à l’oreille





DAVIS NIKITA 1

NIKITA 3.0 - Davis Acoustics

Par LeBeauSon - octobre 2019


Une forte individualité qui marque un jalon d’une démarche louable et réussie !

Doit-on encore présenter DAVIS Acoustics ? Cette célèbre marque française ? Oui ?
Ben non : faites-un effort…

DAVIS Acoustics est une société créée il y a… oh là… longtemps (1986) par Michel Visan qui avait fait ses armes en réalisant quelques haut-parleurs célèbres notamment pour SIARE. Genre d’informations parfaitement inutiles pour les non-initiés.

Fabricant, en premier lieu, de haut-parleurs (qui continuent d’équiper des enceintes du monde entier, dont Avantgarde par exemple. Doit-on présenter cette célèbre marque allemande ? Non !), Davis a rapidement lancé des lignes d’enceintes et de kits.

En 1988, Michel Visan se fait plaisir en créant un haut-parleur large-bande regroupant une bonne partie de son savoir-faire : le 20TK8 ; cône en Kevlar et moteur Ticonal (alliage de Titane, Aluminium, Nickel et Cobalt) qui favorise un champ magnétique puissant (champ coercitif élevé) à condition d’être bien contrôlé par la qualité des plaques de champ. Pas un souci pour Michel.

En 2005, Olivier Visan (digne fils de son père) installe le 20TK8 dans une création originale : la NIKITA.

Originale, car ce type de haut-parleur de fort diamètre est généralement utilisé soit comme intermédiaire, soit dans une enceinte de volume important et de charge complexe.

Or, Nikita est une enceinte bass-reflex, dite de bibliothèque, que nous préférons appeler « compacte » ; sauf si le client est un rejeton d’Ouranos et Gaïa, suffisamment érudit pour avoir envie d’une bibliothèque à sa démesure de Titan : 38 x 23 x 40 cm (de profondeur), 19 kgs, ça commence à faire de jolies bébés pour des biblios.

DAVIS NIKITA 2

D’un format peu commun donc, la première Nikita ajoutait la particularité d’embarquer un tweeter à cône.

Ce qui était pour le moins une rareté n’a plus court désormais puisque la nouvelle Nikita, 3ème génération, est passée à un tweeter dôme, à double décompression s’il vous plaît… Il y a des termes techniques qui me font sourire au moins autant que vous, même quand ça a du sens. En l’occurrence, ça en a.

Le 20TK8 est fidèle au poste, le câblage interne est d’origine Esprit Eterna, et les composants sont de première bourre : Mundorf, WBT par exemple, encore des indications obscures pour le quidam.

Nikita 3.0 garde – on l’aura compris - ses dimensions atypiques et son haut-parleur qui rentre lentement dans la courte liste des légendes. Elle nécessite d’être posée sur un socle ou pied, ce que Davis propose évidemment.

Autant l’enceinte a de belles proportions, une forme épurée à pans inclinés qui allège sa compacité, une jolie laque noire (pas la plus profonde qui soit mais très homogène), et un rappel élégant du logo sur le dessus procurant un petit cachet, autant le pied est… euh… Lourd. OK, ça fait sérieux, mais bon !

A signaler que Davis place clairement cette atypique enceinte dans une marge de pensée puisque, à l’heure actuelle, elle est l’unique représentante d’une gamme appelée « Dream ».

Allez hop, que se passe-t-il entre les oreilles avec une paire de Nikita correctement nourrie et positionnée ?

 

DAVIS NIKITA 3

 

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL

Les timbres respirent abondamment, et s’ils ne sont pas les plus pigmentés ou fins qu’on ait pu entendre, il y a dans le développement harmonique de Nikita une lecture par la lumière qui définit distinctement la diversité des instruments ou pupitres, donnant un caractère vivant et enjoué aux passages les plus rébarbatifs auxquels nous l’avons soumise.

Dans le rude exercice (je parle de l’orchestration élaborée) du Concerto n°1 pour Violon de Prokofiev par Franzisca Pietsch et Cristian Macelaru, la proposition atypique - faite de verve et de simplicité - de la belle violoniste germanique (vraiment) (?) (vraiment belle) (et germanique) est non seulement respectée mais même particulièrement délectable. Et si on peut regretter l’allégement du boisé et le satinage des couleurs de l’orchestre par rapport à nos meilleurs repères, on ne pourra que louer la limpidité avec laquelle Nikita tisse le discours fervent au point de pouvoir relever la partition à l’oreille si l’envie vous en prenait. Sinon, vous pouvez aussi acheter la partition.

