à l’oreille





MBL ampli intégré C51
Chevalier des Roses ; en cuirasse

par LeBeauSon - Novembre 2021


Le MBL C51 mène la danse avec un aplomb qui séduit.

Franc, engageant, on se laisse prendre à son jeu. Et le plaisir pointe rapidement le bout du nez. Plaisir viril, mais irréfutable.

Cet intégré semble parfois résumer la représentation des instruments aux fondamentaux ou vouloir exposer au premier plan tant d’informations que le modelé des objets revêt une consistance, un poids rendant quasi-palpable la présence des musiciens au risque de pénaliser l’évanescence de certaines fins de notes ou subtilités en fond de décor.

Homogène et jamais lassant, il invite à savourer tout ce qui lui passe entre les entrailles. Les fins connaisseurs guetteront les extrémités du spectre privés d’un grondement structuré ou d’une extinction de note en suspension.

Le C51 ne se départit jamais d’une effronterie redoutable au service de la musique et d’un appétit de carnassier. 

DIAMs 6 rouges

 

NB : Code couleur de nos diamants pour ce banc d’essai : Rose (6 500 à 12 000 €)

Prix du MBL C(adenza) 51 : 7 800 €

MBL C51 7

Si l’on est un tant soit peu audiophile (heureux soient les candides !), on connaît inévitablement la marque allemande MBL ne serait-ce que pour ses enceintes phénoménales ne ressemblant à rien de ce que nous avons l’avons l’habitude de regarder et d’entendre, avec ses transducteurs à lames dont les plus gros ressemblent à de lourds melons joliment fendus, utilisant un principe dit Radialstrahler. Les plus colossales d’entre-elles mesurent plus de deux mètres et sont couplées à des caissons de basse du même gabarit.

Vous occupez un gentil petit nid douillet dans la capitale ?

Dommage.

Depuis des années, MBL est un stand sur lequel nous nous arrêtons avec intérêt au High End de Munich, où la présentation est toujours soignée, minutieuse et respectueuse, et, honnêtement, le grand spectacle qui est alors offert rentre dans la liste restreinte des moments très attachants sur cette foire à l’empoigne : MBL, c’est trente ans de recherche et développement, mais aussi plusieurs années à présenter un des systèmes le plus ambitieux de la planète.

Comme chez beaucoup de constructeurs automobiles, des produits plus accessibles héritent du développement des démesurés « porte-drapeaux ». Ainsi, MBL propose deux autres gammes d’enceintes et d’électroniques utilisant les mêmes techniques. Si la promesse d’un spectacle en relief est la même, ces deux gammes sont plus adaptées à des pièces d’écoute de taille conventionnelle. 


L’amplificateur intégré C51 est l’un des deux appareils que nous testons ce mois. Vous pouvez lire notre test du lecteur CD-Dac C31 ici.

Deux appareils installés sur la première marche des électroniques et d’enceintes du fabricant, la Cadenza Line. Pour ceux qui chercheraient la ligne en question, elle existe encore souvent sous le nom de Corona. Toute allusion à des faits ayant marqués ces derniers mois ne sont que purement fortuits. On comprend toutefois que MBL ait préféré rebaptiser ses rejetons.

Un préamplificateur, un amplificateur de puissance stéréo, un amplificateur mono complètent - avec le lecteur CD-Dac C31 – la ligne Cadenza.

Prestige oblige, la marche est déjà haute, puisque l’appareil testé coute presque 8 000 €. Soit le prix de quelques modèles de sacs d’accès à la collection Hermès.

Et alors ?

Oui. C’est vrai. Et alors ?

MBL C51 3

Ce premier constat en impose un autre : en Allemagne, pléthore de fabricants, plus d’une trentaine (ou plutôt cinquantaine) de magazines et à Munich deux salons internationalement incontournables sur lesquels les acteurs du monde entier espèrent bénéficier d’une belle exposition, attestent d’un secteur bien vivant. C’est donc en pays de connaisseurs que prospère MBL.

Lorsque je compare notre marché national de la HiFi et même si nous avons aussi nos très très bons fabricants, on peut légitimement se demander si, en la matière, nous ne sommes pas un pays sous développé. 

Revenons au sujet de notre test.

Des matériaux qui inspirent la robustesse et un design alambiqué, le noir ou le blanc associés au chrome, quelques courbes tendues, inspirent une forme de noblesse. Saxonne. La recette ne fait pas non plus un prix de beauté sauf dans la tendance baroque flamboyant. Mais reconnaissons que le C51 MBL force le respect, par sa façade galbée, son affichage raffiné, le logo lumineux et sa télécommande minérale.

