à l’oreille





TAGA Harmony HTA 700 V.2
Quel panache !

Par LeBeauSon - janvier 2018


Dans la catégorie des amplificateurs accessibles, les produits souvent un peu policés ne manquent pas. La surenchère du « plus design », ou du plus dopé nous fait parfois tourner la tête. Mais une fois assis devant, patatras. Tout se ressemblent un peu, parfois pour un ennui profond, des décibels à hurler, et un équilibre harmonique… comment dire ? Surprenant : voilà le mot diplomate. 
Alors on se rattrape aux branches en faisant le détail des qualités éparses, oh le bel aigu, ah les jolis médiums. Mais point d’envie, pas beaucoup de gourmandise, peu de saveurs. Il s’agit là de choisir la couleur, ou le penchant marqué qui nous séduira le plus. L’entrée de gamme peut souvent déstabiliser. Et certains s’arrêtent là en se disant que si la Hifi se résume à ça, autant passer à autre chose. 
Heureusement, il existe quelques diablotins comme ces TAGA Harmony ! Parmi lesquels le HTA700 V.2.

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Rappelons une fois de plus que nous sommes en face d’un appareil coutant autour de 500 €
Un petit DAC de ce niveau couterait le même prix.

Cette très belle marque polonaise, surtout connue pour ses enceintes, fait pousser des électroniques dans son catalogue depuis quelques années, surtout des amplificateurs et des Dac, qui finissent par séduire un importateur français d’envergure. Oui, c’est à Hamy Sound que nous devons cette trouvaille. Et quelle bonne idée ! Rappelons qu’à ce même distributeur, nous devons les fabuleuses électroniques Accuphase, ou les très réussis Gato Audio. Donc ce choix d’électronique hybrides, combinés, aussi laides (pardonnez-moi, j’ai une formation en design, on ne se refait pas) que musicales n’est pas anodin.


Avouons que nous tournions autours depuis plusieurs salons. Quelques échanges avec Jérôme terminent de nous convaincre qu’il nous fallait en essayer. La logique racontée par Jérôme étant clair : si nous voulons toucher au coeur une clientèle nouvelle, intéresser des jeunes gens qui s’installent, des mélomanes qui se découvrent, il faut leur prouver qu’il n’y a pas que des produits codés, des champions du look, des champions de la mercatique dans leur budget et que la haute-fidélité doit avant tout être au service de la musique, pas de la décoration. Et c’est Philippe qui nous a permis de savourer l’engin. Merci à vous, messieurs, pour les jolis moments passés en sa compagnie.

Car la petite bête est vaillante et rusée (un Kirikou pour les parents connaisseurs). Certes ce machin n’a rien d’esthétique, on ne peut pas revendiquer un prix de beauté avec une tête de compteur à gaz.
Mais vous l’avez compris, la chose s’assume tellement bien chez TAGA H., que vous pourrez faire de même : oser le parti-pris de la musicalité sans concession pour les apparences.

Le HTA 700 v2 est un ampli à transistors dopé d’un préampli à lampes, soit un amplificateur intégré dit « hybride ».

La promesse théorique d’une parfaite conjugaison du meilleur de ces technologies n’est pas neuve. D’autres, plus connus, s’y sont déjà essayés, parfois même avec maestria. Les plus méritants coûtent aussi presque 10 fois, 20 fois plus cher.

À cet ampli hybride s’ajoute un convertisseur numérique, destiné à lire les contenus de vos smartphones, tablettes grâce à son accès Bluetooth, ou de jouer en streaming haute-définition vos playlists. Il peut également être relié à un ordinateur via une connexion USB ; et de votre clavier, vous permettre de jouer vos musiques ou sonoriser vos films.

Enfin, une paire de RCA permet également de relier un lecteur comme une platine CD, Blu-ray, ou préampli phono.

On a testé tout ça, avec à chaque fois cette même question comme un nouveau défi : « et ça il sait faire ? ». Mais oui.

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À ce joli pédigrée s’ajoute une sortie casque en façade. Et comme l’objet n’est pas très gros, on est vite tenté de l’envisager sur un bureau, une étagère, sans ne rien lui ajouter d’autre qu’une paire d’enceintes.

