à l’oreille





MudrAkustik - Power X-Treme PX 3, courant sans alternative

par LeBeauSon - Mai 2021


Perception d’ensemble
Aucune des nombreuses compositions testées ne dément l’apport phénoménal qu’octroie le « traitement secteur » MudrAkustik PX 3.
Il n’y a - dans le cadre de ce banc d’essai - pas la moindre notion de plaisir subjectif : le PX 3 dynamise, nettoie, purifie, polit la chaîne qu’il alimente. Point.
Le résultat est sans appel, car il n’est pas obtenu au prix de la moindre concession.

Aucune notion de subjectivité donc. Affirmation qui n’est pas une assertion, n’en déplaise au grincheux qui auront le plaisir de nous contredire en s’abritant derrière de fallacieuses explications « techniques ».

DIAMs 6 ORANGEs


Code couleur de nos diamants pour ce test : Orange (de 3 200 à 6 500 €).

Même si, cette catégorisation n’a pas vraiment de sens, dans la mesure où il s’agit d’un accessoire, qui plus est par lequel le signal ne passe pas ; oui, mais dans certains cas, comme ici, l’investissement est totalement justifié et nous considérons donc qu’il s’agit d’un élément comme un autre d’une bonne chaîne à part entière…

PX3 Mudrakustik 4
 

Pour être tout à fait honnête, à l’heure où il suffit de s’inscrire sur un réseau social pour avoir un avis sur tout avec 30 mots de vocabulaire, j’avoue qu’il m’est probablement plus difficile d’écrire mon ressenti sur des appareils ou accessoires qui fonctionnent correctement que sur la majorité de ceux qui mentent, trichent (maladroitement car un habile tricheur est un expert talentueux) ; sachant que ces articles-là ne sont pas publiés parce que nous n’aimons pas dire du mal…

Et même, parfois, alors qu’on exprime simplement quelques réserves, les personnes concernées, blessées dans un orgueil mal placé nous en refusent la publication. S’ils savaient ce qu’ils y perdent…

Soit : nous respectons leur volonté. Même si elle prouve qu’elle ne vaut pas mieux que le produit concerné puisque nous offrons un droit de réponse, publié en même temps que l’article, ou rajouté plus tard, pour défendre le machin concerné que peut-être nous avons mal compris.

C’est possiblement notre honnêteté intellectuelle, ainsi que notre respect d’individus pas toujours respectables, qui fera que nous nous ne pourrons plus continuer un jour.

Le plus petit dénominateur commun aura peut-être notre peau, mais pas notre dignité, et tant pis pour le pognon dépensé par passion.

« Juger » est toujours un exercice délicat. Aussi essayons-nous d’être indulgents. Or, cet exercice - ne pas risquer de méjuger un produit par paresse, ou facilité, ou égarement culturel - demande un long et patient travail.

Personnellement, je ne vois pas comment accumuler 10 bancs d’essais par mois. 3 ou 4 c’est déjà beaucoup me demander.

Parce que je passe des heures à multiplier les conditions, les combinaisons, les musiques. Et parfois, si j’ai des doutes, les environnements.

Et d’autres incalculables heures à rédiger mes textes afin d’essayer d’exprimer le plus justement possible les nuances de ressenti par un choix minutieux de l’expression.

« Je », signifie : « Nous » ; car la démarche est identique pour les autres rédacteurs, à travers nos styles respectifs. Sachant que nous nous relisons et corrigeons les uns, les autres.

Tout cela par passion pour la musique et ses acteurs, certainement pas pour la hifi que, majoritairement – et cette fois, en mon nom propre -, je déteste, tant elle se prend au sérieux alors qu’elle n’approche que très rarement l’essence même de la musique et son humanité ; je veux dire : ce qui distingue Cro-Magnon de Neandertal et ce dernier de l’Homo sapiens.

Pourquoi ce long préambule ?

Pour diverses raisons évidemment, incluant la lassitude face aux remarques des énervés jaloux ou frustrés – merde, à la fin - qui osent affirmer au nom de la physique pour les nuls qu’il n’y a pas de différence entre deux câbles secteurs, mais aussi, paradoxalement, parce qu’il est difficile de rédiger sur des appareils dont on ne détecte pas de défauts, même infimes.

