à l’oreille





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Genuin Audio : une offre complète

par LeBeauSon - Mars 2020


Platine Drive intégrant un préampli + le bras Point + une cellule Sting

Pureté des teintes et finesse du grain. Séduction immédiate. Époustouflant

Perception d’ensemble :
On pensera ce que l’on voudra de l’esthétique néo-vintage 70 de l’ensemble Genuin Drive + Point + Sting, regroupant platine, bras, cellule et préampli phono dans un même boitier (sauf l’alimentation externe). Mais dès que la pointe est posée sur le sillon, la question ne se pose plus : l’expression supérieure des ensorceleurs musiciens transcende la technique.

Pureté des teintes et finesse du grain époustouflent, alors que l’idéale matité de la captation ouvre sur une paradoxale luminosité.

… Le raffinement atteint des sommets, aussi bien par la richesse des pigmentations instrumentales et vocales que la souplesse d’articulation des pupitres et solistes, ou la qualité de diction hors norme des chanteurs…
… On ne constate aucun enrobage des instruments, une sorte d’exposition à cru qui nous enfonce la tête dans la musique sans pouvoir échapper à ses strates complexes, quasi étouffantes malgré les relâchements dynamiques inouïs que déploie une prise de son totalement libérée.
… Le corps et la profondeur négocient une focalisation d’un réalisme sidérant et bien évidemment transcrivent toute la spontanéité rythmique, l’énergie vitale et le sens du timing, de la sidération, de la syncope, des élans soudains, des éclatants musiciens.

Une connexion viscérale à la quintessence musicale, oui, mais surtout à l’humain derrière chaque angle des microsillons…

Faire mieux à ce prix (18 000 €) n’est pas tâche aisée !

DIAMs 6 OR

 

Distribution

logo PLY seul

France, Monaco & Benelux
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Quand on nous a proposé de découvrir la platine Genuin complète, j’avoue que j’ai été modérément emballé par l’idée. Pour plusieurs raisons.

La première : je suis d’un naturel sceptique. Encore une nouvelle marque me suis-je dit… Comme s’il n’y en n’avait pas assez…

Une platine vinyle de plus. Comme s’il n’y en avait pas assez…

Et allemande ! Euh… Oui, non, ça n’a aucun rapport, soit.


Un peu de sérieux.

Je suis toujours passablement circonspect devant les fabricants qui prétendent maîtriser idéalement tous les compartiments de la reproduction musicale. Par prudence, je dirai sonore. Or, à découvrir la gamme de cette marque allemande inconnue en France (ceci étant, il y en a un bon nombre parmi lesquelles certaines objectivement intéressantes), des réflexes venus d’une longue fréquentation des élucubrations techniques les plus diverses me font frémir en lisant certains choix techniques de la marque, notamment le contrôle d’un HP un peu lourd par un DSP. Pas mon truc. Mais j’ai peut-être tort.

Euh…Non.


Pour revenir à la platine, j’ajoute que les photos de ce gros machin exposant un côté années soixante-dix pas franchement assumé ne me fascinaient pas. Mais soit, ça, c’est mon problème.

Si en survolant les caractéristiques - contre-platine suspendue, plateau léger (en apparence), un seul moteur pour une bécane annoncée à 18 000 € -, je considérais que le produit n’était pas totalement engageant (j’ai beau me défendre des aprioris, je ne suis qu’un homme, n’est-ce pas ? Si si !), en creusant un peu les détails techniques, même si je n’ai pas tout compris, apparaissait un mélange de déjà vu et d’idées novatrices pas inintéressantes du tout.

De surcroît, connaissant l’amour de la musique de celui qui tenait à avoir notre avis, d’une part, mais aussi en considérant un aspect plus rare de l’offre, je n’ai pas hésité à accepter la rencontre. Et j’ai bien fait.

 

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La particularité de l’offre est que cette platine est proposée complète :

- platine bien évidemment

- bras

- cellule

- préampli phono incorporé dans le châssis.

 

Ah !

A une heure où on constate qu’un large public se lasse de l’accumulation de boîboîtes, l’idée d’une proposition simplifiée en amont d’un bel intégré, en se débarrassant des corvées de câbles et de la place nécessaire aux éléments séparés, prend un sens tout autre.

 

Je ne vais pas rentrer trop dans les détails techniques, dont je ne suis pas sûr d’avoir tout compris, comme avoué précédemment. Il va aussi falloir que j’arrête la modestie, on va me prendre pour un autre.

Pour ceux que ça n’intéresse pas, filez directement à la rubrique « Richesses des timbres », n’hésitez pas.

