à l’oreille





TAD E1 1

 

TAD Laboratories E1

Par LeBeauSon - Octobre 2019


Une technologie de pointe au service d’une plénitude raffinée…

Vous le savez désormais si vous avez eu l’excellente idée de lire le banc d’essai que nous avons consacré aux premier modèle de la gamme, à savoir les Micro Evolution 1, TAD Laboratories appartient au tout petit club des marques quasi-légendaires de la haute-fidélité, avec la particularité d’avoir conquis ses lettres de noblesse en venant bousculer l’empereur du monde professionnel dans les années 80 : JBL. Au 20ème siècle.

T.A.D (Technical Audio Devices), département professionnel de Pioneer fondé en 1975, a d’abord proposé des transducteurs à haut-rendement, notamment des chambres de compression dont les évolutions récentes équipent, outre des marques de monitors de studio, certaines réalisations de l’ultra haut-de-gamme de la haute-fidélité qui fait rêver, tels Cessaro ou Living Voice.

Deux gammes sont proposées aux particuliers, chacune au moins composée d’une petite enceinte sur pied et d’une colonne, Evolution Series et Reference Series, dénotant une profonde inspiration pour dénicher des appellations. Elles ne reprennent absolument pas les principes du secteur « pro » et sont plutôt au contraire dans une conception de rendement moyen voire faible.

Aujourd’hui, nous nous penchons (à peine : c’est déjà une haute enceinte de 1215 x 350 x 512) sur le modèle colonne de la gamme d’introduction à la marque, à savoir Evolution E1-TX, totalement nouvelle par rapport à l’ancienne E1 dont votre serviteur n’était pas total thuriféraire. Faut dire que je le suis rarement.

Petite parenthèse : on a beau vouloir s’adresser à Vous, Profane de la haute-fidélité, Amoureux de musique, ou d’art, ou de culture, je tombe souvent dans le piège des explications techniques un tant soit peu obscures, intéressant essentiellement les initiés, et je m’en excuse. Vous pouvez donc aller directement au paragraphe : Richesse des timbres et équilibre tonal.

On ne vous en voudra pas, promis.

 

TAD E1 5

 

La colonne Evolution One TX (E1 dans le texte à suivre) endosse des formes plus complexes que la toute petite sœur : colonne fine légèrement inclinée vers l’arrière sur son socle au profit d’un élan bienvenu à la silhouette asymétrique, arêtes fortement arrondies, le sommet de l’enceinte est en pente remontant vers l’arrière. Oh, et puis zut, regardez les photos !

2 haut-parleurs de 16 cm Multi Couche Aramide (… non, ce n’est pas un insecte à 8 pattes) prennent en charge le secteur grave, et le large reste du spectre est confié à un haut-parleur coaxial de 9 cm en magnésium + dôme de 2.5 cm, en Béryllium pour ceux que ça intéresse. Moi pas : on a écouté des horreurs en Béryllium.

Sur chaque flanc, un cercle incrusté pourrait laisser croire à des haut-parleurs de grave supplémentaires, mais non : il s’agit des évents ou plus précisément des diffuseurs des évents selon une technologie propriétaire appelée Bi-Directional Aero Dynamic Slot (pfrrrhhh…. Qu’est-ce que vous voulez, ce genre de terminologie m’a toujours fait rire, je n’y peux rien).

Le filtre est logé dans la base en aluminium pour l’isoler mécaniquement. Un truc pour faire plaisir aux audiophiles, ce qui ne signifie pas inutile pour autant. Ledit socle repose sur 3 points pour l’écoulement mécanique et deux autres pour la stabilisation. E1 est prévue pour le bi-câblage (mouais, bof), livrée avec une paire de straps de qualité honorable même si on gagnera à les remplacer rapidement. L’ébénisterie mélange contreplaqué de bouleau et MDF (autrement dit « panneau de fibres à moyenne densité ») pour une bonne diffusion des modes de résonnance. Une unique finition est proposée : noir laqué. Comme noté pour la petite sœur, le degré de finition est remarquable.

Le prix public constaté est de 24 990 € la paire... Oui, c’est presque le prix d’un câble. Blague de hifiste...


TAD E1 3

TAD E1 4

 

Le rendement est faible (88 dB mais sous 4 ohms (sweet ohm ;-)) ce qui marque d’autant plus la différence avec la gamme de haut-parleurs pros.

L’écoute s’est faite dans un cadre un peu inhabituel mais que j’ai eu le temps de cerner en écoutant d’une part une enceinte que j’apprécie particulièrement, puis la bouillante petite ME1 auditionnée dans la même journée.

Je rappelle donc immédiatement que si j’insiste sur la notion de « corps » dans le texte qui suit, la pièce en favorisait le faste ; pour autant, la E1-TX comme la ME1 sont des vecteurs spontanés d’une louable plénitude.

 

Côté électroniques, deux combinaisons principales :

- Grandinote Volta (8 500 €), lecteur réseau/DAC fermé d’un rapport qualité/prix remarquable

- Grandinote Shinai (12 000€), intégré transistor en Classe A développant 37 W pensé comme un ampli à tubes avec transfos de sortie (non, pas comme un McIntosh *), dont l’expressivité, l’aplomb et la richesse harmonique en font un cas d’espèce dans sa catégorie et au-delà.

Et :

Lecteur réseau au remarquable rapport qualité / prix :

- un lecteur réseau Stack Audio (1 500 € ?)