Nikita révèle un côté « moniteur » pas désagréable du tout car exempt des désagréments du genre ; la restitution respire, bondit, pétille avec bonheur.

Le très mélancolique Premier Quatuor de Philip Glass (Quatuor Tana chez Megadisc, un must) gagne en intensité par la rapidité et la présence de Nikita qui nous approche de l’archet sur la corde, confirmant en revanche la tendance un rien atonique des teintes, la séparation entre les musiciens se faisant impeccablement par la compréhension du jeu et évidemment par la magnifique précision holographique de la captation.

La bande passante est plus étendue qu’on aurait pu croire au premier abord ; à preuve la reprise des Mots Bleus sur l’album étrange de Christophe « Christophe etc… » où la hardiesse massive passe avec une densité remarquable et les fondements d’extrême grave, si on les devine un peu écourtés, sont soutenus par une strate physique impressionnante. Les effets sur la voix du chanteur reflètent une mise en scène soignée, et on note avec plaisir une touchante sensibilité sur les vers impérissables de Jean-Michel Jarre. Non non, sérieusement : « Je lui dirai les mots bleus, les mots qu’on dit avec les yeux, parler me semble ridicule, je m’élance et puis je recule », c’est impérissable !


Pas du René Char, soit, mais…

… Tenez :

« Notre parole, en archipel, vous offre, après la douleur et le désastre, des fraises qu’elle rapporte des landes de la mort, ainsi que ses doigts chauds de les avoir cherchées. Tyrannies sans delta, que midi jamais n’illumine, pour vous nous sommes le jour vieilli ; mais vous ignorez que nous sommes aussi l’œil vorace, bien que voilé, de l’origine. »

… C’est presque pareil, non ?

 

Bon, revenons à Nikita, dont le nom évoque lui-même un grand moment artistique, à savoir un chef d’œuvre de Luc Besson.

Cherchez l’erreur…

A moins que le choix du nom soit un hommage à l’homme d’état soviétique ? J’en doute fort.

 

L’équilibre tonal de mam’zelle Nikita est-il parfaitement linéaire ? Non.

Vous me direz, c’est rare…

Je répondrai : c’est vrai !

Pour Nikita, une précaution s’impose : elle semble facile à alimenter sur le papier et n’a en effet pas besoin d’une puissance délirante, mais il vaut mieux que l’amplificateur la tienne d’une poigne solide si on ne veut pas récolter un grave un peu répétitif voire parfois entaché d’une sorte de tonique de charge.

Ce serait d’autant plus regrettable que, pour le reste, l’enceinte manifeste une liberté pour le moins à poumons ouverts… Par exemple et de ce point de vue (le registre grave, pas les poumons), l’enceinte s’accommode mieux d’un Accuphase E370, d’un Atoll IN300 (recommandé) ou un Grandinote Shinai (ben oui, quand même) que de l’Aeolos Ultra ou du Arne Engström. Pour autant, ne vous méprenez pas : avec ces deux derniers, le résultat est royal, voire impérial. Mais dans un cas, le grave est légèrement écourté et pneumatique (c’est très exagéré), dans l’autre, il marque un léger laisser-aller. En plaçant les enceintes sur des supports intermédiaires type B1 ou Franc Audio, tout rentre dans l’ordre cependant.

En dehors de la gestion éventuellement capricieuse (ou en tout cas requérant de l’attention) du bas du spectre, l’équilibre tonal expose une petite particularité très probablement volontaire, celle d’un léger creux dans une zone relais entre haut-médium et aigu, qui peut-être explique que les timbres ne font pas un sans-faute.

Ah zut, c’est technique ça… Le boss va râler.

De toute façon, il râle, sinon c’est pas un boss. Hein, Boss ?

Cette petite afféterie n’est pas du tout déplaisante et permet de pacifier la zone de relais de densité entre les deux transducteurs je suppose, car il ne faut pas oublier le volume contenu de l’objet et les magnifiques qualités de vie et de plaisir qui sont à la base de la conception ; on peut facilement soupçonner que vouloir linéariser aurait conduit à l’affadissement morne de la plupart des consœurs de ce prix ou plus coûteuses.