Absence de défaut qui peut donner l’impression d’une complaisance ; la complaisance n’est pas dans mon ADN. Ceux qui me connaissent le savent trop bien.

Pour reboucler sur le sujet de l’article, il se trouve que j’ai longtemps été dubitatif face au « traitement » du secteur et plus particulièrement aux « conditionneurs » secteur, parce que 90% de ceux que j’ai eu l’occasion de tester – parmi lesquels du lourd – apportaient peu dans le meilleur des cas, souvent moins qu’une excellente barrette, quand ils ne dégradaient pas, purement et simplement, le signal (les petits rebonds frémissants, les fines ridules rythmiques etc.) en jouant les lourdauds exhibant les muscles pour la plupart, n’en déplaisent à tous ceux qui n’ont pas conscience que l’apport qu’ils ont entendu tient au fait que leur système est dormant et donc ne sait même pas ce que sont :

- les petits rebonds frémissants, les fines ridules rythmiques etc.

Or c’est un peu le problème du cénobite testé ce jour : nous n’avons pas détecté de faille, pas de point sur lequel il y a doute à l’exception peut-être d’une contrainte d’utilisation.

Ça ne signifie pas que nous ne trouverons pas mieux, voire que nous n’avons pas croisé des challengeurs sérieux, mais significativement plus coûteux et, pour être clair, moins absolument irréprochables.

Nous avions déjà été épatés par la série PMS du fabricant allemand MudrAkustik (Mudra Akustic) …

(https://www.lebeauson.fr/a-l-oreille/179-mudrakustic-power-modul-system)

… la modularité par ajouts successifs de petits blocs n’étant pas le moindre atout et le rapport qualité/prix avait mis à mal nos barrettes de référence.

Ce qui ne n’engendre pas qu’on les a jetées.

Alors le Power X 3, qu’est-ce que c’est ? 

Là commencent les soucis : c’est un filtre secteur. Mais pas un filtre de type « conditionneur », ni même un filtre « actif », mais plutôt un, en l’occurrence « des », transformateur(s) d’isolation.

Ce bloc est aussi muni de deux sorties « filtrées » hautes fréquences. Je suppose qu’il faut entendre par là le lessivage de diverses pollutions par des condensateurs rapides de petites valeurs.

Il vient s’inscrire en haut d’une gamme de modules appelée PX pour Power X-Treme.

Gamme qui reprend à peu près les possibilités de la gamme PMS mais, je présume, avec des composants supérieurs. Chaque module correspond à une situation particulière selon les besoins, filtre ou non, puissance des transformateurs d’isolation etc…

Le PX 3 regroupe les diverses possibilités. C’est d’ailleurs en cela qu’il est au sommet de la gamme.

Cette enclume ne passe pas inaperçue avec 280 x 152 x 450 mm (de profondeur !). Et 23 Kgs !

Le PX 3 couvre la plupart des demandes avec 2 transfos de 250 VA pour les sources ou préamplificateurs (ou amplificateurs de faible puissance) et un transfo de 1000 VA (amplificateurs goinfres).

Les sorties filtrées sont sur un des transfo 250 VA

Un bouton d’allumage général en façade et c’est tout.

L’arrière est plus compliqué et je vous conseille de décrypter patiemment le mode d’emploi parce que ce n’est pas évident de s’y retrouver dans les prises, les commutateurs et les réarmeurs.

L’arrivée depuis la prise murale se fait par une prise Neutrik powerCON (32 Ampères). Le câble est fourni mais on gagne à le remplacer par le Powercord HP de la marque (plus-value : 432 € en 1.5 m).

4 sorties par prises Schuko (Schutzkontakt), qui, je le rappelle, permettent d’inverser la prise et donc déterminer la bonne phase secteur. Exercice compliqué quand on est passé par un filtre d’isolation (écran), comme c’est le cas ici. Nous avons essayé de respecter une procédure logique pour nos essais alors que théoriquement, en sortie d’un transformateur d’isolation, ça n’a pas d’importance.