- remplacé à un moment par un Rockna Wavedream Net (9 300 €)

- DAC Rockna Wavedream Signature, qui justifie clairement son prix supérieur (11 400€) par rapport au modèle de base.

- Préampli Angström (un délire en deux blocs embarquant 22 tubes !) : 30 000 €. J’en veux un !

- Blocs mono Alef, des objets à placer dans le top 10 absolu.

- Câbles Van den Hull, Alef ou Angström


Dans un contexte moins habituel, j’ai préféré me concentrer essentiellement sur des extraits musicaux que j’écoute fréquemment, pour l’essentiel les mêmes que pour la petite ME1, les essais ayant été faits lors de la même longue session.

Il faut aussi avoir en tête, à la lecture des lignes qui vont suivre, que les quelques réserves qui émaillent le texte n’existent qu’en rapport à une quête d’absolu, certainement pas par référence à des objets concurrents. En revanche, nous ne tenons pas (en tout cas moi) à tomber dans l’admiration béate sous prétexte que la marque est culte ou que les TAD malmènent rudement bon nombre de concurrentes.


                                                                                         

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL

Nous l’avions noté sur les petites ME1, c’est d’autant plus vrai sur les E1 : la palette de couleurs est subtilement variée et conduit rapidement au constat d’une assiduité chromatique de premier ordre. On retrouve la saveur des ME1 dégagée de presque toute contingence ou imperfection tonale. Les coloris sont fruités et l’équilibre plus naturel, refusant toujours la moindre facilité de brillance flatteuse, intégrant – de surcroit - homothétiquement le bas du spectre.

On retrouve également avec plaisir la conjonction morphologique qui soutient la personnalité des couleurs des instruments par une proximité intime, sans que la transparence générale, très homogène et de haut niveau à défaut d’être une référence, ne soit entachée par cette bienfaisante vertu, qui assurera de longues heures de spectacle à domicile sans lassitude.

La Symphonie Fantastique de Berlioz par Gardiner enregistrée dans la surprenante acoustique, très éteinte, de la salle de l’ancien Conservatoire de Paris où l’œuvre fut créée, exprime le gain en intensité et précision de la richesse harmonique par rapport à la déjà surprenante ME1, notamment grâce à une meilleure fusion du registre grave, accompagnées de beaux effets de modelé des instruments, une capacité inaccoutumée à organiser leur « apparat » dans l’espace qui surpasse la petite sœur ; apparat car l’identification se fait toujours plus par la substance et le relief que par les textures, mais pour autant la compréhension de celles-ci est excellente ; c’est un peu surprenant, mais très séduisant, spécialement sur les bois et cuivres (qui savent aussi exulter dans l’éclat), un peu moins sur les cordes.

Les attaques peuvent manquer de mordant, mais la cohérence est si parfaite qu’on accepte vite la logique d’une énergie râblée, contribuant au confort, préférée à une audace plus acérée. Probablement, cette « suavité » s’inscrit dans la matité qui est un atout majeur des Evolution, imprimant une matérialisation somptueuse aux couleurs de tout type d’évènement sonore.

Les percussions sont un soupçon « invasives », très spectaculaires, honnêtement très combatives, mais il faut avouer que les amplis ALEF « poussent » beaucoup !

Si ME1 est facile à vivre, la colonne E1 ajoute une rigueur qui mieux encore favorise le plaisir épicurien à se laisser porter par le flot musical. Par ailleurs on remarque (ou plutôt non, précisément : on profite) que l’enceinte disparaît derrière la musique : aucun son de boîte ou de charge, une neutralité mécanique irréfutable.

Le piano de Rafal Blechacz (Bach : Concerto Italien BWV 971) manifeste une splendeur peu commune, l’élan ductile respecte le phrasé virtuose de l’artiste à défaut de la franchise incisive des assauts de doigts vigoureux. La main gauche est limpide, tendue, marquant l’écart avec la petite sœur, un peu plus floue dans ce registre.

Singularité à l’écoute de Dany Siciliano, « Why » : l’extrême grave prudemment écourté sous un grave puissant (je précise que ce passage explore réellement les tréfonds), est évidemment plus linéaire que sur la petite ME1, et surtout, contrairement à ce qu’on constate trop souvent, pas dénaturé par du « gras ». Il est fermement tenu, un peu simplifié en timbres (oui, il y en a parfois dans l’extrême grave), mais très modulant. La voix de l’américaine paraît plus reculée – intégrée ? – que d’habitude alors que le piano est très costaud. Si le suivi du décompte « one, two, three, four, three, two, three, four, etc… » peut parfois s’estomper dans les couches complexes de la production, le délié des diverses inflexions est exceptionnel.

