à l’oreille





Ångstrom Audiolab Zenith ZDA71

Le panache de Cyrano, la pudicité de Cio-Cio-San

Par LeBeauSon - Août 2022


Perception d’ensemble

Le lecteur réseau / convertisseur représente un cas de figure qui, typiquement, devrait combler tous les acquéreurs de haute-fidélité ; car ce qui érode imperceptiblement l’expressivité est précisément ce qui comble de bonheur par la beauté, l’élan, la puissante théâtralité, le panache subtil de la vie respirée à pleins poumons, à pleines dents, à pleines mains…

Chose remarquable en effet : l’emphase ne crée pas une répétitivité lassante, au contraire réservant toujours la meilleure part à la grandeur artistique.

Cet engin bizarre n’est peut-être le plus parfait du monde, mais c’est un beau parleur, convaincant, un grand acteur au service intègre des plus grands textes, même les plus improbables, avec un panache de Cyrano

DIAMs 6 rouges

 

NB : code couleur pour ce banc d’essai : rose (de 6 500 à 12 000), l’appareil testé étant proposé aux alentours à 9 900 € + 1 750 € pour l’option carte réseau.

Angstrom DAC 9

On ne peut pas dire que la marque Ångstrom Audiolab brille par son éclat en France. Une réputation sous-jacente de trucs cinglés qui circule entre gens avertis et ça s’arrête là.

Nombreux sont ceux qui ont du mal à se souvenir que la marque vient de la province d’Ascoli Piceno dans la région Des Marches et ses remarquables lacs de montagne. Faut dire, avec un nom pareil.

Pourtant, ce ne sont pas des perdreaux de l’année puisque la société existe depuis la fin des années 90.

La profession de foi est simple : tout ce qui ne sert pas la musicalité est écarté, châssis à la mode, publicité et marketing envahissants, composants surnuméraires ou technologie inutiles…

J’ai de mon côté pu profiter un temps d’un hallucinant préampli de la marque qui embarquait pas moins de 22 tubes (je crois) le Stella SPR22 dont il faut que je prenne le temps de rédiger le BE à partir des nombreuses notes que j’ai prises, parce que franchement, c’est un chef d’œuvre. A 20 000 €, soit.

La série Zenith est plus modeste mais on reste quand même dans le club du haut-de gamme.

Très complète, elle intègre un intégré (ouille, pas ma formule la plus heureuse…) (le ZIA100 qui m’a emballé et dont je dois aussi rédiger le BE), un préampli ligne, un préampli phono, un bloc stéréo et des blocs monos, un ampli casque et donc un convertisseur pouvant sur commande être livré avec une carte de lecture réseau.

Les appareils sont fabriqués unitairement avec les petites mimines.

Bon, euh, ça se voit parce que, esthétiquement, euh, ça ne sort clairement pas des ateliers Pininfarina. Pas sûr d’ailleurs que les deux joues en bois vernis brillant apportent vraiment quelque chose au châssis pas d’une franche sophistication. Un afficheur sur fond orange, 2 boutons…

C’est suffisant soit, mais on a quand même vu des objets plus élégants. D’autant que l’absence de volonté esthétisante n’en rend pas l’objet moins ostentatoire.

Note d’un collaborateur, dit « le photographe » :

- Pas d’accord. Oui, le design n’est pas un modèle d’épure, ni un dessin envolé de courbes tendues. Mais les proportions sont nobles, tout comme l’épaisseur des matériaux. Et finalement, les appareils de cette gamme Zenith (de préférence en finition noir mat) me paraissent très réussis, empreints d’un parfum vintage particulièrement attachant. Heureux propriétaire, je ne les cacherais pas dans un meuble, bien au contraire.

A l’arrière, c’est plus généreux : entrées AES/EBU, USB isolée (24/384 et DSD 256), Coax, BNC et Toslink en plus, bien sûr, de la prise réseau. Sorties symétrique (réelle) et asymétrique.

A noter que lors de nos essais nous avons constaté que si la partie conversion exploite tout type de fichiers dans les limites indiquées, la partie lecture réseau (streamer) n’a pas su lire nos fichiers WAV (le fichier démarre sur 2 secondes puis s’arrête) via MConnect en tout cas, ni les DSD. Pas bien grave, mais à savoir.

Une fois cette limite exprimée, nous ne distinguerons guère l’écoute du DAC seul de celle effectuée avec la lecture réseau optionnelle, celle-ci se révélant d’une qualité extrêmement élevée et si certes on a pu faire mieux, ça a été en rajoutant 7 000 € à la facture par un lecteur réseau extérieur. Les jusqu’au-boutistes pourront décider de pousser à fond les qualités du convertisseur, assez exceptionnelles, mais quand même, ça mérite réflexion.

