à l’oreille





Un transducteur exceptionnel pour une transparence surprenante

par LeBeauSon - Septembre 2020


La Manger P2 est un bel objet, comme il n’y en a pas si souvent dans la foire hifi. Enfin une boîte qui ne ressemble pas à une boîte et un concept déco qui ne confond pas élégance et exubérance technologique.

La Manger P2 respire abondamment, est très réactive, délivre énormément de micro-informations et donne l’impression d’une grande richesse harmonique, alors que les couleurs sont curieusement un peu simples…

Si on restreint le champ aux enceintes qui peuvent prétendre à une digne originalité plastique, la P2 prend un tout autre sens et devient peut-être première du tableau !

Et si on élargit le champ, elle donnera satisfaction à tous ceux qui sont épris de respiration, de minutie, de micrométrie, de ronds avec les ronds et carrés avec les carrés. Ou aux adeptes d’alchimie qui voudront tiédir des extrêmes par l’harmonisation entre un ampli souple et costaud et une enceinte incisive mais réjouissante…

PERCEPTION D’ENSEMBLE :

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Manger Audio. Une marque allemande dont le nom évoque avant tout un transducteur inhabituel, que les connaisseurs appellent tout simplement « le Manger ».

Oui, bon, qu’est donc « le Manger » ? (pendant qu’on y est : épargnez-moi ce que j’ai trop entendu depuis quelques jours et prononcez Mɑ̃ngœʁ. Approximativement. Côté écriture phonétique je suis un peu rouillé)

 

Le Manger MSW est un haut-parleur dit large-bande, au sens où il couvre une vaste gamme de fréquences ; il ne peut toutefois pas être utilisé seul puisqu’il est impossible de le faire descendre bas.

Que ceux à qui ça de dit rien, voire qui n’ont pas la moindre idée des différences entre diverses technologies de haut-parleurs, regardent les photos ; le « Manger », c’est ce machin rond au sein duquel on devine une étoile (ou un soleil) traversée par 4 fils de cuivre.

Une description succincte du principe ? Machin rond ça ne suffit pas ?

Bon :

« Le MSW utilise le principe de radiation naturelle par lequel un diaphragme plat de 19 cm de diamètre, à rigidité variable du centre vers la périphérie, émet des ondes sonores dont la fréquence diminue progressivement en s’éloignant du centre. La membrane est mue par une double bobine de 70 mm de diamètre, placée dans le champ magnétique d’une batterie de 15 aimants. Ses vibrations sont absorbées sur sa bordure extérieure par un amortisseur en forme d’étoile.

Le MSW est un transducteur sonore dont la bande passante régulière s’étend de 80 Hz à plus de 35 kHz, avec un temps de montée record de 13 μs. »

Voilà voilà…

Sans véritable certitude, je crois que la première utilisation du MSW, conçu par Joseph Manger, remonte à 1969. Sa conception est réellement unique et si vous voulez en savoir plus, nous vous indiquons le lien vers une brochure qui en explique la technologie.

Ce haut-parleur en a fait rêver plus d’uns, mais curieusement rares sont ceux qui ont décidé de l’exploiter. Est-ce dû à son prix très élevé, de l’ordre de 5 à 10 fois celui d’un haut-parleur déjà haut-de-gamme ?

 

Qu’importe puisque Manger Audio propose aussi une gamme d’enceintes, qui va de bibliothèque à des colonnes, dont la P2 - testée aujourd’hui - est le fleuron de la gamme passive, sachant qu’il y a en plus des modèles qui embarquent des amplificateurs.

La P2 est une très jolie haute colonne d’un format peu commun puisqu’elle est plus large que profonde. Et pour cause : elle est vraiment élancée (1139 x 270 x 214 pour 32 kgs), ce qui lui donne un côté monolithe de 2001 (l’Odyssée de l’Espace), aux arêtes verticales doucement arrondies ; la P2 repose sur un socle aluminium fin et intégré qui reprend exactement les dimensions de la base.