La sublime Franziska Pietsch jouant la Sonate pour Violon Sz 117 de Bartók révèle un instrument d’une plénitude chaude au point de frôler des accents « altisants » par une grandiloquence envoûtante plus que par la définition du boisé. Les couleurs florissantes habitent la virtuosité parfaitement maitrisée, sans fioriture, de la grande artiste allemande qui accède avec les E1 à un sens du vivant, du rythme, autant d’avantages pour un suivi aisé de l’esprit d’une œuvre pourtant âpre. Le maintien d’une densité idéale sur l’aigu du violon verrouille l’instrument dans une dimension constante, grande mais plausible, c’est magnifique. La matité de l’enceinte est réellement un plus, surtout nantie d’un aigu déliant très haut. Tout au plus regrettera-t-on que les subtiles sinuosités proches du silence s’effacent dans un fil ténu, à l’aube de l’élasticité…

L’enchaînement Eléphant / Kangourous / Aquarium / Personnages à longues oreilles / Le coucou au fond des bois / Volière du Carnaval des Animaux dans l’exposition minimaliste de Gennadi Rozhdestvensky - procureur impitoyable face à la médiocrité standard de la Hi-fi – est ici une gourmandise où le gâteau, pourtant volumineux, n’est ni trop sucré ni trop crémeux. La contrebasse joueuse de Gabin Lauridon, parée d’une dimension à la hauteur de l’animal évoqué, ne sombre jamais dans le simulacre ou le « lambinement », même si, personnellement, j’attends un raclement d’archet plus grasseyant. Les deux pianos bondissent réellement comme des kangourous et sur ce disque capté de très près avec beaucoup de goût, les dimensions correspondantes en sont parfaitement vraisemblables, le côté loupe existant dès la prise de son. Les clochettes sont limpides et détachées, sans ce rendu si souvent agaçant de sonner fluettes (un celesta ?) dans Aquarium, superbe de fluidité. Que dire des spondées grinçantes des violons figurant les ânes ? Grinçant, c’est le mot, expressionniste même, sans être assez accrocheur, peut-être. Ce banc d’essai est jonché de « peut-être » ou équivalents, c’est intéressant, non ?… Non ? Si…Et quelle clarinette, surexposée côté gabarit mais si délicate en couleurs, pour figurer le «coucou ». Mes réserves (très en demi-teintes… sans jeu de mots) portent à la rigueur sur grain, frémissement, matière mais je n’ai aucun doute sur la truculence de la palette des teintes et nuances harmoniques dans ce superbe tableau figuratif !

Formidable ! Un gâteau, vous disais-je, dont on peut reprendre plusieurs parts puisqu’il n’est jamais écœurant. Le seul risque est qu’il ravitaille votre boulimie musicale.

Le beau rap/jazz déstructuré d’Akua Naru psalmodiant avec une décontraction qui pourrait masquer sensualité et gravité dans Poetry : how does it feel now ? se développe dans une atmosphère intime imposant une incarnation physique quasi-dérangeante, occultant contradictoirement l’érotisme suggéré et ressenti sur deux ou trois autres enceintes d’exception. Le saxo savoureux est débarrassé des duretés qu’on lui connaît souvent dans son envolée lyrique au-dessus des nuages, prouvant qu’on n’a pas besoin d’être le plus inventif virtuose de la planète pour vous faire décoller ; la E1 s’y « entend » parfaitement pour sublimer ce genre d’exaltation

DIAMs 5 OR

 

SCÈNE SONORE

La scène sonore installée par les E1 est très charpentée ; elle ne déborde pas du cadre, ou alors sous contrôle ; au point de n’être pas vraiment aérée : l’atmosphère disparait derrière le noyau organique des notes, blason TAD de plénitude ; ainsi, si la musique semble souvent confiée à des héros balaises de Marvel, ils se révèlent étonnamment virtuoses !


Une exposition physiologique exceptionnelle qui amène un sentiment jubilatoire de prise de possession de l’espace un rien sur-naturelle (orthographe volontaire) des musiciens dans la pièce. Cet « hubris » - sans aucune connotation négative toutefois, aucune caricature - évoque les sonorisations de concert très réussies (si si, il y en a !) mais évidemment raffinées ici par des timbres impeccables, des éclosions harmoniques, des nuances de tonalités et surtout une équanimité organique qui sont au sommet des normes de la haute-fidélité.

Autrement dit : la TAD E1 fait preuve d’une vraie personnalité au service d’un plaisir de sybarite sans jamais desservir le discours musical.


Euh… C’est une phrase de conclusion, non ? Bon… Je la répèterai en conclusion.

 

Le positionnement des membres de l’Armida Quartett jouant le 8ème quatuor, op 110, de Shosta brosse une ponctualité scénographique sur un arc de cercle probant alors que la « scène sonore » en elle-même est possiblement un rien composite, sans doute du fait des dimensions relatives des instruments, plus « grandiloquents » que nature, ce qui contribue à cette sensation de lien privilégié aux musiciens à défaut d’une idéale plausibilité de distance entre la scène et vous.

Par rapport à la minuscule ME-1, le gain en justesse sur le boisé est patent, sans perdre la caractéristique majeure des deux sœurs, à savoir que la connexité à la matière est obtenue par le corps plus que par la définition des structures et textures ; c’est somptueux, cohérent dans l’approche, et institue un tempérament recréant une « autre réalité » comme on en bénéficie rarement.

 

La Symphonie Fantastique, toujours dans la lecture à cru de Gardiner, s’installe dans une profondeur bien maîtrisée à défaut d’une parfaite identification des plans comme de l’atmosphère de la salle, il est vrai rarissime. Les élans de timbales et grosse caisse assument des percussions limite pantagruéliques (avec l’ensemble Angtröm + Alef, qui possiblement «déborde» un peu les enceintes), mais saisissantes et bien calées dans l’espace.