Les deux Schukos du haut viennent :

- d’un des transformateurs 250 VA…

- … ou du gros transformateur de 1000 VA.

Particularité désagréable du fonctionnement : lorsqu’on enclenche le 1000 VA, les deux Schukos du bas sont inopérantes. Ou alors un truc m’a échappé.

Les deux Schukos du bas viennent d’un transformateur de 250 VA.

Une sortie est de type powerCON 16 A et vient du gros transfo.

Deux sorties de type powerCON viennent d’un petit transfo et sont filtrables ou non.

Des câbles munis de powerCON sont fournis (en tout cas, moi je les ai reçus avec l’appareil) mais on gagnera à les remplacer par la gamme Powercord HP. Plus tard.

Ou faire monter des powerCON Neutrik sur ses câbles favoris, bien sûr.

PX3 Mudrakustik 7

 

En effet si les câbles Mudra, notamment les Powercord HP n’ont pas à rougir face à de nombreux rivaux bien plus coûteux, on en connaît quelques-uns qui vont plus loin. A quel prix, soit, mais quand même. Ce qui nous a évidemment obligés à être très attentifs lors des essais de PX 3.

Essais effectués via des sources analogiques (Platine Kuzma, Michell, cellules Hana (de EL à Umami Red), préamplificateurs phono Aurorasound (Prima et Vida V6), EAT (x 2) et Audio Research), numériques (Lumin U1 boosté, Métronome DSs, EERA Majestuoso II et Meister, Atoll DAC300, Accuphase DP430), amplification (et divers) : Serblin Frankie « + », Atoll IN300, Accuphase E380 & E800, Grandinote Supremo, Kondo Ouverture II. Enceintes Mulidine Cadence « ++ » et Harmonie V3, Living Voice R25A, et un prototype d’enceintes franchement estomaquant à pas de prix.

Câbles : Absolue Créations, Wing, Neodio, Kharma. En secteur : Mudra (pas le choix pour les câbles munis de PowerCon de toutes façons), Wing, Neodio, Kharma, Absolue, Nodal.

Il faut dire qu’on a gardé le PX 3 très longtemps parce que tester ce genre d’objet demande de nombreux croisements.

Et puis parce que je n’ai aucune envie de le rendre : c’est en le débranchant qu’on souffre.

Nous avons aussi utilisé (sans en ressentir le besoin, mais bon, pour être sûrs) une barrette modeste mais cohérente (qui doit coûter dans les 1000 € et les vaut largement), une autre à 6 000 €, et le module PMS Input de Mudra avec et sans Trafo de 500 VA pour mesurer les écarts.

Ceci afin de ne pas se contenter d’une comparaison entre la prise murale en direct et le PX 3.

Le prix du Mudra PX 3 : 3 685 €

Pour ne pas compliquer inutilement le test, les commentaires ci-dessous reposent sur une combinaison de branchements qui statistiquement s’est avérée la meilleure, c’est-à-dire :

Amplification sur les Schukos, soit via un transfo 250 VA (le plus souvent, sauf avec l’E800 qui avait besoin du 1000 VA)

Sources analogiques sur Schuko ou powerCon non filtrées

Sources numériques sur powerCon filtrées

Désolés pour ceux qui découvrent notre univers : votre revendeur ou votre serviteur sont là pour préparer le travail.

Ah oui : un point important et même fondamental : les commentaires élogieux qui décrivent l’apport de PX 3 dans une chaîne présupposent que les éléments qui la composent soient capable de nuances de timbres, de vitalité, de subtilité.

 

Le PX 3 fonctionne bien, mais ne peut rien contre la médiocrité ni même la tiédeur. Le PX 3 ne transformera pas une montre en toc en Patek Philippe.

 

Ne nous faites pas dire ce que nous ne voulons pas dire !