Celle de nos essais a une couleur gris-bleue satinée originale (gris Messerschmitt dit un ami, mais pas sûr que ce soit flatteur). Je crois qu’il s’agit d’un RAL 7040 (ou 35 ?). Les Manger sont disponibles dans diverses couleurs ou, sur demande et avec supplément, des finitions brillantes et des placages bois.

On note deux haut-parleurs en façade, dont le fameux « MSW » et, en dessous, dissimulé (heureusement) sous un tissu noir, un 21 cm conventionnel dont le cône est un sandwich carbone/papier.

Deux autres haut-parleurs apparaissent à l’arrière, dans la moitié inférieure, toujours dissimulés, toujours 21 cm. Ce sont des haut-parleurs dit passifs, à savoir qu’ils n’ont pas de moteur et sont animés par la pression exercée par le HP de grave en façade. D’où peut-être la sensibilité exacerbée de l’enceinte au placement dans la pièce.

 

Manger a fait le choix du bi câblage via un double bornier d’origine WBT. Bon. On est contents.

Un banc d’essai en hifi tourne rapidement à l’énumération de sigles.

Ces objets très modernes, sobres et élégants sont proposés à partir de 12 800 € la paire en peinture satinée.

Et maintenant, entre les oreilles, que ce passe-t-il ?

Ecoutes menées en trois endroits (dont mon salon habituel) avec des électroniques très variées incluant un lecteur CD/DAC TAD Evolution D1000 MKII (17 000 €) qui a l’air très intéressant et un gros intégré Audia-Flight FLS10 très puissant et coupleux (environ 10 000 €) mais aussi des appareils divers en prix comme en technologie, Tsakiridis, Engström, Atoll, Micromega, Accuphase, Grandinote…

 

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RÉALISME DES DÉTAILS :

Premier constat, itératif dans des conditions variées : la Manger P2 respire abondamment, est très réactive, délivre énormément de micro-informations…

Sur « Les Planètes » de Gustav Holst dans la récente livrée de Michael Stern (et le Kansas City Symphony, label Reference Recordings (si c’est pas humble ça…)), la détection et la diction de chaque musicien distillent un fourmillement intense de renseignements sur les accents de jeu, les rebondissements rythmiques, les croisements de pupitres ou d’instruments, dénonçant au passage une interprétation pas très intéressante, ni novatrice, dépourvue d’intention compréhensible et même pas spectaculaire.

La Manger P2 n’y est pour rien, sauf qu’elle ne fait pas de cadeau.

La lisibilité exceptionnelle sied parfaitement au deuxième volet consacré aux Sonates de Prokofiev par Alexander Melnikov (Sonates 4, 7 & 9) qui passent avec une vitalité et un mordant absolument remarquables, notamment pour la 7 - une des 3 sonates dites « de guerre » - propulsée par le pianiste russe avec une tension nerveuse qui sait – et on l’en félicite – éviter la pure démonstration de virile virtuosité, pour au contraire exposer des nuances de couleurs et d’enchaînements bienvenus, créant un lien inattendu avec la dernière sonate du compositeur, possiblement la plus calme, la plus apaisée. Quelques notes de la main gauche s’engourdissent ça et là comme sous un édredon, révélant le grave un rien rondelet de la P2. Un disque hautement recommandé, cela va sans dire. Mais je l’ai dit.

Sur une œuvre que nous utilisons souvent, « le Carnaval des Animaux » dans la version de Gennadi Rozhdestvensky, le piqué est exceptionnel, révélant par exemple des vibratos éphémères sur le violon qu’on a rarement entendus aussi limpides ! On note toutefois que ce pouvoir résolvant n’est pas absolument homogène car la (Carla ? Oui, je t’aime) transparence s’opacifie quand on descend en fréquence où la contrebasse est irrégulière et plus opulente que boisée. Le grattement de l’archet en revanche est limite surexposé mais sans véritable grain…

Sur tous ces extraits, on remarque en effet que le piqué de microscope trahit un (partiel) déficit de poids, de cœur dans les timbres, de relief des matières, de noyau organique… La tension est d’une rare acuité mais manque d’un peu de chair.