Côté apparence et qualité de fabrication visible au moins, on en a pour son argent.

Côté fiche technique l’objet, revendiquant le classicisme, n’en demeure pas moins impressionnant.

Des connectiques complètes : en entrée 1 symétrique et 4 asymétriques, 1 entrée directe (qui ne passe pas par le bouton (!) de volume) et 2 liens prévus pour une intégration domotique, ainsi que la possibilité d’ajouter des entrées en option, symétrique, phono RCA etc.

On dispose aussi d’une sortie variable et d’une sortie fixe RCA.

2 x 180 W sous 8 Ohm, 2 x 300 W sous 4 Ohm, 2 x 400 W sous 2 Ohm. Mesures gageant théoriquement une bonne stabilité.

450 x 145 x 445 mm et 23 kg n’en font pas exactement un nain, ou alors il s’agit d’Alberich. Ou son frère.

Nous n’apprendrons pas grand-chose de la technologie LASA (pour Linear Analogue Switching Amplifier) revendiquée sur le site du fabricant qui affiche une linéarité de géomètre et une constance de distorsion (de l’ordre du non mesurable) indépendante de la puissance en sortie.

Nous n’apprendrons pas grand-chose, mais on peut quand même vous en dire plus à la fin du BE.

On peut supposer de ce qu’on lit que l’ampli est Classe D, mais les consommations annoncées ne correspondent pas vraiment. Nous comprenons que les composants sont triés avec soin pour avoir le moins d’influence négative sur le signal. En même temps, on ne s’attend pas à lire l’inverse.

MBL C51 8


Avant d’entrer dans le vif du sujet, commençons par nous perdre.

Premièrement, nous avons procédé à ces essais en deux fois et deux lieux. Moi d’un côté, fort judicieusement appelé Auditeur A dans les lignes qui suivent, et des collègues appelés Auditeurs B de l’autre et dans l’autre. Côté. Et lieux.

C’est moi qui ai commencé. Mais faut pas le dire.

Ce qui m’a valu quelques hésitations.

Passées quelques minutes à scruter l’équilibre tonal et la richesse harmonique de mon point de vue un peu morne après mes premiers branchements, je remets en question mes câbles Absolue Créations et me tourne, curieux, vers deux câbles Van Den Hul fraîchement déballés (en vue d’un autre test). 

Le premier de la gamme 3T, The Hill, gomme un effet d’embonpoint désagréable, ouvre la scène sonore et stabilise l’ensemble. Mais point de réveil, pas de légèreté, la lecture reste encore très embourbée ; un bucheron obscur est au piano. D’accord, c’est un Hercule, mais sans éclat, pas de paillettes Kevin.

Je passe au D501 Silver Hybrid, fin câble qui ressemble en noir à un autre VDH testé : The Orchid. Un machin à 400 balles environ. Et là c’est l’extase. Le piano d’Alexandre Tharaud (qui, avouons-le, n’a pas un profil de bucheron obscur) développe une richesse harmonique bien plus satisfaisante et des timbres d’une grande beauté. Sans perdre en poids, son piano chante splendidement.

C’est désarmant de constater que, avec un câble, le tâcheron se transforme en délicat virtuose. Bon bon, bon… ça ne va pas être simple. Je continue ainsi câblé et efface mes premières notes. Une fois le bon équilibre trouvé, tout semble tourner à l’évidence, mais… 

… mais l’équilibre change le lendemain, puis encore les jours suivants. Quid du rodage ?
Après moults essais à plusieurs moments, sur plusieurs jours et sur diverses musiques, mes écoutes s’affinent et je reviens finalement à mes choix de câbles initiaux. Un manque de rodage ? c’était donc ça ? 

NB : et de chauffe ; cet appareil en a vraiment besoin. Signé : Auditeurs B

 

Après quelques jours d’écoute l’appareil n’a plus rien à voir avec ce qu’il était au moment du déballage.

Conditions des tests : MBL C31, Eera, Atoll, Cadence « ++ », Harmonie « ++ », Wilson Benesch P1, Absolue Créations, Van den Hul, Mudra, Nodal, Legato.

Écoutons.

 

Richesse des timbres - équilibre tonal :

Premier questionnement, l’aigu ne file pas très haut, mais suis-je réellement privé de délicatesse ?

