 365 x 305 mm

Et 30 kg. Outch… plus 25 pour le pied.

Le modèle qui nous a été confié est en finition Zebrano noir pour le corps et « vieil or » pour la façade en résine moulée. Bon. On a aussi le droit de choisir plus sobre, la quantité de finitions possibles, expliquée ci-dessous – « mesdames et messieurs, suivez le guide » - étant pléthorique.

L’enceinte est en effet livrable en 20 types de finitions bois et/ou le catalogue RAL si on préfère une finition peinte, mate ou grand brillant (laquée, pour reprendre l’appellation un peu galvaudée), au choix. Idem pour les finitions bois qui peuvent aussi être vernies mat ou brillant.

L’opération qui consiste à poser les FP10 tout seul sur le stand demande quand même quelques précautions cependant que, une fois en place, ces machins sont très stables et ont une sacrée allure ; on voit clairement qu’on en a pour son argent, côté qualité de fabrication pour commencer !

La compacité les affirme puissamment dans la pièce et la qualité d’ultra haut-de-gamme de la finition remporte tous les suffrages.

Il faut parler technique maintenant ? hmmm ? zêtes sur ?

Ah là là.

La FP10 Mk3 est une enceinte deux voies, intégrant un transducteur principal de 25 cm à membrane pulpe de cellulose traitée et moteur Néodyme, et un haut-parleur à chambre de compression 1 pouce membrane aluminium, chargé par un pavillon de type SEOS intégré dans la façade moulée et apparemment calé en phase.

La charge du boomer (ça se dit encore ?????) est de type bass-reflex avec surtension alignée (c’est plus une surtension alors ?) dont l’évent en résine débouche à l’arrière au-dessus d’un bornier WBT. On n’a pas des tonnes d’information ; il semble cependant que le fabricant utilise deux types de câblage interne différents selon les HP et des composants Mundorf pour l’aigu et Jantzen pour les selfs et le passe-bas.

Ça va.

Les parois sont en MDF de 28 mm, la façade étant renforcée par le baffle en résine moulée, probablement du béton polymère.

On a profité qu’on avait un DG68 Accuphase pour faire une mesure, comme ça, pour voir, qui fait apparaître une courbe très linéaire descendant sans faiblir aux alentours de 50 HZ (un peu en dessous) et chutant assez rapidement ensuite pour laisser le 25 Hz à -18 dB. Compte tenu du volume et du rendement, c’est impressionnant et suppose une maîtrise de l’acoustique pas si fréquente.

L’aigu remonte au-delà de 16 KHz dans l’axe pour se linéariser à 15°. Ceux qui aiment une disposition devenue un classique de la haute-fidélité, à savoir les enceintes très écartées et parallèles, ou ceux qui, comme nous, considèrent qu’il faut les pincer devant la zone d’écoute, profiteront de l’énergie de la compression, soit, mais aussi de la linéarité résultante.

En prenant en compte que, contrairement à des tweeters conventionnels type à dôme (peu importe la matière), le niveau énergique est maintenu sur plusieurs mètres.

N’allez pas vous ruer aussitôt sur les réseaux sociaux pour brâmer à propos de la directivité ou de sweet-point, car non, précisément non, ce n’est pas le cas.

Je ne devrais jamais perdre de vue que nous avons dédié ce site à des non-connaisseurs…

 Excusez, sorry.

Ah oui : le rendement est annoncé pour 96 dB pour une impédance de 8 Ω.

Ce qui fait envisager de pouvoir aussi nourrir cette jolie enceinte avec des mono-triodes. Et c’est le cas.

Du fabricant, on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il est par ailleurs spécialiste des pavillons, puisqu’il en propose hors enceintes, de divers types (Iwata, sphérique, Tractrix, Le Cléac’h, Seos…) pour quiconque voudrait utiliser cette technologie. Il travaille le sujet depuis l’an 2000. Ceci afin d’éteindre tout de suite l’incendie criminel allumé par d’éventuels pyromanes hifistes : non, ce monsieur ne copie pas Avantgarde ou A’Capella ; d’ailleurs, dans le domaine des pavillons, les inventions ne se bousculent pas depuis les années cinquante, n’en déplaise aux détracteurs.

N'en déplaise aussi à tous ceux qui considèrent qu’une technologie apparente exubérante, des caisses ou haut-parleurs en aluminium, céramique ou autre matériaux au nom alambiqué de ce genre, est forcément un garant de qualité !

Puisque nous avons commencé par une citation latine, en voici une autre :

Allez jacter à l’Est !