Constat identique sur le concept intéressant sur le papier mais qui ne tient pas la distance à l’écoute : « Kind of a Wind » par Nicolas Prost qui joue des œuvres de Connesson, Pärt, Beffa, Adams, Franck, Berlioz, Jolivet, Thomas etc… pour (ou adaptées pour) saxophone, accompagné diversement selon les opus. L’offre repose sur l’excellente thématique de prouver que la musique dite « classique » renferme son lot d’œuvres fortes ou mignardises pour le saxo. D’accord ; cependant il y a, à (essayer de) l’écouter in extenso, une sorte de monotonie qui s’installe progressivement, car si l’ensemble est minutieusement joué, l’approche des ouvrages tourne au cérébral et manque singulièrement d’idées rythmiques ou de reliefs autres que calculés…

Or, sans doute la Manger P2, avec sa manie de scruter chaque phonème, appui de clefs ou de touches (piano) et ainsi de suite en fonction des formations à géométrie variable, n’aide pas à oublier la mécanique un peu prosaïque de l’exercice ; constat d’autant plus surprenant que la prise de son positionne les instruments sur une scène lointaine, éthérée. Le disque est, à côté de son dénuement artistique, plutôt bien réalisé ; un must audiophile ?…

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N’oublions que la P2 se situe pile sur la frontière entre deux couleurs de diamants et que par respect pour nos codes (moi ???), je la place dans catégorie supérieure, celle qui commence à 12 000 € et sans limite supérieure. Diamants dorés donc. Pour vous rafraîchir la mémoire, vous pouvez lire l’article intitulé « Diamonds are forever » dans la rubrique « Guide ».

Bon alors, tout est parfait ?

 

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :

Oui, mais non. Ça ne peut pas être si simple.

Le rendu des timbres est surprenant car, bien que la Manger P2 donne l’impression d’une grande richesse harmonique, les couleurs sont curieusement simplifiées. Variées, identifiées, soit, mais comme perçues à travers un filtre ou plutôt non, un blanchiment sur une photo couleur, délavant passablement les teintes. On ne parle pas de monochromie, mais plutôt d’un affadissement chromatique, ce qui, compte tenu de la perspicacité des facettes des plus infimes détails, n’apparait pas immédiatement et dépend évidemment beaucoup des électroniques ou câbles en amont.

Attention : on parle quand même d’une restitution de haut-niveau ; nous ne pouvons néanmoins pas ignorer le prix de ces beaux objets.

                                                                                  

On comprend vite que le phénomène est partiellement dépendant du positionnement des enceintes : les Manger P2 paraissent en effet « directives » en largeur comme en hauteur. Pour ceux qui ne savent pas ce que cela signifie, en gros je dirais que les timbres évoluent en fonction de l’angle de réception ; par exemple, les fréquences aigues (par ailleurs très fines) d’un violon ne sont pas constantes selon la position de l’audience par rapport à l’axe des enceintes.

Ça paraît un défaut dit comme ça, qui peut vite devenir une qualité. Car on contrôlera assez facilement cette singularité en n’éloignant pas exagérément les Manger P2 entre elles et en les pinçant devant la zone d’écoute. L'idée semble saugrenue, mais fonctionne. Auquel cas, on structure une matité idéale pour conserver la densité des couleurs et des timbres à peu près quelle que soit la position de l’auditeur. A défaut de richesse harmonique et tonale, on gagne une stabilité colorimétrique supérieure. Profitons de la mise en œuvre des enceintes pour aussi les rapprocher (pas trop non plus) des murs. Nous verrons plus tard pourquoi.

Pour revenir au Holst de Stern, on distingue impeccablement chaque ligne de jeux, et les couleurs sont variées, touffues, manquant parallèlement de finesse des pigments et d’un soutien de matière au point de durcir un peu sur les forte (à volume élevé toutefois). Sans doute parce que l’équilibre tonal, plutôt bon sur des petits ensembles ou des instants calmes, se désunit subrepticement lorsque surgissent des assauts dynamiques.