 

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D’ailleurs, c’est ce que je vais faire, parce que ça ne m’intéresse pas non plus.
Mmmhhhh ? Ah, il faut que je décrive un peu quand même ? Bon…


La liste à la Prévert dont je dispose dit que :

- le châssis principal est composé d’un assemblage de MDF, liège et Corian

- il repose sur trois pieds amortissants et réglables

- les joues externes sont en bois naturel

- la contre-platine interne, faite d’un aluminium « tendre », est suspendue en trois points par un système de bras de torsion lui-même amorti par des ressorts ajustables (ce que je n’ai saisi qu’après les deux journées de test, mais c’est le distributeur qui s’est chargé de l’installation. Il faudra que je creuse ce point)

- la base recevant le bras est en Corian

- le plateau est composé de deux couches de Corian enserrant un matériau amortissant. Donc plus lourd qu’il n’en a l’air

- le palier est composé d’une bille d’acier et le support du plateau en POM, dont la formule la plus connue (Acetal) porte le nom de Delrin

- le moteur est posé sur un support en Corian

- la poulie est en POM (pom pom pom : aucun rapport avec Beethoven, la cinquième du nom)

- il (le moteur) est alimenté depuis un boîtier extérieur plutôt volumineux mais qui évidemment ravitaille aussi le préampli-phono

- la vitesse est ajustable par deux potentiomètres placés à l’arrière de la platine

- le préampli phono est compatible avec des cellules MM/MC (si nécessaire, vous pouvez vous référer à l’article intitulé « Pré-Phono Kèskecé ? » dans la rubrique « Guide »)

- on peut le demander (le pré-phono) en sorties symétriques ou asymétriques, sachant que le schéma est symétrique (en tout cas pour la partie MC à la lecture du site). Le modèle que nous avons testé est en asymétrique avec sortie RCA.

- les possibilités de réglage sont fines, en impédance comme en capacitance rendant cette section phono quasi universelle

- la correction RIAA est basée sur le standard 1954. Pour une fois que c’est précisé

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- le bras de 254 mm s’appelle Point. Sans doute parce que c’est un uni-pivot qui prend appui sur une bille qui elle-même s’insère au milieu de 3 billes. C’est ce que m’a dit le distributeur mais je ne suis pas sûr d’avoir tout à fait appréhendé le concept.

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- il est réalisé en Carbone. Non : pas le distributeur !

- la partie porte-cellule est en aluminium

- il est amortie par divers matériaux placés dans le tube à des endroits stratégiques (… je me fais rire tout seul)

- le système de contrepoids est placé bien en dessous du pivot pour abaisser le centre de gravité

- de même pour le système complexe d’équilibrage latéral qui n’est pas sans rappeler (en moins joli) celui des Mørch

- le système antiskating est un peu surprenant, c’est un contrepoids placé sur le support et dans l’axe du bras au repos qui va se lever au fur et à mesure du pivotement du bras

- à propos de l’antiskating, il faut avoir fait 10 ans de méditation zen pour éviter de piétiner la machine de rage quand il faut installer le petit fil qui relie le contrepoids de l’antiskating à l’axe de rotation

- le câblage interne est intégral (jusqu’à la cellule, pas de raccords intermédiaires) et sort par une prise Lemo à enficher dans le châssis

- la cellule s’appelle Sting, ce qui je le rappelle signifie « artiste talentueux et prétentieux ». Euh, non : « aiguillon », ou « dard »…

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- c’est donc une cellule à bobine mobile

- dont l’impédance moyenne est, ben euh, moyenne

- le niveau de sortie aussi avec 0.45 mV

- le corps est un composé de Graphite

- le cantilever est en Boron. Il en a de la chance. Car mieux vaut Boron que Moron. Gag irrésistible, je vous l’accorde

- la pointe est une Van den Hul. Je vous épargne tout jeu de mots, mais je n’en manque pas

- cette cellule est munie d’un aimant additionnel dont le rôle est de linéariser le champ des aimants principaux

- il semble que l’aimant additionnel se comporte aussi comme un répulsif à la poussière ( ?!…)(… = ah bon ?)


- je suis épuisé : je n’en ai jamais autant dit côté technique.

Ah oui, et aussi :

Les dimensions :
Largeur : 54,5 cm
- Profondeur : 40 cm
- Hauteur : 12,5 cm / avec pieds + ou - 16,5 cm
- Garantie : 24 mois

- les finitions sont aménageables sur demande, couleur du châssis et des joues latérales, indépendamment.