Ecoutes menées en compagnie de lecteurs réseau Antipodes, amplis Accuphase E380, Ångstrom ZIA100, Tsakiridis Aeolos Ultima, enceintes Mulidine Cadence ++ et Harmonie V3, Living Voice 25, hORNS Aria III, câbles Wing, Legato, Mudra.

Angstrom DAC 7

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :

Quel étourdissement enchanteur de la première à la dernière note de tous les disques (fichiers) écoutés !

La surprenante proposition d’Also Sprach Zarathustra par le Gewandhausorchester Leipzig dirigée par le prolifique Andris Nelsons - publiée dans une probable intégrale, répartie entre le Gewandhaus et le BSO, de la musique orchestrale de Richard Strauss - est d’emblée particulièrement significative de la richesse expansive du ZDA71.

Du même chef Letton avec le CBSO (en 2014 ?), je n’ai pas gardé un souvenir impérissable de la précédente proposition de Zarathustra où il m’avait semblé hésiter entre munificence et métaphysique, d’où ma curiosité en découvrant ce « coffret virtuel ».

Nelsons choisit ici une option affirmée qui - via une relative lenteur de tempo - isole, extrait, met en valeur autant que possible les interventions ou soutiens de lignes de chaque pupitre ou instrumentiste ; ici un hautbois, là un trombone, des cordes magnifiques, des frémissements de contrebasse, etc…

Une méthode semblable à celle d’Abbado dans ses dernières années, suivie par divers chefs de la génération suivante : lisibilité maximale, parfois au préjudice de l’architecture d’ensemble ou de la substance poétique. Pas chez Abbado, évidemment.

Pas non plus sur le Strauss de Nelsons qui ne déstructure en rien la ziggourat orchestrale et aurait même au contraire tendance à la « romantiser », dégageant évidemment des successions de teintes et textures de premier ordre, dont le Gewandhaus n’est pas avare.

Et, sans aucun doute, le Zenith pas davantage, nous laissant suivre à notre gré les phrasés complexes de chaque pupitre, frémir à des jeux de couleurs profusément nuancés ; et si, à la rigueur, la résolution détoure moins profondément les matières, les mutations colorimétriques concoctent une déclaration d’amour aux timbres.

Certes, nous frôlons le « un peu plus beau que nature » que nous dénonçons parfois, notamment par une insensible tendance à l’emphase qui avantage le corps et simplifie les substances concrètes. Toutefois, puisqu’aucune nuisance à l’éloquence des musiciens ne vient chagriner le plaisir « sensuel », on valide sans réserve…

J’ajoute que, cet appareil étant équipé de tubes ECC88 (x 6) – or je n’avais pas sous la main des tubes supérieurs à ceux d’origine (d’honnêtes JJ Tesla) -, nul doute que c’est un point qui pourrait varier en proportion.

Volupté et plénitude des timbres vérifiées sur l’album Encore de Virginie Teychené (HR 2015) ; la Varoise nous offre une pimpante version de Jolie Môme où le Zenith incarne tout en suavité aussi bien le chant joyeux qu’un placement de caisse claire dont la peau est impeccablement plausible sous les frottements de balais très veloutés.

Le vibrato de la dame est superbe et, même si ce n’est pas la rubrique, le swing enthousiasmant.

Sur le morceau suivant, Elle ou Moi, la folie harmonique du piano est tout en floraison, plus en souplesse qu’en nervosité toutefois…

Équilibre tonal : 

DIAMs 5 Rouges

 

 

Richesse des timbres :

DIAMs 61 rouges

Angstrom DAC 8

SCÈNE SONORE :

Panoramique ! Faut dire que, quand on s’appelle Zenith

Le lecteur Ångstrom offre une sensation comparable à la vue depuis le Loupe Lounge au sommet de la Space Needle à Seattle. Et, toutes proportions gardées, en moins chère. Je veux dire rapportée à 250 € le cocktail. Oui, bon, j’exagère : le dîner par personne et à condition d’être deux.

À la suite d’un tel préambule, j’aurais probablement dû enchainer sur une musique de John Williams. Ou de Hans Zimmer… Euh, non, pas lui.

Ben non !

Ce sera Der Freischütz de Carl Maria Von Weber dans la très récente livrée de René Jacobs pour réaliser une démonstration quasiment par l’excès d’un panorama sonore se déployant très au-delà des enceintes et de la profondeur de la scène virtuelle, excès qui ne fait pas contresens avec ceux du « musicologue » Jacobs qui a voulu insérer dans sa lecture les effets « visuels » d’une version - de fait aveugle - par des effets sonores parfois plus comiques qu’utiles.

