Grandinote Celio
C’est un Grandinote : il ne manque pas de caractère et aime la musique

par LeBeauSon - Octobre 2022


Perception d’ensemble

Choisir un appareil Grandinote, quel qu’il soit, est un acte fort, l’acceptation de la musique solidement implantée dans votre salon, sans minauderie ni complaisance, mais respectant au plus près aussi bien les artistes que le reste de votre installation.

Le préampli phono Celio IV ne déroge pas à la règle : belle quand il le faut, costaude quand il le faut, discrète quand il le faut, la verve musicale produite par cet engin n’est vraiment pas loin du sans faute et évitera, notamment, aux platines un peu sirupeuses de se noyer dans le miel.


NB : code couleur pour ce banc d’essai : orange (de 3 200 à 6 500 €), l’appareil testé étant proposé aux alentours à 6 000 €.


De Grandinote, nous avons quand même déjà testé bon nombre de références. On ne s’en lasse pas, tant ce fabricant atypique sait toujours nous surprendre.

Aujourd’hui, c’est une vieille connaissance qui passe dans notre tribune critique, imposant d’emblée la sensation qu’il a dû changer passablement puisque nous avions le souvenir d’un appareil un peu plus « chaleureux », insensiblement complaisant dans le bas-médium.

Le Celio Mk IV est l’unique préampli phono au catalogue du désormais mondialement célèbre fabricant italien et pourtant ce n’est pas tout à fait exact : singularité de cet objet, il est stéréo en asymétrique mais mono en symétrique. Ce qui signifie que, en en acquérant un second, vous aurez « un » préampli phono totalement symétrique. Ça corse notablement l’addition, mais Massimiliano ne proposant rien à la légère, je veux bien croire que ça a du sens.

Et ne nous accusez pas de mansuétude, nous n’avons pas toujours été tendres avec les réalisations du géant italien.

La façade du boitier est vierge de toute aspérité ou réglage et ne présente que le grand logo, le nom de l’appareil et une diode rouge un peu violente. Tout se passe donc à l’arrière, connectiques entrée et sortie ainsi que le bouton d’allumage et deux petites échelles de switch pour les réglages d’impédance d’entrée rendant cet appareil quasi universel pour tout type de cellules MM/MC.

Le gain en MM est de 45 dB et 60 en MC.

Le Celio est un double-mono, en classe A et à couplage direct, ce qui signifie qu’il n’y a aucun condensateur de liaison sur le cheminement du signal. Je suppose que, dans ces conditions, mieux vaut prendre garde au protocole d’allumage et surtout d’extinction.

C’est passionnant, n’est-ce pas ?

Considérant que cet objet pèse 12 kg, on peut déduire que l’alimentation est solide. Ou alors qu’un farceur a posé une masse de plomb ? Oh ben non…

Le boitier mesure 178 x 148 x 316 mm, fidèle au look en profondeur de la marque.

 

Conditions d’écoute : platine Michell Orbe + bras Sorane + Tecnodec + bras Rega + Acoustic Solid Full Vintage + bras WTB 230 + Ortofon 3M Blue & Quintet Black + Lyra Kleos + Hana EL & ML, Ängtrom Zenith, Tsakiridis Aeolos Ultima, hORNS Aria 3 MKII et Symphony 13, ppfff Ava 2, câblage Wing, Mudra, Legato.


Richesse des timbres et équilibre tonal :

Pour son projet pédagogique : The Young Person’s Guide to the Orchestra, Benjamin Britten pétrit un thème de Purcell dans le but de décortiquer les familles de pupitres d’un orchestre symphonique. L’ouvrage est par conséquent un régal pour éprouver la capacité d’un ensemble de reproduction à distinguer couleurs et harmoniques…

La gageure est particulièrement agréable sur la version d’Eugene Ormandy en 74 avec le Philhadelphia Orchestra - pressage américain RCA de 78 - où le Celio caractérise, pointe, sublime les couleurs des solistes ou pupitre avec la sureté d’un photographe de studio, moulant les matériaux sans l’ombre d’une hésitation ; on goûte avec délectation les enchaînements piccolo, flûtes, hautbois, clarinette, et ainsi de suite jusqu’aux trombones et tuba basse, puis percussions avant le final sous forme de fugue de l’orchestre au complet.