 

4. WHITE version

3. LAITON CUIVRE version

 

Le concepteur estime qu’il a réuni toutes les solutions les plus rationnelles pour que sa platine se fasse oublier au profit de la seule vérité musicale. Bon, en même temps - comme dirait l’autre -, ils prétendent tous ça. Or, à l’écoute de moult produits, on peut douter que bon nombre de concepteurs aient ne serait-ce qu’une vague idée de la musique. Dans le cas présent ça va.

Pari réussi donc ? Presque.

 

Pourquoi presque ? Afin d’éviter tout malentendu sachez qu’une fois une ou deux précautions d’usage prises passé le Plug and Play, l’ensemble Genuin Audio tient pleinement les promesses du concepteur !

                                                                                                                      

Et même pour tout dire le résultat est merveilleux. La preuve : le banc d’essai est long, tant pis pour les grincheux. L’ensemble écouté mérite qu’on s’y attarde.

La combinaison utilisée était un Engström Arne et une paire de ppfff AVA. Pour vérifier que le charme ne tenait pas qu’à l’ensemble, nous avons fait une rapide excursion sur un système beaucoup plus humble composé d’un Tsakiridis Aeolos Ultra et d’une paire d’enceintes Atlantis Lab AT16.

Câblage Absolue Créations et bref passage, là encore pour être sûrs de contourner une possible compensation, par du Neodio.

 

 

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL

Histoire d’y aller en douceur, nous avons commencé par un sublime instant de violon avec Aaron Rosand, artiste de haut rang hélas ignoré. Au programme la « sonate n° 2 Op 27/2 » d’Ysaÿe dont les premières mesures citent la « Partita en mi majeur » de Bach ; en fait, l’esprit de J-S B imprègne l’œuvre de bout en bout. Rosand délie une intensité dosée, délicat équilibre entre justesse infaillible, esquisse des cambrures et minutie au scalpel sans ostentation virtuose.

La Genuin opère une séduction immédiate : pureté des teintes et finesse du grain époustouflent, alors que l’idéale matité de la captation ouvre sur une paradoxale luminosité. Un peu excessive ? On est en droit de se le demander car le boisé semble un peu théorique. Je veux dire par là que la matière est parfaitement audible par les timbres, mais peu « physiquement » ressentie. On note aussi une tonique assez marquée pour manger une partie du spectre et creuser sensiblement l’équilibre entre corde et caisse de résonnance. Dommage car la promenade, légère, glissante, ourlée, pugnace ou martelée des archet et doigts sur les cordes est pour le moins savoureuse, la perception de la volition de l’artiste, nourrie de spiritualité, est délicieuse, poignante.

Ajoutons à cela une qualité des silences digne des plus belles installations vinyles que j’aie pu écouter…


Je ne vais pas perdre de temps à entretenir un suspens inutile : sur un second disque, en l’occurrence le Quatuor n°14 Opus 142 de Chostakovitch par le Fitzwilliam String Quartet (Oiseau Lyre), troublé par le même constat d’une légère brillance et d’un amaigrissement notamment des alto et violoncelle, je vais décider d’un essai à priori peu recommandé sur une platine « suspendue » mais qui s’avérera payant : poser un palet presseur, à savoir un SSC Record Point 420.

Et immédiatement, sans perdre la plus infime once d’informations (et elles sont incommensurables), les fugaces coquetteries (brillance et tonique) vont rentrer à la niche ; en revanche les matières… eh bien, vont se matérialiser ; devenir concrètes ! Tangibles, palpables, au profit d’un réalisme frappant par la prise de possession physique de l’espace. Certains auront le droit de préférer un côté plus analytique sans le palet, pour une lisibilité en apparence plus poussée, mais en acceptant que la mise en lumière soit un rien systématique.

Par souci de probité, nous ferons au long des essais quelques allers-retours avec et sans le palet ; mais le doute n’est pas permis : aucune comparaison ne viendra entacher l’adoption de l’accessoire.

Dernier acte du Götterdämmerung (Wagner, est-ce utile de le préciser ? Richard, est-ce utile de le rappeler ?) dans la mythique version de Solti (oui Georg (est-ce utile de l’écrire ?), pas encore Sir à cette époque (1965)), premier pressage, certes français…

C’est quand même peu fréquent, lors d’un test, de ne pouvoir résister à l’envie de passer l’acte en entier, mais l’efflorescence des timbres, les matières des cuivres gravées dans l’espace, le moelleux des cordes et  l’implication des solistes harcellent un niveau passionnel tel qu’on ne réussit pas à décrocher.