Soit, la mise en ondes déborde d’un cadre « plausible » mais sans pour autant déformer ni les musiciens, ni la scénographie, au contraire d’un exceptionnel aplomb.

Il faut reconnaître que la captation rend un hommage total aussi bien aux excellents solistes qu’aux merveilleux timbres du Freiburger Barockorchester (quelle belle ville que Freiburg im Breisgau, soit dit en passant ! Et la vue depuis la Schlossbergturm est tout aussi fantastique que depuis la Space Needle (Seattle). Mais il n’y a pas d’ascenseur).

Au-delà d’une mise en scène hollywoodienne par l’intermédiaire du Zenith, c’est aussi le relief des instruments, leur accomplissement dans l’espace relevant de l’anaglypte qui laisse songeur par la cohérence formelle des dimensions et apparences. Un instant splendide ; m’évitant l’ennui à l’audition d’une nouvelle version d’un opéra qui, certes, est historiquement un jalon du romantisme, mais que j’assimile parfois à de l’opérette. Mon seul regret dans la proposition de Jacobs est la scène de La Gorge aux Loups, un peu décevante du fait des chœurs cette fois très réservés, alors que ce suspense de magie noire peut être glaçant !

Le Zenith n’y est pour rien. 

Identique submersion spectaculaire sur I Think We’re Past That Now, d’Antonio Sánchez, (Bad Hombre II), batteur d’une grande finesse ; ça ne vous dit rien ?

Mais si ! Le génial batteur qui vagabondait sur ou ponctuait la narration de Birdman, excellent film avec Michael Keaton (la scène avec la critique de théâtre (Lindsay Duncan) est un sommet d’intelligence). Film du, par ailleurs, très surestimé Alejandro González Iñárritu. The Revenant par exemple, quel honteux foutage de gueule nombriliste de la part de l’homme qui nous avait offert Biutiful et même, à la rigueur, 21 grammes) …

Ah… Interruption du Photographe à propos de Birdman : oh oui… film immanquable. Je me souviens aussi de la prestation d’Edward Norton portant le texte de son personnage. Et cette scène dans la rue, dans laquelle il parle avec Keaton, s’arrête de marcher, la caméra tourne autour des acteurs pour éviter le classique champ/contrechamp, puis les précède avant qu’ils ne repartent tous les deux dans la rue toujours en s’opposant verbalement. Les deux acteurs sont magnifiques, convaincants, mais les idées de cadrages sont également nombreuses et magnifiquement menées.

Hum… Retour à Bad Hombre II dont le seul titre disponible avant la sortie de l’album fin août est estampillé Trent Reznor et Atticus Ross.

Bon sang, qu’est-ce que ça déménage !!!!!! L’énergie est colossale.

Contrastes d’une finesse de jeu (et d’idées) du Mexicano-américain en subtils ilots insubmersibles au cœur de l’océan cataclysmique d’un Reznor à son sommet de lyrisme tempêtueux, le morceau est si impitoyablement abreuvé de déluges harmoniques, textures poisseuses et limons fangeux qu’une marée en crue, qu’il engloutit la majorité des systèmes hifi du monde entier.

Mais pas le Zenith.

Qui, accompagné à ce moment de son compagnon l’amplificateur intégré ZIA100 (objet d’un futur test) et d’enceintes hORNS Aria III (merci Lebeauson et Tabula Rasa – le distributeur qui les avait déposées pour photos - de m’avoir fait découvrir ces machins !) passe tranquillement l’épreuve sans jamais s’embrouiller, se laisser dépasser ni simplifier ce moment de production de l’ordre du Tsunami Reznorien… Et même aposte les affirmations successives dans un monument quasi cinématographique comparable à la virtuosité jamais égalée de Francis Ford Coppola dans l’attaque ambivalente d’un village vietnamien par la cavalerie aéroportée : du génie à l’état pur, utilisant la maestria pour dénoncer les hypocrisies renvoyées dos à dos dans un duel paradoxalement inégal, la démesure opposant l'outrance technologique américaine dans les mains d'un exalté sincèrement attaché aux valeurs de sa patrie mais désabusé, se réfugiant caricaturalement dans sa passion pour le surf, à des paysans engagés à leur cause aveugle jusqu'au sacrifice de leurs enfants...

En bref : sur cette épreuve complexe pour une chaîne, on sait exactement quand on est où et où on est quand, les emplacements décoratifs des fûts de Sánchez comme les épanchements du Roi de l’Indus ouvrant les enceintes vers l’infinitude…

Reznor encore ? A peu près un BE sur deux ? Oui, on a nos marottes. Râlez autant que vous voulez : c’est lui le patron.

