à l’oreille





Fyne Audio F500

par LeBeauSon - Décembre 2020


Dans la famille F500 des enceintes Fyne Audio, je voudrais la première de chambrée : la charmante - à plus d’un titre - F500.

Bonne pioche ? Oh oui : difficile de résister aux charmes expansifs de ces petites bombes !

On aurait d’ailleurs tort de s’enfermer dans la logique d’une répartition par 1/3 (ou ¼ avec les câbles) entre source, amplification et enceintes, car les Fyne Audio peuvent trouver leur place dans un ensemble nettement plus ambitieux, qui précisément équilibrera l’image tonale et déploiera les timbres ! Elles sont parfaitement aptes à suivre.

DIAMs 6 Vert

 NB : code couleur de nos Diamants pour ce modèle : Vert (100 à 1600 €)

Fyne 500 2

Chez Fyne Audio, la série F500 représente le deuxième échelon de gamme après la série F300 et le premier pas dans le giron d’une singularité forte de la marque : l’emploi de haut-parleurs coaxiaux.

Le modèle F500 est le premier de la série F500 (ça alors ?!) qui inclut une enceinte centrale et des colonnes. Autrement dit la petite F500 est aussi pensée pour s’intégrer comme enceinte arrière dans un système multicanal.


Votre pièce ne dépasse pas 20/25 m² ? La F500 fait partie des options prioritaires à même d’apporter un supplément d’âme à la reproduction musicale : à partir de 760 € la paire, la miss prodigue des jeux de matières subtiles, une scène sonore stable et un franc plaisir d’écoute…

Comme nous l’avons expliqué lors d’un précédent (et récent) BE d’un autre modèle Fyne Audio (la F303 (pour les étourdis)), les productions de la marque écossaise héritant des riches savoirs d’anciens architectes de la célèbre marque Tannoy, leurs qualités ne tombent pas du ciel.


Côté esthétique, l’objet est mimi, design consensuel et finition globalement plutôt luxueuse. Vous aurez le choix entre chêne foncé, un veiné bois noir, ou des laques blanche ou noire (augmentant légèrement le prix).


De section « presque » rectangulaire, les faces avant et arrière sont légèrement cintrées en galbe convexe. Les caches aimantés suivent la même courbe.

En partie basse, un bandeau façon aluminium signé « Fyne Audio » en façade sépare la caisse d’un socle en plastique noir grandement ajouré et prévu pour recevoir des pointes de découplage. On peut de prime abord s’interroger sur la raison de ce choix esthétique pas désagréable, mais pour le moins original. J’expliquerai plus loin son utilité…

N’insistez pas, j’ai dit « plus loin ».

De dimensions « réellement » bibliothèque (logeable. C.Q.F.D.), 325 mm en hauteur, 280 en profondeur hors borniers, par 180 mm en largeur, cette enceinte peut effectivement prendre place sur un meuble, même si le fabricant recommande l’utilisation de pieds. Par conséquent, pour les placer sur un meuble, prévoir que celui-ci soit stable. En outre et idéalement, essayez, au moment de leur placement, de ne pas sacrifier la scène sonore au profit de l’agencement de votre pièce : vous perdriez un des bénéfices majeurs de cette enceinte.


En étudiant de plus près l’objet – et, hum, la documentation de la marque -, j’ai compris le pourquoi des lames ajourées formant le socle. « Plus loin », c’est donc maintenant : le socle cache un évent diffuseur appelé BassTrax Tractrix qui rayonne à 360° permettant, selon le fabricant, d’obtenir une reproduction homogène du bas du spectre sans craindre de rapprocher les enceintes des murs pour faciliter leurs placements. Le fait est que c’est efficace.

Un seul haut-parleur visible, soit et pourtant l’enceinte est une deux voies : le transducteur dit IsoFlare est coaxial ; c’est à dire qu’il y a un haut-parleur au centre de l’autre (nous rappelons à ceux qui haussent les épaules que notre public n’est pas nécessairement spécialiste), à savoir un haut-parleur d’aigu à compression* dôme titane de 25 mm inséré dans un cône de 150 mm en microfibres. L’idée directrice est de mieux contrôler le « déphasage » entre les haut-parleurs puisque le centre émissif des deux sources est le même. Voilà pour la théorie.