Quel monument ! Charpenté du paradoxe entre déluge de Titans et conflits internes, doutes et affliction, sentiments secoués et bafoués d’une humanité immortalisée par Nilsson, Windgassen, Frick, Watts et j’en oublie, qui dans cette première édition vinyle révèlent la subtilité du Wiener Philharmoniker où les cordes omniprésentes, tout en sensibilité, suivent telle une main caressante l’éloquence supérieure des solistes, alors que les cuivres glaçants mais jamais tonitruants (contrairement à la version CD) forgent l’ionosphère surréaliste d’un cauchemar expressionniste.

Le raffinement, sous la bénédiction respectueuse de la Genuin Drive, atteint les sommets des valeureux Einherjar, aussi bien par la richesse des pigmentations instrumentales et vocales que la souplesse d’articulation des pupitres et solistes, ou la qualité de diction hors norme des chanteurs.

La résolution des timbres, teinte et matériau, est de premier ordre, dans une matité de référence rendue somptueuse par la qualité des silences alors que mon disque est quand même un peu fatigué. On est même sidérés de pouvoir, dans les forte, distinguer une trompette, ou un trombone, dont le thème isolé dans les éclats des furies au Valhalla retient l’esprit de sombrer dans l’hystérie collective du Ragnarök des Dieux, Nains, Géants, Walkyries et pauvres humains… Quitte à me prendre les pieds dans les tapis amoncelés des mythologies pétries par Wagner. (Au lieu de « Pétrir », j’aurais pu choisir « Vömir », ça doit bien être une divinité scandinave, non ?)

Pourtant, lors de ce formidable épisode de spectacle total, un petit manque nous surprend dès les premières mesures : la sensation d’un déploiement en profondeur simplifié, une scène ne quittant guère la ligne des enceintes.

Là aussi, pour rompre le solécisme, nous allons rapidement procéder à un test peu orthodoxe (merci F) qui va combler la faille : poser la platine sur trois supports Franc Audio Ceramic Disc Classic. Tout à coup, la scène recule et, de simplement aérée et transparente, instaure des étagements plausibles, chorégraphiant la minutie impérative dont l’équipe Decca avait fait preuve pour cet instant inscrit dans les annales de la musique enregistrée. Nous savons tous que le producteur John Culshaw était un musicien à part entière dans cette version souvent incomprise (la faute au CD qui la rend pompeuse ?), à placer pourtant sur le podium - certes vain - de la référence discographique.

 

NB : Une précaution verbale s’impose : les Franc Ceramic ne sont peut-être pas nécessaires dans tous les cas de figure. Sur mon meuble et pour cette platine, si ; il faut bien avoir en tête qu’il n’y a pas de loi pour déterminer le meilleur type de meuble ou support pour une platine vinyle, pas de recette miracle, mais quelques essais simples à mener ou alors utiliser une solution de paresseux et… ajouter des Franc Audio. Polonais…

 

Enfin, il n’est pas impossible qu’il y ait des réglages de la suspension à effectuer. Point à vérifier.

Dans ces conditions, en dépit d’un pressage discutable (mais quel superbe objet !), Vulnicura de Björk, outre le talent incomparable de la dame nous livrant sans doute un de ces opus les plus intimes et saisissants, prolifère en nuances de carnations, révèle l’intelligence de l’utilisation innovante de corolles sonores (incluant la musicalité de la distorsion) et ce jusque dans les grondements de l’extrême grave ici particulièrement tissés de couleurs et modulations. La trop brève séquence alternative pulsant une ponctuation intérieure, suffocante, dans « Black Lake », bouscule les nerfs les plus solides.

                                                                  

TIMBRES

DIAMs 6 OR

 

EQUILIBRE TONAL après mise en œuvre optimisée

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SCÈNE SONORE

Le Crépuscule des bœufs Dieux (Götterdämmerung pour les étourdis), une fois la platine fichée sur les petits pieds polonais, illustre toute la dramaturgie scénarisée par John Culshaw pour aposter une intellection scénique de la pièce grâce aux bienfaits de la stéréo alors balbutiante. Le challenge est clairement abouti, même s’il faut de belles installations cohérentes pour appréhender la démesure du projet. Celle du jour le permet sans aucun doute.

                

A l’instar du Wagner majestueux, Le Shosta (Chosta, choisissez) de Fitzwilliam cité en amont accrédite la scénographie vivante d’une version épurée, un tantinet gourmée, des quatuors du Grand Angoissé russe. Rappelons que Fitzwilliam est la première formation à avoir bouclé l’intégralité des Quatuors au disque, dont les derniers en présence du compositeur. Si la prestation de la formation britannique tourne parfois à l’aubade de salon, elle a le mérite d’éviter le pathos ou la froideur d’autres, négligeant parfois l’influx des tourments de l’âme slave, certes. Ce qui n’en rend pas moins cette intégrale essentielle puisqu’elle a le mérite d’exposer l’œuvre à cru.