Or le bénéfice de ce choix affirmé, on le mesurera pleinement dans la rubrique « détails »…

Si ce n’est pas un art consommé du suspens, ça…

En outre, ce « réglage » procure une grande marge d’utilisation : Nikita ne craint pas les assauts de puissance, elle suivra sans rechigner, sans peiner, sans distordre non plus, à même donc de remplir des grands espaces, outrepassant son petit volume et son faible encombrement visuel. Nikita est une « grande » enceinte.

On pourra donc noter, comme dans le Prokofiev ou le Philip Glass, un léger blanchiment sur la voix de Natasha Khan (Bat for Lashes) dans the Bride, qui n’affadit guère la poignante théâtralité d’un opus consacré à l’histoire tragique d’une veuve à peine mariée. La beauté de cette composition hybride, ses jeux de couleurs en demi-teintes conviennent idéalement à Nikita, même si on sait le disque un peu plus « coloré »…

Allez, une petite note ?
Parce qu’on n’est pas dupe, on met (enfin, moi) :

DIAMs 35 rouges

Ça n’existe pas 3.5 étoiles ? En effet, mais parce qu’on est bienveillants et surtout entichés de ces drôles de machin, j’ai eu la tentation de mettre plus !

Voyez la malice de Nikita : me faire passer dans le camp de la subjectivité que je méprise généralement !

Pour être plus clair : le difficile exercice de donner des « notes » inclut deux possibilités : noter dans l’absolu, et j’aurais mis 3 étoiles parce que je sais qu’il y a des enceintes dans la catégorie qui sont plus affinées en timbres, mais noter sur le plaisir du moment aurait valu 4 étoiles. Voyez ? Hummm ? D’où les 3.5…

 

SCÈNE SONORE

Naturellement large et profonde, parfois même extravertie (sur le Arne Engström), Nikita ouvre une immense baie sur le grand large.

Dans certaines configurations heureuses, incluant la nécessité évidente de ne pas les coller au mur arrière, l’enceinte disparaît totalement derrière un spectacle « grandeur nature » on ne peut plus plaisant.

A partir de ce constat, on entre dans un des paradoxes attachants de Nikita : si la focalisation des instruments dans l’espace est plutôt précise, pour autant la scène musicale est un peu artificielle, sorte de dissociation de l’environnement sonore qui rend l’estrade plus spectaculaire que plausible ; ce qui n’est en rien rédhibitoire car cet effet surprenant participe à un plaisir total dont on ne se lasse pas, celui d’un cinémascope animé.

Et c’est d’autant plus délectable que sur une petite formation de Jazz (Jutta Hipp et Zoot Sims en quintet, remasterisation HR mémorable !), la scène se redimensionne homothétiquement ; la notion de grand spectacle respecte donc une mise à l’échelle cohérente selon les formations. Preuve de plus d’une personnalité volontairement écrite par les concepteurs. Et Nikita nous fait pleinement ressentir que Zoot Sims domine la mêlée, savourer les charmantes interventions de Jutta Hipp, très en verve au phrasé souple et enthousiasme réfléchi, on a connu Jerry Lloyd plus inspiré, Ahmel Abdul-Malik n’arrête pas de parader et Ed Thigpen semble se réveiller de temps en temps balançant quelques rafales d’idées pour retomber très vite dans le sommeil d’une rythmique américaine classique mais efficace. Joli disque, un excellent standard indispensable que Nikita présente dans toute sa fraîcheur et sa sincérité.

                                                                                                   

Autre étrangeté : si on peut pousser le volume sans la moindre hésitation sur des opus à dynamique limitée (cas le plus fréquent sur du rock ou musiques modernes), à preuve de chouettes moments en compagnie de Radiohead ou des allumés de Idles, on constatera qu’en laissant s’exprimer la volubilité pantagruélique d’une symphonie de Mahler (la troisième en l’occurrence par Ivan Fischer (et son orchestre, parce que tout seul, à part agiter les bras… ou siffler la mélodie, à la rigueur)), on peut parfois constater une fugace contraction de la scène dans une zone intermédiaire haute du spectre, qui pour autant n’est accompagnée d’aucune projection ou distorsion. Et à des niveaux sonores que la loi devrait interdire…

DIAMs 5 Rouges

RÉALISME DES DÉTAILS

La transparence est remarquable.