R-V le 24 juin au Hellfest ! Youpi !

Ah j’oubliais : au passage, les fondations de l’extrême grave souvent explorées comme à l’endoscope par l’ami Trent ne posent aucun problème aux capacités archéologistes du truc italien.

Scène sonore superlative :

DIAMs 6 ROUGEs

Angstrom DAC 3
AngsDac2 2
 

 

RÉALISME DES DÉTAILS :

S’attarder sur le même éreintant morceau (Sánchez/Reznor) en dit long sur le pouvoir de résolution du lecteur réseau / DAC Ångstrom qui sait décrypter les couches ombreuses et rageuses aussi fidèlement qu’un croquis anatomique...

Oh, ce n’est pas le plus résolvant des convertisseurs qu’on ait eu entre les oreilles.

Il est tout sauf clinique !

Une tendance - certains la qualifieront d’analogique - qui peut être trompeuse car le ZDA71 n’altère pas la moindre longueur de note ou de réverbération, la moindre parcelle d’atmosphère ; on pourra à la rigueur regretter un manque de mordant parfois ou une affirmation plus incarnée ainsi qu’un plus sensible frémissement de profondeur interne des enveloppes, au profit d’une « transparence globalisante ».

Ainsi, le lecteur réseau DAC italien fait-il plus honneur à la splendeur harmonique et au phrasé délicat du superbe piano du prodige Federico Colli - dans un album réunissant (entre autres) les trois Fantaisies de Mozart - qu’aux attaques, légèrement glissantes, plus huilées qu’incisives.

Déjà que le jeune musicien, à force de travailler les nuances, n’est pas loin de la minauderie… Quant à sa manière de parfois prolonger le silence entre deux notes, faisant se demander si le lecteur / DAC n’est pas tombé en panne, elle confine à la préciosité. C’est incontestablement très beau, infiniment exquis, mais à l’arrivée dénué de sens.

L’instinct des modulations, toujours particulièrement exemplaire sur Be My Home (album Been Meaning to Tell You) d’Ina Forsman, semble être une caractéristique affirmée de cette machine, mais je n’aurais pas boudé un peu plus de mordant percussif sur le morceau suivant, Get Mine, plus funk, plus fou.

Cependant, tout est en place, la lisibilité irréprochable et homogène sur un spectre très large et l’atmosphère parfaitement retranscrite.

DIAMs 5 ROUGEs

 

 

QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

Tutto va bene !

Il suffit pour s’en convaincre de jeter une oreille au génial Bags’ Groove (Miles Davis) en HR enregistré en deux sessions en 1954.

Entre parenthèses, évitez surtout celle intitulée « Rudy van Gelder Remasters ».

Pensez donc : Horace Silver et Thelonious Monk, Sonny Rollins, Milt Jackson « Bags », Percy Heath et Klook.

Jeter une oreille, disais-je, c’est pour ne la récupérer qu’en fin de disque puisqu’il est impossible d’interrompre un opus rendu d’autant plus passionnant par la magie de l’Ångstrom, engendrant chez mes camarades d’écoute une âpre discussion sur les styles et inventivités de Horace Silver face à Monk au sommet de son art.

Les divergences de style sont en effet d’une évidence flagrante quand elles sont lues par le ZDA71 tandis que le bonheur d’un « chaloupement » naturel et immédiat ravit nos cœurs mélomanes, toujours empreint de ce respect des inflexions de chacun des virtuoses !

Qualité qui sert bien évidemment les élans dynamiques les plus phénoménaux puisque jamais la moindre sensation de « strates » ne vient ternir les dénivelés - aussi ardents qu’une éruption volcanique et poignants qu’un final d’Opéra de Verdi - du Dies Irae de La Grande Messe des Morts (Opus 5 ?) de Berlioz par Sir Antonio Pappano avec le Concertgebouw et une distribution de haut niveau, fichier en DSD, donc lu par un lecteur réseau externe.

On note au passage une parfaite séparation temporelle des plus infimes informations entre harmoniques et réverbérations évitant toute dureté ou sensation d’acouphènes sur les enchevêtrements particulièrement alambiqués des chœurs féminins précédent l’explosion massive des cuivres.

Même si c’est un peu moins vrai lors de la lecture de la même œuvre dans sa copie 24/192 par la carte streaming, cette capacité à dérouler les phonèmes est suffisamment rare pour être soulignée, de tels passages s’apparentant souvent à une bouillie de miaulements de chats en flehmen dans une cour d’immeubles.