D’autant que la restitution par l’intermédiaire de la platine Genuin est alerte, résolue, d’une grande élégance dans les accents ; et l’exquise distinction - dans tous les sens du terme - des musiciens raconte intensément leur sincérité émérite. La subtilité des enveloppes est remarquable, sautillante, affirmée ; la scène sonore situe aussi bien l’emplacement de chacun avec une exemplaire stabilité que toutes les évolutions d’appui et d’angle des archets.

La lisibilité est simplement parfaite nouant une entrave permanente entre les notes dans une atmosphère quasi indécente qui nous place devant les interprètes dans leur intimité immédiate, ce que nous avions déjà pu observer en compagnie de Rosand.

Très belle atmosphère, un peu lointaine, comme dans une brume ondulante, à l’écoute du magique Men’s Land de Michel Portal. L’ambiance de scène et la dimension de salle sont scrupuleusement retranscrites, grande respiration à goulées d’air capiteuses où nous profitons de l’entente quasi fusionnelle des très grands jazzmen qui habitent littéralement « Easy’Nuff », à savoir Jean-François Jenny-Clark, Jack Dejohnette, Harry Pepl, Mino Cinelu (très exposé sur ce passage), et le géant Dave Liebman. On devine un travail de son méticuleux en post-production de cette captation scénique qui résout la double difficulté de rendre hommage aux couleurs de chacun sans jamais nuire à une spatialisation céleste épanouie, nimbée de mystère. La séparation timbre/matière entre le saxo, la clarinette, les diverses percussions perpètrent une netteté flagrante tout en intimant un ouaté permanent, un lien jamais rompu dans le climat et les enchaînements. L’ensemble est pourtant tendu, la dynamique corsetée ; mais juste. A remarquer une rare ponctualité entre couleur et impact sur le pied de grosse caisse.

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RÉALISME DES DÉTAILS

Autre microsillon qui à lui seul pourrait tout nous raconter : l’étrange version du Sacre du Printemps par Lorin Maazel avec Cleveland en 1980. Pourtant enregistrée en numérique (Soundstream).         

Etrange parce que le tempo en est incroyablement lent, imbibant l’âme d’un troublant tournis, tout autant que la sensation de s’engluer dans la tourbe d’un chernozem en fusion ignée… C’est d’autant plus vertigineux dans l’enchaînement du largo introductif du Sacrifice vers le « Cercle mystérieux des Adolescentes » où les martèlements sombres et impétueux de l’orchestre amalgamés autour d’un noyau séismique de grosse caisse singulièrement plombée créent la sensation d’une inexorable destinée apocalyptique en enlisement. Est-on dans l’esprit de l’œuvre ? Sûrement pas. Est-on dans l’esprit d’un ballet ? Encore moins, sauf à demander aux danseurs de ralentir leurs bonds en suspension comme les pantins souvent ridicules d’un certain cinéma d’arts martiaux asiatique. Qu’importe, la théâtralité est angoissante à souhait, illustration picturale d’un noir horizon, mécano-organiques, à la façon des plus oppressantes créations de HR Giger, symbolisant un enchevêtrement tellurique, un chaos que l’esprit humain jamais ne saura décrypter.

Sans être ma référence (il n’y en a d’ailleurs pas une mais dix au moins pour moi, Neeme Järvi possiblement en tête, les trois versions Dorati (la troisième d’une barbarie sans équivalent), Markevitch (1951 et 1960, la seconde d’une inventivité rythmique et d’une précision d’équilibre des pupitres plus modernes qu’aucune autre), Karajan 77 (eh oui, pour la poésie sidérante de grâce orchestrale), un peu de Boulez par ci par là pour faire comme tout le monde, Ozawa, Chailly récemment et j’en oublie…) j’éprouve toujours un plaisir coupable à y revenir tant la pesanteur écrasante secrète une implication mentale et physiologique dans ce marasme noir qui approche de l’hallucination sous amphétamine ; comment ça, qu’est-ce que j’en sais ? Oui, c’est vrai : qu’est-ce que j’en sais ?