Les attaques sont agiles, la scène solaire, le délié prolixe. On entend énormément de choses, toutes au profit du bien-être musical car le flot d’informations peu fréquent dans cette gamme n’est pas la conséquence d’une extraction, d’une lumière appuyée, d’une simplification des suivis de notes, mais bien d’une précision des enveloppes et des liens internes à la dynamique particulièrement méticuleuse.

On récolte là, très probablement, le fruit d’un HP d’exception via son moteur Ticonal et un entrefer étroit, gage d’un champ magnétique sain, constant et gavé d’énergie, qui contrôle aussi bien les attaques que l’amortissement.

Euh, qu’est-ce qui me prend soudain ? Promis patron, j’arrête ! Pas de technique, oui, pas de technique !

La capacité à éclairer les lignes les plus complexes déjà décrite pour le Concerto de Prokofief par Madame Pietsch (est-elle mariée au fait ? Sinon, vous croyez que j’ai mes chances ? Non ? Ah…) rend limpide un opus aussi goudronneux que Secret World de Peter Gabriel (album Us) où le mixage un peu glauque* de Daniel Lanois recèle des pépites cachées de rebonds de guitare(s) et autres petites perles rythmiques audacieuses (le grand Tony Levin ! Que dis-je ? L’immense Tony Levin !) qui sont autant de richesses généralement amalgamées…  Le disque en est magnifié évidemment, révélant des idées complexes sans nuire au climat général ambivalent, sibyllin et probablement unique, la lecture des enchevêtrements ne se faisant pas par surexposition mais bel et bien par un pouvoir résolvant inhabituel.

Sur ce point, on rejoint encore la notion de monitoring, au sens où rien n’est engoncé dans l’ombre, mais sans tomber dans le travers de la plupart des monitors, à savoir que les détails de fond sont ramenés au même plan que l’info principale, caractéristique bien utile pour éviter des erreurs de mixage mais totalement dénuée de sens pour reconstituer la trame musicale dans sa logique scénographique.

Ainsi sur un disque un peu cotonneux (est-ce le mot ? grumeleux ? embrumé ???) comme le par ailleurs absolument génial Rainbow Children de Prince, Nikita décrypte les ombres, démêle les cumulus, mais pas au prix bien sûr de décharner le son bien rond de l’opus ! Cet éclairage bienvenu donne une vitalité au « son » qui correspond mieux à celle de la musique que sur bien des enceintes. Je répète - parce qu’il le faut - que c’est quand même un des plus grands albums de Prince, d’une créativité permanente, se riant de tous les styles, les genres, les facéties, avec des musiciens qui pourraient en remontrer à tant d’auto-proclamés rois du jazz ! Nikita le prouve.

Ah : ça y est, ce banc d’essai a son « ggrrr » d’or : les nombreux clowns du jazz.

Parlons alors de jazzmen qui ne sont vraiment pas des clowns : le superbe live Roma d’Enrico Rava et Joe Lovano, accompagnés de Giovanni Guidi (éblouissant), Dezron Douglas et Gerald Cleaver exprime la minutie inventive de chacun des musiciens, en dépit d’une captation un peu surprenante qui place parfois Lovano en retrait. La poésie de chaque instant, mélange de complexité de jeu et de lyrisme, est transmise sans l’ombre d’une approximation, et si on peut regretter que les timbres du bugle de Rava dont les prises de possession de l’espace sont remarquables de beauté et idées, ou du saxo de Lovano, n’expriment pas le champ harmonique que l’on devine, les idées ou facéties de jeu sont toutes limpides, vivantes, nuancées, et j’apprécie particulièrement la façon dont le piano de Guidi fait ses entrées, interventions minimales ou solos d’une imagination qui égale un Bollani, la rythmique très moderne et les approches quasi funky de certaines parties de Lovano.

DIAMs 5 Rouges

QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE

Excellent. Aussi simple que ça.

L’enceinte papillonne, respire, palpite !

Revenons sur Rainbow Warrior : soit c’est Prince qui a inventé le swing, soit le swing a été inventé pour lui. Ah non, lui, c’est le groove ! Tout va bien : Nikita, avec le bon ampli, la bonne source, les bons câbles, la bonne musique (bah oui, quand même, c’est un minimum) sait faire ! Pas la championne en titre non plus, mais un côté « premier de la classe ».