Le tweeter est coupé très bas : 1.7 kHz, avec des pentes différentes entre passe-haut et passe-bas. Fin de la théorie. On vous expliquera un jour, peut-être.

Le rendement est annoncé à 89 dB/2.83 V/m pour une impédance de 8 ohms.

Au dos, on trouve des classiques doubles-borniers dont vous savez déjà que nous ne sommes pas férus (plus exactement, nous ne sommes pas fans du bi-câblage). Une toute petite optimisation que vous pourrez demander à votre magasin ou faire vous-même : remplacer les lames métalliques qui relient les deux borniers par des straps de qualité.


Passons à l’écoute.


Plusieurs intégrés ont jalonné nos tests pour nous aider à comprendre et apprécier ces boîboîtes à musique :

Taga HTA 700 v3, Micromega IA 60, Atoll IN 300, ainsi qu’un intégré push pull à tubes KT150

Plusieurs sources également : streamer Bluesound, lecteur CD Eera Tentation, platine vinyle Pro-ject Xperience SB DC + cellule MC Hana SL, préampli Jolida JD9, câbles :
Absolue Création, O2A, Neodio.

Commençons notre test par ce qui constitue le premier atout de la minuscule écossaise.

 Fyne 500 6

 

RICHESSE DES TIMBRES :

La F500 ne se contente pas de jouer l’identification par les couleurs des instruments : elle les accompagne de matières caractérisées ainsi que des subtilités de mixage. A la manière d’un bon chocolat qui se délecte pour la richesse de ses arômes, puis révèle un soupçon d’acidité ou un grain finement texturé…

Le titre narquoisement rétro « Red Right End » de Nick Cave & the Bad Seeds, dans l’album Let Love in qui multiplie les clins d’œil au Rock FM, est riche de substance presque organique, suintante. Le gros «  tambour »  résonne comme le tonnerre, l’orgue semble sortir d’un gros plan expressionniste de film fantastique américain des années 50, à la fois désuet et angoissant. La cloche, grave comme le glas d’un festin funèbre, est parée d’éclats chamarrés.

Sur le titre « Wooden Arms » de Patrick Watson ce sont également les jeux de textures qui agrémentent une berceuse d’une apparente simplicité.

Tout commence par le chanteur dont on perçoit volontiers les torsions labiales et le contact de la langue sur le palais. Puis quelques notes en suspensions s’envolent d’un piano droit, avant qu’un ukulélé ne reprenne la mélodie. Intervient enfin une seconde voix - féminine - qui s’intercale dans ce qui transforme la plage en songe fantomatique.
Sans nous engluer dans l’addition de matières et d’effets, les Fyne F500 traduisent à merveille la complexité des jeux d’ambiance tricotés d’assortiments de textures en symbiose et de superpositions harmoniques.


Les biblios Fyne 500 rendent hommage au travail de peintre de David Sylvian sur la compilation Sleepwalkers savourée de bout en bout.

Sur « Money for All » (son époque Nine Horses) par exemple, les éclats de kalimba, les rares traits de didgeridoo, aux vibrations synthétiques, puis vibraphone ou clarinette, sont d’un rare degré de vraisemblance.

Ainsi, la bonne lecture des différentes textures peaufine la perception de profusion. 

 

Alors que l’équilibre tonal est souvent un point faible des enceintes bibliothèques ou de petit format (les contraintes incontournables de la physique, que voulez-vous…), la variété de nos combinaisons, avec divers amplis, amène à comprendre que les F500 peuvent atteindre une neutralité tonale et un point d’équilibre très satisfaisants. A une seule condition : ne pas les trahir par les éléments amont.

N’allons en effet pas reprocher à cette enceinte de format réduit ce que l’amplificateur ne saura pas lui donner. Bien sûr, l’image sonore, en toute logique vu le format,  n’est pas parfaite et la tonalité globale porte sur le médium et l’aigu, mais plus par absence de « grave dans l’aigu » que de déséquilibre. Aucune fatigue pendant nos écoutes prolongées ; la tendance « ascendante » finit même par se faire oublier.

                               

Nous recommandons d’associer au bébé écossais un ampli pas forcément puissant mais tonique, plein et rapide, capable de le faire sortir du cocon. Car en poussant légèrement le volume, l’enceinte gagne magnifiquement en corps, en tenue.