On comprendra mieux le comportement dans cette zone du spectre sur des musiques où la partition « basse » est plus lente ou insistante, moins percussive ou tendue : elle n’est alors plus tout à fait raccord dynamiquement engendrant éventuellement une perte de corps.

Par exemple, sur le dernier Young Gods (Data Mirage Tangram, excellente surprise ! Les dieux assagis ne s’étaient pas montrés aussi novateurs depuis longtemps) où l’utilisation de l’extrême grave prend une part importante de l’ambiance d’un album tout en variations ourlées dans le down tempo ; figures et boucles implantées dès le début des morceaux évoluent en accentuation par courbes lentes pour atteindre une intensité poignante. Sur la P2, dans des degrés variables selon l’amplification, ces nappes ou appuis rythmiques se dissocient, tournant épais ou en tout cas opaques et clairement moins rapides que le reste du spectre, insérant un vide de jonction dans un intervalle de fréquences quand même pas négligeable. Dommage car cette particularité semble proscrire un ampli tel le Tsakiridis Aeolos Ultra, alors que l’association est idéale en terme de souplesse, densité des timbres et swing. Notez que le disque est particulièrement chargé.

Sur une contrebasse bien pleine, ou sur une ligne de basse qui « envoie », on retrouve un registre grave pas impeccablement en phase avec la nervosité énergique d’une très large plage de fréquences médium. C’est un peu gênant sur « Gritty Folk » de Derrick Hodge (Live Today) où la basse musclée ne se distingue pas assez du pied de grosse caisse, le tout dans un flou enrobé qui ne raccorde pas formellement avec la luisance superbe des cuivres, même si, sur ceux-ci, on eût préféré une incrustation de substance ou de grain plus prégnante…

Comme évoqué précédemment, rapprocher les enceintes d’un mur, à défaut de tendre le bas grave, comble mieux la zone de relais entre le vif et l’indolent…

En effet, la relative « mollesse » du bas-grave est somme toute moins gênante que le creux incertain entre deux zones, l’une foisonnante, rapide, tendue, d’une transparence inouïe, l’autre plus empotée mais acceptable… si ce n’était cet espace vide intermédiaire, rendant notamment certaines contrebasses un peu variables, hésitant entre octobasse et violoncelle, en schématisant beaucoup, certes.

Evidemment, dès qu’on choisira des amplis plus « costauds » (couple ? Tenue ? Difficile à dire car l’Aeolos Ultra n’est pas paresseux. L’impédance des enceintes ?), on souffrira moins de cette perte d’unité et de cohésion. Rien qu’avec un humble Atoll IN300, qui permet de débuter un investissement de long terme sans se ruiner. Un Accuphase E480, un Audia Flight, un Devialet 220 Pro (on parle d’homogénéité dynamique et d’esthétique d’objets, alors pourquoi pas ?) rapprochent l’église du milieu du village ; et bien d’autres évidemment. Mais il faudra en tenir compte au moment de les choisir.

Parce que, dans des bonnes conditions, je le répète, le pouvoir de résolution de l’enceinte est d’un niveau rare.

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SCÈNE SONORE :

Les préceptes de placement conseillés précédemment sont indispensables pour obtenir le développement de la scène en profondeur. Une fois l’effort fait de trouver la bonne distance, le bon angle, on profite d’un étagement précis, immuable et très très ouvert des plans sonores.

La stabilité dans l’espace est un point fort de l’enceinte. Aucun effet de ping-pong, de mouvements incontrôlés dans la gestion spatiale ou temporelle des instruments.

« Kind of Wind », à défaut d’être passionnant, est un beau travail technique avec le choix d’une captation lointaine dans une atmosphère réverbérée. Via les P2, les instruments exposent des dimensions relatives très cohérentes dans un volume qui, à défaut de définir une idée précise de la pièce d’enregistrement, tracent des croix sur le sol de la scène virtuelle.