 

Idem sur la proposition de mon point de vue d’anthologie de « das Lied von der Erde » de Gustav Mahler par le tandem Ludwig / Wunderlich sous la baguette de Klemperer (édition HR disponible sur Qobuz) : beaucoup de profondeur, une identification des musiciens souvent exposés comme des solistes qui fait comprendre la place « corrélative » de chacun dans le sublime orchestre (le Philharmonia / New Philharmonia (je suppose qu’on est à la jonction historique des deux appellations)). On « voit » moins l’atmosphère ou les particularités acoustiques de Kingsway Hall que de rares fois par le passé, mais au profit, comme toujours avec les TAD semble-t-il, d’une dimension plantureuse des instruments et des êtres. Les bois et cuivres sont particulièrement superbes du fait de cette affirmation inhabituelle (créant un improbable placement de l’auditeur très très près des musiciens) ; les attaques atténuées, joliment soit, fondent l’ensemble orchestral dans un moelleux enveloppant et chaleureux, porté par un élan exalté d’une intensité élevée.

Curieusement, Christa Ludwig semble s’être reculée dans l’environnement de l’orchestre. Sa stature est pourtant tout aussi remarquable que ses compagnons de jeu.  

 

Daniel Humair, Dave Liebman & Jean-François Kenny-Clarke sur Casseroles – More Tuna jouent (aux multiples arguties du mot) dans une ample mais solide scénographie intensifiée par la propension de l’E1 à procurer à tous un gabarit de titan, dans le bon sens du terme, à savoir exposer la carrure artistique de ces monstres du jazz. La capacité à focaliser est extrêmement précise sur ce passage qui, truffé de jaillissements riches en couleurs et vitalité, fait passer un moment de bonheur franc, d’autant, nous le préciserons plus tard, que le swing est de la partie.

 

Exercice très intéressant avec une musique extraite de la somme absolument magistrale de György Kurtág : Sign, Games and Messages sur des textes de Hölderlin et Beckett… par Kurt Widmer et le Orlando Trio chez ECM. L’enchaînement des titres de la suite Pas à Pas – Nulle Part (poèmes de Beckett et de Sébastien Chamfort (le frère d’Alain ? Mais non…)) pour baryton, cordes et percussions, dispose les intervenants sur un « échiquier en 3 dimensions » quasi expressionniste, ponctuée par des percussions basses un chouia trop grosses sans pour autant qu’elles soient envahissantes et dont la prolongation inouïe des résonnances construit une notion d’acoustique de pièce remarquable, pas forcément juste, mais structurant une redéfinition de l’espace souveraine et harmonieuse !

 

Sur la plage When Poets Dreamed of Angels de David Sylvian, les guitares acoustiques, infiniment mélodieuses, sont impeccablement différenciées, dans l’espace et le timbre, sans doute un peu enrobées comme la voix de Sylvian, pas vraiment frémissante ?… dont le chant est (corrélativement ?) très nuancé, dévoilant des ondulations de méandres lyriques particulièrement riches. Admirable perspective et souplesse sur les cordes (violons). Le choix d’un équilibre favorisant une matérialité luxurieuse établit un rapport direct avec les musiciens qui, à défaut d’une verve vulnérable ou onirique, brode un excellent vecteur émotionnel. Surprenant et très attachant.

 

Comment conclure sur cette notion de scène sonore ?

Ma quête d’expressivité et sensibilité maximale pour tout type de musique (et vraiment je ratisse large) m’amène à considérer que le summum de la plausibilité en matière de reproduction musicale est atteint lorsque le système vous installe dans la salle de concert ou « dans » le studio, invisible pour les artistes, ne pas les déranger, ne pas refreiner leur engagement, doute, élan….

Les E1 préfèrent vous inviter dans un théâtre « artificiel » par un jeu de contiguïté et mensurations inaccoutumées mais reconstituant une cohérence telle que j’ai facilement adhéré à cette « réinterprétation » du jeu nécessaire de la transposition : elles cherchent à installer les musiciens chez vous et y parviennent. Un choix fort et assumé. Ça me plaît beaucoup.

Pour le confort et la dimension spectaculaire :

DIAMs 6 OR

Pour la sensation de salle :

DIAMs 3 OR

 

RÉALISME DES DÉTAILS

La sensation sur ce critère est un peu paradoxale.

L’impression générale est que la restitution préfère l’opulence au piqué, la cambrure à la tension, l’onctuosité à la méticulosité, plus Bentley que Ferrari. Ou Alpine. Mais une Bentley, c’est quand même une auto racée ! Et pas paresseuse… A condition de lui éviter les courses de côte. Bon, une Ferrari aussi, et c’est bien là le paradoxe.

 

Avec les E1, dans la luxuriance du meilleur confort, le discernement des messages musicaux, combiné à des teintes abondantes, rutilantes et changeantes est d’un très haut niveau.

Le piano de Trifonov, dans les Etudes d’Exécution Transcendantes, à défaut de mordant ne manque pas d’éclat, ni bien sûr d’ampleur, la main gauche ointe plutôt qu’incisive. Et si on a connu ce piano plus complexe dans le rapport tension / suivi de note / ductilité, la flexibilité et le respect du phrasé sont impeccables.

 

Le Kurtág est vraiment spectaculaire par l’énergie plus que par la minutie. J’ai en mémoire une scène plus aérée, ouverte, mais je n’en ai jamais été aussi proche. Voire dessus. L’articulation de la voix de Widmer s’exprime dans un épanouissement chaleureux remarquable (les Alef n’y sont pas pour rien) ; je regrette un peu les passages subliminaux comme gommés, happés. Les claquements des baguettes de bois surprennent par leur consistante énergie tandis que le tranchant de la frappe semble insensiblement épaissi. De même la grosse caisse un poil démesurée, dont la résonnance reste imposante, dépassant probablement la réalité. Mais bon sang, qu’est-ce que ça pousse ! Quel appétit ! Les E1, mieux encore que les ME1, et pour cause, évoquent de ce point de vue des enceintes bien plus monumentales, voire des systèmes à pavillon colossaux.