PX3 Mudrakustik 6

 

Richesse des timbres et équilibre tonal :

Le but de tout cela (essayer des appareils hifi) étant d’honorer les musiciens, nous nous octroyons le temps d’écouter avant tout la musique ; par conséquent une des phases d’essais est passée par une comparaison de deux versions du Concerto pour Violon Op 61 de Beethoven :

- Midori, avec Daniel Dodds dirigeant le Festival Strings Lucerne ; il semble que ce soit le premier enregistrement de l’œuvre (2020) par l’américano-japonaise, ce qui est pour le moins surprenant à considérer sa carrière déjà bien établie.

La maturité est au rendez-vous d’une version réticente à l’emphase, l’effet ou même simplement à la moindre fantaisie d’oser sortir d’une immuable impulsion imprimée dès le départ, où chaque note du violon est si minutieusement polie qu’elle en devient précieuse ; le strict respect d’une esthétique figée où l’orchestre, à défaut de briller, tient très correctement son rôle d’écrin, façonne une proposition qu’on pourrait presque considérer comme académique, mais qui, à force d’obstination formelle, manque d’élan et d’audace interprétative.

Cependant, si vous devez découvrir l’œuvre sans vouloir être saisi ou trompé par la transgression, l’émotion ou la ferveur, ou si vous préférez vous contenter d’une seule version, pourquoi pas celle-là ? D’autant que la captation est très satisfaisante.

- Anne-Sophie Mutter, alors âgée de 17 ans, Herbert Von Karajan à Berlin en 1980.

Bon, sans commentaire… Tant de documents filmés pour en souligner l’altitude divine. Certains détestent par principe.

Pas grave.

Tant pis pour eux ou les idées étriquées.

Ce qui compte surtout, c’est que, pour les deux versions, l’apport prodigieux du PX 3 couvre à peu près toutes les nécessités de la musique.

On est d’autant plus heureux de sa contribution sur la version Mutter / Karajan que la prise de son est un peu étroite, un peu lointaine… Le PX 3 procurant une densité supérieure des matières, et sans doute aussi une forme de corps plus incarné, on vit mieux encore l’inspiration troublante de créativité de la jeune artiste allemande surhumaine et la sereine intégrité de son mentor.

On atteint ici une notion qui m’est chère et qu’il faudra que j’explique un jour, à savoir l’implantation par le PX 3 d’un meilleur ancrage du grave dans l’aigu.

Phénomène impartial à ne pas confondre avec du grave qui déborde jusque dans l’aigu (constat récurrent de la haute-fidélité).

Je parle d’une colonne vertébrale assurant de meilleures fondations aux enchainements harmoniques quels qu’ils soient…

Bien sûr, le PX 3 « n’impose » pas ce comportement à la chaîne ; mais si les appareils en sont capables, il les aide à structurer un échange permanent qui intensifie naturellement les extensions les plus hautes nées des fondations, de la terre, leur donne de la force et du poids et en unifie les textures.

Les pigmentations des timbres gagnent parfois en éclats, d’autres fois en dégradés sublimes, supportées précisément par une meilleure incision des matières dans l’espace, des boisés d’un grand naturel.

Histoire de ne pas raconter un seul genre musical (même s’il dit tout) passons par le nouvel album de Lafawndah (égypto-iranienne née à Paris (elle s’appelle Yasmine Dubois)) : The Fifth Season.

Concept vraiment à l’encontre des normes du moment, qui se veut contemplatif (commencer par une revisite fondamentale d’une prière bouddhique écrite en 1917 par Lili Boulanger, faut oser !) et radicalement différent de son premier disque (Ancestor Boy) mais est – hélas - tout aussi minaudier : le manque d’humilité de la dame estompe passablement la richesse très personnelle d’un univers où les idées pullulent et la beauté est convoquée sans vergogne mais, de fait, coupée de sa portée affective.

La préciosité tranchant à la racine l’élan émotionnel, on est maintenus à distance de ces magnifiques compositions et arrangements, qui, à force de maniaquerie dédaigneuse, perdent en mystère, en sens d’atmosphère voluptueuse ou même d’addiction de drogué, alors que tout s’y prête à priori.

Que peut dès lors le PX 3 face à une attitude froidement millimétrée d’une artiste qui trigaude entre minutie et excès ? L’humaniser ? Non.