C’est quasiment une redécouverte en ce jour : les vocalises frémissantes des cordes sont troublantes, notamment sur des attaques révélant le degré de perfection des musiciens de ce bien bel orchestre qui n’a rien perdu de sa verve après György Széll. Sur cette version où la production a favorisé le grand spectacle en trois dimensions face à la précision, on ne constate aucun enrobage des instruments, une éruption à cru qui nous enfonce la tête dans la musique sans pouvoir échapper à ses strates complexes, engonçantes, quasi étouffantes malgré les relâchements dynamiques inouïs que déploie une prise de son totalement libérée. Si les rebonds rythmiques des cordes sont particulièrement suaves, les impacts des cuivres et évidemment des percussions sont proprement sidérants par la tenue, le maintien (même en fin de sillon prouvant la qualité irréprochable du suivi de piste), les couleurs de boules et peaux. C’est très amusant de percevoir un petit tambourin lointain de façon aussi sûre alors qu’il est à la limite de l’inaudible dans la cargaison colossale de décibels.

Et si le bonheur est intégral sur la matière et les brillances des cuivres (quand même beaucoup sollicités), le régal touche au divin sur les bois, timbrés et concrétisés dans l’espace comme rarement (je ne me souviens de cette justesse que sur deux installations vinyles précédentes, toutes deux passablement plus coûteuses). La bizarrerie rythmique engendrée par le choix d’un tempo magmatique par Maazel prend tout son sens dans « la Danse Sacrale », océan tectonique furieux fusionnant en un titanesque maelstrom, via l’ensemble Genuin, sans doute aidé par la beauté des silences qui là aussi nous ramène à nos rares références.

                                              

Un seul disque aura permis de regrouper tous les chapitres : lisibilité, transparence, scène sonore très stable même sur les hallucinants forte ! Et expressivité. Aïe, je prends de l’avance…

Et puis tiens, après une déferlante bouleversée, on a eu la tentation (que je n’oserai jamais en public) de s’enfoncer dans le plaisir audiophile coupable via le disque - pas indispensable même si celui-ci a au moins un intérêt musical - proposé en gravure direct par Sheffield, à savoir la performance de Ron Tutt à la batterie. Choix de F, car perso j’ai un faible pour la face consacrée à la prouesse tranquille de Jim Keltner. Je ne reviendrai pas sur la perspicacité de la Genuin à décrypter les déflagrations, suivre impeccablement le déhanché, mais noterai cette fois encore le frisson des peaux et densité coloriste des cymbales, et surtout la séparation des appuis et «accords » entre grosse caisse et tom basse aux empreintes plus graves.

DIAMs 6 OR

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QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE

Le lyrisme dénote une enivrante aisance dans l’exercice pour le moins cocasse et délicieux d’une œuvre qui l’est moins (cocasse…) : la « Sonate Mondschein » liée à « Round Midnight », pochade sérieusement proposée par Ray Brown et Laurindo Almeida en 1981. Laurindo Almeida, on l’aura peut-être oublié, est un précurseur de la bossa nova, par le biais d’un mélange de jazz et musique brésilienne qu’il nomme « samba-jazz ». On n’est pas vraiment dans le style sur la plage écoutée, mais on profite avec un amusement agrémenté de tendresse du phrasé sobre de ce noble guitariste ; d’autant plus que, par l’intermédiaire de l’ensemble Genuin Drive, on est placé face à une guitare (rendue un peu grosse par la prise de son) d’une vérité aguichante, la plaçant littéralement dans la pièce – le pincé des cordes, l’extension des notes, mais surtout l’empreinte de la table d’harmonie, du fond dur et de la caisse de résonnance concrets de l’instrument – s’opposant à l’emphase superlative de Ray Brown dont la contrebasse prend elle aussi « physiquement » position dans la pièce, nantie d’un grain de l’archet qui nous en rapproche sans doute un peu exagérément ! Mais qu’est-ce que c’est drôle, curieux dialogue de swings, créant paradoxalement une complicité louable alors que les deux artistes ne semblent pas raconter la même histoire.

Exactement le contraire de l’unité irréprochable de Corea, Vitous et Haynes, Trio Music (1981) dans la partie dite « Trio Improvisation », un des meilleurs moments de Chick Corea à mon sens, où l’exploration cérébrale proche de la musique contemporaine (ou en tout cas stravinskienne !) instaure un climat de suspension du temps, de concentration intense pour escorter chaque instant sans jamais pouvoir deviner où mène le parcours spasmodique. Les trois interprètes à leur sommet de créativité sont sublimés par la platine Genuin, le piano gifle quand nécessaire mais glisse l’instant suivant dans une onctuosité superbe. Pas une once de gras, de complaisance, la restitution est même crue, mate, hyper tendue, sculptant matériellement les instruments dans le salon, aux antipodes des colorations chaudes de bon nombre de combinaisons vinyles. Le corps et la profondeur négocient une focalisation d’un réalisme sidérant et bien évidemment transcrivent toute la spontanéité rythmique, l’énergie vitale et le sens du timing, de la sidération, de la syncope, des élans soudains, organisés par les trois éclatants acolytes.

