à l’oreille





Fyne Audio - F501 SP

Par LeBeauSon - Juillet 2021


PERCEPTION D’ENSEMBLE

La Fyne Audio F501 SP impose des prétentions plus statutaires que les joyeuses enceintes F303 et F500 précédemment testées…

D’un équilibre cohérent, les Fyne 501SP semblent prêtes à jouer les colosses. Elles servent la caractérisation des évènements avec entrain, ferveur et transpose à domicile le grand spectacle des concerts.


DIAMs 5 ORANGEs

 

Code de nos diamants pour ce modèle : Orange (entre 3200 et 6500 €)

Fyne 501 SP 4

La jolie F501 dans son évolution SP est une colonne deux voies et demie (cherchez pas, c’est technenique), positionnée au milieu de la gamme 500, encore très abordable, chez l’écossais FYNE AUDIO. Je passe sur les origines de la marque, du même bois qu’une certaine Tannoy et vous invite à reprendre la lecture de nos bancs d’essais des F303 et F500.

L’objet est de dimensions habituelles, une classieuse enceinte d’environ 1 mètre de haut hissée sur ses pointes, 34 cm de large et 38 de profondeur, en comptant les pieds et 20 X 28 cm en ne mesurant que la colonne bien proportionnée.

La finition dans la version confiée, Laque Piano Walnut, est de toute beauté. On est face à un objet qui impose des prétentions plus statutaires que les joyeuses enceintes de la marque précédemment testées. Une présentation très qualitative que seuls les caches amovibles tissus montés sur une structure en plastique tempèrent.

On retrouve parmi les recettes typiques de la marque le transducteur coaxial en microfibres IsoFlareTM.

Il mesure 150 mm et est doté d’un tweeter à compression à dôme magnésium de 25 mm.

La technologie FyneFluteTM intègre des cannelures à géométrie variable sur la suspension pour réduire les colorations en optimisant la dispersion de l’énergie.

En dessous un second transducteur, aussi en microfibres, dédié au registre grave complète l’ensemble.

La charge est de type bass-reflex et respire par un évent vertical BassTraxTM. Les ondes générées par le bass-reflex débouchent par deux chambres sur un cône pour une répartition à 360° puis sont dispersées vers le sol entre des lamelles. Ce principe limite en principe les problèmes de placement dans la pièce dus à une prépondérante résonance des basses.

La version SP de la F501 ajoute un socle fait de superposition de lames en aluminium, comme montées sur pilotis entre 4 cylindres aluminium, libérant l’évacuation des ondes générées par l’évent diffuseur.

Pour le reste, j’apprécie un objet alliant habilement bois et alu, de formes classiques (courbes tendues en façade) mais élégantes, qui trouvera sa place dans divers intérieurs sans en devenir une verrue. Parce que des trucs moches en Hi-Fi, il y en a quelques palettes.

Je vous laisse juge. Sachez que l’enceinte est également disponible en Laqué noir ou blanc.

La 501 SP est donnée pour 91db de rendement, couvre les fréquences de 36Hz à 34kHz… Ce qui rappelons-le, ne signifie pas grand-chose. Une courbe de réponse, on lui fait un peu raconter ce qu’on veut… pour 8 Ohms, sweet Ohms.

On retrouve les doubles borniers chers à nos cœurs (personne n’est parfait) et même : jusqu’au boutisme à vérifier, une mise à la terre. Ça nous fait penser à un petit conseil gratuit (va falloir qu’on réfléchisse à la gratuité) : de temps en temps, passez un coup de pinceau sur les membranes de vos HP. C’est efficace même si la mise à la terre a censément pour fonction de nettoyer les accumulations magnétiques dans les pattes du saladier.

Les straps fournis reliant le double bornier étant comme toujours de piètre qualité, ils seront idéalement remplacés par votre câblier favori. Et puis, il y a les audiophiles qui ne jurent que par bi câblage ou double amplification… bonjour le prix des câbles, mais à chacun sa religion. Sachant que deux câbles moyens ne font pas mieux qu’un seul bon.

La F501 SP est proposée entre 3 500 et 4 500 € selon les finitions.