Les propositions d’enceintes hORNS sont variées puisque, outre la gamme Efficiency (ou FP, 4 modèles 2 voies), peut-être la plus radicale, au format compact rappelant les JBL série 43 de la grande époque, à poser sur pieds sans pour autant être des bibliothèques puisque la plus petite est nantie d’un haut-parleur de 25 cm, la plus grande d’un haut-parleur de 38 cm, et toutes d’une compression chargée par un pavillon noyé dans la façade qui ressemble à un profil SEOS, il y a la gamme Style (ou Aria, de I à III) composée de colonnes 2 voies à pavillons circulaires auxquelles viennent s’ajouter des biblio, une enceinte centrale et un Sub !

Suit la ligne Symphony, deux modèles qui commencent déjà à prendre un peu de place, toujours deux voies, à pavillon circulaire, au dessin très affable et aux performances musicales non seulement alléchantes mais déstabilisantes et même, franchement superlatives, d’autant plus quand on apprend le prix.

Puis deux modèles isolés, la Mummy au look qui, hum, ne plaira pas à tous, tandis que la conception semble sophistiquée et l’Uniwersum 4ème génération, pour le moins radicale !

Et puis un modèle sur pied, isolé qui s’appelle Atmosphère MK2.

Pfiou…

Mais c’est pas fini ! Il y a aussi une gamme, considérée comme une marque parallèle, appelée 5 Degrees. Parce les baffles sont inclinés de 5° vers l’arrière. 4 modèles qui reprennent, en partie, les bases de la gamme Aria où la partie médium / aigue est confiée à des transducteurs de type AMT. Conçue pour ceux qui n’auraient pas envie des pavillons.

Eh ben… ça en fait du monde !

Ecoutes menées sur : Michell Orbe + bras Sorane + Lyra Kleos + Hana ML + Vida + Grandinote Celio, Atoll ST300, Lumïn U1, Eera Majestuoso II, Accuphase DG68, Accuphase C2850 + A48, Serblin Performer, Kondo ouverture II, AudioNote M6 + Quest Silver, Grandinote Shinai, Tsakiridis Hermes et Aeolos Ultima, câblage Wing, Legato, Nodal, Mudra.

hORNS FP10 2

Richesse des timbres et équilibre tonal :

Johannes Brahms.

Un compositeur dont, à la réflexion je parle peu.

A la question « aimez-vous Brahms.. », *  ma réponse serait assez probablement nuancée.

Je suis un être de nuances. Ça inclut ma modestie maladive.

* Oh, le ringard : il a oublié un point de suspension et ça aurait dû être un point d’interrogation de toute façon.

Ben non, le titre originel de Sagan est ainsi ponctué. 

Mais bon, le Concerto pour Piano n°2 en si bémol majeur Op 83 – j’ai rien oublié ? Ah si, Concerto pour Piano ET Orchestre. Sinon, ça devient une sonate – par Backhaus (Wilhelm) et Böhm (Karl)**

** non, pas l’acteur qui a joué dans Le Voyeur. Lui c’était Karlheinz. Le fils.

Où en étais-je ? Ai-je cité le Philharmonique de Vienne ? Non ? C’est fait maintenant. Un disque vinyle Decca de 1967.

Quelle ampleur, quel souffle épique via la hORNS FP10 MK3, à la hauteur de ce monument qui pourrait aussi bien être indigeste (c’est souvent le cas).

Que louer le plus des magnifiques coloris du Wiener Philharmoniker, du soyeux des cordes, de la précision des positionnements dans un espace mat superbement restitué, de l’envol harmonique d’un piano très bien capté, galbé à souhait par l’enceinte championne des moulage ou sculpture des matières et égrenage des textures notamment les bois et cuivres irrésistiblement ciselés ?

Quant à l’enchantement du célébrissime deuxième mouvement – allegro appassionato - il traduit aussi bien celui des musiciens que de l’enceinte tandis que, sous les doigts de Backhaus, la sombre véhémence paradoxale induite suggère plus que jamais un sens caché au cœur de ce surprenant scherzo.

Sans doute peut-on aller plus loin en analyse des timbres. C’est à voir. Reste que la cohérence harmonique est telle qu’on ne peut le vérifier que par comparaison spéculative.

Très ensorcelante démonstration de couleurs et large ambitus encore grâce à Spirituals, album de Santigold (J’ai une question : pourquoi quand on s’appelle Santi White, on choisit Santigold pour pseudo ? ***).