Engagement non moins total du Quatuor Tana dans la belle édition numérotée de leur production Steve Reich (Megadisc Classic) WTC 9/11 et Different Trains. Si la grande transparence de la Genuin n’épargne pas la sécheresse de la prise de son qui simplifie le boisé sans le formaliser - il s’exprime par le timbre, pas par la sensation de matière (ce qui, quand on connaît le son des Tana, est bien dommage) -, elle permet en revanche de profiter à fond de la prise de possession par les musiciens de deux œuvres quand même abstruses et douloureuses où pourtant ils n’hésitent pas à introduire des rebondissements légers, des dandinements de swing si magnifiquement dosés que jamais la moindre incongruité ne vient heurter la sensibilité épidermique de la narration.

 

Un rapide passage par The Sidewinder (Lee Morgan, Joe Henderson, Barry Harris, Bob Cranshaw, Billy Higgins) pressage américain de 1964 (stéréo) manifeste l’évidence d’un balancement soul et cool à l’ancienne (sur la piste éponyme) qui porte loin la notion du battement de cœur par des artistes décontractés en totale adéquation…

La Genuin nous permet de replonger dans la transparence si particulière du studio Rudy Van Gelder et le charme des Blue Note de l’époque en décortiquant implicitement la simplicité des solos de Morgan et des interventions mélodiques plus fouillées d’Henderson…

On y est, tout simplement !

 

Et puis parce que ça ne mange pas de pain, « these boots are made for walkin’ » prouve que, dans les années 60, des chanteuses pop pas forcément parmi les plus grandes transpiraient le swing. Bon, en ce qui concerne Nancy, peut-être que les gènes parlent aussi. Dommage que le résultat sonore ne soit pas grandiose pour honorer la richesse des arrangements ! On oublie vite cette indigence technique pour se régaler de la délectable invective du texte (si actuelle) sous la candeur ironique de la voix sexy en contraste totalement assumé.

 

Reprenons le grand spectacle inspiré : Peter Gabriel IV (1982), « The Rythm of the Heat », où, par jeu, nous comparerons un pressage d’époque et la réédition publiée en 2002 par Classic Records.

Pour une fois, nous aurons une petite tendresse pour la réédition dont la dynamique est prodigieuse et la puissance des percussions (Jerry Marotta et les tambours ghanéens de l’Ekome Dance Company) de l’ordre de l’assommoir, quitte à perdre un peu de contorsions ou frémissements sur certaines nappes et fibrillations sonores dans les arrangements élaborés. On est en revanche saisi(s) d’émotion dès la naissance de la voix de gorge de l’Archange, infiniment pathétique. L’ensemble, injectant une sorte de transe dans les veines, un groove sorcier nous attirant sans faiblir vers le délirant déferlement final exacerbant jusqu’au paroxysme la tenue de note la plus longue par quelque chanteur que ce soit, est totalement maitrisé, imbriqué dans un cadre à ne pas dépasser, sans jamais la moindre éraflure de distorsion ou bavure de suivi de piste. C’est phénoménal !

Pour conclure, peut-on écouter une cellule Sting sans un passage par la police ?…

… Oui, je sais, mon humour mériterait un prix d’excellence, mais je suis un incompris ; tel est mon destin.

« Walking on the Moon » évoque un souvenir personnel fort à l’époque où j’ai travaillé avec un certain FB… Celui qui trouve a gagné… Euh : mon estime.

Et encore, pas besoin de ça…

Avec une platine comme la Genuin, cette pépite en apparence dépouillée évolue en bijou d’un tout autre calibre sous l’alchimie rythmique de Stewart Copeland et Andy Summers, l’un par son jeu de Charley absolument unique et l’autre par ses coups de poignets assénant une sonorité si particulière aux guitares, un climat en apesanteur à lui tout seul. Et que dire de l’instant exact, fulgurant, où surgit la caisse claire de Copeland !!! Une double frappe ciblée, juste où il faut, exactement quand il faut pour propulser le morceau plus haut que la lune ! Le swing mélangeant rock et reggae est immanent à la musique de The Police, et là, Sting révèle une maestria évidemment à la hauteur de ses copains d’alors. La Genuin nous permet de vérifier sans le moindre doute que, sans la créativité des deux autres compères, The Police n’est rien.

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EXPRESSIVITÉ

Sensibilité épidermique ai-je dit plus avant.