Entendons-nous bien, ce petit combiné est tellement communicatif, ludique et facile à comprendre que sincèrement, il n’y a que des détails à lui chicaner. Au point que la question de l’adopter pour mon usage personnel se pose depuis quelques jours… À côté de mon système favori, pour « habiter » mon bureau ou ma chambre… à moins que je ne l’offre à mes filles. L’idée suit son chemin.

Les qualités de panache dont il fait preuve ont immédiatement fait de lui un compagnon addictif. Il propose un je ne sais quoi de jubilatoire et incite à écouter de la musique, à monter le son, pour faire rugir les guitares de vieux morceaux des Smashing Pumpkins ou des Black Keys. Particulièrement appréciable, le HTA 700 V.2 réussi à faire sonner la matière organique. Il fait entendre la chair sur l’os. Un piano retrouve les couleurs de son enveloppe en bois, les impacts sur la batterie sont virils. On aime ce retour aux poilus, cette forme d’incarnation.

Côté image sonore il n’est pas en reste, non plus. Celle-ci s’étend remarquablement en largeur et en hauteur.

Nous avons tout osé avec lui, plusieurs gammes de câbles de l’entrée jusqu’au au haut de gamme. A chaque fois il s’en tire très bien, montre que plus on le soigne, plus il est loquace. Nous avons aussi osé des enceintes plus ou moins sensibles, elles-aussi en entrée et en haut de gamme. ,Même constat : rien ne l’effraie. Tout juste préférons-nous des enceintes plus sensibles (rendement élevé) pour un mariage optimum. Et à chaque montée en gamme, on se surprend du prix de cet appareil.

Mais alors quels sont ses défauts, car il ne peut être parfait pour ce budget, évidemment pas.

Connectique d’abord.
Nous avions bien compris l’usage « moderne », tourné vers la dématérialisation et le streaming, qui lui était octroyé. Et bien soit, allez un peu plus loin messieurs de TAGA H. : accordez-nous une entrée numérique coaxiale supplémentaire, et faites de l’entrée RCA celle d’un pré-ampli RIAA dédié aux platines vinyles. De la sorte ses talents d’homme-orchestre soient encore renforcés, tout en préservant ce même esprit de ne se concentrer que sur l’essentiel.

En l’état, il n’est pas difficile de lui ajouter un préampli phono, ni de lui brancher un lecteur de CD, via ces entrées RCA. Mais il faudra choisir l’un ou l’autre. A minima, si nous devions véritablement jouer la carte du meilleur des mondes, associer streaming et vinyles, n’est pas délirant. Une V2.2 ?

Côté DAC, c’est presque un sans-faute compte tenu du prix. L’objet sait lire tous les formats. Et si vous lui offrez du Studio Master, il sait flatter vos oreilles. C’est bien simple, tous les paliers qualitatifs s’entendent. Il semblerait que la résolution du DAC ne tende pas vers l’hyper-définition, mais plutôt vers l’harmonie d’ensemble (sans mauvais jeu de mots).

D’autres marques pourtant réputées ont un penchant « Hifiste », vouloir décortiquer ou détourer artificiellement chaque note. Il en résulte souvent une écoute propre, mais clinique. Certains seront déstabilisés, à la recherche d’un éclat supplémentaire, ou de détails croustillants éparpillés au milieu du message musical.

Ce n’est pas ce que revendique ce DAC. Il semble « aimer » la musique, nous plonge au cœur des musiciens et laisse transparaitre l’ambiance de l’enregistrement, des différences de couleurs d’instruments, et toujours ce sens du rythme, cet allant appréciables.

Pour autant, cette appréciation reste difficile tant les qualités du convertisseur et de l’amplificateur sont mêlées.

Ergonomie ensuite : même d’allure vintage, l’absence de télécommande pour changer de source ou jouer du volume peut se révéler agaçante. Rappelons toutefois que la gestion du volume se fait souvent depuis l’appli sur un smartphone. Et qu’il n’est pas non plus si fréquent d’avoir besoin de changer de source toutes les 30 secondes.