La première face du disque paru en 1978 vaut aussi son pesant d’or : Pierre et le Loup par le même chef et le même orchestre, le récitant n’étant personne autre que David Bowie âgé de 30 ans (la partition ayant été enregistrée en 75 et David en 77).

Quel plaisir d’entendre – à travers les arcanes du Celio - la narration d’une aristocratique distinction, dont la plénitude charnelle est soutenue par les micros et préamplis d’une époque, mélodisée par l’accent quasi-oxfordien - très distingué donc - du trublion qui, en pleine crise personnelle à la même époque, venait d’achever le premier volet de la trilogie berlinoise et attaquer le deuxième. L’exercice est d’autant plus amusant que le talent de Bowie donne l’impression d’une grande complicité entre le chef et lui alors qu’ils ne sont probablement jamais rencontrés !

Le Celio en fait-il peu trop, en énergie et dimensions ? Mmhhh. Qu’importe au vu du feu d’artifices de gemmes chromatiques, de sensibilité harmonique… Alors un poil d’excès expansif ? Possible, oui, mais c’est chouette. D’autant que ce n’est pas par laisser-aller !

Afin d’être plus précis, je dirais plutôt que le Celio semble surligner le caractère de chaque combinaison bras / cellule employée, la détermination, la nervosité de celle-ci et au contraire la (relative) paresse d’une autre ainsi que les possibles irrégularités dans l’aigu en tendant d’un rien ledit registre sur les cellules manquant de finesse.

Notons aussi au passage une réactivité possiblement capricieuse au câble secteur.

Cette affirmation sonore, bien dans le style de Massimiliano, fait merveille sur un disque de Genesis qui n’en est pas franchement une – merveille - sans être pour autant une bouse comme le même groupe de plus en plus réduit a pu en commettre par la suite : A Trick of the Tail sorti en 1976, 1er album après le départ de Peter Gabriel.

Le Celio par sa rigueur et sa vigueur remplit partiellement la pâte un peu maigre du disque au point même que la richesse d’informations qu’il déterre pourrait devenir fatigante cependant que cela rend justice à la production plus complexe qu’on aurait pu le penser, notamment sur Dance on a Volcano.

Les teintes sont soignées, sonorités de chœurs et de cordes au Mellotron très harmonieuses et une grande variété de synthés dont celui au tiré aride qui définit la « mélodie rythmique ». Si le chanteur Phil Collins peine à faire oublier Gabriel, le batteur est déchaîné. L’héritage de l’Archange est encore fortement présent sur cet extrait au moins (dans Squonk aussi !)

Le Celio pourvoie d’une grande limpidité ce morceau bruyant et alambiqué, soit, mais qu’on pourra préférer plus confortable avec un préampli moins résolvant (ce qui ne veut pas dire que le Celio est bêtement analytique). Belle diversité des guitares. Beaucoup de travail sur ce titre, nerveux et riche. Epuisant si on doit se concentrer. Le Celio souligne-t-il le haut du spectre ?

Un changement de câble secteur affaiblit certes la résolution fervente du Celio, mais glisse un peu de moelleux dans l’intransigeance, ce qui n’est pas désagréable sur ce passage et sans doute plus encore sur la piste deux, Entangled, délicieux pamphlet sur les soins psychiatriques, où on admirera particulièrement la délicatesse soyeuse des guitares, l’habile déphasage sur le chant de Collins et le lyrisme de la séquence finale naïvement onirique.

On profitera de cette jolie ballade – passage très poétique mais pas du tout sirupeux - pour féliciter la faconde du Celio à décrypter des informations fouillées dans le registre grave de la basse / synthé, voire extrême grave qu’on n’aurait pas forcément soupçonnées sur ce disque.

Extrême grave dont on goutera la magnitude et la résolution dans le difficile et sombre album, brassé dans le goudron fondu, de PJ Harvey : Is this Desire ?

Melting-pot d’émotions contradictoires entre romantisme, candeur et colère pour évoquer le destin de femmes brisées, cet ouvrage profus et entêtant est un absolu chef-d’œuvre, un de mes albums pour île déserte ; afin d’ajouter la détresse à la solitude…

On note à nouveau une infinitésimale raideur en haut, mais la profusion d’infos est phénoménale dans une mise en place particulièrement aérée et naturelle, et hormis le bruit de fond de la matière d’un vinyle moderne, on sent que les silences sont incarnés, habités.