Le jeu sur les cymbales de Tinker Tailor Soldier…, Radiohead (A Moon Shaped Pool) ne se dégage pas franchement du reste des instruments et des couleurs qui garnissent le morceau. La proposition tient cependant la route et n’agace pas. Je constaterai, à propos de cymbales, qu’elles révèlent une sorte d’identité propre à l’appareil sur deux autres disques, à savoir Bullyrag (de Bullyrag) et Antipop (de Primus), marqueurs d’un aigu puissant, buriné, ne montant pas inutilement mais établissant une densité pas si fréquente, procurant beaucoup d’épaisseur aux disques de bronze (ou autres alliages des cymbaliers). Sur ces trois albums, j’apprécie des instruments charpentés qui étonnent par une présence fortement implantée. Le manque de tranchant est compensé par l’affirmation d’une personnification et d’une kyrielle d’informations.

Le médium est à l’évidence la partie magnifiée par l’intégré.

Trop ? Deuxième question.

La plénitude d’une large zone centrale domine, pas tant en déformant l’équilibre spectral qu’en suralimentant un foyer de couleurs, peu allégées, on l’aura compris, par une expansion harmonique pas à la hauteur. Le genre de coquetterie qui peut devenir fatigante à la longue si on ne prend garde aux associations. Or, ici rien ne choque car l’orientation reste plausible. On comprend, sans renâcler, l’intention assumée de l’appareil de fermement camper les artistes qui lui sont confiés. Et puis, on peut imaginer que certains choix de la marque sont pensés dans une logique complète lecteur + ampli + enceintes MBL. Ce serait dommage toutefois de limiter ce machin insolite à une alliance familiale.

Un grave très bien intégré offre un sentiment d’autorité naturelle. Sa tendance légèrement dominante confère de la noblesse à l’écoute. Noblesse n’est pas mollesse : l’appareil n’est ni balourd et au contraire très solide. Un tantinet enveloppé ? Le C51 ne descend et ne structure pas immensément bas, esquissant une légère rondeur dans un infra un peu écourté.

Sur le Quatuor à Cordes Vol 1 de Gaetano Donizetti (qui a écrit par volumes, c’est bien connu. Note totalement inutile du Rédacteur B) interprété par le Nitja Quartet, les jeux entrecroisés des musiciens permettent d’apprécier pleinement la mélancolie des partitions par la majesté des timbres. Les couleurs, les boisés des instruments sont très facilement vécus. L’intégration du grave sans mièvrerie à l’ensemble du spectre enrichit indéniablement la palette de teintes sans pêcher par une quelconque forme de caricature. 

Revenons à la description de l’aigu. Comme le grave, il éclot en totale assimilation au médium. Jamais dans l’excès, sans devenir fade, le fin dosage des extrêmes décrit justement les matières et les timbres. En disséminant une immense réserve d’informations, la zone médiane apparait luxuriante.

Là commence le petit jeu de « d’accord / pas d’accord » avec mes camarades lointains qui ont testé les mêmes appareils (le C31 et le C51) de leur côté, ensemble et séparément.

Auditeurs B :

- globalement d’accord, si ce n’est à propos de la perception des matières : on s’aperçoit en passant la 2e symphonie de Prokofiev par Jurowski que les timbres revêtent une enveloppe artificielle créée par la schématisation harmonique, pas désagréable au demeurant et extrêmement stable en dynamique.

D’autant plus cohérente que – point sur lequel nous approuvons totalement l’Auditeur A (hello Boss !) - l’intégration des registres rejoint un aspect qui m’est cher, à savoir la volupté du « grave dans l’aigu ».

En creusant l’analyse (mais il faut avoir envie de le faire puisque la séduction dégagée à l’écoute est gironde), on comprend que le phénomène sonore est décidément typé car si on entend une grande quantité de détails coloristes, c’est par un détourage prononcé des corps comme des tons avec pour corollaire que les notes sont un peu « sèches », pas au sens de dures (bien au contraire) mais isolées, privées d’environnement particulier, d’ambiance ou, plus simplement, d’air ; sur ce disque, le constat ressort particulièrement par la dynamique peinant à trouver sa verticalité, alternant d’un peu trop à euh… un peu trop peu.

Par ailleurs, en écoutant le programme que la décidément passionnante (me faire aimer Chopin, voire le comprendre !) Beatrice Rana consacre aux Etudes du (franco-)polonais nous amène à définir différemment la partie grave / médium que l’Auditeur A (salut Boss !) qualifie de légèrement dominante : de notre point de vue (nous sommes trois, je ne parle pas de moi à la première personne du pluriel. Pas toujours), c’est le phénomène sus-décrit qui amène une plénitude générale des anatomies un tantinet outrée où tout est notablement plus grand que nature.