*** des questions fondamentales de cet ordre, j’en ai des tonnes.

Large ambitus avec certes des limites de bande passante, la FP10 ne prétendant pas visiter les tréfonds de l’extrême grave ; fidèle aux enceintes à haut rendement abouties (donc coûteuses), son énergie soutenue dans le bas compense largement et par conséquent n’engendre pas la moindre frustration. On l’avait compris avec le piano de Backhaus, c’est d’autant plus flagrant sur les percussions électroniques de la succession de balades patientes et parfois un peu plus agitées de Spirituals entre électro-pop, R&B, punk-rap sans s’attacher à une quelconque prescription, en dehors de celle de la délicatesse et la grâce et d’une bonne dose d’inventivité, d’exotisme tropical flirtant avec la spiritualité. Une découverte sympa qui tient la route.

En effet, la manière qu’a Santigold de jouer de variantes de timbres et tonalité dans son chant, de finesses d’arrangement et de parcelles inventives en deuxième ou troisième plan rendent l’album d’autant plus attachant qu’il est psalmodié par une enceinte favorisant toutes les nuances, de teintes, de mise en scène, de rythmes d’un disque qui, sans cela, pourrait être assez banal.

Un joli album d’ores et déjà très révélateur de la noblesse volubile de la FP10 sur l’intégralité du spectre qui, à un aigu tout maigre filant comme une fashionista pingre fonce vers les soldes, préfère la densité prenant son ancrage dans le grave.

Un épanchement de lumières variées animant des couleurs changeantes que souligne une autre nouveauté, intéressante sans être révolutionnaire : Trust, le dernier album de Sohn.

Dont je conseille l’écoute juste après le marathon ardent d’Animals As Leaders, que nous allons détailler plus tard **** puisque, en comparaison avec la courbe de tension artérielle des Washingtoniens qui doit fracasser les 222 en creux de diastole, celle du Londonien (Sohn) au sommet de la systole semble péniblement frôler un petit 2 ; en langage respectueux, on parle de langueur.

Allons, ne soyons pas injustes (pas mon genre), le résultat est plutôt beau, le sens de la mélopée paresseuse et du refrain bienveillant certes un rien soporifique est, de fait, apaisant. La production - minimaliste - léchée, mesurée, pas mécanique, navigue onctueusement entre des guitares vaporeuses et de belles sonorités électroniques où quelques passages d’extrêmes graves confirment que, si la FP10 pourrait descendre plus, les harmoniques musclées et précises reconstituent sans problème les lignes basses au point que c’en est même pour le moins impressionnant.

**** j’ai décidé de dédier cet article au désordre. C’est la faute au Boss qui m’a tout chamboulé mes plannings.

 

Timbres :

DIAMs 6 ORANGEs

 

 

Equilibre tonal :

DIAMs 6 ORANGEs

hORNS FP10 5

 

Réalisme des détails :

Nous (mes collaborateurs et moi !) remarquons d’emblée un point commun flagrant avec l’Aria III (dont vous auriez dû lire le BE avant ! Je m’y perds, moi, dans la chronologie éditoriale, déjà que je n’ai pas de cerveau. Ni de montre. Ggrrrr), d’autant plus flagrant qu’il nous avait séduits, à savoir un pouvoir de résolution particulièrement élevé contournant cependant toute sensation de piqué artificiel grâce à de parfaites variations étonnamment modelées des enveloppes et successions de notes, des contours des matériaux, du grain.

Preuve d’une rapidité exceptionnelle et uniforme sur tout le spectre, paradoxalement pas démonstrative puisque naturelle.

Autrement dit, l’enceinte ne se départit jamais d’une forme de douceur, de phrasé malléable, ni ne projette ou ne perd son quant-à-soie ***** même en poussant allégrement le niveau.

***** hou ! Il a fait une faute ! Non, c’est un jeu de mots !

Soit (?), ça dépendra de l’ampli : par exemple pilotée par un Tsakiridis Aeolos Ultima en mode triode et sans contreréaction, l’enceinte hORNS FP10 Mk3 scelle le pur bonheur d’une exceptionnelle lisibilité dans le portfolio de nos sensations sur Parrhesia, dernier album en date des rhapsodes virtuoses d’Animals as Leaders dont les tortuosités stylistiques - quand même copieusement chargées de lignes d’arpèges aussi emberlificotées qu’une nébuleuse de soies (hihi !) tissées jusqu’à l’épuisement lors d’une compète opposant mille araignées gores ravagées à l’absinthe - peuvent vite prendre la tête en saturant le système d’écoute.