Les premières minutes d’écoutes me déstabilisent : des timbres colorés, un grave trop présent.

Je vais passer pas mal de temps à chercher une bonne combinaison, le bon équilibre entre le choix de l’ampli intégré et des câbles. Votre magasin préféré vous aidera, sachant que ces enceintes y sont particulièrement sensibles.

L’IN200 d’Atoll modèle plus petit que l’intégré à lampes (un peu bombe atomique, il faut dire) installé au départ, donne déjà des résultats plus apaisés et plus équilibrés.

Je vérifie le pincement…… ça va.

Un sentiment confirmé par l’ensemble M2Tech de la série Rockstars (bancs d’essais à lire en parallèle) : les enceintes, apaisées par des éléments amonts qui ne les débordent pas, révèlent de nombreuses qualités, des timbres distincts et une scène sonore structurée.

Une démarche incontournable, puisqu’elle fait passer d’une écoute impertinente à un équilibre plus serein, libérant les vertus de l’objet.

L’harmonie spectrale générale s’adoucit. Ouf…  On y est.

Quelques tâtonnements donc avant de trouver le mariage idéal (mariage + idéal ?! Non, ce n’est pas systématiquement antinomique).

Je parle bien de compatibilité. Il n’y a pas le classement qualitatif entre les appareils cités.

Regardons de plus près (écoutons selon nos critères habituels).

 

Conditions du test :

Lumin U1 Mini,

Audirvana + MacBook Pro

Eera Andante II

Synthesis Roma 14DC+

M2Tech - Young MkIV

 

Amplification :

Synthesis Roma 37DC+

Intégré à lampes hélas plus commercialisé.

Atoll IN 200 Signature

M2Tech - Crosby

 

Câblage :

Absolue Création, Neodio, O2A

Fyne 501 SP 5
Fyne 501 SP 6


RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE SPECTRALE :

On perçoit dès les premières minutes le choix assumé d’une écoute bondissante, prête à cogner en cas de nécessité.

Era Vulgaris des Queens Of The Stone Age, album un peu entre deux, amorçant à mon sens un virage plus indé et moins brutal. La charpente que proposent les F501SP nous rapproche d’une sensation d’écoute en concert. La grosse caisse bastonne, les guitares plastronnent, très engagées. On ressent les impacts au plexus. L’écoute est virile !

« Misfit love » démarre par un crescendo où les tatoués s’installent graduellement, puis gagnent en densité avant que Josh Homme n’entame le chant autour d’1 minute 30.

Les Fyne sont dans leur élément. Le timbre de la voix a pris du grain. Les instruments s’épaississent, rugueux, vigoureux. Même si les guitares semblent avantagées, privilégiées par une tendance à la générosité, les basses conquérantes de l’enceinte en rajoutent sans doute un peu. Pourquoi pas, soit…

Sur l’album de Pokey Lafarge portant son nom, sorte de folk bluegrass que l’on croirait sorti du film O’ Brothers des frères Coen, les enceintes semblent accentuer le pincé de la voix du chanteur, comme une tonique dans le médium. Mais, en fonction des associations avec l’amplificateur, cette singularité varie et la contrebasse Rottweiler est parfois plus fermement maintenue en arrière-plan sans perdre ses muscles. Ni ses crocs.

Sur les Concertos 1 et 2 pour Violoncelle de Nino Rota interprétés par Silvia Chiesa accompagnée par l’Orchestre Symphonique de la RAI, l’instrument de l’artiste expose des variations subtiles de couleurs et de jeux de boisé.

J’ai particulièrement apprécié la densité et les rebonds des pizzicati dans le deuxième mouvement du Concerto n° 2.

La F501 SP est admirable dans une zone s’étendant de l’aigu au bas médium, où, très à l’aise, elle diffuse une palette étoffée de nuances et de matières. Cette agilité sur la partie principale du spectre peut virer vers un déséquilibre tonal si le grave n’est pas tempéré, diverses nuances fines de l’aigu au médium pouvant être facilement avalées par sa prédominance erratique.

Sur le Concerto pour Violon de Brahms qu’entreprend Isabelle Faust paru chez Harmonia Mundi en 2011, cette tendance à la matière et à l’épaisseur intensifie les variations du jeu des notes sous l’archet. A mon goût, légèreté et délicatesse sont légèrement estompées.