Permettre d’aller plus loin encore dans la beauté formelle, la description d’un paysage artificiel superbement structuré, enrichir la finesse des couleurs aussi bien des cuivres (et les croisements harmoniques réellement somptueux du trombone de Nathaniel Cross et du tuba de Theon Cross (seraient-ils frères ?)) que des claviers synthétiques ? Oui.

DIAMs 6 ORANGEs

PX3 Mudrakustik 5

 

 

Scène sonore :

Pas bien difficile de deviner ce que le module PX 3 peut apporter sur ce critère.

Nous allons résumer l’écoute à un nouveau comparatif entre deux fichiers DSD de premier ordre, la même œuvre, le même orchestre, mais deux chefs de génération différente, à savoir le Requiem de Verdi par Sir Colin Davis d’un côté et Gianendrea Noseda de l’autre, tous deux avec le LSO en public.

On one side, le machiavélique routard, très à son aise pour agencer des œuvres complexes - à preuve ses Berlioz d’anthologie - n’essaye pas de truquer l’aspect très opératique de l’œuvre et laisse les solistes « érupter du Verdi », jeune premier conquérant ou déclamation shakespearienne pour les messieurs, timbres pleins dont le vibrato excessif n’a peut-être pas tout à fait sa place dans l’ouvrage pour les dames.

En sage accommodant, Sir Colin Davis concentre une belle unité par l’acceptation de la vision théâtrale des solistes, laissant s’épanouir leur puissance dramatique qui détourne l’œuvre religieuse vers l’expression d’un hommage à la vie.

Chœurs et orchestre sont superbement tenus et réussissent de forts beaux moments, nettement plus « intérieurs », tissant l’ouvrage vers une partie de sa vocation au sacré…

Dans la proposition du chef italien, les solistes sont peut-être un peu moins en phase, notamment le ténor (Francesco Meli) qu’on ne sent pas totalement habité par la portée spirituelle, là où Michele Pertusi sait être glaçant, quasi menaçant, alors que l’implication personnelle (un rien d’emphase par les vibratos aussi, un peu, quand même, mmhhh ?) d’Erika Grimaldi et de Daniella Barcellona est profondément touchante et dirige ce Requiem vers la suggestion que les morts ne meurent jamais, sont toujours parmi nous, quelque part dans le frimas de nos doutes, balisent le chemin, murmurant parfois un conseil dans l’ombre, quand ils nous ne rendent pas simplement visite dans notre sommeil, aussi vifs que la flamme d’une lampe tempête dans les ténèbres de nos tourments.

Noseda cherche et trouve souvent un délicat équilibre dans les contradictions lyriques et liturgiques de l’œuvre sacrée défouraillée par un des piliers de l’opéra.

Alors qu’on aurait pu craindre le pire du showing off tant le déclenchement du Dies Irae est violent, le déroulement de l’œuvre, toujours tendu, voire électrisé par une sorte d’urgence, inquiète, recèle son lot de mystères, terreur et consolation grâce une minutie (alors que c’est un concert !) de chirurgien pour déchiffrer les runes entremêlées de l’œuvre, notamment les polyphonies complexes du Sanctus et Libera Me

De hauts moments de musique dans les deux cas, avec des captations assez différentes alors qu’effectuées dans les mêmes conditions, ce qui surprend toujours. En reconnaissant toutefois dans les deux cas la « couleur atmosphérique » du Barbican Hall.

Et plus surement encore avec le PX 3 qui nettoie des petites scories indésirables auxquelles on ne fait pas attention, mais qui pourtant perturbent la justesse des réverbérations, les liens entre les vagues sonores et bien sûr les silences.