Au contraire, le challenge réjouit particulièrement les hORNS FP10 dont l’aristocrate exubérance, la détermination expansive, la spontanéité communicative, extraient la substance d’une musique qui parvient, en ravaudant prouesses techniques, élégance mélodique et saveurs harmoniques, à créer un équilibre de funambule osant effrontément la traversée sur une corde tendue entre l’Empire State Building et la Tour Eiffel par vent capricieux…

Petite précision : le groupe américain est classé dans la catégorie métal progressif.

Ah bon ?

Il est vrai que le baratteur Matt Garstka maîtrise savamment – et athlétiquement - le double pied (ou plus probablement une double grosse caisse) aussi impitoyablement que s’il s’acharnait à pulvériser les araignées névrotiques géantes défoncées à l’absinthe ; toutefois, ses virevoltes rythmiques et flamboiement de cymbales forcené exorcisent rapidement les règlementations frénétiques du burinage métalleux aussi impitoyablement dilacéré qu'un steak juteux balancé au milieu d’un banc de piranhas. (Faut dire que j’ai aussi tenté d’écouter Molecular Genetics from the Gold Standard Labs, grindcore fécondé sur la chaise électrique par The Locust. Je n’ai pas tenu jusqu’au bout).

Sachant que la cadence incoercible de ce type (Matta Gartska, essayez de suivre un peu…) en fait une bête humaine capable de recaler toutes les montres suisses plus sûrement qu’une horloge atomique.

 

……… La Suisse…

Zavez visité Genève récemment, vous ? C’est pas humain, cette ville !

Perso, j’y ai croisé Evan Rachel Wood cet été, reconnaissable entre mille par son arrogant port de tête.

Elle ne m’a pas reconnu. Ça m’a chagriné.

 

Evan Rachel Wood ? Non ? Rien ? Westworld ! ******

 Westworld, c’est pas humain, n’est-ce pas ? Les décors et les habitants de Los Angeles ? on dirait Genève… surtout dans la Saison 4. Quant au scénario, il est à minima subversif, mystique ou mieux encore, métaphysique, ce qui explique l’échec d’une série convoquant Darwin, Pascal, Edgar Morin, Henri Laborit et Lévi-Strauss. A minima. *******

 

****** Va falloir Wikipédier.

******* Va refalloir Wikipédier

 

.............................................

 

Pardon… Un instant de déviation temporelle. Où en étais-je ? Ah oui : le barattage de Matt Garstka !

Il n’en faut pas moins pour suivre les extravagances ou acrobaties, rarement gratuites (quoi que, sur les déferlantes rythmiques, parfois, peut-être ?), de ses deux comparses, à savoir le patron, Tosin Abasi (ouais, bon, un des plus grands Guitar Hero école Vernon Reid du moment) à la guitare – un guitariste jouant de la guitare (une 8 cordes je crois) ? J’ai déjà fait mieux côté redondance - et son second, Javier Reyes, si balaise qu’on ne sait jamais très bien qui joue quoi quand il tient la guitare (une 8 cordes je crois). A la basse il explose aussi les compteurs ; je me demande d’ailleurs s’il ne joue pas plutôt une guitare baryton (une 8 cordes ? Je ne crois pas)

Accord parfait entre la FP10 et cette musique d’azimutés intellos qui contournent ce qu’un Satriani pouvait avoir d’ennuyeusement démonstratif à la fin des années 80 !

Ce n’est pas leur moindre exploit.

Evidemment si ce disque en dit long sur la robustesse que la FP10 ose procurer avec une rare liberté détendue, préservant inlassablement un goût exquis, sans débordement, sans facilité, sans zones privilégiées, il en dit long aussi sur le fait que, tandis que la forme de l’enceinte et l’utilisation d’une chambre de compression chargée par un pavillon font visuellement un peu sono (finition exceptée), le résultat n’est pas de cet ordre du tout !

Aucune projection d’une part et surtout la capacité que possiblement seules les enceintes à pavillon savent offrir : laisser la musique vous lécher voluptueusement l’oreille, en imposant une promiscuité physique des matières dans l’espace, les martelant ou inscrivant dans une approche très convaincante de la réalité.

Super moment.

Distinction et bon goût vérifiés sur un disque lui aussi exquis, The Hounds of Love de Kate Bush (démonstration à contrario de Westworld que - peut-être - l’humanité n’est pas qu’utopie) où nous nous sommes délectés à comparer deux vinyles, un pressage d’époque vs un très récent à partir de la remasterisation de 2018.

Je ne vais pas m’éterniser sur ce must interplanétaire d’une artiste qui en a tant inspirés, où les idées se bousculent tels les affamés de la ponctualité nécrosant les couloirs du métro, dans un univers de poésie onirique, lyrique, hypnotique jamais égalé.