L’exercice de la mobilité dans l’atmosphère des « compositions » est particulièrement amusant sur le dernier Amon Tobin (Long Stories), décidément toujours en recherche ; à moins au contraire qu’il ne commence à trouver des réponses :

« le son de Margot Robbie chevauchant une licorne en direction du soleil. Juste avant que le monde n’explose et qu’il ne subsiste qu’un fantôme d’amour »

Avouez que, exposées de la sorte, les intentions de l’insatiable brésilien sont claires. En tout cas, le mixage apposant des effigies morphosées dans l’espace est passionnant sur les Manger P2 par la rigueur des placements et rythmes, d’autant plus étonnante qu’il semble que la plupart des titres ait été réalisée sur un vieil Omnichord tout cabossé.

Scène sonore aux petits oignons, indéniablement, sur la « Symphonie Op 40 » de Korngold par John Wilson et le Sinfonia of London, ouvrage composite un peu étrange que le compositeur expatrié avait désavoué, probablement déçu par l’influence trop hollywoodienne encrassant des inspirations plus « nobles », Straussiennes ou Malheriennes. Hormis de chouettes passades très incisives, voire inédites, il est vrai que l’ensemble a du mal à tenir la route sur la longueur sauf à accepter de croiser au passage un bondissant Captain Blood saluant l’Aigle des Mers

                                                                                        

Qu’importe : le travail de son, que ce soit l’assurance rythmique ou les timbres de l’orchestre, comme celui de la production, brille comme un bijou sur la Manger P2 où l’hyper lisibilité soigne chaque musicien en le positionnant à une place précise et inamovible, détachant chaque note, chaque interstice, chaque éclat !

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QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

L’Opus 40 de Korngold inclut diverses occurrences vraiment très entrainantes dont la Manger surligne spontanément le côté dansant. Quant aux jaillissements dynamiques, non épargnés de quelques envolées connotées cinéma croisant des dissonances syncopées, ils affirment un potentiel d’énergie pas désagréable du tout.

« dexter & sinister », extrait du dernier Elbow (Giants of all Sizes), passées quelques approximations dans le secteur grave, établit d’emblée un swing très correct. La Manger P2 est vivante, rythmée, et sait mettre en valeur aussi bien les percussions, très rapides, pas idéalement boisées ou corpulentes, que le timbre chaud et l’élocution ductile de la superbe voix d’un chanteur probablement mésestimé (Guy Carvey).

Un beau sens du balancement lent et chaloupé sur le joli titre « Tremors » de Sohn, où là encore on se réjouit de la définition supérieure des Manger P2 détourant chaque subtilité de l’arrangement qui se révèle plus original par les sonorités et les couleurs que par l’agencement.

Genre de plaisir comparable sur l’organe plein et les intonations envoutantes, les élégants amortis de Kandace Springs (album « Indigo »). A défaut d’une grande originalité, compositions, chant, orchestration déroulent un côté groovy classieux que la P2 accompagne de lumière bienveillante.

La P2 confirme sa rapidité d’anthologie sur la plus large partie du spectre qui procure vitalité, nervosité, luminosité, swing…

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EXPRESSIVITÉ :

Bon ben là, disons-le tout net : ce n’est pas vraiment l’idée de ce qu’on attend de l’expressivité. Ceci étant on a connu bien pire, car au moins la Manger P2, à défaut d’incarner l’humain derrière l’instrument, donne beaucoup d’allant et de rebond à la musique.

C’est d’ailleurs un peu surprenant que l’expressivité ne soit pas au rendez-vous d’une telle vitesse d’établissement des fronts d’onde…

Rapidité oui, mais guère de chair et de sang. On est typiquement devant une enceinte qui souhaite la précision d’analyse sans chercher à explorer ce qu’il y a sous la surface, ou tout simplement derrière.

Je crois que j’aurais été moins sur ma faim, musicalement, si je n’avais pas tant apprécié l’aspect déco de la Manger P2. J’en attendais trop.