Une petite flatterie à tempérer ? Affaire de goût.

 

Richesse des timbres :

de DIAMs 3 ORANGEs
à DIAMs 5 ORANGEs selon les amplis

 

 

Équilibre tonal :

DIAMs 5 ORANGEs

Fyne 501 SP 2
 

SCÈNE SONORE :

L’album de Jehnny Beth envoie lui aussi une retranscription très physique. « I’m the man » martelé sans équivoque pendant le refrain du même titre est gavé de testostérone.

Sur le titre « French Countryside », le piano semble plus grand que nature et s’impose avec véhémence à côté de la chanteuse dans la mélancolie du moment. À noter, la scène n’est pas des plus profondes.

À la manière d’une retranscription en cinémascope, le résultat se veut grand spectacle, quitte à doper la vérité du disque.

Piqué par cette tendance au spectacle, j’improvise une écoute, plutôt un film, sorte de Péplum commandé par les réseaux sociaux (que du bon) : le Zack Snyder’s Justice League.

4 heures ! Il faut être en condition pour affronter l’édifice.

4 h, dont nous ne verrons que la moitié, assommés par l’ampleur de l’épreuve. Ce qui ne remet pas en cause l’excellente surprise que révèle cette montagne en comparaison du vilain tas de boue bâclée par Joss Whedon.

Mais voilà un test de sonorisation dont le résultat est bien au-dessus de mes attentes. Les Fyne 501SP, produisent une image sonore d’un relief avantageux, où les voix sont toujours bien situées et intelligibles, où les moments d’intenses combats sont vaillamment portés par les effets sonores et mieux encore, où la fringante écossaise souligne l’incongruité d’une scène étendue face à l’image ramenée à un format carré (1/33), choix un peu snob sans aucun doute du réalisateur pour poser sa griffe.

A Grand Spectacle, elles répondent présentes !

Et c’est assez jouissif.

La Symphonie n° 5 de Mahler captée au Royal Concertgebouw d’Amsterdam, Riccardo Chailly signe une version appréciée des audiophiles pour la qualité de sa prise de son et sa grandiloquence. Personnellement pas ma préférée, loin de là.

La Fyne Audio met ses talents à l’ouvrage pour asséner une interprétation solide, bien campée. Les différents pupitres se répondent dans la largeur de l’espace avec corps et énergie.

La scène, suffisamment haute, peut sembler légèrement limitée en profondeur. L’ensemble de l’œuvre installée par les enceintes assume fièrement des dimensions grandioses.

Certains passages surprennent par leur énergie et leur vitalité, incontestablement l’un des points forts de cette enceinte.

DIAMs 5 ORANGEs

 Fyne 501 SP 1

RÉALISME DES DÉTAILS :

Sur ce même enregistrement, les enceintes extraient une multitude de détails de l’ombre, leur procurant un ancrage un rien surexposé. Je regrette que cette tendance ne laisse pas assez d’air et de légèreté et induise une figuration simplifiée de quelques instruments.

Si les cuivres qui entourent Mingus sur son Ah Um de 59 se différencient de manière plus subtile, il reste malaisé de différencier chaque instrument par sa tessiture. Le manque de filé dans l’extrême aigu, la légère absence dans le bas médium, n’aident pas à caractériser immédiatement les saxos et trombone bariolés.

Un grave vitaminé soutient vigoureusement la présence physique des musiciens en apportant un supplément d’ardeur (de poids ?) qui réussit à transmettre une vitalité remarquable. Le bilan est positif, tourné vers l’engagement et l’intensité du spectacle, quitte à concéder la perfection du ciselé.

Voyons plus loin.

DIAMs 5 ORANGEs



QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

Vitalité et dynamique.

 

Moussorgsky, Pictures at an Exhibition par Sir Simon Rattle dirigeant le Philharmonique de Berlin offre un terrain de jeu des plus jubilatoires pour la Fyne A.