De manière générale, l’aigu est fin et nuancé, le médium, riche en informations, ne surjoue pas. Enfin, le grave, bien présent, ne se limite pas à un rôle de figurant.

J’ai même été surpris, notamment sur le David Sylvian, de la capacité d’engagement de ces enceintes : sur le titre « Five Line », le violoncelle joué à l’archet s’impose avec la vigueur que l’on attend.

 

DIAMs 5 Vert

 Ou plus, si on ne considère que les timbres ou si on ose les bons partenaires.

 

Fyne 500 4
 

SENS DU RYTHME – QUALITE DU SWING :

 

Constater le suivi rythmique d’un appareil sur un titre disco n’a pas forcément d’intérêt. Sur le David Sylvian cité plus haut, la perception est nettement plus significative. « Wonderful World » expose une bonne dose de swing sur le jeu de la contrebasse comme dans les nappes de choristes.

Avec « La lionne et l’éléphant » - Trouble fête - d’Arthur H, la guimbarde ballade des bases ludiques tantôt à droite, tantôt à gauche. Les staccatos des violons aux couleurs orientales appuient la vitalité qu’Arthur insuffle à la diction rapide du refrain. On s’amuse sans retenue.

Place au Concerto n°2 pour Piano en sol mineur de Saint Saëns interprété par le soliste Bertrand Chamayou accompagné par l’Orchestre National de France conduit par Emmanuel Krivine, qui nous délectent là encore d’envolées rythmiques jamais contraintes ni approximatives.

On se laisse captiver par la dextérité de Chamayou. A tout instant, la narration musicale s’impose, enchanteresse, infusant un excellent remède contre l’ennui d’un confinement prolongé.


DIAMs 6 Vert

Une enceinte qui fait de la musique !

N’allez pas croire que c’est toujours le cas.

 

 

SCENE SONORE :

 

Autre point fort de cette paire d’enceintes : la représentation des musiciens est vaste, loin de ce que la taille des enceintes pourrait suggérer. Les dimensions des musiciens sont peut-être même plus grandes que nature.


C’est ce que laisse à supposer la voix de Josa Peit sur le LP de Nostalgia 77 Octetthe Sleep Walking Society. La dame a une bouche d’une largeur immatérielle. Bon. L’effet n’est pas désagréable du tout : un grand spectacle proposé par de petites enceintes, c’est sans doute un choix de constructeur pour donner à ses produits un trait de caractère face à une concurrence forte. Ne boudons pas notre plaisir, c’est objectivement plaisant et évidemment proportionnel au placement.

Côté lisibilité, la scène est bien en place. Les musiciens ont un maintien militaire des distances, sans la moindre confusion.

Une formation de jazz, facile me direz-vous.

 

Soit. Observons alors une plus grande formation via les deux ballets de Manuel de FallaEl Sombrero de Tres Picos (1916-1919) et El Amor Brujo (1919-1925) scénographiés par le Mahler Chamber Orchestra conduit par Pablo Heras-Casado : rien n’est laissé dans l’ombre. L’interprétation visant à une démonstration d’orchestre où chaque instrumentiste est mis en valeur à un moment ou un autre est très bien chorégraphiée par les petites Fyne. Ainsi, dès l’introduction, les castagnettes excentrées à gauche des enceintes impliquent l’illusion d’une scène ouverte et sans contrainte.

Oh, bien évidemment, on a connu plus discriminant, espace, matérialisation, etc… Mais on ne sentira pas la moindre frustration ici tant la cohérence est remarquable.

Face à tel panorama, je (re)fais les mêmes constats que précédemment : les pupitres sont naturellement délimités au sein de la masse orchestrale. Une trompette émerge ici, à droite du groupe, seule. Les jeux d’archets s’entrecroisent rythmiquement sur toute la largeur de l’estrade sans la moindre confusion visuelle. Le spectacle est lisible et si évident à suivre.


Juste une remarque, un bémol à pondérer compte tenu du prix très abordable des enceintes : ces bibliothèques n’étirent pas la perspective en profondeur comme le feraient d’autres modèles plus haut de gamme. La scène est large, grande, mais manque (peut-être, c’est un point si fragile à valider que nous sommes toujours méfiants) d’étagement en profondeur.