Il paraît que Running Up That Hill - hymne à l’universalité de l’Amour, crypté. Le texte, pas l’amour…… encore que, à la réflexion… - atteint des sommets en « ventes » de single par suite de l’utilisation du titre tournant au culte dans la saison 4 de la série Stranger Things ; bonne nouvelle, chers amis : vos ados ne sont ni sourds ni formatés : lorsqu’une artiste - exemple type d’une proposition positive d’écriture non-inclusive ! - atteint au génie, ils l’entendent !

Hallelujah ?

Non : espoir !

Et puis, tiens : génie. Un mot masculin qui se termine par un « e », c’est pas beau ça ? Ou Bêle ?

« J’essayais d’exprimer qu’au fond, l’homme et la femme ne peuvent se comprendre mutuellement car ils sont homme et femme. Et si on pouvait réellement échanger les rôles, être l’un à la place de l’autre pendant un instant, je pense qu’on serait tous les deux très surpris ! » - qu’elle disait la dame à propos de Running Up That Hill.

Personnellement, je suis d’autant plus sensible à ce Revival que, amoureux – platonique - de Kate Bush, j’ai eu le privilège d’être invité au tournage du clip par David Garfath, et je n’avais qu’une envie : prendre la place de son partenaire danseur. Mais euh, j’ai la souplesse d’une mamie. Momie, pardon. Autre exemple d’écriture inclusive.

La seconde option était de casser la gueule au danseur. Oui, mais, euh, je suis lâche.

Non, en vérité non.

Ecrire des BE dans Lebeauson face au Q.I. - de l’ordre du Cro-Magnon (ou des Genevois à Lamborghini) - des aigris congénitaux qui nous agressent par principe me prouve que nous sommes courageux. Le Boss surtout.

Etait-ce une autre légère dérive ? Oui.

La FP10 se régale à l’exercice de dévoiler les différences entre deux « approches », la remasterisation (et, hélas, le pressage moderne) extrayant des ingrédients dans la mitonnage si délicat de la grande Kate Bush – les chœurs mystiques évoquant Nosferatu dans Hello Earth prennent une dimension particulièrement bouleversante par une sorte de douleur de spectres égarés ressortissant du Hollandais Volant - où l’ancien pressage était plus globalisant, sans pour autant que le nouveau dénature la mixture raffinée et infiniment éloquente de la géniale anglaise. On aurait même le droit, une fois n’est pas coutume, de préférer le pressage récent.

Que d’air, que d’air alors que la densité de la restitution est physique et incarnée par l’enceinte hORNS

Or, la réincarnation de Kate Bush, ce n’est pas bon pour ma vieille carcasse nostalgique.

DIAMs 61 ORANGEs copie


hORNS FP10 4

Scène sonore :

Après avoir parlé d’Animals as Leaders, penchons-nous sur Animals as « symboles de l’échec de la civilisation » dans la Trinité selon Roger Waters (probablement pas un saint) : au nom des Chiens, des Porcs et des Moutons. Après Animals as Leaders, Hounds of Love et The Locust, on ne quitte plus le règne animal.

Pourquoi exhumer un Pink Floyd ? Parce que le remixage proposé par James Guthrie est hautement intéressant pour souligner combien on peut changer la proposition d’une œuvre par la magie des dix doigts sur la console (et quelques artifices techniques quand même !)

FP10 délinée clairement la dissemblance de mise en relief entre deux productions séparées de 40 ans (le remix date de 2018, la sortie en a été retardée par les sempiternelles batailles juridiques entre les deux cabochards de la formation).

En individualisant bien plus les musiciens et effets, déviant de la couleur atmosphérique soft du groupe à l’époque, l’album revêt une parure rock bien plus engagée, rentre-dedans, au point même de rendre la frappe de Nick Mason méconnaissable car si le batteur ne manquait pas d’idée, on ne peut pas dire que son toucher était percutant… Bon, ce n’est toujours pas Simon Philips ou Matt Garstka, mais quand même.

Idem pour le jeu de basse très vitaminé à la fin de Pigs.

Notons au passage quelques notes d’extrême grave de basse-synthé assez surprenantes de galbe et tenue.

Le remix est avant tout l’indicateur d’une autre qualité de la FP10 : la rigueur millimétrique spatiale de chaque riff, solo, trucage ou bruitage est calée comme un arrêt sur image d’un défilé du 14 juillet !