Sans la mise en avant systématique, fréquente sur ce type d’enceintes, car la scène qu’installe la E1 est bien calée dans le plan ou en arrière des enceintes : aucune projection.

 

Les musiciens de Bill Carrothers (Hello ma Baby) ont eux aussi une carrure de héros de légende mais la proposition tient la route, d’autant qu’elle est parfaitement harmonieuse et évite habilement une contrebasse ballant comme un sumo où d’autres enceintes célèbres ont tendance à en surévaluer le gabarit en totale perte de cohérence. Les fûts de batterie sont bien identifiés dans l’espace, le timbre et les proportions aussi, et on savoure enfin le plaisir d’un diamètre et poids d’une batterie, cymbales incluses, qui refusent l’amincissement indigent par le filtre de la hifi.

Formidable !

Les duretés qu’on connaît souvent sur le piano de Carrothers disparaissent sur les E1. Possiblement parce que les attaques s’arrondissent sous un soupçon d’élasticité…

 

La proximité physique de la prometteuse et déjà géniale Billie Eilish chantant « I love you » (avec un aplomb de mélancolie d’autant plus déconcertant qu’elle a 17 ans) est si troublante qu’on pardonne que la texture de voix sinue derrière un voile léger et que ses modulations subtiles, distillant un mystère vibrant, s’égarent parfois derrière une autorité digne de la Statue du Commandeur. La guitare acoustique timbre magnifiquement sous des doigts qu’on a parfois écoutés plus délicats. La voix du frangin est identifiée par la tessiture sans se détacher complètement par sa prosodie (je n’ai pas trouvé le mot adéquat) de celle de Billie. La sensation d’un lien continu sur toute la longueur du morceau est ensorcelante, sans doute via la légère affectation d’une zone de bas-médium qui ne colore pourtant jamais les nappes de graves ponctuant quelques passages du diadème, parfaitement contenues et lisibles.

On le comprend : la TAD E1 s’inscrit dans une option globalisante, favorisant l’énergie roborative face à la transparence.

 

Quel beau et puissant panache de concert sur « the Doomed » par A Perfect Circle, d’une scénographie ancrée dans le sol, où la robuste batterie pas franchement raffinée de Jeff Friedl et la basse de Billy Howerdel bâtissent un bunker faisant oublier les horions légèrement infléchis ! C’est solide, incarné, herculéen à souhait, en contournant toute forme de vulgarité ou simplification arrangeante. Il est vrai que le fichier est beau et que nous sommes passés à un certain moment au Streamer Rockna ; qu’importe, les E1 savent envoyer du lourd sans concession !

                                                                                                  

Pour rester dans le costaud, j’ai choisi Nine Inch Nails « still here », un de mes morceaux fétiches. E1 ne cherche jamais à déboucher artificiellement les ombres et – bien mieux que beaucoup de chalengeuses - en pétrit expertement les modelés alambiqués. Or la beauté aime l’ombre : dans les ombres naît la tentation. L’extrême grave, aussi bien les nappes que les à-coups, est certes écourté mais spectaculaire sans exagérément basculer dans la facilité de l’épaisseur, de la lourdeur. La limite de l’exercice se révélera par un léger pompage sur les passages les plus abyssaux. La distorsion écrite sur le canal droit qui donne l’impression que les HP grésillent est un peu dissimulée sous le flot, le léger riff de guitare aérienne soulagé de sa tendre sensibilité, la voix du grand Trent moins rugueuse que parfois, mais que c’est impressionnant, surtout sur le couple Angström / Alef via les sources Rockna.

Mon dernier commentaire est donc : Waouh…

DIAMs 5 OR

 

QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE

Comme on l’a évoqué, la proposition de Chostakovitch par Armida Quartett est joyeusement vivante, du rebond et du soyeux, un swing direct, animé par l’avancée en gros plan des musiciens dans l’atmosphère.

Pour rester sur Chosta, j’ai tenté la 8ème symphonie, après le quatuor n°8, par Ginandrea Noseda et le LSO, le 3ème mouvement, moins alerte que celui qui pour moi reste un référent, Bernard Haitink avec le Concertgebouw, mais très convaincant par un style sérieux et concentré qui rappelle Kurt Sanderling… Sur les E1-TX, l’aspect « valsant » derrière la rigueur est joliment porté par un ondoiement de swing soulignant la contradiction crépusculaire, aidé par la riche substance des timbres faisant oublier les percussions toujours « un peu plus que nature » dans l’enchaînement des mouvements 3 & 4, propension possiblement accentuée par la majesté généreuse du préampli Ansgtröm, car moins flagrante sur la combinaison Grandinote, en renonçant au passage, bien sûr, à une pincée de diamants et ivresse.

 

Je repasse tous les extraits en revue ? Oui, les E1 le méritent :

Humair et consorts, Casseroles :
si l’ensemble « percute » un peu moins que certaines de nos références, l’ampleur nourrit copieusement le plaisir fruité d’une douceur de longue durée : on évite l’agression en permanence par absence de distorsion et sans doute aussi par un imperceptible « lifting » des attaques, mais quelle stupéfiante hardiesse globale, consistante et efficace.