Analysons maintenant selon nos critères habituels ce combiné ampli/DAC, on le rappelle coutant 500 €


SCÈNE SONORE

Celle-ci s’étend en largeur et en hauteur sans laisser l’impression de manque. C’est crédible. Les instruments se différencient sans difficulté et ne bougent pas. La scène n’est ni projetée ni passée à la loupe. Tout juste reprocherons-nous un manque de profondeur comme si tous les instruments jouaient au même plan. Ce phénomène est plus flagrant sur certains disques que sur d’autres. 

ÉQUILIBRE TONAL & RICHESSE DES TIMBRES

Hormis une très légère coloration flatteuse en faveur du médium, le TAGA ne suscite pas de grande réserve.
Il sait faire preuve d’impact ou de délicatesse lorsque la musique le réclame.  C’est aux extrémités qu’il démontre certaines limites : une pointe de ciselé et de légèreté dans l’aigu en retrait sont sans doute le fait du manque de définition de son DAC, cette sensation étant moins critique avec notre lecteur CD de référence, certes très surdimensionné pour ce petit surdoué.
Dans le bas du spectre, le grave tient sa place. Sa présence sans excès apporte la charpente nécessaire. Néanmoins, il semble aussi qu’un soupçon supplémentaire ne nous aurait pas déplu. 

RÉALISME DES DÉTAILS

Harmonie et vraisemblance plutôt que surexposition des détails. Le parti-pris de cet appareil est on ne peut plus louable tant il apporte de plaisirs. Malgré certains aprioris, un léger manque de piqué, de netteté, n’engendrent aucune frustration drastique.
On retrouve comme nous l’évoquions plus haut une perception du vivant très gourmande. La cantatrice n’est pas au régime contraint, les tambours cognent, le violon fait chanter le bois.

QUALITÉ DU SWING

Un atout majeur de cet appareil. Il traduit l’essentiel de la musique : sa capacité entrainante à retranscrire une symphonie ou les riffs d’un groupe de métal. On a du plaisir, on chante, on se surprend à vouloir danser. C’est le très bon point de ce combiné. Bravo.

PERCEPTION D’ENSEMBLE

Alors qu’il pourrait s’apparenter à un jouet d’audiophile, il s’avère un sérieux concurrent d’amplificateurs intégrés tout numérique, ou plus classique à transistors dans cette même gamme de prix et, vous l’avez compris, bien au-delà ! Faites le test : comparez-le, avec des produits japonais ou anglais immédiatement concurrents. Vous tomberez d’accord avec nous : cet appareil a quelque chose de plus, une incarnation et un sens du rythme qui le rendent attachant, nécessaire.

Simple mais efficace : sa facilité d’usage permet de se focaliser sur sa musicalité.

Et pour ceux qui comme moi souhaite un accès au DAC en coaxial, ainsi qu’un préampli Phono MM ou MC … Regardez donc du côté du grand frère le HTA-2000Bv.2 Allez, je demande à Philippe de nous le réserver pour un prochain test.

Consultez ici les éléments de la gamme Taga Harmony distribués par Hamy Sound

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Caractéristiques techniques

Puissance de sortie :
2x45W RMS / 4 Ohms
2x35W RMS / 6 Ohms
2x26W RMS / 8 Ohms

Classe A / B

Tubes à vide :  2 x 12AX7B

THD :  Moins ou égal à 0,1% (à puissance nominale)

Rapport signal / bruit :   => 88dB
Réponse en fréquence :  20Hz - 28kHz

Entrées : 
CD RCA stéréo,
USB (pour ordinateur)
Connectivité sans fil :  Bluetooth® v4.0, aptX®

Sortie :
RCA stéréo avec contrôle de volume variable

Profils Bluetooth® : 
Impédance des écouteurs : 32-320Ω

Puissance de sortie des écouteurs : 1W 160Ω

Données supportées par USB : asynchrone 24 bits / 192 kHz
Cirrus Logic CM6631A + puce CS4344

Accessoires inclus : 
Antenne Bluetooth®, câble USB, 

Cordon d'alimentation IEC amovible

Alimentation secteur, consommation d'énergie : 
230V 50Hz, 100 W

Dimensions (H x L x P) :  14 x 17,7 x 27 cm
Poids (net) :  4,2 kg

 

 

 

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