Or elle donne beaucoup ! Mais il faut lui donner à manger…

Vous les aviez vus venir ces mauvais calembours, non ? Sur ma faim, tout ça…

Les attaques et nuances de jeu sur le violon du gamin Daniel Lozakovich (accompagné par Vladimir Spivakov et le Russian National, DG) sont d’une notable virtuosité et ses enchainements dans le Tchaïkovski d’une superbe justesse, à quelques errances de filé près. Soit. On remarque que cette version repose avant tout sur la surprise que l’artiste n’ait que 18 ans, mais il n’est pas totalement secouru par la P2 qui fait passer la charpente physique à la trappe, de même que le bois, le grain, la damasquine, passablement éludés.

Pour autant, l’option n’est pas désagréable, cette sensation d’un éclairage uniforme façon plateau de télé (dans le métier on parlait d’éclairage Drucker) par opposition aux clairs obscurs artistiques des grands chefs-opérateurs ou directeurs photo du cinéma.

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PLAISIR SUBJECTIF

Indéniablement, quand on a évité les écueils de mise en œuvre, l’option d’une enceinte ultra-vive, cristalline et non dénuée de confort, tient la route et pourra animer une belle salle un poil sombre, ou bien trouver un équilibre sur des électroniques pas très nerveuses et exagérément chaleureuses comme il en existe beaucoup, à condition de ne pas les choisir paresseuses dans le bas…

Oui, ça ressemble à de la compensation, je l’avoue. A défaut d’en accepter le principe, on est souvent contraint d’en passer par-là, ne serait-ce à minima que parce que la perfection en hifi n’existe pas ; autant se mettre d’accord: si une somme d’imperfections ne créera jamais la perfection, une association réfléchie saura flatter l’égo ou le plaisir personnel.

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RAPPORT QUALITÉ/PRIX

Dès qu’on franchit un certain cap, la notion de rapport qualité/prix devient difficile à mesurer sauf si on a affaire à un objet musicalement honteux.

Ce n’est évidemment pas le cas pour la Manger P2 : musicalement, elle est un révélateur de microcosmes.

Doser ensuite son propre ressenti en intégrant l’esthétique, les conditions pour en tirer le meilleur, ça dépasse une simple estimation dans l’absolue.

Pourtant, à condition de ne pas tout miser sur un épanouissement mélomane, j’estime que la P2 justifie pleinement son prix.

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Droit de réponse par :

Armando Fontana
distributeur français de la marque



Manger est Manger. 

Le haut-parleur MSW est utilisé dans les laboratoires d’acoustique du monde entier comme source de référence, pour son absence de distorsions et sa précision, sa capacité à monter jusqu’à 100 KHz sans distorsion (à -60 dB). Là sont les aspects formidables et même uniques de ce transducteur, mais qui obligent à une rééducation de nos habitudes d’écoute (on est habitué et on aime bien certaines distorsions) et à une mise en œuvre draconienne si on veut une écoute parfaite.

Quand notre cerveau se rend compte de l’absence de distorsion, le retour à des objets traditionnels devient quasiment impossible.

Du fait du diamètre du haut-parleur, la réponse polaire des hautes fréquences (ouverture d’émission définissant la directivité) est assez étroite ; le sweet spot (le point d’écoute optimale) est donc relativement réduit. En s’éloignant du sweet spot, les aiguës perdent vite de l’énergie. Le temps de montée (13 μs) est tel que la sélection de la juste amplification est indispensable… Mon expérience avec cette technologie est autant superlative quand tout est réuni que décevante quand l’approche est négligée ou pas à la hauteur.

Le transducteur et les enceintes n’ont pas de limite d’optimisation et sont vraiment capables d’atteindre des niveaux de performances totalement inaccessibles aux technologies plus communes. Pour y parvenir, il est fondamental de concevoir le système en ayant en tête deux impératifs :

- le positionnement dans la pièce d’écoute
- les spécifications techniques des sources et amplification capables de les accompagner dans cette zone interdite aux autres.

 

Il s’agit tout simplement d’un autre monde : celui de Manger.

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Petit rappel préalable nécessaire :
Nos bancs d’essai sont engagés et assumés … LIRE LA SUITE

 

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