On l’aura compris, on n’est pas en présence du plus « chaud et rond » des préamplificateurs phono, au profit d’une conquête affirmée de l’espace sonore, des atmosphères, ainsi que des variantes de tempo, tel le lourd appui du pied de grosse caisse sur A Perfect Day Elise collant idéalement à la volonté de Rob Ellis d’enfoncer le swing.

Équilibre tonal : 


 

 

Attention à l’environnement

 

Richesse des timbres :



 

Scène sonore :

Elle est incontestablement tenue, juste, vaste sans être superlative et sait installer aussi bien les chœurs, solistes et pupitres d’orchestre dans la lecture par Bernard Haitink (un disque que j’avais oublié pour être honnête) du Deutsches Requiem (Opus 45) de Brahms avec Gundula Janowitz, Tom Krause, le Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor et le Wiener Philharmoniker (Philips 1980).

C’est curieux de constater que, moi qui ai longtemps considéré le chef néerlandais comme un interprète un peu au milieu du chemin, j’y reviens souvent et surtout combien j’ai de disques de lui !

Le titre Requiem n’est pas tout à fait exact, il s’agit plutôt d’une Trauermusik luthérienne, musique sacrée donc mais pas liturgique.

Version intériorisée – par opposition à flamboyante – la battue est longiligne, régulière, sans recherche de rupture ou de contraste soulignant logiquement les oblongs élans montants du mouvement Denn alles Fleisch es ist wie Gras telles des vagues d’une amplitude puissante mais paresseuse. C’est pour le moins somptueux et si la prise de son n’est pas d’un piqué exceptionnel, sa globalité nous immerge dans les amples flots. Tout au plus regrettera-t-on quelques distorsions sur les chœurs dues à la captation des débuts du numérique, et pas au Celio qui tout simplement ne les dissimule pas.

Ghost III & IV, maintenant, oui NIN encore : les apostements sont réellement prodigieux, c’est la fête notamment lors des plages (Ghost III 20 & 21 par exemple) où les évènements divers, percussifs ou mélodieux, sont répartis soit en mouvements (je parle de la scénographie) soit avec une totale stabilité jusqu’en hauteur (oui son sait ! N’empêche…), tandis que sur d’autres, certains instruments sont situés non seulement en dehors du cadre des enceintes mais parfois même avec un effet de placement à côté de vous dans le fauteuil, très près de l’oreille (j’aurais dû noter le titre). La sensation est saisissante, placardée sans trembler par un Celio d’une verticalité psychorigide !

Scène sonore :


 


Réalisme des détails :

Puisque j’ai cité Genesis, pourquoi ne pas parler du sympathique album de Steve Hackett en 1978, Please don’t touch, son deuxième donc, entouré de beau monde : Tom Fowler, Chester Thompson (mais qu’aurait été la musique pop/rock sans Chester Thompson ?), Richie Heavens, Randy Crawford, Steve Walsh, Graham Smith, Phil Ehart…

Somme un peu loufoque, mais très consciencieusement écrite, arrangée et produite, mélange de genres entre le pseudo-médiéval qui avait la cote à l’époque (Jethro Tull, Ange, Catharsis, PFM, le premier Genesis et j’en oublie des dizaines) et des passages quasi-funky ou débridés, des ballades tendres et des saynètes illustrées hautes en couleur. Un joyeux fouillis par conséquent d’où le Celio sait extraire toutes les fluctuations de couleurs (ainsi, les guitares et guitare/synthé de Hackett et le précieux travail sur les harmoniques), les lucioles des multiples percussions, les intonations touchantes (quel vibrato) de Richie Heavens, les petites folies d’une boîte à musique ou d’un orgue de barbarie et décortique en douceur le méticuleux théâtre miniature malicieux du musicien qui n’a jamais fait aussi bien.

Puis, quitte à avoir ouvert la porte aux élucubrations, nous avons écouté aussi un Live de Magma (1975) (Magma Hhaï dans la novlangue agaçante du particulièrement modeste Christian Vander), salmigondis de Art Rock / Jazz Fusion / Avant-garde braillarde / Rock progressif.