Est-ce gênant ? non : l’élégance est heureuse, connectée à une lisibilité particulière qui n’est pas réellement déliée mais chaleureuse, silhouettes un peu potelées, jeu pas intensément engagé, et une détermination un rien compactée (et puissante : pour pousser, ça pousse !) produisant un minime engourdissement des notes faibles, alors que le piano est vaste sans trop basculer vers l’affectation ni l’épaisseur ou le grassouillet !

Bref, c’est plus beau que la réalité et pourquoi pas quand c’est bien fait…

Auditeur A

Timbres :

 DIAMs 6 rouges

 

 

Diversifiés, riches : oui ! Variés ? Pas sûr. 

Ce questionnement renvoi à l’équilibre tonal, globalement juste et pourtant écourté.

Équilibre tonal :

 DIAMs 5 Rouges

 

 

Auditeurs B : oui, pareil…

 

MBL C51 1

Scène sonore : 

… Et puisque nous avons la parole, nous enchaînons : sur le même Prokofiev (Jurowski), apparaît une autre tendance de l’appareil - est-ce du fait du détourage sans ambiance ? -, de cantonner une scène un peu gauche / droite, collée aux enceintes ; avec, certes, des résultats variables selon les enceintes, par exemple moins marquée lors de nos essais sur des Harmonie « ++ » que sur des Harmonie Base, mais quand même, je n’ai pas l’impression d’une grande précision des placements des pupitres alors que les interventions en sont pour le moins extraverties.

Auditeur A :

- c’est tout ? … Bon, à moi…

Pour cerner la scène sonore (hum… je crains le commentaire de mes collègues), je confie de mon côté au C51 la Symphonie n°7 de Beethoven interprétée par le Freiburger Barockorchester, sous la direction de leur premier violon Gottfried von der Goltz (ach…) éditée par Harmonia Mundi (ach ?). Comme le suggère la fiche technique du colosse teuton (Beethoven ? …… Note de l’affreux Rédacteur B), l’appareil pulse la verve et l’énergie d’un Falstaff. Bavarois.

Sur une scène sans limite apparente, libre et ouverte, les instruments grandeur nature (?) s’animent vigoureusement. Sur hauteur et largeur les différents pupitres sont correctement répartis. Je ressens en revanche un manque d’espace ou de respiration en profondeur, ainsi (surtout ?) que l’absence d’air entre les musiciens induisant une légère intermodulation entre instruments qui n’a rien de préjudiciable à la perception et au relief de la masse orchestrale.

Bien sûr la tâche est plus aisée dans la translation d’un ensemble restreint ou d’une formation de jazz. Dans l’album Piazzolla 2021, Louise Jallu s’approprie des thèmes de… je vous le donne en mille : Astor Piazzolla !

Gustavo Beytelmann et Marc Benham au piano, Mathias Levy au violon, Alexandre Perrot à la contrebasse et Médéric Collignon en « guest » à la trompette sont du voyage. Bernard Cavanna (comment va-t-il, au fait ?) assure les arrangements.


Postée devant ses petits camarades, légèrement à gauche de la « scène », on perçoit les mouvements de buste de l’accordéoniste.e par le souffle de son instrument variant l’exposition au micro. Derrière elle, les instrumentistes sont, comment dire… grands ; immergés dans une réalité augmentée. Durant la plongée cinématographique de l’enchainement des thèmes, l’intégré germanique assure la mise sous tension des tangos, martelant les notes de piano ou, comme pour maintenir en haleine, surlignant les traits d’archets, amplifiant les cordes de la contrebasse sans nuire à la fermeté (oui, bon…) des claquements sur le manche. La présence des musiciens est d’une indéniable corpulence pour le moins conquérante.

De leur côté, mes acolytes ont écouté un fichier DSD (mais d’où le sortent-ils ?) du 2ème Concerto pour Piano de Bartok, célébrissime enregistrement en 1961par Géza Anda, Ferenc Fricsay et le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin pour Deutsche Grammophon.

Auditeurs B :

- plus précisément l’étourdissant 3e Mouvement d’une hallucinante inventivité, où il n’y a pas une série de mesures qui se répète dans ce tourbillon créatif, et ce particulièrement dans la captation acérée de deux génies et un orchestre sans faille !

Une fois surmontée la difficulté de trouver le bon niveau, on cocoone dans une réverbération enveloppante qui « modernise » un fichier originellement « à l’os », le rendant plus enrobant, plus confortable, pourquoi pas, mais aussi plus brouillon, au détriment de la salle.

Ce qui confirme l’impression générale que le bébé joufflu germanique répond à une option volontaire : dé-silhouetter au profit de galbes ron-ronds, ron-ronnants et surexposer par l’exhibition engagée mais bienveillante de musiciens aux traits photoshopés.