Une chicanerie pour ce critère qui lui retire un diamant.


DIAMs 5 Vert

 Mais, (à ce prix) c'est peut-être injuste.

 

RÉALISME DES DÉTAILS :

 

Une palette de timbres variée et nuancée, un équilibre tonal probant à défaut d’être parfait, une scène sonore large et vivante… Quid de la définition : est-ce que la fenêtre donnant sur le spectacle sonore est assez transparente par exemple ?

Cette fois encore, il faut renvoyer aux partenaires de jeu que seront la source et l’ampli (sans oublier les câbles). Les F500 ne démériteront pas si vous décidez de leur adjoindre des partenaires au-dessus de leur niveau de gamme apparent. C’est une tendance que l’on constate de plus en plus dans le monde de l’enceinte acoustique, relativisant la pensée poussiéreuse de : « tout le pognon dans les enceintes ».

Elles se font oublier pour laisser place aux musiciens. Point.

Qu’est-ce qui nous a manqué, alors ? Une définition mieux nourrie en vibrations sous-jacentes, des silences plus mystérieusement habités… Evidemment : la moyenne des performances de la Fyne 500 situe la barre bien assez haut pour qu’on oublie parfois de la ramener à sa taille et son prix.

Avec Dr. Boondigga & The Big BW du groupe Fat Freddy's Drop on sent bien qu’une multitude de micro-informations sont dissipées, des arrières plans moins fouillés ; pour autant ils ne sont pas gommés, restent perceptibles. L’enceinte procède par un délicat équilibre global de la résolution sur la totalité de son ambitus.

DIAMs 4 Vert

2 diamants raturés, c’est cher payé ?

Disons que je contrebalance la chicanerie du critère précédent. Quand je pense que c’est moi qui, à l’encontre de mes collaborateurs, ai voulu distribuer des notes…

 

Fyne 500 3

 

 

PLAISIR SUBJECTIF et EXPRESSIVITÉ :

 

Difficile de résister aux charmes extravertis de ces petites bombes. On oublie volontiers leurs petites imperfections.

On aurait d’ailleurs tort de s’enfermer dans la logique d’une répartition par 1/3 (ou ¼ avec les câbles) entre source, amplification et enceintes, car les Fyne Audio F500 peuvent trouver leur vraie dimension subjective (oxymoron ?) avec un ampli nettement plus ambitieux, qui précisément équilibrera l’image tonale et déploiera les timbres ! Elles sont parfaitement aptes à suivre.

Je me suis surpris à écouter quelques disques aux mixages riches de bout en bout pendant la rédaction de ce test.

J’ai même réécouté des reliques que j’avais laissées de côté depuis longtemps, curieux et agréablement surpris de l’accueil que les Fyne F500 leur réservaient.

Des vieux vinyles, des CD, certaines playlists oubliées… Comme Stevie Wonder dans ses années prolifiques entre 70 et 80, le premier opus de Sheryl Craw ou l’édition récente du concert MTV Unplugged de Pearl Jam de 92 (paradoxe temporel).


A chaque fois en se délectant du plaisir de redécouvrir des passages métamorphosés, d’être touché par des fulgurances de sincérité.

Bien mises en œuvre, les vaillantes écossaises seront capables, posées sur les pieds idoines, d’apporter une touche d’humanité au sein d’un premier système sensible et musical.

Et puisqu’elles semblent faciles à disposer, forcément, on pense à elles pour un second système, le plaisir d’une écoute dans un bureau, une chambre, une pièce de lecture…



De bien chouettes moments.

DIAMs 6 Vert

 

RAPPORT QUALITE/PRIX :

Que dire de plus ?

Une enceinte ne se pense pas ex nihilo sans considérer l’ampli qui lui servira de passe-plat.

Vous trouverez certainement l’ensemble qui vous apportera tonus, swing et lien organique.

Une bibliothèque VS une colonne ?

Là encore c’est affaire de compromis, de taille de pièce et de budget. Et sur ces derniers critères, taille de pièce et budget, la F500 assène, tête haute, quelques arguments de choix.

Plaisir délectable, jamais coupable.

 

DIAMs 6 Vert

* compression, c’est écrit sur le site. Doit-on comprendre que le développement du cône sert de pavillon ?

 

http://www.Fyneaudio.net/

 


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