Le PX 3, comme il fallait s’y attendre, vient aussi apporter une détermination particulièrement appréciable dans ce sommet de « tempête sonore », qui imprime une stabilité et une répartition des plans et positionnements particulièrement utiles, toujours grâce à un pylône inamovible entre « fondamentales » et « harmoniques », remarquablement rigoureux, évoqué dans la rubrique « timbres », ajoutant « l’incarnation » à l’humanité des êtres ; d’autant plus - et tant pis si ce n’est pas le bon chapitre - que le déploiement temporel bénéficie lui aussi de ce « traitement » : une cadence plus apaisée, signe une meilleure résolution qui injecte le plaisir frissonnant d’un inéluctable et limpide déploiement de la musique, dans un ordonnancement impeccablement contrôlé…

DIAMs 6 ORANGEs

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Réalisme des détails :

La comparaison ci-dessus entre des œuvres aussi « chargées » que le Requiem de Verdi a déjà tout dit de l’apport redoutable du PX 3 telle la confirmation soudaine que la correction de vos nouvelles lunettes était nécessaire.

Dans la surabondance verdienne des chœurs et la riche orchestration ornementale, le PX 3 traque les plus subtiles intentions de Noseda comme de Davis, par exemple, mais certainement pas, contrairement à ce qui se passe trop souvent avec les « traitements » secteur, par un gonflement du torse ou une sorte d’élévation du gain. En lieu et place d’une élévation spirituelle*. Le message est simplement plus propre, plus neuf, moins patiné ou s’il y a patine, elle est noble…

C’est même intéressant d’entendre que les vibratos de Christine Brewer et Karen Cargill, qui m’agaçaient, s’assagissent et s’intègrent mieux au phrasé ; c’est dire.

La plénitude qui habite les moments les plus ténus, pétrit les silences jamais creux, font merveille grâce au PX 3.

Et puisque nous avons évoqué une musique qui peut vite tourner à la bouillie avec la mauvaise hifi, continuons nos comparaisons avec une œuvre nettement plus dépouillée :

Les Paradis Perdus dans la version originale de Christophe, celle assez affectée de Christine and the Queens et une supplémentaire plus drôle de Julie Cailly qui n’a rien compris à la thématique…

Commençons par le patron : les triolets de piano gagnent en nerfs, les frappes de batterie en franchise et détourage, on remonte plus loin dans le « générateur de son » des nappes d’introduction ; la voix mélancolique, voire brisée, du grand Christophe, comme fragilisée, prospère en intentions tremblantes et lyrisme ; c’est en même troublant de vivre une intimité plus profonde encore…

La version très maniérée de Christine est approfondie, humainement, par l’apport de PX 3. Bien sûr, l’aplomb des percussions, notes de piano ou décors électro s’embellissent en incision et inscrivent une empreinte plus profonde dans votre salon, mais le phrasé de la chanteuse devient aussi plus attendrissant par des petites failles d’intonation dans le maniérisme, qui, à l’arrivée, font que son hommage autocentré est véritablement touchant.

Oh, une petite larme est tombée sur le clavier…

Quant à là revisite de Julie Cailly - le comble étant qu’elle reprend la version de Christine and the Queens, plombée d’arrangements qui, se voulant sophistiqués et différenciants, s’engluent dans le miel quand ils ne basculent pas vers le total mauvais goût -, elle est si totalement hermétique à la poésie et au sens du texte qu’on gagne, avec le PX 3, la confirmation qu’il vaut mieux l’oublier. **

DIAMs 6 ORANGEs

 

 

 

Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique :

La charpente qui structure le génial « On Shadow (Chapter One) » de la géniale Liesa Van Der AA pourrait - en s’appuyant sur le PX 3 - supporter une cathédrale en feu ! L’énergie en est si puissante, pulsante, percutante, qu’on peut enfin aller au bout de cet énorme moment d’introspection musicale.

Quant aux distorsions qui lézardent hélas l’édifice (que ne l’ont-ils mixé en 24/96 ?), elles sont moins sales sous l’affirmation conquérante des enveloppes de notes…

… Et les respirations et « Rhhouaoh » qui martèlent la rythmique, étranges mélanges de voix et de grognements synthétiques, sont plus modulés, effrayants et rageurs que jamais. C’est superbe et glaçant à la fois !

Détour nostalgique ensuite avec le vinyle Emerson, Lake & Palmer, album éponyme (1970).