Je n’ai jamais adhéré au concept musical tout en appréciant bon nombre d’idées et surtout l’implication des musiciens tous indéniablement excellents. Même si le Celio n’a pas pu me faire changer d’avis, je me suis réjoui de sa capacité à croiser ombres et lumières, nous permettant de surfer au cœur des unes ou autres et savourer ainsi quelques fulgurances géniales du compositeur / batteur et sa petite troupe de virtuoses. Didier Lockwood en tête dont j’avais jusqu’ici négligé l’importance dans ce fatras égocentrique.

Le Celio excelle à ouvrir l’esprit qui s’aventure avec curiosité dans la mixture et se réjouira de pépites d’idées égarées sous la grandiloquence, de tremolos finauds, de mises en place rythmiques exquises et honnêtement bien construites… Pas si mal !


 


 

Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique :

La pêche colossale et la joie de vivre dégagées par Cristal Murray dans Twisted Bases sont, par la magie du Grandinote, comparables au fichier HR via un convertisseur de référence. Le rendu hyper charpenté, musclé, sur-vitaminé et balaise, s’arc-boute sur des dynamiques tendues, un relief énorme ; toujours un peu trop ? On s’en moque, du moment que cette robustesse de rouleau compresseur ne nuit pas à la fluidité, aux couleurs, aux sourires, aux espiègleries de la jeune dame ! Vous voulez du swing ? La chanteuse, les compositions, les arrangements n’en manquent pas et le Celio adore ça !

Pour une compréhension totalement différente de cette notion de balancement autour de la note, je choisis ensuite le piano de Roberto Szidon jouant la Sonate n° 9 Opus 68 – Messe Noire -, composition de 1913 de Scriabin en 1971, où l’artiste brésilien parcourt la partition étrange et mystérieuse en nuances d’appuis et de glissements de jeu particulièrement exigeants si on ne veut par systématiser ou mécaniser une œuvre ardue.

Peut-être aimerait-on un peu plus de moelleux ? Peaufiner encore le choix du câble secteur ?

Sans doute le délié est très satisfaisant, à preuve l’enchainement sans pause entre l’ambivalente et poétique œuvre de De Falla : Hommage au Tombeau de Debussy, la plus enlevée En Los Trigales de Rodrigo et le très doux et si coloré Madrigal de Ernesto Halffter aux accords si modernes, sous les doigts méticuleux de Narcisso Yepes en 1968 (pressage allemand) nous guidant à travers cinq siècles de musique espagnole en épurant avec finesse les différences de style dans une lecture pourtant continue. Bon, là, on n’a pas les cinq siècles : c’est le titre du disque.

Quant à la dynamique, elle est spectaculaire sur la Symphonie n° 5 de Mahler par Haitink (décidemment) et le Concertgebouw en 1971 (Philips) !

Soit, il n’y a pas beaucoup de corps sur ce 33 tours, soit, le matériau sonore est aigrelet, les cymbales un peu raides, mais ce n’est pas dû au Celio ; en revanche il ne vient pas aider, soulager, remplir outrageusement ; cependant les définitions de matières sont de premier ordre, les teintes et la spatialisation pur bonheur.

Le souvenir que j’avais d’une semaine passée en compagnie de cet appareil il y a quelques années l’avait placé du côté des appareils exagérément confortables, ce qui m’a fait hésiter quand on m’a proposé le BE. Une évolution dans le bon sens !

1971 toujours : groove tout aussi impeccable sur When the levee breaks, Led Zeppelin IV, reprise (très très copieusement réinventée) d’une chanson de blues datant de 1929.

Piste très travaillée et malaxée lors des prises de sons, reverses et mixages (notamment par des ralentissements de tempo), le résultat donne une chair épaisse, sourde, appuyée sur un riff de batterie puissant et lourd entrecoupé de trouvailles toujours aussi éblouissantes de John Bonham, un harmonica lancinant, presque angoissant, posant une tournerie dandinante tout sauf prosaïque alors que volontairement répétitive, ce que révèle avec une maestria exceptionnelle le préampli du jour, et ce malgré un pressage (ou une masterisation) moyen. Pressage français original pourtant.