A méditer…

Un petit passage de l’excellente réédition en HR de l’historique Irving Berlin Song Book avec l’Orchestre de Paul Weston illustre l’élégance du swing fringant de la grande Ella Fitzgerald, démonstration de chant et de simplicité, soit, mais un allant débordant, une leçon de danse accompagnée par un orchestre où se mouvoir dans les notes semble si facile, si naturel. Les cuivres affutés percent le plafond de l’allégresse, et la rythmique n’est que tournoiement. Un grand moment de bonheur avec Nikita !

Sur des opus un peu chargés, une légère simplification d’une certaine portion du bas du spectre (le grave quoi) égare brièvement cette joie des pieds patinant sur le parquet ; ainsi sur Stevie’s (Days of a Gun) (Martina Topley-Bird) où la très belle séquence de nappes comme faites de contrebasses et de synthé, enrichie d’une belle boucle de basse, est un peu confuse, mais c’est sans conséquence sur le comportement général : le sens musical reste au taquet. Peut-être un dosage fin du volume de sable dans les pieds (ceux des enceintes cette fois) permettrait-il d’affiner le sujet.

Signalons aussi que l’emploi de supports type FAT de Franc Audio balaye la question et la réserve écrite préalablement sur l’association très chouette avec l’Aeolos Ultra n’a plus lieu.

La ferveur sur Idles (les copains de Thomas)** dans l’album Joy as an Act of Resistance est un vrai régal, l’énergie énervée de ce groupe punk / rock (élaboré) passe avec allégresse et sans aucun frein, avec une patate jouissive et un fort relief dès les effets de baguettes sur le métal qui introduisent « Colossus »

DIAMs 5 Rouges

EXPRESSIVITÉ

Ah… Critère bien compliqué.

On l’aura compris, Nikita est vivante, enjouée, touffue, sait alterner vif-éclair et douceur. Soit une accumulation de bons points sur le chemin de l’éloquence et un gage de plaisir à long terme avec votre enceinte si vous la choisissez.

L’expressivité, c’est autre chose. Que ce soit clair, Nikita n’en est pas dépourvue, loin s’en faut. Mais ce n’est pas la base de son ADN. Elle cherche plus une assiduité au cordeau, un millimétrage de la lecture avant un pur engagement du cœur. Elle palpite, ai-je écrit, certes, en revanche elle frémit peu et si le lien et la vigueur sont au rendez-vous d’une écoute jamais ennuyeuse, le grain, le mystère sont un peu en retrait.

Réunir tout cela est l’apanage d’une poignée d’enceintes dans le monde et dans cette catégorie de prix nous en connaissons… euh ? 3 ou 4 ? Max. Sur 200. Et encore, sur d’autres critères ne font-elles pas aussi bien que Nikita.

Nonobstant, à défaut d’être un étalon du genre, Nikita sait parler au cœur, aux tripes, aux doigts de pieds (le swing) et à l’épiderme par instants, des moments alors délicieux, pas tout à fait constants, pas tout à fait idéalisés.

Or, moi qui suis particulièrement sensible à ce « critère » (c’est moi qui ai demandé au chef (salut chef !) de le rajouter), je ne suis pas frustré une seconde en compagnie de Nikita.

Etrange, non ?

Non, parce que Nikita n’est pas une enceinte comme les autres, ce qui la rend fortement enthousiasmante.

DIAMs 4 rouges

PLAISIR SUBJECTIF

Oui, franchement, on a affaire à un produit qui a de la personnalité (c’est une qualité rafraichissante dans la somme d’ennui soporifique dont nous assomme le marché de la hifi) et une personnalité très très attachante, entre monitoring et boîte à plaisir !

Une enceinte qui sait se faire oublier au profit d’une restitution soignée, précise, aérée, pleine d’entrain et d’énergie physique, de toutes les musiques.

Je pense que si vous la choisissez pour son faisceau de qualités peu commun, vous allez les garder pour longtemps, d’une part parce vous en aurez pour votre argent mais surtout parce que bon nombre d’enceintes vont vous paraître grisouilles en comparaison.