Sans avoir besoin d’aller plus loin que le morceau d’ouverture du premier album du (Super)groupe (The Barbarian) et l’improbable Knife-Edge, plutôt gonflés puisqu’ils reprenaient et trituraient l’Allegro Barbaro de Béla Bartók pour le premier, et Bach (pas n’importe lequel) pour l’autre. Rock progressif ou Art Rock, le PX 3 modernise l’œuvre en canalisant et caractérisant l’énergie de la guitare fuzz de Greg Lake, ou le toucher incroyablement groovant d’un immense batteur, Carl Palmer, qui s’est hélas égaré par la suite, au service des claviers du grand frappé Keith Emerson dont la circonférence de grosse tête égale, voire dépasse celle de Rick Wakeman au point de le pousser au suicide quand sa main droite le lâchera. Quant à Greg Lake, extirpé de King Crimson, son swing lyrique comme ses énervements déchaînés (plutôt rares, mais c’est le cas à la fin de Knife-Edge) sont sublimés quand on passe d’une chaîne remarquable à une chaine d’exception via PX 3.

Dans un swing plus doux, plus doucereux, plus sensuel, je reviens à Yves Montand, sorte de mono-maniaquerie incompréhensible puisque, pour avoir croisé une ou deux fois le couple « perdu » Montand / Signoret, je détestais l’homme et adorais la femme (pas moins perdue dans leur combat politique sincère mais aveugle) qui avait, je le rappelle, donné vie à l’héroïne aussi déprimante que la drogue du même nom au personnage écrasant d’Emile Ajar, Madame Rosa.

Rappelle-toi Barbara est un instant majeur de la noble simplicité de la chanson Française, dont PX 3 sait sublimer l’élégance, mélange de la titillante présence de Montand par l’allégorie de la nostalgie submersive dénonçant les désastres voraces de la guerre, une inconnue dans les bras d’un homme qui possiblement seront dévorés par la dévastation de la ville sous les bombes, la pluie de fer et de sang, « il pleuvait sans cesse sur Brest », poème qui s’ensevelit dans l’apocalypse :

« … Ce n'est même plus l'orage

De fer d'acier de sang

Tout simplement des nuages

Qui crèvent comme des chiens

Des chiens qui disparaissent

Au fil de l'eau sur Brest

Et vont pourrir au loin

Au loin très loin de Brest

Dont il ne reste rien »

Rien. Abominable mot pour achever (dans tous les sens du terme) une ode simple, directe, sans abstrusion ; Prévert, quoi…

Je sens que j’ai débordé sur le chapitre suivant, celui de l’expressivité qui a déjà été écrit tout au long des lignes de ce BE.

Alors le verdict iconoclaste tombe :

 

Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique

DIAMs 6 ORANGEs

 

 

Expressivité :

DIAMs 6 ORANGEs

 

 

Plaisir subjectif :

 

Il n’y a - dans le cadre de ce banc d’essai - pas la moindre notion de plaisir subjectif : le PX 3 dynamise, nettoie, purifie, polit la chaîne qu’il alimente. Point.

Le résultat est sans appel, car il n’est pas obtenu au prix de la moindre concession.

Aucune notion de subjectivité. Affirmation qui n’est pas une assertion, quand bien même les habituels donneurs de leçon se feront un plaisir de nous contredire.

M’en fous.

DIAMs 6 ORANGEs

 

Rapport qualité/prix :

Un des points sur lequel je suis le plus à l’aise, à une retenue près : quid des câbles utilisant la la connectique powerCON ?

Ceux proposés par Mudra explosent tant d’irrévérencieuses références que je n’en fais pas un problème, mais pour ceux qui voudraient aller plus loin, il faudra convaincre vos fournisseurs de passer par ce qui est probablement la connectique la plus rassurante qui soit, quand bien même, faute de challengeurs, elle n’est pas la plus performante…

On ne va quand même pas condamner ceux qui ont raison :

DIAMs 6 ORANGEs
 

 

* je n’ai pas pu résister à la tentation…

** j’ai failli oublier qu’il n’était pas dans notre « profession de foi » de dire du mal. Soit. Par conséquent, je me contente de conseiller à « l’artiste » de virer son directeur artistique à coups de pompe dans le derrière…***

*** c’est mieux ?

 

PX3 Mudrakustik 3

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