Disque édité par Warner Classics Int. en 2008 où figure également la Symphonie n°2 de Borodin. Un programme presque Russe, (l’orchestration des Tableaux étant signée Ravel), deux compositeurs contemporains l’un de l’autre, vivant dans la même Saint Pétersbourg, que la version HD proposée par Qobuz magnifie. Tous deux font partie du « groupe des cinq » regroupant également Balakirev son créateur, Rimski-Korsakov et Cui. Ensemble, ils s’émancipent des codes des compositions commandées par le pouvoir des tsars et s’imprègnent du romantisme de Wagner.

La puissance des forte est musclée par le tempérament tempétueux des colonnes.

 

L’entrée fracassante que font cymbales et timbales sur Gnomus, donne l’impression d’être physiquement au concert.

Les interventions des violons, puis des cuivres insistent sur la dimension théâtrale voulue par l’orchestre. Ces enceintes réussissent à transmettre une intensité physique, qui dimensionnent l’œuvre. La succession d’enjeux et d’impacts profite ici de ce renfort.

Incontestable sens du swing

C’est en se laissant bercer par les volutes du Steve Evans Quartet que les Fyne montrent un nouveau talent. Ou peut-être est-ce une constante de la marque qui ne manque jamais d’entrain, quel que soit le style musical.

Le souhait de captiver s’entête sur les Concertos pour Violon de Britten & Hindemith par Arabella Steinbacher parus en 2017 chez PentaTone. L’énergie de la violoniste et des musiciens s’impose, très incisive. On vit l’œuvre, jamais désengagé par l’écoute.

Son aisance à capter l’auditoire fait de la Fyne une bonne candidate pour tenter l’ascension d’œuvres difficiles ou au contraire trop linéaires. Elles renforcent les intentions et accentuent le relief de certaines œuvres tout à coup moins ennuyeuses ou inabordables.

DIAMs 6 ORANGEs

 

 

EXPRESSIVITÉ :

Il y a une différence entre engagement, puissance et l’expressivité chère à nos cœurs que peu réussissent à magnifier, souvent, avouons-le, au détriment d’autres critères.

La Fyne n’est pas parfaite. Mais elle ne sort pas mal de l’évaluation sur ce critère piégeur. Comme évoqué plus haut, on n’est jamais tenu à distance par l’écoute que propose les F501SP.

De fait les disques se succèdent comme des bonbons.

Certes, le plaisir d’une émotion au détour d’un phrasé n’est pas si fréquent, les extinctions de notes, la légèreté d’un pincement de corde, sont un peu raccourcies, mais l‘implication narrative induite par l’enceinte engendre l’engouement.

Un résultat à peine nuancé, positif.

DIAMs 3 ORANGEs

 

PLAISIR SUBJECTIF :

Pas entièrement conquis par un défaut de justesse harmonique et de réceptivité émotionnelle sur des musiques sensibles, j’ai apprécié la capacité de la F501SP à lâcher la mitraille à de nombreux moments et à poser chaque musicien dans une salle de concert.

 

Sans jouer les coupeuses de crin de cheval en quatre, ni faire preuve d’une linéarité exemplaire sur l’ensemble du spectre sonore, les F501SP posent un essentiel cher à la marque : le sens du spectacle.

Cette alchimie regroupe : scène grandiose, puissance lorsque l’orchestre l’intime et envie de céder à un swing immanquable. Sans aucun doute, bien mariées, ces Fyne feront beaucoup d’heureux, ravis de participer à des live renouvelés, quelles que soient les sollicitations : grand orchestre, quartet de Jazz, films…

Même si pour nous, la question de la vérité musicale ne devrait pas se poser en ces termes : c’est incontestablement une question de goût.

DIAMs 4 ORANGE.2

 

PERCEPTION D’ENSEMBLE :

Des timbres perfectibles perturbent les notes générales. Quoi qu’il en soit, la respiration du vivant que délivrent les F501SP est grandiose, parfois plus que nature, transposée à domicile par des enceintes prêtes à relever tous les défis.

Offrez-leur la pénombre. Elles vous feront rapidement oublier les dimensions de votre salon.

À négocier avec l’ampli qui saura les faire chanter sans déchanter.

DIAMs 5 ORANGEs
Fyne 501 SP 3

Banc ecoute