Nous sommes ensuite passé à John Coltrane en compagnie de Duke Ellington, improbable rencontre chez Impulse en 1963, où hormis un groove limité (par l’ampli) derrière un excellent swing…

- … Ce n’est pas la rubrique !

- je peux finir ma phrase ?

- Euh, oui…

- Je disais donc : hormis un groove limité derrière un excellent swing, ce disque confirme la tendance du gros intégré rutilant à isoler les timbres, les instruments chacun dans sa zone, les ronds avec les ronds et les carrés avec les carrés, donnant l’étrange sentiment que les musiciens sont venus chacun à leur tour, ou jouaient dans des boites séparées, et pas forcément le même jour. Cela étant, en ressort l’impression de tout entendre, une mécanique implacable qui dépose tous les sons ou phonèmes à vos pieds.

Auditeur A :

DIAMs 5 Rouges

 

 

Auditeurs B :

DIAMs 4 ROUGEs

MBL C51 9

Réalisme des détails :
Auditeur A :

- Deux, l’album mettant en lumière le tandem occasionnel formé par Patricia Kopatchinskaja et Polina Leschenko, ne nous en apprendra guère plus sur la scène sonore ; en revanche, entrepris par le C51, l’énergie et la folie du jeu de Kopatchinskaja (j’avoue un copier-coller pour m’éviter d’écorcher son nom et les représailles du Rédacteur B) et les accords sereins et charnus du piano de Madame Leschenko se marient à merveille. Les thèmes de Bartok, Poulenc, Ravel fourbissent un disque idéal en fin de journée. L’intégré sait mettre en évidence une multitude d’inflexions, sans bousculer les agencements, sans ajouter en grandiloquence. Les pizzicati de cette chère Patricia sont bondissants et les mains de Polina passent de la délicatesse à la puissance en un clin d’œil. 

Un fin dosage du spectre pour ne jamais risquer d’être vulgaire, une énergie et une tenue surprenantes, des timbres riches et plausibles, une scène d’une stabilité à toute épreuve, large et haute, le C51 construit sa réalité, des plus admirables, nanti de bons atouts (puissance, vitalité, largeur de la scène sonore, aplomb d’officiers d’artillerie), plus qu’avec une loupe grossissante ou en se focalisant sur quelques fins détails bien éclairés.

Auditeurs B :

- … ouais…

Le concert virtuose mais un peu clownesque d’Emerson, Lake and Palmer, Pictures at an Exhibition en 71, donc réinterprétation (pas éminemment subtile) de l’œuvre de Moussorgsky, toujours un peu séparé gauche / droite, confirme que la sensation de rapidité est obtenue par une pression - plus que tension - autoritaire, avec le corolaire que les modulations, certes avenantes, sont émoussées par des montées trop brèves. Les réverbérations souffrent d’un soupçon de systématisme.

Ce qui se vérifie sur l’enregistrement des Visions Fugitives (Prokofiev encore pour ceux qui auraient un doute), une musique poétique, évanescente pas fréquente dans l’art d’un autre grand compositeur russe où le gros naintégré allemand peut, par une sagacité moyenne/haute, pourvoir une fausse précision des enveloppes, ne contribuant pas à la richesse des matières du fait d’un détourage exagéré des notes. Bref, le pianiste (Hum : Marcos Madrigale, j’ai oublié !) vagabonde, vaguement somnolent. Là aussi, les réverbérations sonnent curieusement avec un début de métallisation.

On apprécie particulièrement l’absence de gras sur tout type de musique.

Auditeur A :

DIAMs 5 Rouges

 

 

Auditeurs B :

DIAMs 4 ROUGEs

 

 

 

Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique :

Auditeur A :

- on ne peut qu’apprécier le MBL C51 lorsqu’il est question d’intensité, de dramaturgie. Il force à l’immersion au cœur du récit ; impossible de rester impassible.

L’extrait Lento Assai Allegro Vivace des Danses Symphoniques de Rachmaninov par le Philadelphia Orchestra dirigé par Nezet-Séguin est gonflé à bloc par le titan teuton ; vers 6 minutes le compositeur installe une phase d’attente sinueuse qui évolue en suspens autour de 8 minutes. L’intégré MBL ne craint pas d’appuyer la tragédie ainsi que l’engouement nerveux des premiers instants.

Ça pousse incontestablement. Le C51 a les muscles et les ressources pour tenir et bousculer dans leur retranchement des enceintes les plus gourmandes. 