 

Le Concerto pour Violon de Tchaikovsky dans la version « tzigane ? » de Patricia Kopatchinkaja et Teodor Currentzis confirme la propension des E1 aux sursauts vifs et enjoués, la petite harmonie, les bois et cuivres toujours aussi affirmés, sont sincèrement convaincants. La cohérence des dimensions du violon même sur les notes les plus aigües contribue à la lecture mélodique. Le suivi des lignes instrumentales est particulièrement aisé au détriment des frissons subliminaux. C’est probablement là l’expression de la volonté qui a présidé à l’élaboration de ces belles sculptures : elles sont faciles à vivre, exposent une vision plénière de la musique allant à l’essentiel, précise, s’arrêtant à la lisière du monde plus mystérieux du frémissement sensitif.

Et toujours cette « chair » qui procure un réalisme concret aux bois et cuivres, sans pour autant que la matière soit ciselée. C’est curieux mais bien agréable d’autant que, songeant à ma pièce manquant précisément de corps, je pense que cet ensemble s’y révélerait superbe.

 

St Vincent psalmodiant Savior dans la version voix / piano de MassEducation a grandi et s’invite chez vous, conquérante, perturbante de privauté « plantureuse », tournant presque à l’arrogante effigie. Je regrette à peine, dans ces conditions, que le swing dans la voix soit un peu réduit, érodant la sensibilité à fleur de peau. Le registre grave du piano qui impressionne par sa dimension, est profond et robuste.

 

La BO de Shaft (version 71, Isaac Hayes) est solidement vertébrée par une belle compacité ; la guitare funk typiquement timbrée nous assène de beaux ricochets qui pourraient être, à la rigueur, plus prolixes. La focalisation très artificielle mixée « studio » pour être efficace, est retranscrite au cordeau et délivre un swing vivant peut-être sensiblement plus poli, mécanique que parfois. Sur ce genre de musique aussi le choix d’une emphase gouleyante paye même si je regrette la voix sépulcrale d’Isaac un peu en retrait.

 

En poussant le jeu plus loin, les E1 nous présenteront un Fred Astaire pas aussi jovial qu’on l’a connu (Puttin’ on the Ritz, Irving Berlin) dans un rythme cependant impeccable, endiablant, nous faisant passer un moment d’autant meilleur que les diverses interventions des solistes sont éblouissantes de densité et de faconde. Détail amusant, les « pêches » micro ont quasiment disparu, probablement intégrées dans l’ensemble.

 

L’album de Christian McBride New Jawn octroie lui aussi un vrai plaisir, richesse et dextérité, la constance de la contrebasse, tout en boisé, est un régal, la trompette de Josh Evans éclate dans ses entrechats, coruscante, nonobstant grain et matière lustrés.

 

Mahler par Klemperer ?
La dynamique s’épanouit dans un panorama naturel, sans pallier, sans exagération flatteuse, mais aussi sans les interférences qu’on note parfois entre le déploiement harmonique et les réverbérations, prouvant une belle homogénéité de la définition (et la qualité des sources), et c’est franchement très agréable. Les inflexions de chaque musicien, hautbois et clarinette en tête, sinuent, malléables et charmeuses, en idéalisant le talent.

 

Enfin, pour clore ce chapitre, j’ai aussi voulu écouter le très beau fichier DSD de Peter Gabriel 4 via le puissamment émouvant « lay you hands on me » dont l’apogée final atteint une puissance impressionnante quand le système est vraiment libre : s’il n’explose pas vraiment sur les E1 (à un niveau de cinglé), comme si les haut-parleurs de grave étaient un peu freinés, il garde une intelligibilité et un équilibre stupéfiants ! Aucune projection, aucun fouillis, aucun détimbrage, performance d’autant plus remarquable que l’enceinte n’est quand même pas une géante.

A contrario, une petite précision : les TAD savent garder une probité admirable à des niveaux beaucoup plus raisonnables sans perte ni de l’équilibre tonal, ni de la capacité d’analyse, même si on les sent plus impliquées en montant un peu le volume.

DIAMs 5 OR

 

EXPRESSIVITÉ & PLAISIR SUBJECTIF

J’ai un peu de mal à m’engager dans le chapitre « expressivité », car j’ai particulièrement apprécié la longue journée en compagnie des E1, comme de leur (toute) petite sœur ME1.

J’ai vraiment envie d’une paire de E1, d’autant que je suis convaincu qu’elles feraient de beaux instruments de test pour nos BE (ceci est un message discret envoyé au patron).

Ah oui : et aussi des Alef. Et de l’Angström.

Le passage par quelques variantes d’électroniques m’en a convaincu et si j’ai beaucoup décrit la « plénitude » des enceintes TAD, je sais par ailleurs que celles-ci seraient moins sublimes ou onctueuses si on choisissait des électroniques plus « sèches », moins « beau V8 ronronnant » que l’ensemble « Angström + Alef » par exemple. Il se trouve que si j’ai vraiment été emporté par cette option maximaliste proposée par mon amphitryon, on pourrait la refreiner un tant soit peu si on lui préférait une lecture plus « analytique », en évitant toutefois d’aller à contre sens du thème directeur de la conception TAD.

La TAD E1 fait preuve d’une vraie personnalité au service d’un plaisir de sybarite sans nuire au discours musical. Oui, je l’ai déjà dit en cours de texte.