Je précise immédiatement que si le positionnement des acteurs est aussi solide et implanté qu’un champ d’éoliennes dans l’océan, le swing du groupe (eh oui, Pink Floyd swinguait, et allégrement, même dans cet album intentionnellement froid) est aussi impeccablement mis en scène par la FP10 qui rappelle que l’ivresse de la gracieuse mobilité n’était pas l’apanage de Gene Kelly

Mais qu’est-ce que je raconte ?

Si la scène n’est pas immensément large, elle est impeccablement cadrée et particulièrement profonde à condition toutefois de peaufiner le placement des enceintes, sachant que nous préférons toujours les sur-pincer, quelles qu’elles soient, ce qui contrairement à de nombreuses idées reçues, évite le fameux sweet-point.

Confirmation de la scénographie d’une magnifique stabilité à la redécouverte du dernier enregistrement de Claudio Abbado en 2013 à la tête du Berliner Philharmoniker en vinyle (série limitée éditée par Le Berliner Philharmoniker en 2018), que ce soit le Songe d’une nuit d’Eté (Mendelssohn)(Felix)(Bartholdy) ou la Symphonie Fanstastique (Hector, fils de Priam et frère de Pâris. A moins que je ne confonde ? C’est possible).

Cette parenthèse d’élévation est d’autant plus contradictoirement captivante que la scène sonore sur l’enregistrement n’est pas exactement plausible, comme si l’orchestre était distendu en profondeur couvrant le double de la réalité, ce qui n’empêche pas, une fois cet étrange phénomène acquis, de constater la cohésion des dimensionnements des musiciens au sein des pupitres. Quelle surprise, quel bonheur sensuel de sentir chaque instrument buriné dans notre espace intime au sein d’une approche atmosphérique où la réverbération est développée jusqu’au dernier pouillème par l’enceinte hORNS qui, du reste, ne nous épargne rien d’un puissant témoignage de l’inouïe intériorité mystique du Maître italien déroulant une Symphonie Fantastique crépusculaire, pas du tout démonstrative quoique ponctuée de déchainements de puissance, ode proche d’un Requiem, poignant Chant du Cygne tout simplement admirable, faisant fi d’une captation, on l’aura compris, pas idéale.

Afin d’éviter les commentaires goguenards, genre : comment peut-on juger la scène sonore avec un disque où elle est nativement suspecte ? … sachez qu’on a évidemment écouté un paquet d’enregistrements sur ces enceintes jouissives comme on les cherche sans en trouver souvent, ou alors à quel prix.

Et puisque j’ai raconté le testament de Claudio Abbado, je pourrais par exemple évoquer, pour clore le bec aux impénitents, le moment de recueillement que nous avons vécus à l’écoute du Requiem Allemand de Brahms (je dois couver quelque chose), dans une livrée pirate…

Non, non non et non.

Certes, c’est majestueusement solennel ; pourtant j’opte pour le plus encore colossal Requiem Polonais de Krzysztof Penderecki.

Quatre solistes : Ingrid Haubold, soprano, Grazyna Winogrodska, mezzo, Zacos Terzakis, tenor et Malcolm Smith, basse ; des chœurs mixtes : NDR et Bayerischen Rundfunks et enfin le NDR-Sinfonieorchester chez Deutsche Grammophon en 1990 sous la direction du compositeur.

Avouez qu’il vaut mieux écouter tel édifice sur les hORNS FP10 Mk3 si on espère lire dans l’ordre toutes les lettres du générique.

Essentiellement contemplatif et impliqué (le compositeur a toujours affirmé sa foi chrétienne défiant le joug communiste), l’opus grandiose ne se prive pas de divers passages flamboyants, fervents et d’une complexité compositionnelle (souvent) diatonique audacieuse qui ont dû engendrer la précoce calvitie des ingénieurs du son.

Chauves soit, mais qu’importe : ils ont fait le boulot ! Et quand bien même on sent la prolifération des micros (la FP10 ne fait pas de cadeau), la mise en ondes de ce massif ensemble au service d’un monument engagé, enracine ses intervenants aussi surement que les pièces d’un échiquier ; avant l’entrée en scène de José Raúl Capablanca.

La distinction chorégraphique des chœurs quasi hystériques rappelant Ligeti dans les Dies Irae, Tuba Mirum et Mors Stupedit au milieu des énervements des cuivres et du catalogue exhaustif de percussions pose une scène impressionnante semblant plutôt surgir des enfers dans un agencement parfait s’il vous plaît : on ne plaisante pas avec Méphisto !

Au passage, on note cette fois aussi l’infinie palette de timbres, ciselages et champlevages des matières, la présence charnelle des solistes et chœurs participant grandement à la minutie de la théâtralité radieuse.