Une plongée dans les années 2000 extirpe Rhinoceros des Smashing Pumpkins de la naphtaline, avant de me donner envie de replonger dans le reste de l’album Guish. Un crescendo que démarre une guitare gilmourienne pour finir en pleine expression grunge désabusée, enragée.

Le MBL n’esquive pas, l’opiniâtreté est bien là de la première à la dernière note de ce disque, parmi les tout meilleurs du groupe. Etrangement, il civilise la rage (oui, bon, quand même pas barbare non plus, NDR 2), en tenant fermement les excès gueulards. La poussière, le grain et les saturations, ordonnés et mis en relief par l’intégré, sont… Polis ! 

Guish : un disque pop ? Option déstabilisante un moment, mais on s’y fait assez vite. A savoir si j’aurais envie de vivre avec ça…

J’apprécie tout autant les envolées lyriques des guitares que les mélodies susurrées de la voix nasillarde de Corgan.

Je passe au célèbre Mellon Collie… pour vérifier la tendance à la bienséance. Rapidement je zappe le titre qui tournait en boucle sur les ondes radio, Tonight, tonight

Jelly Belly atteste mes impressions liminaires : les grosses guitares sont magnifiquement disciplinées. Pas une goutte de gras, les effusions demeurent spectaculaires mais ne feront pas fuir le novice ou les oreilles fragiles de Mamie. Mieux : cette maîtrise offre un son à la fois confortable et respectable. La rage de l’artiste conduit à la beauté en quelque sorte. Comprenne qui pourra.

Ôditeurs B, pas entièrement d’accord :

- comme on l’a noté sur le duo Ellington / Coltrane, si le swing est honnête, il n’atteint pas les fluctuations lascives du groove dont le disque ne manque pas.

Ensuite, puisque nous sommes d’humeur badine, on s’amuse à enchaîner deux « adaptations » de September Song de Kurt Weill.

La première par Nat King Cole (sings) et George Shearing (plays) (Capitol 1962, en vinyle) qui est une pochade totalement à l’encontre de l’esprit toujours caustique (même dans une comédie musicale) de Kurt Weil, rendue sublime par le talent dégoulinant de Nat King Cole où le son tartiné au caramel liquide par le MBL est incontestablement beau, cossu, sirupeux à souhait sur les violons d’un autre temps, mais un peu éteint par un swing monotone, et des harmoniques aplanies…

Auditeur A :

Vitalité et dynamique :

DIAMs 62 rouges

 

 

Auditeurs B : hein ?????

DIAMs 6 rouges

 

 

Qualité du swing :

DIAMs 6 rouges

 

 

Auditeurs B : Ah non !

DIAMs 4 ROUGEs

 

 

Expressivité : 

… Et si le gros machin rococo cambre plus encore la voix wagnérienne de Francis José Conceição Leitão Treichler (les Young Gods donc) on s’écarte hélas de ce qui fait le sel de sa lecture de September Song : la poésie douloureuse, la mélancolie poétique. Parallèlement, c’est somptueux mais plus dans la maïeutique que dans l’expression pure.

Pour s’en convaincre, on passe par un autre « standard » : Fever par le King, qu’on a connu plus intime, plus sensuel, sagesse contre nature possiblement redevable à une homogénéité pas absolue entre les matières des percussions diverses, banalisées, un peu tristes, et un lissage déshydratant la charge érotique de l’organe du jeune rebelle, dont d’ailleurs un écho/halo s’extrait malencontreusement. Cette fois également, toutefois, on est quand même accaparés par une beauté surnaturelle qui caricature la voix créant une « autre vérité » qui fait sens.

Un « charme » en remplace un autre, avec un aplomb de cuirassé évitant de sombrer dans la version loukoum de divers amplis à lampes, par exemple.

Auditeur A :

- sans aucun doute l’appareil capte l’attention, maintient l’auditeur en éveil. Sur ce plan il est remarquablement interpelant, empêchant tout manque d’implication par une tournure exaltée du lyrisme. Mais quid de la subtilité ? Le C51 ordonne et dirige en maitre mais s’avère moins à l’aise pour les caresses.

Génétiquement conçu pour le cinémascope, il confirme son caractère hâbleur sur la bande originale du film « Luke la main froide » signée Schifrin. Cuivres puissants, instants de suspens préservés, percussions saillantes, le relief général est galvanisé.

Mais alors quoi ? 

Sur 50 Words for Snow de Kate Bush, la voix de l’artiste a perdu de sa fragilité et d’une part de grâce surexposées par une lumière légèrement trop forte, accusant les contrastes. 