C’est pourquoi je rassemble en une seule rubrique « expressivité » et « plaisir subjectif » : j’ai par la passé frémi à l’écoute d’une Billie Eilish plus élégiaque, vibré à la communion avec une St. Vincent chantant Savior plus « fragile », Helen Merril a su plus directement parler à mon cœur en quelques rares occasions, Akua Naru m’entrainer dans sa sensualité avec plus de promesse animale, j’ai senti le violon d’Anne-Sophie Mutter plus sautillant et granuleux (que des femmes dans mon énumération ???), et le Kurtag a exprimé une profondeur métaphysique ou humoristique (ça se ballade entre les deux, un peu comme du Ligeti) plus implicite… Mais tout ça sur quoi ? Quatre ou cinq paires d’enceintes qui ne regroupaient pas forcément toutes les qualités des TAD, notamment cette extraordinaire incarnation chaleureuse ; ou alors passablement plus coûteuses ?

L’expressivité n’est pas le domaine d’élection des TAD. Ça ne signifie évidemment pas qu’elles en soient dépourvues : elles visent plus à procurer un plaisir gourmand, voire sensuel, que de la délicatesse frémissante, l’affirmation que la subtilité de sensations ou de complexes figures de modulations croisées, détorses, enchevêtrées et vibrantes et si le rapport aux musiciens est direct, la ferveur artistique en sort passablement conceptualisée.

Pour autant, elles délivrent une « musicalité » racée, immédiate, les rendant faciles à vivres, confortables, nuancées et offrent par ailleurs une ampleur et une énergie qui parlent directement au corps à défaut de titiller l’âme ou l’épiderme comme de rares références savent le faire.

Plus Rolls que Lotus donc…

Je suis d’autant plus déconcerté et heureux de la souplesse de phrasé, la qualité mélodique, l’équilibre harmonieux, l’engagement physique et le plaisir raffiné que nous en avons obtenu en cette journée de test, que mes diverses rencontres avec des TAD « domestiques » m’avaient toujours donné l’impression d’un gros son un peu bourrin, révélant en réalité une mise en œuvre peu méticuleuse.

Clairement, les TAD méritent qu’on les soigne pour ne pas les enfoncer dans la caricature et dès lors, on aura affaire à des joujoux qui pourront vous combler longtemps.


 

EXPRESSIVITÉ

DIAMs 4 OR

PLAISIR SUBJECTIF

DIAMs 6 OR  et puis tiens DIAMANT Isole OR*

 

 

PERCEPTION D’ENSEMBLE

Objets luxueux, magnifiquement finis, d’une conception technologique intelligente et aboutie, on a affaire, avec les TAD E1-TX, à des instruments précieux qui nourrissent de nombreux compartiments des plaisirs de la haute-fidélité.

Esthétiquement, on ne peut se prononcer pour vous. Personnellement, je n’aurais pas refusé un peu plus de sobriété, mais l’équilibre entre les nécessités techniques et l’élégance formelle penche du bon côté de la frontière.

Outre le fait que certains seront rassurés de choisir des créations issues d’une marque prestigieuse, mythique même, ils auront aussi la satisfaction d’entrer dans le club fermé du très haut-de-gamme qui n’est pas que vaine vitrine technologique, la réalité d’un ravissement hédoniste total étant au rendez-vous du choix.


 

Pour synthétiser l’énumération des critères :

TIMBRES :

Les coloris sont fruités et l’équilibre naturel, refusant toujours toute facilité de brillance flatteuse et intégrant homothétiquement le bas du spectre… On retrouve également avec plaisir la conjonction morphologique qui soutient la personnalité des couleurs des instruments par une proximité intime

SCÈNE SONORE :

Les E1 préfèrent vous inviter dans un théâtre « artificiel » par un jeu de contiguïté et mensurations inaccoutumées mais reconstituant une « autre » cohérence de la transposition : elles cherchent à installer les musiciens chez vous et y parviennent

DÉTAILS :

Dans la luxuriance du meilleur confort, le discernement des messages musicaux, combiné à des teintes abondantes, rutilantes et changeantes est d’un très haut niveau… Cependant, les TAD E1 s’inscrivent dans une option globalisante, favorisant l’énergie roborative face à la transparence.

SWING :

L’E1 est joyeusement vivante, du rebond et du soyeux, un swing direct, animé par l’avancée en gros plan des musiciens dans l’atmosphère : les E1 sont faciles à vivre, expose une vision plénière de la musique allant à l’essentiel, précise, s’arrêtant à la lisière du monde plus magique et mystérieux du frémissement.

EXPRESSIVITÉ ET PLAISIR SUBJECTIF :

Les E1 visent plus à procurer un plaisir gourmand, voire sensuel, que de la délicatesse frémissante, de l’affirmation que de la subtilité de grain ou de complexes sensations de modulations croisées, détorses, enchevêtrées et vibrantes et si le rapport aux musiciens est direct, la ferveur artistique en sort conceptualisée… Pour autant, elles délivrent une « musicalité » racée, immédiate, les rendant faciles à vivres, confortables, nuancées et offrent par ailleurs une ampleur et une énergie qui parlent directement au corps à défaut de titiller l’âme ou l’épiderme comme de rares références savent le faire.