Allez un peu de jazz - si ça doit rassurer sur une définition terre à terre du swing - avec The great wide world of Quincy Jones en 1960 chez Mercuy, la quintessence de la pêche du jazz-band très connoté d’une époque, diverses flûtes dialoguant avec facétie, cuivres exponentiels et rythmique déchainée, explose et on parlera plus volontiers de dynamite que de dynamique. Un disque spécial sourire de 72 dents !



Expressivité :

Kathleen Ferrier – dont la carrière fut météoritique, fauchée à 41 ans par le cancer - accompagnée au piano par Bruno Walter en 1949 lors du Festival d’Edinburgh, enregistrement BBC publié en 1975 par Decca (précédemment publié partiellement en 1973 sous le label Bruno Walter Society) prouve ici qu’il est inenvisageable de la comparer à quiconque autre immense artiste. La plénitude de son organe de contralto comme émis par le corps entier ne connait pas d’équivalent, pas plus que sa prosodie extraordinaire, son vibrato pas loin d’être excessif qui font vibrer chaque fibre de notre être et nous contraignent à sortir la grandiose artiste du carcan de son historique « Lied von der Erde » (avec Julius Patzak, le Wiener Philharmoniker et Bruno Walter en 1952 chez Decca).

Le Celio ne nous ménage pas, nous engonce au plus profond de nous-mêmes sur le poignant Frauenliebe und Leben, Opus 42 de Schumann, nous sidère par l’implication toutefois débarrassée de tout pathos de la britannique où l’enveloppe mélodieuse de son timbre surnaturel transcende l’accompagnement martial et pas spécialement nuancé de Walter, personnage pas des plus sympathiques si on en croit Alex Ross (The Rest Is Noise).

Ne me demandez pas comment j’ai trouvé un lien entre la contralto britannique et Rain Tree Crow, du groupe Rain Tree Crow, à savoir Mick Karn, Richard Barbieri, Michael Brook, Steve Jansen et son frère David Sylvian, sorte de réincarnation de Japan, vous l’aurez compris. Pour naviguer sur les crêtes du phrasé très dandy de diverses pistes aux balancements langoureux, aux dialogues en échos de lignes mélodiques pas toujours accessibles, au phrasé si particulier de la clarinette basse de Mick Karn (New Moon at Red Deer Wallow), où la lisibilité de chacun est maximale dans une musique pourtant atmosphérique, le pré-phono Grandinote nous prend par la main vers un instant d’apesanteur ô combien captivant.

Mais précisément, il nous prend un peu trop fermement par la main, transforme « ensorcellement » en « captivité », nous impose une présence au risque de parfois gommer l’extrême vocalité frémissante qui devrait appartenir naturellement à la lecture de nos chers (de plus en plus, soit dit en passant) microsillons.

Je préfère sans aucun doute ce type d’autorité à la langueur émolliente fréquente des pré-phonos, mais, si on pouvait avoir les deux, je veux dire autorité et moelleux - à ce prix… Mmhhh ?



Plaisir subjectif :

Choisir un appareil Grandinote, quel qu’il soit est un acte fort, l’acceptation d’une musique solidement implantée dans votre salon, sans minauderie ni complaisance, respectant au mieux aussi bien les artistes que le reste de votre installation.

Alors certes, j’eusse préféré le chant de Régine Crespin (artiste que le temps a peut-être injustement négligée) plus sensible quand elle psalmodie avec une élocution et éloquence absolument stupéfiantes Les Nuits d’Eté d’un Hector moins exalté que souvent, accompagnée par Ernest Ansermet et « son » Orchestre de la Suisse Romande (Genève 1963, Decca), mais qu’est-ce que c’est beau !

Tout simplement.

Beau quand il le faut, costaud quand il le faut, discret quand il le faut, cet engin Grandinote n’est vraiment pas loin du sans faute et évitera, notamment, aux platines un peu sirupeuses de se noyer dans le miel.


 

 

Rapport Qualité/Prix :

Bien ennuyé au moment de répondre sur ce critère, j’ai l’impression qu’on pourrait attendre un peu plus d’un objet de ce prix, mais j’ai aussi écouté trop de pré-phono pas terribles, mous et patauds, s’envasant dans l’embellissement de façade façon peinture sur rouille que, en valeur absolue, je ne me vois pas priver le Celio IV Grandinote de la plus haute marche sur le podium.