Le jeu du batteur n’est plus aussi aérien. Le piano, très terrien lui aussi, laisse peu de place à la rêverie. Bon revers de cette même médaille : le suivi mélodique et le jeu des instruments sont plus lisibles, en relief. C’est donc une affaire de goût. Pour ma part, l’appareil manque d’un soupçon de délicatesse pour me transporter totalement.

DIAMs 5 Rouges

 

 

Auditeurs B :

DIAMs 4 ROUGEs

 

 

Plaisir subjectif et rapport qualité/prix :

Le MBL mène la danse avec un aplomb qui séduit. Autoritaire, engageant, on se laisse prendre à son jeu. Et le plaisir pointe rapidement le bout du nez. Plaisir viril.e ( hihi !) mais irréfutable.

L’intégré semble parfois résumer la représentation des instruments aux fondamentaux ou porter au premier plan de si flagrantes informations que le modelé des objets prend une consistance, un poids pénalisant la légèreté de certains prolongements ou rebonds de notes, mais qui rend presque palpable la présence des musiciens.

Homogène et jamais lassant, il invite à savourer tout ce qui lui passe entre les entrailles. Les fins connaisseurs guetteront les extrémités du spectre privées d’un grondement structuré ou d’une extinction de note en suspension.

Lui ne se départit jamais d’une effronterie redoutable au service de la musique et du plaisir carnassier. 

Une fois bien associé, et on repense aux enceintes si particulières de la marque comme à d’autres marques françaises de qualité, on adore.

 

Plaisir subjectif :

DIAMs 5 Rouges

 

 

Rapport Qualité/Prix :

DIAMs 5 Rouges

 

 

Auditeurs B :

- oui, en tout point d’accord, le C51 nourrit un plaisir coupable en ayant le bon ton de rester sur la frontière du bon goût. Sonore, parce que bon, le look, faut aimer…

Un choix authentique dont le prix est justifié par une philosophie sonore aussi affirmée que le look, l’impression d’en avoir pour son argent ; nous ne sommes pas fans du design mais n’avons pas boudé la proposition musicale conquérante.

Plaisir subjectif :

DIAMs 5 Rouges

 

 

Rapport Qualité/Prix

DIAMs 5 Rouges

 

 

Parce que cet appareil n’est pas tout seul dans sa catégorie…

- C’est tout ?

- Oui.

- Fainéants !

- Oui !

 


 

Un peu de technique ?

Les explications qui suivent provenant évidemment de MBL (que nous remercions), il est inutile de vous ruer sur vos claviers pour nous contredire ou protester.

La technologie LASA est un concept d'amplificateur moderne exclusivement inventé et développé par le chef ingénieur de MBL, Juergen Reis. Présentée sur le marché pour la première fois avec les amplificateurs de la ligne Cadenza, elle a été développée en version 2.0 avec la nouvelle ligne Noble.

 

LASA est l'acronyme de Linear Analog Switching Amplifier. L'idée de base était de combiner les avantages des amplificateurs analogiques conventionnels de classe A et AB avec les ceux des amplificateurs à commutation, tout en évitant leurs inconvénients ou limites respectifs.

L'objectif incessant de tous les efforts entrepris par MBL est d'améliorer l'expérience d'écoute et c’est par conséquent après d'innombrables heures, jours et mois passés certes à multiplier les protocoles de mesures, mais aussi et peut-être surtout, à écouter et comparer les types de musique les plus variés dans les environnements et constellations les plus divers que MBL a validé la technologie LASA

Comparaison des amplificateurs de classe A, de classe AB et de classe D

Les principales différences entre ces technologies d'amplification concernent le comportement des distorsions à différentes puissances et fréquences de sortie, la réponse en fréquence en fonction de la charge et la perte de puissance.

Les amplificateurs de classe A ont un facteur de distorsion homogène sur toute la gamme de fréquences, dont en outre la réponse (en fréquence) ne change pas quelle que soit la charge. Toutes caractéristiques bienvenues pour la qualité sonore, mais au prix d’une consommation d'énergie très élevée et, donc d’une efficacité faible. Dont le corollaire est un fort dégagement de chaleur nécessitant de grands dissipateurs thermiques et une taille de châssis conséquente.

Parallèlement, les amplificateurs de classe AB se caractérisent par une consommation d'énergie plus faible, un rendement plus élevé et génèrent moins de chaleur tout en conservant une excellente stabilité de la réponse en fréquence sur tout type de charge. Hélas, les distorsions du signal musical varient en fonction de la fréquence et de la puissance de sortie.

Les amplificateurs à découpage, c'est-à-dire les amplificateurs de classe D, présentent un meilleur rendement et génèrent moins et chaleur que toute autre technologie d'amplification.