L’E1-TX EST une grande enceinte. Dans la pléthore de choix proposés dans une gamme de prix déjà élevé, nous n’en connaissons guère (ce n’est pas faute de chercher) qui regroupent autant de qualités, objectives et subjectives, et sauront pourvoir des enrichissements culturels variés en y adjoignant les sensations physiques, l’immédiateté et beaucoup de capacités aux couleurs et nuances.

L’E1 mérite toute votre attention pour ne pas ruiner leurs qualités ou les rendre caricaturales. Attention donc aux sirènes.

 

RAPPORT QUALITÉ/PRIX

Rien à reprocher sur ce critère compte tenu d’une part de la qualité de la réalisation, mais aussi du résultat enthousiasmant sur tout type de musique, et mieux encore : rares sont les concurrentes qui savent créer ce lien charnel, physique aux musiciens, à défaut, peut-être, de respecter leur expression autant qu’on l’aimerait…

DIAMs 6 OR

TAD E1 2

 

* on a eu une remarque par un donneur de leçon qui aurait mieux fait d’observer la technologie avant de la ramener !… Et puis, les donneurs de leçon, c’est nous ! Non mais…**

** ceci dit, on est prêts à en recevoir ***

*** et même, ça n’arrête jamais vraiment****

**** ça permet d’en redonner d’autres*****

***** c’est la vie.


 



DROIT DE RÉPONSE

par Armando Fontana (importateur français de TAD) - www.tecsart.com

Je trouve ce banc d'essai pertinent et juste, surtout en le replaçant dans le cadre des critères de jugement tels que définis par LeBeauSon.

Je voudrais simplement ajouter une information qui vient de mon expérience : je tiens à souligner la transparence de ces enceintes capables de bien marquer les différences de l’amplification et des sources mais aussi à préciser leur sensibilité au positionnement dans la pièce.

J’avoue que dans notre auditorium - où a eu lieu le test d’écoute -, elles ne sont pas exploitées dans tout leur potentiel. Pour des raisons liées à la configuration des lieux, elles sont placées au centre de la pièce qui mesure 5 m de large et 10 de profondeur.

J’ai eu la possibilité d’écouter les mêmes enceintes sur de nombreux autres systèmes, dans des pièces plus petites et surtout positionnées plus proches de la paroi arrière. 

Les équilibres changent mais préservent la justesse des timbres, la nature transparente et précise de la reproduction sonore comme l’image holographique restent intactes. La densité sonore, surtout dans la partie chaude du spectre, gagne encore, le grave est invariablement propre et tendu, et la scène conserve la profondeur et la largeur bien au-delà des murs.
A bien y réfléchir, ce n’est pas étonnant et reflète bien ce qu’on peut en attendre, vu que, comme quasiment toutes les enceintes du marché, elles sont conçues pour travailler avec un mur arrière pas trop éloigné.

 


 

Petit rappel nécessaire :

Nos bancs d’essai sont engagés et assumés : nous affirmons qu’un certain nombre decritères « sonores » doivent impérativement êtrerespectés pour exalter la musique,cause fondatrice de notre serment. C’est notre point de vue, notre attente, notremotivation. Une fois ce préalable énoncé, il n’y a pas de place pour la « subjectivité »dansnos BE mais une évaluation précise autour de ces critères définis parailleurs.

La perfection n’existant pas, notre devoir est de décrire le plus précisément possible lespaysages qui vous seront proposés par l’appareil que vous choisirez comme véhiculeémotionnel pour un long voyage. De fait, nos bancs d’essais n’hésitent pas à pointerdes petites et moins petites imperfections, limites ou réserves qui, au milieu de qualitésque nous mettrons prioritairement en avant, émaillent le comportement de chaqueappareil.

Cela paraîtra sévère parfois mais jamais malévole car c’est le refus d’une consensuellehypocrisie qui nous anime, pas la volonté de nuire. Ayez conscience que seul un défautrédhibitoire sera cruel et définitif, pas d’infimes errances de comportement au sein d’unocéan de bienfaits. Attention donc à bien mesurer que le pointage d’un accroc mineurpeut malencontreusement prendre plus de relief qu’un flot de compliments.

En outre, un peu contraints par les limites du vocabulaire, nous vous rappelons d’avoiren tête qu’on ne devrait pas tester une Renault Clio comme une Audi RS6. On ne peutet ne doit en espérer les mêmes performances mais on a le droit de savoir, dans lecadre d’un choix dicté par un budget, ce qu’on peut en attendre.
Par chance, en haute-fidélité, on trouve parfois des appareils très raisonnables qui sontde belles berlines ou sportives.

Outre que, bien sûr, nous ne sommes pas infaillibles, nous comprenons que d’autresfavorisent des aspects différents de la reproduction musicale ; nous nous efforceronsdonc d’exposer en toute impartialité la vocation ou orientation esthétique (sonore) desappareils testés.

Et afin de respecter les avis divergents (parfois même entre nous, pourquoi pas) 
nousouvrons d’une part la possibilité à nos collaborateurs d’intervenir en coursd’article mais surtout au fabricant ou distributeur du matériel testé
 - ou unreprésentant désigné par ceux-ci - de compléter notre test par un commentaire, un droitde réponse.

Enfin, autant nous avons des notions précises de technique, autant nousconsidérons que nous ne devons pas nous laisser influencer par des a priori,estimant en outre que ce genre de considérations n’intéresse pas la plupart desamateurs de musique non audiophiles. Par conséquent nous survolerons volontairement ces aspects.

 

Banc ecoute