Le spectacle sur ce passage est glaçant par la tempête musicale effrayante d’une impétrante pureté de premier ordre !

Scène sonore :

DIAMs 61 ORANGEs copie

hORNS FP10 6

Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique :

Profitons de l’édition en HR des « Complete Masters » de Blue Train par un Coltrane, qui, s’il n’avait pas encore acquis le son qui le fera passer à la postérité, signait en 1957 chez Blue Note un bijou qui, lui, marquera la postérité !

La vitalité du sextet (Lee Morgan dans une forme éblouissante, Curtiss Fuller (trombone), Kenny Drew (piano), Paul Chambers et Philly Joe Jones) sur les FP10 tient de l’ébouriffant, de la denrée vitale où les complices font preuve d’une rivalité fertile pour porter la créativité du jeune maître, scellant la matière première des swing et jubilation permanente, le tout avec le bonheur du relief interne des instruments, particulièrement les cuivres conviés dans votre salon comme rarement par les pétillants et incandescents petit bijoux polonais. Je parle des hORNS.

La dynamique, on l’aura compris en écoutant aussi bien Animal as Leaders que le Requiem Polonais, peut aussi bien s’avérer enragée que subtile, caresse de velours que pêche de boxeur !

En complément, on s’est accordé un plaisir plus léger : Locomotive d’Or, album Locomotive d’Or, 1974, en vinyle, en dégustant notamment l’intro où les percussionnistes d’Africa Djolé se mettent en place en bavardant avec un sourire de 64 dents, embarqués par les jaillissements exacerbés de Fodé Youla comme par les outrances de l’élocution de Nougaro stylisant la flagornerie maniaque de sa prose !

Ne manquent guère que le souffle de l’harmattan et les parfums de la Guinée pour être définitivement transportés par la FP10 dans ce train magique qui, même à niveau torrentiel, ne quitte jamais les rails !

Nous enchaînons en prélevant - au sein d’une collection de jazz, chez Telarc, qui semblait destinée à injecter des anxiolytiques aux phobiques des ascenseurs - une des rares déviations de pure musique, à savoir le Jacques Loussier Trio reprenant quelques friandises d’Eric Satie.

Un répit en apesanteur sur la FP10 qui ne va rien dissimuler du caractère si sensible du pianiste comme celui d’André Arpino dont les balais effleurent imperceptiblement les peaux d’une sensualité frémissante, et de l’écoute attentive aux mouvements des autres de la contrebasse lovée de Benoit Dunoyer de Segonzac. Qui, curieusement, n'était pas au générique du "Bossu" au côté d'Henri de Lagardère.

On vibre ici sous l’intelligence de l’arrangement, l’art filigrané des transitions entre thème originel des Gymnopédies ou Gnossiennes et plages d’improvisation, allers et retours déliés dans un total respect et compréhension de l’œuvre glissant de gourmandise à humour, se défiant de toute frime ou insistance, élevant le phrasé vers une aération qui frôle l’exceptionnel !

La preuve définitive si besoin est que Loussier est le contrepoint de Martial Solal.

DIAMs 6 ORANGEs

 

 

 

Expressivité :

Parangon de swing sur le Satie de Loussier, soit ; ainsi, vous l’aurez deviné, que d’osmose, de bien-être, de connexion émotionnelle à nos sens en total éveil sous l’éclairage charmeur de l’exposition directe à l’art, relativisant grandement la différence entre admirer un beau film tourné dans la lumière féerique des Philippines et vivre soi-même l’expérience du sable fin sous la peau, le soleil inondant l’épiderme jubilant, les yeux captés d’admiration par l’arrière-fond noir du ciel encré de la menace d’un féroce orage sur l’océan émeraude.

Dois-je rappeler ce que nous avons évoqué précédemment du haut degré de bénignité concrète en contenant nos larmes à l’écoute du témoignage vespéral d’Abbado à la tête du Berliner Philharmoniker ?

Non, n’est-ce pas ?

Même une baladine passablement surestimée telle que Christine (and the Queens) lorsqu’elle reprend les Paradis Perdus devient, par la sorcellerie affectueuse des FP10, une chanteuse touchante, sincère derrière ses minauderies controuvées qui paraissent, tout à coup, dissimuler la timidité.

Alors, quand Christophe propose le prémonitoire Définitivement, extrait de son ultime opus Les Vestiges du Chaos, c’est une gifle que la FP10 assène au cœur et plus encore le sprechgesang de Julia Pello, si habilement théâtralisé dans la production affinée par la minutie maladive jusqu’à sa fin du Français le plus universel qui ait été, nous laissant submergés de frissons.