Par conséquent, ils n'ont besoin que de petits dissipateurs thermiques et ne chauffent ni en charge ni en état de repos.

Cependant, ils présentent de sérieux inconvénients sur le plan sonore, et sont donc encore rarement utilisés en haut de gamme. Ils déforment le signal musical plus ou moins selon la fréquence et ce pour deux raisons :

- leur facteur de distorsion n'est pas homogène.

- les amplificateurs de classe D sont toujours conçus pour une valeur de résistance déterminée (par exemple 4 ohms), alors qu'un haut-parleur n'a pas une résistance constante, mais est une "charge complexe" dont l’impédance évolue en fonction de la fréquence. Ce qui signifie que la réponse en fréquence des amplificateurs de classe D varie en fonction de la charge, entraînant bien sûr un effet négatif sur la reproduction de la musique. Tous effets mesurables et audibles.

Combinaison des caractéristiques

A l’analyse comportementale des différentes technologies d'amplificateur apparaît que l’idée de combiner leurs caractéristiques est idéale : un facteur de distorsion faible et homogène sur toute la gamme de fréquences comme dans un amplificateur de classe A, une réponse en fréquence indépendante de la charge comme dans un amplificateur de classe A ou de classe AB, et les deux avec le bon rendement et la faible perte de chaleur d'un amplificateur à commutation. Un tel concept d'amplificateur devrait réunir de nombreux avantages, tant d'un point de vue sonore que pratique. Mais est-ce réalisable ?

LASA : le meilleur des mondes existants

Avec la technologie LASA, MBL estime avoir précisément atteint cet objectif en associant le meilleur des mondes et avoir créé des amplificateurs qui ne connaissent pas de rivaux en matière de musicalité. Autant par les valeurs mesurées que par l'expérience d'écoute subjective.

MBL considère que ses amplificateurs LASA évitent la couleur sonore froide, analytique et parfois dure que produisent souvent de nombreux amplificateurs de classe D pure. Au lieu de cela, les amplificateurs LASA se distinguent par une très grande transparence faisant disparaître la technique derrière le son, un "son analogique" au profit de l'émotion musicale.

Toutefois, la caractéristique technique la plus importante de la technologie LASA est probablement sa capacité à faire fonctionner sans effort des charges complexes (haut-parleurs), même à des niveaux variés, sans qu'apparaissent des distorsions inhomogènes, nuisant à l’écoute.

La valeur de mesure utilisée par MBL pour vérifier ce point est la capacité 4QT (4QT = test des quatre quadrants, courant et tension en phase, hors phase, en avance et en retard l'un par rapport à l'autre). Si un amplificateur a une mauvaise valeur 4QT et même s’il est puissant, vous remarquerez très rapidement qu'il est surchargé. Un tel amplificateur ne sera pas en mesure de faire fonctionner différents haut-parleurs sans effort, alors que tous les amplificateurs LASA se distinguent par une très bonne valeur 4QT et sont à même de faire fonctionner une large gamme de haut-parleurs très dissemblables avec beaucoup de facilité et de tranquillité.

Composants de LASA

- Transformateur torique analogique, largement dimensionné, dans une boîte métallique MU avec double blindage (électrostatique et électromagnétique) pour la séparation du secteur et la protection contre les interférences en mode commun et différentiel

- Amplificateur à découpage de haute qualité

- Divers composants et circuits électroniques (par exemple, des condensateurs électrolytiques)

- Entrées d'amplificateur de puissance différentielles pour une meilleure réjection de mode commun, c'est-à-dire aucune interférence mutuelle négative entre l'amplificateur, le préamplificateur et le convertisseur N/A

 

Caractéristiques des amplificateurs LASA

- Haut rendement, faible dégagement de chaleur.

- Faible distorsion, indépendante de la fréquence.

- Réponse en fréquence indépendante de la charge.

- Facteur d'amortissement uniformément élevé, indépendant de la fréquence, ce qui se traduit par un contrôle constant du haut-parleur dans toutes les gammes de fréquences et des basses bien articulées.

- Capacité à piloter sans effort des charges complexes (s'applique en particulier à LASA 2.0)

- Écrêtage doux - même à des niveaux sonores ou des charges très élevés, l'amplificateur écrête très doucement sans paraître agressif ou déformé, contrairement aux amplificateurs de classe AB et de classe D, qui écrêtent toujours fortement.

- Redresseur à faibles pertes de commutation

- Acheminement intelligent de la masse avec rejet efficace du mode commun, ce qui s'avère particulièrement bénéfique dans l'interaction avec d'autres appareils audios.

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