Qu’importe, la musique respire invariablement ennoblie de l’élégance patricienne - une marque de fabrique semble-t-il -, incluant une légère tendance à la grandiloquence qui ne freine jamais un sens du rebond exceptionnel, très « dansant ». Humanité débordante et virtuosité de ballerine servent au mieux la phénoménale fresque de Berlioz.

J’en profite pour souligner que la version Pappano me rapproche enfin d’une œuvre que j’ai trop souvent trouvée « surjouée », au point de ne plus savoir si Berlioz s’auto-déifiait ou rendait vraiment un hommage liturgique. Sir Colin Davis, soit, échappe à l’autosatisfaction ; mais bon, le danger de ce genre de référence revient à considérer qu’un bon vieux Chaix informerait sans faille sur la ponctualité des TGV dans un paysage de grève.

DIAMs 6 rouges

 

 

EXPRESSIVITÉ :

Ma l'estate senza te

Non è possibile per me

Le scriverò nel cuore mio

L'amore diventerà blu

Il silenzio immobile, il silenzio

Il silenzio

Telle est l’ultime phrase du texte du Dernier des Bevilacqua de Christophe, particulièrement émouvantes quand elles sont énoncées par l’Ångstrom.

Je précise que c’est plus probant sur le rip que j’ai fait de mon CD que la version remasterisée HR sur un Best Of, où probablement l’ingé son a voulu unifier la voix sur des morceaux issus de différents albums et ce au détriment, sur cette piste en tout cas, du relief des excellents musiciens qui accompagnent l’artiste et en particulier la batterie inspirée de Roger « Bunny » Rizzitelli.

Un beau moment de rythme, d’engagement aboutissant à ce court poème en italien d’une puissante nostalgie marquée par la grâce…

Grâce que l’on retrouvera avec les sœurs Ibeyi (jumelles) et l’album Spell 31, mélange de Soul, de Word inspirée de la culture Yoruba, teinté d’électro… Grâce au Zenith, les inflexions, les vibratos, la douceur « tendue », les volutes sorcières campées sur des fondations solide, groovent sur un tranquille tapis volant planant au-dessus des cartes postales du cœur.

Frissons garantis…

DIAMs 5 ROUGEs

 

 

Pourquoi cette note ? Parce que quand même, la prodigalité prend légèrement le pas sur la sensibilité pure.

AngsDac 5
 

PLAISIR SUBJECTIF :

Cas de figure qui, typiquement, devrait combler tous les acquéreurs de haute-fidélité, car ce qui érode imperceptiblement l’expressivité est précisément ce qui comble de bonheur par la beauté, l’élan, la puissante théâtralité, le panache subtil de la vie vécue à pleins poumons, à pleine dents, à pleine mains…

Chose remarquable en effet : l’emphase ne crée pas une répétitivité lassante et au contraire réserve toujours la meilleure part à la grandeur artistique.

Si nous nous sommes laissé prendre à écouter l’intégralité du Freischütz, croyez-moi, c’est qu’on a été embarqués !

D’autant que nous n’avons eu la machine que 6 jours. Pendant lesquelles de nombreuses œuvres ont été intégralement déroulées sans le moindre ennui, sans le moindre « mouais, bof… ».

Le lecteur réseau / convertisseur italien Ångstrom Zenith ZDA71 n’est peut-être le plus parfait du monde, mais c’est un beau parleur, convaincant, un grand acteur au service intègre des plus grands textes, même les plus improbables, avec un panache de Cyrano

DIAMs 61 rouges

 

 

RAPPORT QUALITÉ/PRIX :

En sachant à quoi vous attendre, vous ne vous lasserez jamais et surtout vous ne trouverez pas que de dignes concurrents à ce prix et dans cet état d’esprit.

De mon côté, il a droit à cette formule que j’ai plaisir à employer à chaque fois que je peux : pas exactement mon truc, mais je pourrais vivre en sa compagnie.

DIAMs 6 rouges

 

 

NB : le patron va sans doute s’étonner que je ne requière pas un « Diamant sur Canapé » pour cette superbe machine. Il aura raison. Mais non. J’ai parallèlement découvert l’amplificateur intégré de la gamme Zenith et j’aurais l’impression de me déjuger en octroyant une récompense – méritée – au convertisseur alors que l’intégré est hors norme.

 

La réserve tient aussi au fait que les fabricants ou distributeurs qui acceptent de passer leurs appareils sous nos fourches caudines sont trop rares. Lâcheté, paresse face à des bancs d’essai complaisants acquis par la publicité achetée chez nos confrères ? Qu’importe : la complaisance nous est déontologiquement interdite.

Angstrom DAC 8
Angstrom DAC 2

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