DIAMs 6 rouges

PERCEPTION D’ENSEMBLE

C’est amusant mais, en me relisant et en ayant pourtant veillé à ne pas trop me répéter, je compte 5 fois le mot plaisir dans mon conte rendu. Compte rendu, pardon…

De toute façon, un objet comme la Nikita est singulier à tout point de vue : isolé en gamme (seule représentante actuellement de la gamme « Dream » (tout un programme)), dimensions hors normes, conception entre à l’ancienne et actuelle etc…

 

Pour résumer les critères :

- timbres manquant d’un soupçon de fruité, équilibre tonal futé

- scène sonore épanouie et cohérente

- transparence de « moniteur » mais avec un sens des détails à leur place

- swing joyeux : Nikita est vivante, enjouée, touffue, sait alterner vif-éclair et douceur

- si l’expressivité n’est pas toujours au rendez-vous des musiciens, la vitalité procure beaucoup de plaisir dont on ne se lassera pas de sitôt

- une personnalité très attachante, entre monitoring et boîte à plaisir 

 

La proposition musicale est donc maitrisée et enthousiasmante : Nikita a tout d’une compagne de long terme.

Une forte individualité qui en l’occurrence marque un jalon d’une démarche louable et réussie !

Nous, chez le « lebeauson », on aime bien ce gabarit, la finition est dans la norme haute et le logo sur le dessus donne un petit cachet à l’objet.

Nous, chez « lebeauson », on aime moins les pieds, mais vous pourrez ne pas être d’accord, ou en trouver d’autres, mi-lourd, ou comme nous faire des essais avec des supports de type Neodio B1 ou Franc Audio FAT.

Félicitations à l’équipe Davis, pour la hardiesse, la pertinence et l’accomplissement de cette sympathique gageure.

DIAMs 5 Rouges

 

 

RAPPORT QUALITÉ/PRIX

Rien à reprocher sur ce critère, Nikita est un objet bonheur affirmé et justifie dès lors largement son prix, aussi bien par la qualité technique que par les prestations.

DIAMs 6 rouges

* au sens familier du mot. Le vrai définissant une couleur verte tirant sur le bleu, verdâtre quoi… La production de Lanois n’est pas verdâtre.

** Thomas comprendra


 

Petit rappel nécessaire :

Nos bancs d’essai sont engagés et assumés : nous affirmons qu’un certain nombre decritères « sonores » doivent impérativement êtrerespectés pour exalter la musique,cause fondatrice de notre serment. C’est notre point de vue, notre attente, notremotivation. Une fois ce préalable énoncé, il n’y a pas de place pour la « subjectivité »dansnos BE mais une évaluation précise autour de ces critères définis parailleurs.

La perfection n’existant pas, notre devoir est de décrire le plus précisément possible lespaysages qui vous seront proposés par l’appareil que vous choisirez comme véhiculeémotionnel pour un long voyage. De fait, nos bancs d’essais n’hésitent pas à pointerdes petites et moins petites imperfections, limites ou réserves qui, au milieu de qualitésque nous mettrons prioritairement en avant, émaillent le comportement de chaqueappareil.

Cela paraîtra sévère parfois mais jamais malévole car c’est le refus d’une consensuellehypocrisie qui nous anime, pas la volonté de nuire. Ayez conscience que seul un défautrédhibitoire sera cruel et définitif, pas d’infimes errances de comportement au sein d’unocéan de bienfaits. Attention donc à bien mesurer que le pointage d’un accroc mineurpeut malencontreusement prendre plus de relief qu’un flot de compliments.

En outre, un peu contraints par les limites du vocabulaire, nous vous rappelons d’avoiren tête qu’on ne devrait pas tester une Renault Clio comme une Audi RS6. On ne peutet ne doit en espérer les mêmes performances mais on a le droit de savoir, dans lecadre d’un choix dicté par un budget, ce qu’on peut en attendre.
Par chance, en haute-fidélité, on trouve parfois des appareils très raisonnables qui sontde belles berlines ou sportives.

Outre que, bien sûr, nous ne sommes pas infaillibles, nous comprenons que d’autresfavorisent des aspects différents de la reproduction musicale ; nous nous efforceronsdonc d’exposer en toute impartialité la vocation ou orientation esthétique (sonore) desappareils testés.

Et afin de respecter les avis divergents (parfois même entre nous, pourquoi pas) 
nousouvrons d’une part la possibilité à nos collaborateurs d’intervenir en coursd’article mais surtout au fabricant ou distributeur du matériel testé
 - ou unreprésentant désigné par ceux-ci - de compléter notre test par un commentaire, un droitde réponse.

Enfin, autant nous avons des notions précises de technique, autant nousconsidérons que nous ne devons pas nous laisser influencer par des a priori,estimant en outre que ce genre de considérations n’intéresse pas la plupart desamateurs de musique non audiophiles. Par conséquent nous survolerons volontairement ces aspects.

Banc ecoute