Oui, bien évidemment (ja, genau), l’expressivité est à son comble à longueur d’opus(s)… Une connexion viscérale à la quintessence musicale, soit, mais plus encore à l’humain derrière chaque angle des microsillons… Il n’y a pas un instant de mon développement où je n’en ai pas évoqué la conviction.

Inutile de dire combien elle est à fleur de peau à l’écoute de « Savior », version voix / piano, par Saint Vincent, même si le pressage n’est pas top ; les échos tournants du piano préparé, les notes profondément mates de celui-ci peaufinent un écrin aussi ensorcelant que sévère à la voix si intelligemment, sensiblement, poétiquement, amèrement affinée de l’immense artiste dont l’énergie suppliante et suggestive mise à nue par la Genuin Drive mène droit aux larmes en s’infiltrant insolemment dans le sang.

Et parce qu’on aime peut-être un peu souffrir (uniquement devant la beauté) un passage inévitable par la caresse de Billie Eilish qui, plus proche que d’habitude encore, vient nous susurrer « I love you », nous laisse pantois sur le rebord de l’extase entre spirituelle et érotique. Bien évidemment, la Genuin n’épargne pas le bruit de fond marqué du pressage orange.

Extase religieuse ? Hop : « The Cross », Prince… vibrato d’une voix comme blessée et glissement des premières notes de guitare en impesanteur atteignent le sublime. La tension de peau des fûts de Sheila Escovedo (ou bien est-ce le patron lui-même ?) ponctue d’uppercuts le recueillement fervent du King (« I say, hey,
U must become a prince before u're king anyway”
)… La supplique méditative du dieu vivant injecte un paradoxal ruissellement glacé le long de la colonne vertébrale, alors que le cœur brûle d’intériorité mystique. La lente progression de la scansion prophétique captive au-delà des sens…

Et puis je ne résiste pas à un petit plaisir coupable : Yves Montand, « Sanguine »… Elémentaire versification si langoureusement déclamée par le jeune Montand (mmoui enfin, il avait déjà 40 balais et batifolait avec Marylin, ce bonhomme pour lequel je n’ai guère de sympathie), modèle de diction et de comédie. Quand même c’était chouette cette époque où chaque mot portait tout son sens, par l’accent appuyé rigoureusement sur la bonne syllabe pour délinéer sans ambiguïté l’ambiance feu de bois, perler les contours de la jeune femme dans des ombres chaudes ou nacrées évoquant irrémédiablement l’irrésistible Amanda Dell (Let’s Make Love, George Cukor). Quel délice !

On l’aura compris, l’expressivité atteint l’acmé et pas parce que « c’est du vinyle », mais parce que la combinaison Genuin impose la rigueur nécessaire qui permet à la Hôte-Fidélité de s’effacer totalement (pari gagné donc) devant le talent des artistes qu’elle expose pleinement, sans tricher, arranger, mentir, simplifier…

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Plaisir subjectif

Comme à chaque fois que le critère concerne un objet qui ne ment pas, la notion de « plaisir subjectif » porte éventuellement sur la perception de l’esthétique, ou le rapport aux fonctionnalités…

Ou une attente précise : certes, si on aime avant tout le vinyle pour ses défauts - cas fréquent il est vrai - un équilibre tendre, un confort molletonné, une douceur émolliente, on passera son chemin. Mais si on cherche un système déjà haut-de-gamme, facile à utiliser (réduction notable des questions de câbles et de place) qui n’a pour objectif que révéler l’humanité, il n’y a pas de discussion.

                                                                                             

Mélomanes : 

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Autres : ?

 

 

 

Rapport qualité/prix

18 000 € c’est un budget. Peut-être peut-on obtenir mieux en accumulant les éléments séparés ; mais à quel prix ? Surtout quand on se souvient des dépenses annexes que l’on s’épargne avec la formule Genuin Drive + Point + Sting.

Or, parfois la question se pose différemment : à quel moment ce « mieux » est-il indispensable ?

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Les dimensions :
- Largeur : 54,5 cm
- Profondeur : 40 cm
- Hauteur : 12,5 cm / avec pieds + ou - 16,5 cm

- Poids de la platine DRIVE FULL complète : 21 kg
- Poids du Flight Case : 19,5 kg
- Poids de l'alimentation : 4,4 kg

- Garantie : 24 mois

Prix : 18.000€ pour la platine complète : DRIVE + BRAS POINT + CELLULE STING + PREAMP PHONO PEARL intégré + FLIGHT CASE avec :
- Couleur au choix du client (offert par le distributeur)*
- Capot / coffret complet plexi de protection (offert par le distributeur)*
- Câble secteur Genuin Audio : Direct AC Power Cable (offert par le distributeur)*


*** une offre exclusive
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