"Définitivement, je suis vivant " assène-t-il à l'approche de l'inéluctable. Sous la bienveillance des FP10, oui, définitivement.

 

Frissons que nous allons obsessionnellement prolonger – que voulez-vous, quand un objet nous renvoie à notre moi émotionnel, on ne peut s’empêcher de replonger vers ses idoles - en écoutant en vinyle To Bring You my Love de P.J. Harvey.

Outre le grain abrasif sur quelques guitares de Joe Gore ou de la dame du Dorset, la moiteur poisseuse immergeant les arcanes d’ombres, l’efficacité brute de John Parish, la hORNS FP10 nous empoigne dans la formidable intensité surnaturelle qui émane des intonations, de l’organe et même du corps entier de la jeune barde-auteure-compositrice (25 ans en 1994), intensité porteuse d’une énergie stentorienne et mystérieuse qui nourrit l’ensemble de l’œuvre et confère à l’artiste prodigieuse la volupté sauvage des dominateurs.

On ne parlera pas de beauté mais de son évolution sidérale qui nous subjugue, nous contraint à abandonner le culte de la beauté…

En résumé, la hORNS FP10 Mk3 sait magistralement tisser la trame complexe impliquant l’intimité dans ce qu’elle recèle de plus vibrant et la réalité dans ce qu’elle peut révéler de plus dérangeant.

Hors cote

hORNS FP10 8

Plaisir subjectif :

Pour beaucoup, je me demande si ce genre d’écoute spontanée, pas du tout cérébrale, ne trichant pas avec le naturel, ne requiert pas une reconfiguration, une remise en question.

Un reset de ce que vous croyez savoir.

Je me demande…

De notre côté, chez Lebeauson et ses partenaires, FP10 coche toutes les cases de ce que nous attendons de la reproduction musicale : la manne artistique dans tout son engagement expressif.

Ai-je jamais autant employé le mot expressivité que dans cet essai ? Pas sûr. Le Boss dira peut-être que j’en abuse. On verra.

Ça m’étonnerait : côté plaisir, il a fait le plein lui aussi avec ces enceintes au point qu’il voulait en acquérir une paire. Je lui ai dit : pour ton plaisir, tes passions mélomanes, peut-être, pour réaliser des BE, non.

Ce type d’enceintes impose en effet une logique complète du système. Or, si elles sont faciles à piloter, elles peuvent aussi bien rejeter des amplificateurs de qualité qui délivrent une puissance inutile nécessitant de grimper dans les tours. Ou tout simplement trop verrouillés, conçus pour des enceintes goinfres.

Songez-y si l’envie – rédemptrice - vous prend d’aller les écouter.

Et si votre pièce est très grande et que vous cherchez des sensations encore plus folles, il y a une FP12, une FP15 et même une FP15 Béryllium… Ça laisse de la marge de manœuvre…

Encore que… Un dimanche pluvieux, juste avant de devoir remballer les jolies petites enceintes polonaises (sniff, elles prennent la route), je me suis décidé à un essai de dernière minute : j’ai installé des supports Franc Audio Fat Foot entre la FP10 et son stand (ce que je m’interdis pour les essais), j’ai branché le minuscule Hermes de Tsakiridis, et j’ai décidé de pousser le volume sur Hesitation Marks de Nine Inch Nails (il y avait longtemps, n’est-ce pas ?) enchaînant de Satellite jusqu’à Black Noise… Puis j’ai enchaîné sur Piggy, la reprise d’iceux par St. Vincent, puis j’ai enchaîné sur Krokodil d’icelle, puis j’ai…

Je n’aurais pas dû.

Effet Potion Magique, punch sur-vitaminé à même de déquiller une horde de vikings avides de sang, scène sonore déployée à l’envi sans perdre une once de plausibilité ou aplomb d’implantation (au contraire), sensibilité à fleur de peau, soyeux des timbres dopé de baisers d’angelots…

Faut tout réécrire. Parce que, sur tous les critères, on multiplie les qualités par… 10 ?

DIAMs 61 ORANGEs copie

 

 

 

Sans les Franc.

 

 

Rapport Qualité/Prix :

Objet comme il existe peu, d’une finition et présentation le situant dans une gamme sans aucun rapport avec son prix, le lien direct, organique et fusionnel aux artistes enfonce le clou d’une aubaine qualité/prix difficilement surpassable.

Et j’aurais conclu la même chose si elle avait coûté le double.

DIAMs 1 ORANGE copie

hORNS FP10 3Diam copie

 

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